Chapitre quarante-et-un

AZALÉE

J'étais fatiguée. Je n'en pouvais plus. J'étais allongée sur le canapé, en face d'une télévision même pas allumée.

Une nouvelle doit rejoindre ses amis, Azalée.

J'en ai plus qu'assez.

- Azalée ! Ai-je entendu ma mère crié depuis le bureau.

Je n'ai pas répondu, je m'attendais à la fin de sa phrase comme toujours. Mais j'avais l'impression qu'elle attendait que je parle.

- Quoi ?

- Vas ouvrir la porte.

Je n'avais même pas entendu que quelqu'un avait sonné. Je ne savais pas ce qu'il ou elle voulait mais j'espérais que cela se termine le plus tôt possible. Je me suis levée lourdement de ma place. J'ai cherché les clefs dans la poche de mon manteau. J'ai ouvert la porte.

Et j'ai bien cru devenir folle en voyant Léna devant moi. Je l'ai dévisagée de haut en bas, elle me souriait. J'ai doucement fermé la porte en sortant, pour ne pas que m'a mère entende.

- Qui êtes-vous ?

- Tu ne me reconnais pas ? A-t-elle dit de la même voix que Léna.

C'était totalement impossible. J'étais coincée entre l'incompréhension et la joie. J'étais vraiment heureuse de la voir sauf que j'étais sûre qu'elle faisait partir de ma tête.

- Ce n'est pas marrant, je repose ma question : qui es-tu ?

Elle a jeté un coup d'oeil sur le côté, dans le vide. Il n'y avait personne à côté d'elle.

- Léna.

- C'est impossible, Léna n'existe pas. Je suis encore en train de rêver. Je ne ferais pas avoir deux fois.

Elle a regarde à droite, comme si elle parlait à quelqu'un d'autre.

- Ne t'énerve pas. Ça ne sert à rien, elle ne t'entend pas et ne te voit pas. A-t-elle dit en fixant le vide.

- Je peux savoir à qui tu parles ? Ai-je lancé, énervée.

- C'est compliqué à expliquer. A-t-elle dit en cherchant ses mots. Ecoute, je suis vraiment Léna. Pose-moi une question et je pourrais y répondre.

- Qui est la personne que j'apprécie le plus ?

Qui est la personne qui te déteste le plus, Azalée ?

Elle a immédiatement répondu, cela ce voyait qu'elle connaissait bien la réponse.

- Samuel Colmez.

- C'était tellement facile, ai-je répondu en essayant de prendre un air supérieur.

Je ne savais pas quoi lui poser comme question, il fallait que je trouve quelque chose que seule elle était sensée connaître. Mais avant que je ne puisse poser quoi que ce soit comme question, elle a commencé à parler.

- Azalée, je ne sais pas comment t'aider. J'essaye mais c'est bien plus complexe que je le pensais.

Elle avait les larmes aux yeux.

- Tu m'as toujours dit que tu n'étais pas amoureuse de lui, que tu ne l'aimais pas. Moi, je le vois. Je vois comment tu parles de lui et je vois comment tu parles de ceux que tu détestes. Tu m'as beaucoup parlé d'eux, ils t'embêtaient, te frappaient et balançaient ton téléphone par terre alors que c'était ton seul moyen de communication avec Samuel. Je ne suis pas Samuel, je ne peux pas te rendre heureuse puisque tu ne m'écoutes pas. Tu t'obstines à ne pas me croire. Ça fait vraiment mal de se rendre compte qu'une personne qu'on apprécie et qu'on veut aider ne nous aime pas du tout. Mais putain, moi je veux juste t'aider. Je ne veux plus que tu dises « tout va bien sauf pas mal de choses » mais « tout va bien et je suis heureuse ».

« Tout va bien sauf pas mal de chose », c'était la phrase que j'avais écrite. Et elle seule l'avait lue. J'avais du mal à croire qu'elle existait.

Je me sentais stupide de m'être confiée à elle alors qu'elle existait. Je lui avais révélé des secrets en pensant que c'était dans ma tête, au final c'était une réelle personne.

J'étais totalement perdue.

Et puis merde.

- Je te crois, Léna. Ai-je dit en la prenant dans mes bras, comme une vielle amie que je venais de retrouver.

Sauf que tu n'as pas de vielle amie, ni de vraie.

C'était plus fort que moi. Je tentais de l'ignorer. J'ai ouvert la porte, faisant entrer Léna.

- Viens, Kiron. A-t-elle dit, en tenant la porte.

Je ne savais pas qui c'était et je ne voyais personne entrer. Elle a refermé la porte. J'avais du mal à comprendre.

- Soyons discrets. Je ne suis pas censée inviter des gens. Et tu m'expliqueras pourquoi tu parles seule après. Ai-je chuchoté sans pouvoir m'empêcher de sourire.

- Oui mais ne t'inquiètes pas : tes parents ne me voient pas et ne m'entendent pas.

Cela me rassurait, c'était vraiment étrange. Je me demandais si je n'étais pas complément cinglée.

- À table Lana. A crié mon père.

Il ne t'a pas appelé, il ne t'appelle plus.

J'ai regardé Léna, elle a sourié dès l'entente du prénom de ma petite sœur. Par la suite, je me suis dirigée vers la table à manger. Il n'y avait que quatre places, je me sentais mal pour Léna.

- Je ne mange jamais, ne t'inquiète pas. A-t-elle dit.

Elle était vraiment étrange mais je l'aimais bien. Elle s'est assise sur le canapé pas loin de la salle à manger étant donné que ce serait étrange que je prenne une chaise en plus pour une personne invisible.

Elle avait bien l'air invisible pour mes parents puisqu'ils n'avaient rien remarqué.

Tu es peut-être schizophrène.

L'ambiance était comme d'habitude : oppressante. Personne ne parlait à table et je me retournais tout le temps pour voir Léna qui avait l'air mal à l'aise.

Je me sentais mal pour Léna qui devait subir ce malaise constant dans cette maison. Et en regardant la baraque de plus près, j'en avais même honte. Tout était dérangé, en particulier ma chambre. Même si elle avait pris l'habitude d'y aller en rêve, ce n'était qu'un rêve et je m'en fichais. Mais là c'était la réalité.

On n'entendait que le bruit des couverts.

Léna est partie subitement, elle est montée à l'étage. Je la fixais. Je ne savais pas du tout ce qu'elle comptait faire. Peut-être était-elle trop gênée à propos de ce repas.

- Qu'est-ce que tu regardes ? A demandé froidement mon père.

- Rien, rien.

T'as vu cette vie merdique que tu as.

C'est vrai.

Elle est redescendue deux minutes plus tard avec des papiers dans les mains, elle a fait le tour de la maison et les a rapidement posés sur une étagère sans que ma famille ne la voie faire. Elle m'a fait un clin d'œil et a fait tomber les feuilles.

Mon père a immédiatement réagi. Il s'est retourné et a regardé ce qu'il y a avait par terre. Je me demandais bien ce que cela pouvait être. Il a pris les papiers dans ses mains et s'est assit à sa place. Il les observait tous un par un. J'essayais de voir en étant le plus discrète possible mais c'était impossible. Il était en face de moi.

- C'est toi qui as fait ça, Azalée ?

Il m'a montré mes dessins. J'ai tourné la tête pour voir Léna qui me souriait doucement.

- Oui.

Je n'avais jamais montré mes dessins à mes parents par peur qu'ils me jugent. Et j'en tremblais à présent. J'avais dû sûrement montrer mes œuvres d'enfant lorsque je les appréciais, sauf que c'était il y a bien longtemps. Ma mère s'est rapprochée de mon père.

- Mais Azalée, c'est magnifique. A lancé ma mère. Tout, vraiment. Pourquoi tu ne nous les as pas montrés avant ?

- Je ne sais pas.

Je savais très bien.

Ces dessins avaient fait leur effet par rapport à mes parents qui me faisaient la tête deux minutes avant. Nous avons passé le reste du repas à parler de mes œuvres. Je leur en avais présenté de nombreuses. Même Lana s'était intéressée. L'ambiance était géniale.

Et tout cela grâce à une seule personne. J'étais à présent sûre qu'elle existait.

- Merci beaucoup, ai-je chuchoté.

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