Chapitre quarante
NOREEN
- Je sais.
Comme je ne travaillais pas, je n'avais pas d'argent. Je pensais que Kiron non plus puisqu'il était recherché.
- Nous n'avons pas d'argent, ai-je dit timidement.
- Et bien, jeune fille, vous pouvez toujours payer de n'importe quelle façon.
Elle m'a dévisagée de haut en bas, en fixant comment j'étais habillée. Tout était banal sur moi et je n'avais pas d'argent : je ne voyais pas ce qu'elle pouvait me trouver.
Elle a pointé du doigt le collier que je portais au cou. Celui que je n'avais pas lâché depuis des mois. Celui qu'Armin m'avait offert. Le collier aux papillons blancs. Blanc comme mes cheveux m'avait-il expliqué il y a de cela quelques mois.
- Je veux celui là, contre les deux potions.
J'ai regardé Kiron. Je ne savais pas quoi faire.
- C'est le collier qu'Armin m'a offert. Lui ai-je chuchoté, embarrassée.
- Tu ne lui parles plus, non ?
- Je ne lui ai pas reparlé depuis la dispute mais ce n'est pas une raison.
J'hésitais. J'étais sûre que j'allais le regretté.
- C'est d'accord.
J'ai retiré doucement le collier de mon cou et je l'ai tendu à la femme qui souriait. J'avais envie de lui donner une baffe. Par la suite elle nous a tendu deux flacons opaques. J'ai vite regardé dedans pour vérifier de ne pas m'être fait arnaqué.
- Tu n'as qu'à essayé la potion ici, si cela ne fonctionne pas, tu pourras me crier dessus et tenter de te faire rembourser. A-t-elle dit.
- Noreen, t'inquiètes pas. Je commence, si tu veux.
Il a pris son flacon et a bu le contenu en quelques secondes. Il a disparu petit à petit. Je lui ai fait un signe de la main comme pour un « à toute à l'heure ». C'était à mon tour, j'ai avalé le contenu qui avait un gout des plus horribles. Je me voyais disparaître. C'était une sensation vraiment étrange.
- Bonne chance. Ai-je entendu juste avant de disparaître.
***
J'ai apparu dans un lieu bien différent du monde des rêves. Ce n'était pas comme je l'avais imaginé. Tout était affreusement étrange. Aucune magie n'était présente, ce qui était logique. Mais je n'arrivais pas à me dire que j'y étais enfin. Après vingt ans de vie et d'envie de venir dans ces lieux, je m'y retrouvais enfin.
Je me suis retournée pour voir Kiron et nous rendre chez Azalée. Mais il n'était nulle part. Je ne le voyais pas.
Où pouvait-il bien être passé ?
Non, il me m'avait pas abandonné, c'était impossible. J'étais persuadée que la potion était truquée. J'étais certaine qu'on s'était fait avoir. Mon cœur battait à cent à l'heure. Je n'arrivais pas à me concentrer. J'étais perdue en plein centre d'un monde que je ne connaissais pas.
Je me suis mise à courir. J'ai voulu traverser la grande ligne où de nombreux véhicules roulaient. Mais personne ne s'arrêtait.
Un rêveur est invisible par les humains sauf par l'humain qu'il aide. J'avais beau être invisible, je pouvais toucher, je n'étais pas vide. Donc personne ne s'arrêtait.
Mais quelqu'un, un jeune homme s'est mis devant un passage à rayure blanche pour vouloir traverser, je me suis mise à côté de lui pour profiter du fait qu'il soit visible pour passer. Sauf qu'aucune voiture ne s'arrêtait. Comme si perdre deux secondes de leur vie était un événement tragique. Ils faisaient tous la tête dans leur petit carrosse sans cheval. J'ai attendu quelques minutes qu'une personne s'arrête, une gentille humaine qui souriait.
- Merci, ai-je crié en sachant que personne n'allait m'entendre.
Je ne devais pas perdre de temps, je devais retrouver Kiron. Quoi qu'il puisse arriver, s'il m'avait abandonnée ou s'il lui était arrivé quelque chose. Je ne voulais pas le perdre.
J'avais les larmes aux yeux en pensant à sa disparition ou à son éventuel abandon.
Je marchais dans la ville en prenant tout de même le temps d'observer le monde. J'étais heureuse d'être ici mais je voulais être heureuse avec Kiron. J'ai fini par passé devant une école qui me semblant être maternelle.
Les enfants couraient et criaient, parfois ils tombaient et pleuraient, mais ils se relevaient toujours en recommençant et en essayant une nouvelle fois, quitte à encore tomber. C'était sûrement pour cela qu'ils n'avaient quasiment jamais de rêveurs. Quant aux adultes, ils s'avouaient vaincu au premier essai.
Je me suis rapprochée d'eux. Un enfant me regardait droit dans les yeux avec son ballon dans ses mains. J'ai cru pendant un instant qu'il me regardait. Il a regardé son ami en face de lui et a balancé sa balle. Cette dernière m'a transpercée. Je suis tombée au sol. Je n'avais pas de blessure visible, mais j'avais affreusement mal. C'était sûrement pour cela qu'on empêchait les rêveurs de venir ici.
***
J'ai couru une bonne heure à la recherche de Kiron, je criais son nom partout. Je ne pensais qu'à lui. Il me manquait tellement. J'avais peur pour lui, vraiment.
Je n'avais aucun moyen de le contacter étant donné qu'il n'avait pas de pouvoir. Je me sentais tellement inutile et bête.
- Kiron, ai-je crié, en mélangeant crie et pleure.
Je n'ai pas abandonné. Je n'étais pas comme ces adultes de ce monde imparfait, j'étais moi. J'étais comme les enfants du monde des humains, je recommençais sans cesse, quitte à encore tomber. Et puis, je l'ai vu au loin. Il courait et était essoufflé.
- Noreen ! A-t-il crié au bout de la rue.
Je l'avais vu, un sourire s'est immédiatement dessiné sur mon visage pâle. Je l'ai rejoins en courant de toutes mes forces et je l'ai pris dans mes bras. J'ai bien cru ne plus le revoir. J'ai bien cru devoir affronter la cruauté de ce monde sans lui.
- Merde, désolé, vraiment. La potion m'a emmené à l'autre bout de la ville. Foutu vendeuse. Je suis vraiment désolé, putain.
- J'ai eu tellement peur. Ai-je répondu.
Et tout s'est passé très vite. Je me suis dis que de toute façon, je devais essayer, quitte à tomber. Je me suis rapprochée du visage de Kiron. Et nos lèvres se sont touchés, j'avais l'impression que ce moment durait une éternité. Il posa ses bras autour de ma taille et moi autour de son cou. Je me sentais vivante. J'avais mal au ventre, comme des chatouilles qui me parcouraient le corps. Ces baisers étaient sincères, j'en étais persuadée.
Après qu'on se soit dégagé, je l'ai regardé avec un petit sourire. Il avait l'air heureux. Mais qu'est-ce que je l'aimais. On dit souvent que les rêveurs sans humain sont des personnes affreusement égoïstes et cruelles, mais ils n'ont jamais vu Kiron.
Je lui ai tenu la main et nous avons marché jusqu'à la maison d'Azalée que je connaissais grâce à ses souvenirs. Tout le long du chemin, nous avons parlez. Il était génial. Nous étions arrivés devant la maison, je stressais à vu d'œil.
Qu'allait-elle penser de moi ? Ne suis-je pas à la hauteur d'elle ?
Mais je suis certainement une enfant. Et quitte à tomber, je me relèverai. Alors j'ai sonné.
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