Chapitre quarante-sept
AZALÉE
On était face à face, assit contre le sol. On mangeait des bonbons qu'on avait achetés à l'épicerie à côté. C'était le genre de routine que j'aimais. Mais je n'avais pas tout le temps que je voulais.
- Je vais devoir rentrer, ai-je dit, pas que ma famille s'intéresse à moi mais ils vont râler si je ne suis pas là pour le repas du soir.
Il s'est levé et m'a tendue sa main que j'ai prise pour me lever. Gênée, je l'ai lâché par la suite comme une enfant.
- Je vais te raccompagner.
- Tu n'es pas obligé et puis ça va te faire un détour.
- Je crois que tu n'as pas le choix, Azalée.
Sur la route, il m'a tendue un paquet cadeau. Il était bien fait et petit. Je me suis d'abord demandé s'il me faisait une blague. Ce serait vraiment trop étrange. J'étais surprise qu'il se souvienne de mon anniversaire, même s'il était déjà passé... durant son absence.
- C'est pour toi, en retard, je suis désolé.
Je lui ai souris. Je me demandais ce que cela pouvait être. C'était un bracelet de couleur doré avec une pierre grise. Et j'en étais contente. La plupart des gens n'aiment pas les bracelets puisque ce n'est pas cher. Ils veulent tous les cadeaux les plus coûteux, pensant que cela prouve leur affection, sauf que c'est faux. Ca peut paraître bête, mais c'est l'intention qui compte, pas le prix qu'on y met.
- Merci beaucoup.
Mais moi, j'aime. Comme ça j'aurais une part de Samuel avec moi à chaque instant.
***
Une fois arrivé, je me suis empressée de retourner dans ma chambre pour revoir Léna et tout lui raconter. Ces derniers jours avaient été tellement agréables à vivre. Je me sentais tellement bien.
- J'ai tellement de choses à te raconter, Léna, ai-je lancé en entrant dans ma chambre.
Sauf que personne n'y était, tout était vide. Pourquoi ? Peut-être qu'elle était sortie. Peut-être que Kiron était là.
- Kiron ?
Je me sentais honteuse de parler seule.
- Si tu es là, fais tomber quelque chose. Ai-je ordonné mais jamais rien n'est tombé sur le sol de ma chambre.
Tu es juste folle.
J'ai marché doucement dans la pièce, espérant tout de même qu'un objet tombe. Ma chambre avait beau être en désordre, s'il y avait de nouvelles choses, je le remarquerais. La preuve, sur mon bureau se trouvait un papier.
Ce n'était pas mon écriture, ni celle de Lana et encore moins celle de mes parents.
«On a un problème. »
C'était impossible que ce soit Léna. Je l'ai pris, elle avait signé en bas. J'avais enfin une preuve de son existence. Je n'étais pas folle. Je ne l'étais pas ! Il fallait que je la trouve. J'avais peur comme si j'étais à sa place.
J'ai mis le papier dans ma poche, en guise de preuve.
J'ai fait le tour de la maison. J'ai couru de salles en salles. Je sentais mon cœur s'agiter sous le stress. Personne hormis mon horrible famille. J'ai pris les clefs de chez moi et je suis partie en courant dans la rue.
Je n'étais pas belle. Mes cheveux virevoltaient, non comme dans les films, mais comme une folle qui s'enfuit de chez elle. Je n'entendais que mon souffle. Bordel, où était-elle ?
Elle n'avait pas pu aller bien loin.
Je m'en voulais. Qu'est-ce que je m'en voulais d'être partie toute la journée, de l'avoir laisser seule, de l'avoir abandonnée. Je n'ai pas supporté qu'on me laisse, mais là c'était moi qui lâchais. Qu'est-ce que j'étais stupide.
J'ai croisé Samuel sur la route. Après tout, je m'en doutais. Il marchait, je courais : j'allais forcément le rejoindre. Sauf que je ne voulais pas qu'il me voit dans cet état. Je ne voulais pas qu'il me pose un milliard de question comme une personne normale, je ne voulais pas qu'il me prenne pour une folle.
- Azalée ?
Je devais vraiment faire peur à voir. Je ne voulais pas l'embêter mais les mots sont comme sortis tout seul de ma bouche. En réalité, j'en mourais d'envie.
- J'ai besoin de ton aide.
Samuel aurait pu être normal et ennuyeux. Il aurait pu me demander ce qu'il se passait, discuter avec moi et donc me faire perdre du temps. Mais voyant à quel point j'étais pressée, il n'est pas passé par mille chemins. Et j'aime ça.
- Qu'est-ce que je peux faire ?
Sauf que c'était bête. Il ne pouvait pas voir Léna. Il ne pouvait pas m'aider. Qu'est-ce que j'étais stupide.
- Je cherche une femme, la vingtaine avec une teinte de cheveux blanche.
Il semblait ne pas comprendre, mais il ne m'a pas traité de folle et il ne m'a pas questionné plus que sur son physique.
- D'accord, je propose qu'on se sépare. A-t-il dit alors que je ne voulais pas du tout qu'il parte.
- Je préfère qu'on reste ensemble.
Je pense qu'au fond, son aide ne m'était pas utile pour chercher Léna mais utile pour me remonter le moral et me permettre de ne pas perdre la tête. Et j'en suis tellement reconnaissante.
Nous sommes restés côte à côte, à faire le tour de notre petite ville. Chaque recoin avait été fouillé. Je ne comprenais plus rien. Je ne comprenais pas pourquoi cela arrivait toujours à moi. Je me suis retenue de pleurer, parce que je ne voulais pas pleurer devant Samuel.
- Ca va aller ?
- Oui, oui. Je vais rentrer.
Et il m'a raccompagnée.
Dès que j'ai fermé la porte de ma chambre, vide et sans vie, je me suis écroulée au sol en criant et en pleurant tout ce que j'avais en moi. J'en avais plus que marre que chaque chose heureuse de ma vie parte en fumer. Je n'en pouvais plus.
J'étais minable, allongée sur le côté, au sol, je tenais fermement le papier qu'elle avait signé.
« On a un problème.»
Pourquoi je n'ai pas vu ton message plus tôt ?
Je pleurais. Bordel, qu'est-ce que mes larmes imbibaient le sol de ma chambre. J'avais la boule au ventre. Je voulais sortir, retrouver Léna mais j'en étais incapable. Je restais allongée, là, comme une minable gamine de la race humaine, incapable d'aider qui que ce soit.
Le papier n'a pas échappé à mes larmes. Je le fixais longtemps. La belle écriture de Léna était visible. J'ai rapproché le papier de mon cœur, comme si cela allait changer quelque chose. Lorsque je l'ai regardé à nouveau, il disparaissait. C'était presque impossible.
Non, non, non.
Il se décomposait, comme mon cœur à cet instant. Jusqu'à ce qu'il n'y est plus rien.
Je me sentais mal mais sans savoir pourquoi. J'avais une douleur dans le cœur sans en connaître la cause. J'étais là, allongée sur le sol de ma chambre, tenant le poing fermé comme s'il contenait quelque chose. Finalement, il n'y avait rien.
Pourquoi étais-je là ? Cela devait encore être une de mes crises de gamines.
J'étais folle. Tellement que j'arrivais à pleurer sans raison. Je me suis levée, les mains vides, en me disait que j'étais bien stupide. Je l'étais. Sauf que j'avais mal, comme si on venait de me poignardé le cœur.
Je me sentais triste et dévastée, mais j'étais perdue : je n'en voyais pas la raison. Je me sentais mal. J'étais sûrement devenue cinglée.
Tu sais quoi faire pour aller mieux.
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