AZALÉE
Il s'est mis à rire doucement.
- Quelle bonne remarque ! Quel dommage que je sois un toutou. A-t-il dit, le sourire aux lèvres.
- Bah écoutes, vas les rejoindre. Je ne parle pas aux chiens.
Il a immédiatement répondu, comme s'il savait déjà quoi dire.
- Je fais du foot, seulement pour mes amis. Et puis là je te parle, donc je vois pas pourquoi je devrais les rejoindre. Je n'aime pas le foot.
- Ah. Tu te forces pour faire plaisir à notre race d'abrutis. Après tout, c'est une bonne idée. Je dois t'ennuyer avec ça mais étant donné que je ne fais ni de foot, ni de maquillage-aux-toilettes-avec-les-copines, et bien je préfère être seule.
Il a souris tandis que moi, j'étais complètement neutre. Je devais certainement être horrible et insupportable. Je ne comprenais pas pourquoi ce garçon restait.
- Et bien, tu verras, quand je serais président, je supprimerai le foot. Cela deviendra hors la loi. A-t-il répliqua en faisant des grands gestes. Appelle-moi président Samuel.
J'ai essuyé les dernières larmes sur mon visage. Je me suis dis que je pouvais aussi profiter un peu au lieu d'être tout le temps renfermée sur moi. Je suis donc entrée dans son jeu.
- Très bien. Alors, appelle-moi Reine Suprême Azalée.
- La reine des fleurs ? A-t-il dit.
- La reine de la brigade anti-foot.
Il a souris mais n'a rien rajouté. La balle de foot est arrivée vers nous. Quelques joueurs se sont rapprochés de nous. Ils nous on demander en criant de balancer la balle vers eux.
Celle-ci est arrivée au bout de mes pieds, je l'ai prise et j'ai regardé Samuel.
- Tu penses à ce que je pense ? A-t-il chuchoté.
- Je crois bien que oui.
Je me suis levée, je me suis face au grillage et j'ai lancé le plus loin possible la balle blanche hors de la cour du lycée. J'entendais les adolescents crier, m'insulter, mais je riais. Je riais avec quelqu'un. Et bordel, ça faisait du bien.
Nous avons un peu discuté. J'ai appris de lui, mais moi, je parlais très peu. Je savais donc que l'adolescent aux cheveux noirs et aux yeux verts était Samuel Colmez.
***
J'étais à présent seule dans le réfectoire. Samuel était parti manger avec ses amis. Je ne lui en voulais pas du tout. On ne se connaissait à peine.
Alyssia et Adelyne sont venus vers moi, le sourire aux lèvres. Elles étaient accompagnées d'un garçon que je ne pouvais pas oublier. Rémy, l'adolescent boutonneux qui m'avait tabassé avec deux de ses amis, la veille.
- On te cherchait partout, Azalée. Tu étais où ? A-demandé Alyssia.
- Je révisais. Ai-je mentis en continuant de manger mon plat.
Le garçon s'est assis à côté d'Adelyne, il a mit son bras dans son dos. Je pense que j'étais la seule à ne pas savoir ce qu'il se passait. Mais au fond, je n'en avais rien à faire. Si les filles n'étaient pas venues à ma table, je n'aurais pas souffert.
- Salut Azalée, je t'ai manqué ? A-t-il dit.
- T'es qui, au juste ? Ai-je répondu sèchement.
- C'est mon petit-ami. Est intervenu Adelyne. Il s'appelle Rémy.
Et donc, je ne m'étais pas trompée. Je me suis mise à rire doucement en repensant au coup dans l'entre-jambe, et au fait qu'il s'était mis à crier comme une fillette. Mais je n'ai rien rajouté. J'avais toujours des marques de la veille, j'avais toujours mal, je ne me plaignais pas, je gardais tout pour moi car je ne peux jamais me confier : tout le monde trahit, sans exception. Même moi.
Ils discutaient, mais je n'écoutais qu'à peine jusqu'au moment où ils ont prononcé mon nom.
- Au fait Rémy, comment tu connais Azalée ?
- Nous nous sommes rencontrés hier, elle est venue me parler à la fin des cours. Au départ j'ai pensé que c'était une pute, mais finalement Azalée est une bonne personne ! A-t-il menti après quelques secondes de réflexion pour trouver sa réponse.
Elles se sont mises à rire. Aucune de mes deux "amis" ne m'ont défendue sur le fait qu'on me traite de prostitué. J'ai pris mon plateau et je suis partie m'installer à une autre table de quatre place vide.
Je me suis demandée pourquoi elles étaient mes amis. Pourquoi je traînais avec elles alors que la base d'une amitié est l'entraide. Au lieu de cela, elles rigolent, elles ne me défendent pas. Et il a fallu que ce soit un inconnu qui vienne me réconforter car elles sont trop aveugles pour voir que je ne vais pas bien.
Je l'avoue, pour une fois. Je ne vais vraiment pas bien. En fait, c'est plutôt le fait de vivre dans ce monde d'abrutis, avec tous ses gens abrutis. Mais je fais aussi sûrement partie du lot d'abrutis : je suis une humaine. Malheureusement.
Je mangeais doucement le contenu de mon assiette en lançant des petits regards à ma montre pour calculer le nombre d'heures de cours qu'il me restait. Je voulais vraiment rentrer chez moi.
Lorsque j'ai tourné la tête, j'ai vu quelqu'un me fixer. Après quelques secondes de réflexions, je me suis rendue compte que c'était Samuel qui me faisait un geste de la main. S'il voulait me parler, il n'avait qu'à venir.
Il a arrêté son geste et à pris son plateau pour me rejoindre après avoir dit quelques choses à ses deux amis présent à sa table. Il s'est assis en face de moi.
- Bonjour Azalée. A-t-il dit gentiment.
- On s'est vu tout à l'heure.
- Alors, te revoilà Reine Suprême Azalée ! Je peux m'installer à la table, avec deux de mes amis ? Ils sont super cool, je vais te les présenter.
- Si tu veux.
Il leur à fait un petit geste peu discret et les deux garçons se sont empresser de venir s'installer. Un petit blond et un avec la même couleur que Samuel étaient maintenant à notre table complètement remplie.
- Hm, donc Azalée ? A commencé le blond d'un air gêné.
- C'est le monde à l'envers, je deviens populaire. Oui c'est moi.
- Sûrement. Samuel m'a parlé de toi. A-t-il dit avant que je dévisage Samuel puis de me dire que c'était stupide de ma part. Je m'appelle Gaëtan Rohmer.
L'un des amis de Samuel avait maintenant un nom.
- Et moi, Maxence Blaise. Par contre, excusez-moi mais je dois rejoindre monéquipe de foot.
- C'est pas une équipe. C'est plutôt un regroupement de toutous. A-t-il dit, ne t'étanchant pas mon regard, ce qui m'a fait doucement rire.
- Dis donc Samuel, tu nous sors des références depuis ta rencontre avec Azalée. A dit Gaëtan en rigolant. On sait tous que c'est l'amour fou entre vous deux, comme...
- Certainement pas. L'ai-je coupé sèchement.
J'ai pris mon plateau et je suis partie pour la deuxième fois de la journée sans même jeter un regard aux garçons. J'ai débarrassé et je suis partie sur mon téléphone comme à mon habitude. Ils m'avaient énervée. En réalité, je m'étais trompée. J'ai pensé que Samuel était différent, comme un gars épargné de notre race d'abrutis. Mais je m'étais trompée. Et ce n'est pas la première fois.
C'est ce comportement stupide qui m'énerve. Comme si on tombait amoureux de quelqu'un en une journée. Les hommes nous prennent juste pour des objets, nous les femmes, et je déteste ça. Comme beaucoup de choses d'ailleurs.
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