Chapitre seize

AZALÉE

- Quels problèmes ?

- Ne te ment pas à toi-même.

J'avais l'impression qu'elle savait déjà pas mal de choses sur moi. Après tout, si elle fait partie de mon imagination, c'est bien logique. Je me trouvais ridicule, mais parler à moi-même me ferait sûrement du bien. Enfin, je n'en ai aucune idée.

- Alors, je ne sais pas par où commencer. Ai-je dis.

En réalité, j'avais trop d'idées en tête. Mais je ne me voyais pas commencer par raconter quelque chose et deux secondes après raconter autre chose sans rapport. 

Ma vie est une suite de merdes qui m'arrivent en pleine face.

- Bah commence par le début. A-t-elle dit en rigolant. Pardon je ne voulais pas me moquer, fais comme tu le sens.

- Léna, à quoi ça sert de vivre ?

Elle ne réagissait pas. Elle était figée face à moi. Elle, assise sur les genoux face à moi.

- Putain mais qu'est-ce que je suis conne. Je me parle à moi-même. Alors je vais répondre à ma place. Cela ne sert à rien ! Ai-je dis d'une voix énervée en insistant sur le mot « Rien ».

- Mais, Azalée...

- Non, pas d'Azalée qui tienne. Tu n'es que dans mon imagination ! Je suis folle putain. J'en ai marre. Mais bordel, réveillez-moi !

Elle s'est relevée mais n'a rien rajouté à mon monologue. J'étais là. J'étais assise à attendre je-ne-sais-quoi. Elle a commencé par faire disparaître la salle. Nous étions à présent dans une grande salle noir sans début ni fin. Je me suis demandée pourquoi mon imagination me jouait des tours depuis quelques temps.

Après avoir fait disparaître la salle, elle s'est approchée de moi. Elle m'a souri. Elle a mis ses cheveux blancs en arrière puis m'a doucement poussée. J'ai regardé par curiosité vers le bas pour voir ce qu'elle était en train de faire.

J'étais à présent sûre d'être folle. Je ne sais pas pourquoi je me retrouvais dans cette situation mais mon amie imaginaire avait créé une falaise si effrayante. Et tout en bas, il y avait de nombreux piques tranchants. J'ai reculé par peur sans pouvoir détacher mon regard du sol.

Léna m'a attrapée par surprise et m'a tenue sur le bord de la falaise. J'allais très certainement tombée si elle me lâchait. Mais je savais que mon imagination ne me ferait jamais ça. Mais pour imaginer de telles choses, je devais être cinglée.

- Alors, Azalée. C'est vraiment ce que tu veux ?

Ce que je veux ? Mourir ? Je n'ai jamais dis que je voulais mourir aujourd'hui. Mais je savais déjà que ce serait la façon dont je vais mourir. En réalité, je ne sais pas si je veux vivre ou mourir.

Je veux juste ne plus rien ressentir, ni la douleur, ni la haine, ni le bonheur que je n'ai sûrement jamais connu.

- Je ne suis qu'une option pour les gens. Je ne suis que la fille étrange qui dessine des roses ou des cœurs brisées. Je suis la fille seule. Je suis la fille insupportable. Je suis la fille timide. Je suis la réincarnation du préjugé. Alors, je n'en sais rien.

- Ceci ne répond pas à ma question. A-t-elle dit en me penchant vers le précipice.

Je n'avais même pas envie de me débattre. Je ne savais pas si cela était réel ou non. Je suis complètement folle. Mon cœur battait à cent à l'heure. Je ne savais pas quoi faire. Je ne savais pas si je devais lâcher prise ou me battre pour survivre. 

Mais qu'est-ce que je suis bête.

- Bah, lâche-moi. J'ai fais mon choix. Ai-je dis en la regardant droit dans les yeux.

- D'accord.

Elle m'a lâchée, j'étais en train de tomber. C'était comme si je tombais au ralenti. Je voyais pleins de souvenirs de mon enfance, comme des bêtises avec Lana, des moments de fou rire avec Alyssia et Adelyne, l'époque où je m'entendais parfaitement bien avec mes parents.

Je me voyais rire et sourire, mes cheveux roux passant sur mon visage. Moi, souriante, dans la neige avec mon père qui me filmait. Moi, en train de rire, à la fête foraine. Mais c'était l'ancienne moi. Parfois je me demande pourquoi j'ai autant changé. Mais je n'y ai jamais trouvé de réponse.

Je me suis dis que je ne méritais pas de mourir comme une petite victime poussée d'une falaise. Je méritais mieux que ça. Je méritais une mort longue, douloureuse et spectaculaire. Je méritais beaucoup mieux que cela.

Je me suis rattrapée le plus vite que j'ai pu à Léna qui était très surprise. Mais celle-ci n'était pas aussi forte que je le pensais. Nous étions en train de tomber droit vers des piques tranchants. Je me voyais déjà mourir pitoyablement.

J'ai fermé les yeux, comme si cela allait apaiser la douleur, ce qui reste stupide. Lorsque je les ouvert, nous étions face aux piques. Mais ces derniers ont disparu comme de la poussière à la seconde où nous allions les touchés. Je suis tombée sur un grand matelas qui venait d'apparaître.

Je me sens tellement bête. J'en avais oublié que j'étais en train de rêver.

- Tu vois que tu ne veux pas mourir, Azalée. A lancé Léna en me faisant un câlin.

J'ai finalement décidé de me confier à cette partie de moi-même. Je n'avais rien à perdre mais plus à gagner. Au moins je me comprendrais moi-même, enfin je crois.

- Écoute, Léna. Me suis-je lancée. Je ne sais pas comment cela à commencé. Mais j'étais insouciante. Si tu faisais vraiment partie de mon imagination, tu devrais savoir que je déteste les humains, le fait de vivre pour ne rien faire et la stupidité présente partout autour de nous. Tu sais, c'est injuste. Je vois les gens s'amuser, vivre, profiter. Mais profiter de quoi ? Profiter de nous entre-tuer à longueur de journée ? J'aurais préféré être un oiseau, m'enfuir d'ici et vivre ma vie dans les nuages. J'aurais préféré être une planète isolée, à des milliards d'années lumières de cette foutue Terre. Je n'aurais pas forcément préféré de ne pas vivre. J'aurais plutôt préféré être quelqu'un d'autre, surtout pas un humain. Mais tu vois, je suis comme je suis. Et avant de mourir, j'aimerais faire souffrir le plus de gens qui m'ont gâché la vie et qui ont gâché le monde en général.

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