Chapitre sept
AZALÉE
Après m'être endormie dans ma chambre calme, je me suis retrouvée dans une grande pièce. Les murs étaient faits de sucreries. J'ai touché les meubles : tout était en bonbon ou en chocolat. C'est à ce moment là que je me suis rendue compte que je dormais.
- Bonsoir, Azalée Haswell. A dit une voix à l'autre bout de la pièce.
J'ai cherché du regard cette voix féminine qui visiblement me connaissait. Elle était au fond de la pièce. Elle s'est mise à avancer vers moi, ses longs cheveux blancs bougeaient dans le sens de sa marche et ses yeux violets clairs me fixaient d'un air calme.
J'aurais aimé avoir confiance. Mais malgré le fait que je dormais, j'avais peur.
À vrai dire, lorsque je rêve, je ne souviens jamais du contenu. Je ne sais même pas si c'était un cauchemar ou si c'était un magnifique rêve. Alors, quand mes « amis » parlaient de leurs rêves, je me sentais mise à l'écart car je n'ai rien à raconter. Mais aujourd'hui, je ne raconte plus rien du tout.
Elle ne m'a pas touchée. Elle s'est juste mise face à moi. Elle était magnifique et j'aurais aimé que ce soit réel. Je n'ai rien dit et j'ai attendu qu'elle prenne la parole pour que ce grand calme se termine.
- Suis-moi. A-t-elle dit.
Je ne connaissais ni son nom, ni son identité, ni comment elle me connaissait. Mais je m'en moquais. Je voulais profiter.
Je la voyais agiter les bras. Elle tremblait mais essayait de cacher son stress du mieux qu'elle pouvait. Elle a fait apparaître une patinoire géante et a fais disparaître les meubles et la salle en bonbon. Des patins de glace étaient apparus sur mes pieds. C'était une salle et un monde entièrement construit avec de la glace.
J'ai glissé et c'est à ce moment qu'elle n'a pas hésité à me rattraper le bras. Elle m'a retenue et m'a empêcher de tomber.
- Fais attention à toi.
J'ai souris et j'ai dit le premier mot de la soirée :
- Merci.
Je n'ai pas vu le temps passé. Cette femme n'était peut-être qu'une invention de mon imagination, mais je l'appréciais. Elle ne passait pas son temps à raconter sa vie, elle ne disait pas que le monde était fait de bisounours, et elle ne m'insultait pas.
J'avais tout de même honte de m'amuser comme cela dans un rêve. C'était l'une des rares fois où j'avais cette sensation de sourire.
- Dis-moi, comment t'appelles-tu ? Ai-je demandé doucement.
Elle m'a regardée étrangement, puis elle a souri et a attendu quelques secondes avant de me répondre.
- Tu n'as qu'à me donner un nom !
J'étais surprise, mais cela m'a fait relativisé : elle faisait partie de mon imagination et donc elle n'existait pas. J'ai regardé dans la pièce. Je ne voulais pas donner un nom ridicule.
J'ai soudainement pensé à ma petite sœur de quatorze ans nommée Lana. On ne parlait pas régulièrement, et on ne s'entendait pas très bien, mais je trouvais ce prénom très beau.
- Léna. Ai-je répondu.
- C'est magnifique !
La nuit s'est vite terminée. Nous avions peu discuté, mais je me suis beaucoup amusée. Malheureusement, je ne la reverrai pas. Je ne reverrai pas cette belle patinoire, ni Léna. Si je le pouvais, j'irais dans ce monde. Je partirais de cette terre de débiles juste pour revivre cette nuit. Mais c'était un rêve comme les autres.
***
Je me suis levée de mon lit, j'étais en retard. J'ai vite pris mes affaires, mon sac fait la veille et j'ai enfilé rapidement mes vêtements. C'est dans ces moments que je suis contente de me laver le soir et de me préparer la veille.
Au lieu de marcher pour aller au lycée comme à mon habitude, j'ai couru. J'avais quarante minutes de marche, alors j'ai couru le plus vite que j'ai pu. Puis, je me suis demandé pourquoi je faisais cela.
Je n'avais ni envie d'aller en cours, ni envie de courir pour des gens que je déteste : On ne mélange pas passion et personne détestable. Je me suis arrêtée pour reprendre mon souffle, et j'ai marché normalement jusqu'au lycée. Je suis arrivée avec 30 minutes de retard, mais cela m'importait peu sauf le fait que je commençais avec le professeur de français.
Après être partie chercher un billet de retard, j'ai monté les grands escaliers jusqu'à ma salle de français.
- Notre dessinatrice est arrivée ! Bonjour Azalée. A dit le professeur de français que j'avais fortement envie de frapper.
Je n'ai rien dis, histoire de ne pas être exclue de cours comme la dernière fois. Je me suis assise à ma place près de la fenêtre. Je n'écoutais rien. Je réfléchissais plus à ma nuit.
Habituellement, je ne me rappelle jamais de mes rêves. Ils sont comme des trous noirs pour moi. Mais cette fois-ci, je m'en rappelais comme si c'était réel. Alors que ça ne l'était pas. Léna et ce monde parfait ne faisait parti que de mon imagination.
***
Les heures suivantes sont passées rapidement, j'étais trop occupée à dessiner ou à réfléchir. Je n'avais pas la motivation d'apprendre mais je m'en sortais avec une moyenne générale de onze.
Je m'apprêtais à rejoindre Adelyne et Alyssia qui discutaient dans les couloirs. Je me suis dis que si elles ne viennent pas me parler, c'est qu'elles ne le veulent pas. Donc, que je n'avais aucune raison de venir les voir. Je les ai donc évitées et je me suis installée sur un banc de la cour, mon téléphone à la main.
J'ai remis mon téléphone dans ma poche après quelques minutes. Je me suis mise à penser à ma vie stupide, dans ce monde stupide, et tous ces gens stupides. Je regrette tellement d'être une humaine. J'aurais aimé être un autre animal. Les humains s'entre-tue, et tue les autres animaux sans raison valable. Et moi, je suis une humaine.
Je me sentais hors de la population, comme rejeter. Je n'appréciais personne et personne ne m'appréciait. J'étais une hypocrite qui restait avec des gens juste pour ne pas qu'on vienne m'embêter.
Plus j'y pensais, plus les larmes coulaient sur mon visage. Plus j'y pensais, plus je pensais à quelque chose de pire. Et ainsi de suite, cette chaîne ne s'arrêtait pas. J'étais là. La jeune fille rousse pleurant sans raison valable dans la cour du lycée. Voilà ce que j'étais. Et j'en avais honte.
Un gars marchait vers moi. Je m'attendais à une horde d'insultes mais il n'a rien dit. Il s'est juste assis sur le banc. Il regardait des adolescents jouer au football.
- Dis-moi, c'est encore Emma qui a fait des ravages ? A-t-il demandé, gêné.
- De quoi tu parles ?
- Ces temps-ci, elle rabaisse beaucoup de personnes, et celles-ci pleurent. Désolée, je pensais qu'elle s'en était prise à toi.
J'étais plutôt énervée. Mais après avoir réfléchis, il ne voulait rien de méchant.
- Ce n'est pas grave. Ai-je répondu en essuyant mes larmes.
Jamais ne n'aurait cru autant de gentillesse sortir de ma bouche.
- Sans vouloir être indiscret, il se passe quoi ? A-t-il dit en se tournant vers moi, ses yeux verts ne détachait pas mon regard.
Je voulais lui dire de partir. Mais je ne connaissais pas cette personne. Et je commençais à en avoir marre d'être cruelle. Je connaissais une technique pour faire partir n'importe qui.
- Je déteste ce monde d'abrutis et malheureusement, je fais partie de la race humaine ! Ai-je répondu en espérant le faire fuir.
Il n'a rien dit. Il s'attendait sûrement à ce que je dise autre chose. Il n'était pas parti. J'ai alors continué.
- Très bien. Alors, regarde ces gens là-bas. Ai-je continué en pointant les joueurs de football. Ils jouent au foot comme des petits chiens qui courent après une balle. Le but du jeu n'est pas de s'amuser mais de trouver qui est le meilleur toutou du lycée.
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