Chapitre quatorze
NOREEN
Armin n'a pas arrêté de me demander si je me sentais bien ou si je voulais aller voir la Reine pour vérifier si ce n'était pas le début avant d'être figée. Je lui ai expliqué de nombreuses fois que j'étais juste fatiguée.
Après tout, Armin a toujours été comme ça. Il s'est toujours inquiété pour moi depuis le début de notre amitié. C'est peut-être pour ça que j'ai eu rapidement confiance en lui.
Lorsque nous sommes passés devant la maison du rêveur disparu, j'ai eu l'impression que quelqu'un nous observait. J'ai passé mes jambes une par une par-dessus les banderoles. Mais je regardais bien un peu partout. J'ai soudainement vu une touffe de cheveux rouges et bouclés cachée derrière une maison. J'ai immédiatement accéléré le pas pour voir de qui il s'agissait.
Il n'y avait rien.
- Noreen, je suis fatigué. Je te dépose chez toi mais après je te laisse. A déclaré Armin lorsque je suis revenue vers lui.
Ses cheveux blancs étaient décoiffés et il avait des cernes sous ses yeux gris. Je ne lui en voulais pas de me laisser tomber ce soir. De toute façon, je comptais parler avec Dune. Et je comptais bien lui parler de quelque chose dont je n'ai pas envie de parler avec Armin.
Il a beau être mon meilleur ami, si je lui dis ce que je compte dire à Dune, soit il m'encouragerait soit il me dirait que c'est mal ou je ne sais quoi. Dans tous les cas, il m'en parlera pendant un bon bout de temps et je n'aime pas trop ça.
- D'accord, j'aimerais juste aller chez Dune. Tu n'es pas obligé de m'accompagner.
- Si, j'insiste.
- Mais Armin, je suis grande. N'oublie pas que tu es plus jeune que moi. Si c'est comme ça, je t'accompagne jusqu'à chez toi vu que tu es un enfant. Ai-je répondu en souriant.
Au départ, il refusait. Puis, pour le faire accepter, j'ai pris le chemin opposé à la maison de Dune. Je suis allée de moi-même jusqu'à chez lui. Au bout de deux minutes à me crier dans les rues endormies de la ville de revenir, il a fini par céder.
On n'entendait que nous dans la capitale du monde des rêves. Le soleil s'était déjà couché et la plupart des rêveurs étaient en train de s'occuper des humains. Nous avions parlé de tout et de rien comme à notre habitude. J'étais juste contente.
Ce que j'aime bien chez Armin, c'est qu'il veut toujours m'accompagner ou m'aider. Je sais que je ne serais pas seule s'il m'arrive un problème. Je ne dirais pas la même chose de Dune. C'est différent. Elle se vexe facilement. Mais je ne peux pas lui en vouloir.
Après avoir déposée Armin chez lui, j'ai remarqué que sa blessure à la lèvre inférieure s'était remise à saigner. Il avait un trait vertical de la partie inférieur de sa lèvre débordant un peu sur le menton. Ça lui donnait son charme. Mais je me suis toujours demandé la douleur qu'il pouvait avoir lorsque la plaie s'infecte ou se met à saigner.
Je n'ai jamais compris comment il l'avait eu. Il me dit souvent que c'était à sa naissance alors qu'une blessure comme celle-ci a plus l'air d'une griffure qu'une malformation. De plus, les rêveurs ne naissent pas avec des malformations vu que nous n'avons pas de parents.
En fait, nous sommes comme des robots, nous sommes des machines pour rendre heureux les humains.
- Tu saignes, Armin.
Il a immédiatement touché sa lèvre inférieure. C'était devenu comme un réflexe. Dès que je lui disais qu'il saignait, il savait tout de suite que je parlais de sa griffure. Sa main était un peu imbibée de son sang. J'ai sorti un mouchoir de ma poche et je lui ai tendu.
Comme ce n'était pas la première fois qu'il saignait lorsque j'étais là, nous faisions toujours les mêmes gestes. J'avais toujours des mouchoirs sur moi et je lui en tendais un, je désinfectais, et je lui ordonnais de ne pas lâcher ce mouchoir tant qu'il saignait.
Après toutes les étapes faites, j'étais en train de nettoyer ses mains avec un coton humide.
- C'est la troisième fois en quelques jours. J'en ai marre.
- Heureusement que je suis là. Ai-je dis en souriant.
- Ça m'énerve. La reine possède tous les pouvoirs pourtant elle n'en a aucun pour réparer cette foutue blessure.
- Peut-être qu'elle ne veut juste pas. En fait, je n'en sais rien.
- Bon après, cela pourrait être pire.
- Comment ça ?
- Bien ce n'est qu'une petite griffure sur ma lèvre qui saigne de temps en temps pour m'embêter. Si ça ce trouve, mes yeux pourraient sortir de leurs orbites trois fois par jours. A-t-il répondu en mettant ses mains en forme de cercle autour de ses yeux, comme des lunettes.
- C'est vrai que ce serait moins sexy. Ai-je déclaré en tournant la tête vers lui.
Finalement, je n'ai pas vu le temps passer et je suis restée une heure avec Armin. Avant de partir, je lui ai laissé des mouchoirs au cas où il se remette à saigner.
Je me suis remise à marcher dans les rues du monde des rêves. Quelques minutes plus tard, j'avais toujours cette impression d'être observée. Je ne devais pas avoir peur. Après tout, c'est le monde des rêves et non le monde des humains.
Mais certains rêveurs sont violents, surtout les rêveurs sans humains.
J'avais beau m'éloigner, j'avais toujours ce sentiment d'oppression. J'avais envie de crier à la personne ou à l'animal de sortir de sa cachette. Mais premièrement, j'embêterai les rêveurs dont les humains ne dorment pas encore et deuxièmement, je serais ridicule.
Alors je me suis empressée de rejoindre la maison de Dune. J'ai vite toqué à la porte. J'étais sûre qu'elle était encore là. Son humain se couche habituellement vers minuit. Comme à mon pressentiment, elle m'a ouvert la porte.
Elle avait les cheveux en bataille et je n'ai pas pu m'empêcher de rire.
- Oui Noreen ?
- Je peux venir chez toi le temps que mon humaine s'endorme ?
- Je ne peux rien te refuser, entre. A-t-elle dit avant de retourner à l'intérieur.
Nous nous sommes installées près de la cheminé sur un tapis extrêmement confortable. Nous allions souvent à cette endroit lorsque nous étions encore à l'école et que l'on passait nos soirées ensemble. Notamment parce qu'on n'avait pas d'humaines à s'occuper.
- Alors Dune, j'ai eu une idée pour mon humaine. Pour la faire revenir à la raison. Ai-je dis en me passant les doigts dans mes cheveux.
- Oui, raconte-moi.
- Mais n'en parle pas à Armin.
- Pourquoi ? A-t-elle demandé en penchant la tête.
- Parce qu'il risquerait de m'en parler pendant longtemps. Ai-je dis en souriant. Je lui fais confiance mais je ne sais pas si j'ai le droit de faire ce que je compte faire, donc avant de lui dire, j'ai besoin de l'avis de la célèbre Dune.
- Tu sais que je ne suis pas une professionnelle, même pas avec mon humaine.
- Oh, ne sois pas si dure envers toi.
- Ne me fais pas attendre, tu me stresses Noreen. Raconte-moi !
Je lui avais expliqué mon plan en quelques minutes. Au départ elle était plutôt contre. Mais à force de lui expliquer exactement ce que je comptais faire, elle n'a réussi qu'à dire que c'était une bonne idée à laquelle elle n'aurait jamais pensé.
Sa montre s'est mise à sonner une vingtaine de minutes avant minuit. J'ai commencé à m'inquiéter, sachant qu'Azalée se couche généralement vers vingt-deux heure, voir vingt-et-une heure. Ne pas la voir à minuit était vraiment étrange.
C'est à une heure du matin que ma montre a enfin sonné à mon grand bonheur. Après une heure à attendre près du feu de chez Dune, seule, je me suis enfin téléportée dans la pièce attribuer pour les rêves où je suis bien évidemment la rêveuse.
Et je comptais bien mettre mon plan à exécution.
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