Chapitre quatre

NOREEN

Le jour de mes vingt ans, l'heure était venue de passer mon test. Quoi qu'on puisse me dire sur cela de bien ou de mal, j'étais angoissée à l'idée de le passer. J'ai passé mes trois derniers mois dans les révisions. Si bien que je ne sortais presque plus, ce qui énervait ma meilleure amie Dune, qui avait déjà passé son test depuis quelques mois.

Quant à Armin, l'un de mes amis les plus proches, il m'a dit que c'était mon avenir avant tout. Depuis, on ne se parlait presque plus, ce que je regrette.

Parmi mes heures de repos (hors de mes horaires de révision que je m'étais donné pour réussir), je passais le plus clair de mon temps à chercher des informations sur le test. Mais personne n'a le droit d'en parler. J'avais beau chercher dans des livres, grâce à d'autres rêveurs ou dans les vieux journaux où j'espérais qu'il y est quelque chose : il n'y avait jamais rien.

Après tout, personne ne veut qu'un rêveur incompétent s'occupe d'un humain, alors qu'il a réussi le test en trichant. 

Le test consiste à répondre à des questions sur les humains. Aussi simple à expliquer qu'à réussir d'après certaine personne. Mais je n'y croyais pas. D'après moi, jeune rêveuse de seulement vingt ans, je suis sûr que ce grand test est compliqué, ce n'est pas pour rien qu'on ne le passe qu'à vingt ans (ou vingt-et-un ans, si on le rate la première fois, vingt-deux, si on le rate une deuxième fois et ainsi de suite).

J'ai appris la récompense de ce test dès mon plus jeune âge, plus précisément quand je suis rentrée à la 2e école : Le fait de pouvoir s'occuper d'un humain.

Dans le monde des rêves, il y a trois écoles. La première est de la naissance jusqu'à nos cinq ans. On n'y apprend pas grande chose mise à part la sociabilité et les premiers mots. C'est là-bas que j'ai rencontré Armin, mon meilleur ami depuis toutes ces années. 

La deuxième école est jusqu'à treize ans où l'on apprend la magie, l'écriture et à parler correctement. J'y ai passé mes années avec Armin, je ne connaissais pas encore la magnifique rêveuse du nom de Dune.

A mon entrée dans la 3e école, j'ai rencontré Dune. Et jusqu'à nos vingt ans –la fin des écoles- nous avons appris à nous occupé d'un humain. Armin a toujours été là pour moi et depuis mon plus jeune âge. Aujourd'hui nous sommes un groupe de trois  inséparable. Mais j'aimerais pouvoir dire inséparable sans menti. 

Je parle toujours beaucoup à Dune : de magie, de garçon, d'humain, de passe-temps, des routines de la vie, de nos délires, nos souvenirs. Mais Armin, c'est autre chose. Il m'évite depuis plus d'un mois. Je ne sais pour quelle raison.

Dune n'était déjà plus dans l'école, elle avait réussi son test car elle était née avec quelques mois de décalage avec moi. Armin est un peu plus jeune que moi. Mais lorsqu'on était en cours, même à côté, il m'adressait un petit regard de temps en temps. Il n'engageait jamais la conversation. Et quand c'était moi, il ne répondait que brièvement.

Pour les humains, nous leur parlons par rêve : un rêveur comme moi ne s'occupe que d'un humain à la fois. Il y a des cas à part : ceux qui ont toutes les réponses correctes. Ils s'occupent d'un humain prioritairement mais peuvent aussi s'introduire dans le rêve de n'importe qui. Dans le monde des rêves, nous les appelons : les grands rêveurs.

Je rêverai dans être une, mais vu mes notes correctes il m'est impossible de passer grande rêveuse. Pour l'être, il faut être excellent. Ce qui n'est pas possible chez moi.

Je connais beaucoup de choses sur le monde des humains grâce à mes révisions intenses. Mais, quelque chose me met au plus haut point en colère. C'est une règle à respecter absolument. Il est interdit de donner son identité. Si je réussi le test, je n'aurai pas le droit de dire que je suis Noreen, que je suis sa rêveuse ou même expliquer le fonctionnement du monde des rêves où je me trouve. 

C'est bien triste de nous l'empêcher. Mais je comprends pourquoi. La reine ne veut pas que le monde des rêves soit découvert des humains. Ils essaieraient à tout pris de le détruire ou d'y entrer.

Je me suis brossée une dernière fois mes longs cheveux blancs avant de sortir de ma maison. Dune m'attendait sur un banc à quelques mètres. Elle avait les jambes croisées et n'arrêtait pas de regarder l'heure. Elle a tourné la tête vers moi et son visage s'est illuminé. Elle est venue en me faisant un câlin.

- Joyeux anniversaire, Noreen ! A-t-elle dit, toute joyeuse.
- Merci. Ai-je répondu d'une voix tremblante.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien. J'ai juste peur tout rater. Ai-je répondu honnêtement à ma meilleure amie.

Elle affichait un grand sourire sur ses lèvres tout en me fixant. J'ai fais de même, histoire de ne pas paraître pour une rêveuse sans humour. Pourtant je ne comprenais pas. Je me suis arrêtée et j'ai incliné la tête sur le côté. Mes cheveux blancs sont passés devant ma tête sans le faire exprès et nous nous sommes mises à rire. J'ai remis en place mes cheveux et ma tête droite. Dune faisait toujours la même tête que tout à l'heure.

- Pourquoi fais-tu cette tête ? Ai-je demandé.
- Et bien, ma chère Noreen, n'oublie pas que j'ai eu cinquante et un points au test et que tu as bien plus révisé que moi. J'en conclus donc que tu auras une très bonne note. A-t-elle répondit tout en essayant d'imiter un philosophe, une imitation quelque peu ratée.

Nous avons marché quelques minutes. Elle me répétait d'un ton humoristique que personne ne peut faire pire qu'elle. Ce qui reste faux car de nombreuses personnes ont eu une note en dessous de cinquante. 

Et qu'en réalité, sur toute la population du monde des rêves, une grande partie ne s'occupe plus d'humains. Après quoi, la reine s'étonne que de nombreux humains restent en dépression alors que notre rôle reste de les aider.

J'ai traversé le pont qui reliait le grand bâtiment où l'on passe notre test. Lorsque je regardais vers le bas, je voyais des nuages mais je pouvais apercevoir de peu le monde des humains.

Si je pouvais réaliser l'un de mes rêves, je choisirai le monde des humains, sans hésiter. J'aimerais tellement y aller. Je sais que les rêveurs ont le droit pour leur mission d'aider les humains. Mais je n'ai ni humain, ni bonne raison d'y aller ni le courage de demander.

Nous étions arrivées au palais, le lieu où les rêveurs passent leur test. J'ai regardé Dune d'un air inquiet. Je ne voyais qu'à peine sa chevelure rose pâle, mais j'apercevais sur son visage qu'elle m'avait répondue par un sourire, sans rien rajouté. Je me suis avancée et j'ai ouvert la porte. Je ne voyais déjà plus Dune.

J'ai marché jusqu'à la grande salle. De nombreux rêveurs étaient présents et la plupart assis sur une chaise en face d'une petite table carré et blanche. La salle était dorée et ornée de cristaux qui prenaient la couleur de la pièce. Mais, vide de meuble et remplis de rêveurs.

Midi sonnait, l'heure à laquelle tous les rêveurs commencent leur test, chaque jour, chaque année. La reine est apparue devant nous. Sa robe blanche comme la neige nous a tous surpris. Elle était splendide. Elle nous a fait un si beau sourire qu'on pourrait croire qu'il est réel, alors qu'elle fait ce sourire tous les jours : c'est elle qui s'occupe des tests.

- C'est parti ! Bonne chance à vous, les rêveurs. Je compte sur vous ! A-t-elle dis lorsque tout le monde se taisait.

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