Chapitre soixante
AZALÉE
J'entendais les bruits qui circulaient dans la pièce mais je ne voyais rien. J'écoutais les machines qui occupaient mon espace. Je pouvais entendre les gens dirent que j'étais en train de me réveiller mais je n'arrivais pas à ouvrir les yeux. Le moindre mouvement était bien trop dur à cet instant. J'ai mis toute ma force dans le fait d'ouvrir les yeux. Petit à petit, j'ai commencé à voir. J'étais dans une chambre d'hôpital.
Il ne restait plus qu'une infirmière dans la salle.
- Bonjour, comment tu te sens ? M'a-t-elle gentiment demandé.
J'ai pris du temps avant de réussir à parler correctement.
- Bien.
Je me sentais bien.
Je voulais vivre : c'était ces mots sincères que j'espérais me dire un jour, et ce jour était venu. J'ai raté ma tentative. J'ai pris un long moment avant de me rendre compte de ce que je voulais vraiment. Je voulais rester en vie simplement pour savoir ce qu'il se passerait demain, parce que je me dois de vivre jusqu'à ce que mon corps me dise stop et non parce que mes pensées ont pris le dessus.
- Si tu as besoin de quoi que ce soit, préviens-moi.
- Pour l'instant ça va.
Je ne voulais plus dormir. Je ne voulais plus recommencer. J'ai sortis mes bras de sous la couverture. J'avais des bandages sur mes blessures. On aurait pu croire que je n'en avais même pas mais je savais qu'en dessous ce n'était pas beau à voir. Ma peau avait été ravagé par ma colère et par cette voix qui me chuchotaient de tomber, je n'en voulais plus.
- Pas de mouvements brusques, Azalée.
- Je ne compte pas me détruire d'avantage.
***
Une semaine s'est écoulée. On m'avait laissée dans cet hôpital pour me surveiller et vérifier que tout allait bien. J'attendais ma famille qui devait venir me chercher des vêtements. Je me suis levée de mon lit afin de me mettre en face d'un miroir.
Je n'étais pas vraiment belle. J'avais l'air terriblement fatiguée. Mes blessures étaient en pleine cicatrisation et j'espérais qu'elles disparaissent un jour. De toute façon, peu importait mon physique : j'étais vivante et c'était le plus important.
Ma mère est arrivée pour me déposer mes affaires. J'ai vu pour la première fois mes parents pleurer devant moi à propos de moi. Je m'attendais à ce qu'ils me crient dessus mais à la place ils sont restés calmes.
Elle m'a déposé des vêtements, je me suis immédiatement changé. Le fait de changer de vêtements me rassurait sur le fait que j'allais bientôt dégager de cet endroit. En suit une longue discussion entre les médecins et mes parents dans une autre pièce. Une discussion à laquelle je n'avais pas le droit de participer. J'ai préféré discuter avec Lana.
- Donc tu vas enfin sortir de l'hôpital ? A-t-elle demandé.
- Visiblement oui et je n'ai pas vraiment d'y retourner.
- Les parents n'ont pas arrêtés de parler de toi.
Je m'attendais à se qu'ils aient parlé dans mon dos de façon cruel, à dire que j'étais terriblement bête.
- En mal ?
- Ils étaient inquiets.
Il fallait que j'arrête d'être aussi paranoïaque. J'ai trouvé, au fil des visites de ma famille cette semaine, qu'ils n'étaient pas si méchants que cela. Je les énervais parfois mais ils m'aimaient quand même. J'ai souri.
- J'ai lu ta lettre. Je ne sais pas si les parents en ont reçu aussi mais moi ça m'a touchée.
Si elle savait combien j'en avais envoyé. J'ai repensé à celle que j'avais faite pour Samuel. J'espérais qu'il ne l'avait pas lue, qu'elle ne lui soit jamais parvenue.
- C'est de l'histoire ancienne, ai-je dit pour écourter la discussion à propos de ce sujet.
Lana n'avait pas besoin de savoir à son âge ce que j'avais fait. Peut-être qu'elle pouvait se trouver mature et assez grande pour savoir ce que sa soeur faisait, mais elle n'avait pas besoin d'être au courant maintenant.
- Tu comptes repartir ?
Elle était si mignonne. Je ne savais pas si c'était le fait d'avoir survécu qui m'avait changé. Du moins, je voyais les petits détails avec des grands yeux.
- Sûrement un jour mais ce ne sera pas mon choix : là je l'avais choisi et je le regrette.
Elle m'a prise dans ses bras. Lana a beau se prendre pour une grande fille en insultant, elle a quand même un cœur. Je l'aime quand même. Ce serait même stupide de dire que je ne l'aime pas. Si je ne l'aimais pas, je ne lui aurais jamais fait de lettres. Je n'aurais pas perdu mon temps avec elle.
J'ai fait une lettre aux gens que j'aimais, où que je voulais qu'ils m'aiment. Je voulais que mes parents m'aiment alors qu'ils m'aimaient déjà. Je voulais avertir les gens que j'aimais comme Léna, Lana et Samuel, pensant que mon départ rendrait leur vie meilleure.
Nous sommes rentrés à la maison. J'avais l'impression de ne pas y être allé depuis des semaines alors que ça n'en faisait qu'une. Mes parents ne m'ont pas beaucoup parlé, hormis pour me demander si j'allais bien. J'ai pensé qu'ils avaient peur d'engager le sujet et ce n'était pas grave s'ils ne se sentaient pas prêt maintenant.
Lana est restée tout le reste de la journée dans la même pièce que moi. Je rangeais la chambre que j'avais laissée dérangé trop longtemps. Mon esprit était aussi mal ordonné que ma chambre, il était temps de faire le ménage. C'était comme si je repartais de zéro, sans déranger ma vie cette fois-ci.
J'en ai profité pour lui demandé pourquoi elle restait là, à me regarder.
- Je profite de te voir là. Si ça se trouve, tu vas périr demain ou je vais périr. Je ne veux pas gâcher de temps avec ma soeur.
Au fond je me doutais qu'elle me surveillait pour que je ne recommence pas ce qui m'avait entraîné à l'hôpital. J'avais beau dire que tout allait mieux, ce n'était pas aussi simple. J'aurais beau le crier sur tous les toits, on ne me croirait pas. De toute façon, je me sentais mieux et c'était le plus important.
- Alors aide-moi.
- Flemme.
- J'ai accumulé trop de désordre dans ma chambre, aide-moi Léna, ai-je supplié.
- Léna ?
Je m'étais trompée. Je pensais trop à mon amie, qu'elle soit réelle ou dans ma tête.
- Non rien, ai-je répondu avec un grand sourire que je ne pouvais faire partir. Viens en aide à ta sœur préférée au lieu de me fixer comme ça, je suis pas un extraterrestre.
- Bon, d'accord.
Elle est par la suite venue m'aider à ranger la pièce.
J'avais si peu de motivation que vivre dans une chambre crade était le cadet de mes soucis. J'accumulais tout dans ma chambre comme j'accumulais la souffrance dans ma tête. C'était comme un effort pour aller mieux.
J'ai vu un poster « choses non recommandables au cinéma ». Il m'intriguait tellement. Je me rappelais l'avoir fait mais j'étais persuadée de l'avoir écrit avec quelqu'un d'autres. J'étais presque certaine de l'avoir écrit avec Léna. C'était impossible sauf que ce n'était pas totalement mon écriture. Je l'ai accroché au dessus de mon bureau, près de mes nombreux dessins que j'avais décidé d'exposer.
Nous sommes passés à table. Sauf qu'au final c'était la même routine, personne ne parlait. J'avais peur que l'ambiance oppressante soit toujours présente. Mais ma mère a pris la parole.
- Je suis désolée si on ne t'a pas parlé de ça avant. On ne savait juste pas comment aborder le sujet.
Mon père est intervenu.
- Azalée, on t'aime. On a juste été trop aveugle. On pensait que tout allait bien et qu'il fallait que tu changes ton comportement. On ne voyait qu'une facette de l'iceberg. Je m'en veux tellement et ta mère aussi. Lire tes lettres nous a rendu tellement mal. Te voir à l'hôpital aussi. Le simple fait de me dire que tu as voulu mettre fin à tes jours me rend triste.
- Azalée, ta disparition nous tuerait.
Je les ai vus pleurer. A vrai dire, cette conversation me mettait mal à l'aise. C'était la première fois que l'on parlait de ce genre de choses avec eux. J'ai décidé de me confier à eux mais j'avais tellement de mal. Je n'ai pas réussi sur le coup.
Ils ont continué à me parler, mélangé aux larmes. Ils m'ont expliquée que j'irais voir une psychologue. Pas parce que j'étais folle, parce que les personnes ayant fait des tentatives doivent avoir un suivi psychologique. Ils voulaient être sûre que je sache ce n'était pas parce qu'ils me considéraient comme cinglée.
Je suis montée dans ma chambre. J'ai pris une feuille et j'ai écrit. A vrai dire, je n'écrivais jamais hors de l'école. Alors j'ai raconté tout ce qu'il s'était passé depuis janvier, les souvenirs les plus proches de mon malheur, sans raconter la partie sur Léna.
Je n'arrivais pas à m'exprimer à l'oral alors j'allais le faire par écrit. Je leur ai par la suite donné le papier et je me suis enfui dans ma chambre. Qu'est-ce cela me faisait du bien d'écrire sur papier ce que je ressentais. C'était comme une libération.
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