Chapitre dix-sept

NOREEN

Je n'avais pas l'impression d'avoir aider Azalée. J'avais pourtant fait de mon mieux et j'avais bien réfléchi avec Dune sur le déroulement de la nuit. Pourtant, elle voulait toujours mourir. Mais je lui avais donné un peu de temps. Je savais maintenant qu'elle ne se suiciderait qu'après avoir fait souffrir le plus de gens qui lui ont gâchés la vie.

Je me suis dis que la meilleure façon de remédier à son envie de mourir serait que les personnes ayant gâché sa vie souffrent. Mais je suis une rêveuse. Je suis là pour aider les humains. Pourtant, c'est dur. Pour aider Azalée, je suis obligée de faire souffrir une personne. 

Si ce n'est pas les autres humains, c'est moi.

- Mais Azalée, pourquoi est-ce que tu détestes autant les humains ?

Je savais très bien que ce genre de question n'était pas du tout à poser. Mais j'étais bien forcée de lui demander à un moment ou à un autre.

- Tu sais que tu es drôle. A-t-elle répondu en se relevant.

- Pourquoi ? Ai-je demandé plutôt surprise de sa réponse inattendue.

- Tu fais partie de moi. Je suis en train de rêver.

Nos professeurs nous avaient bien prévenus que nos humains penseront que nous ne sommes que dans leur tête. Mais ça me faisait mal au cœur. C'était comme un coup de couteau dans la poitrine. Le peu de fois où j'avais parlé avec Azalée, elle me disait que je ne faisais partie que de son imagination. Mais, de toute façon, je n'ai pas le droit de lui dire qui je suis, au risque de la perdre.

- Si je ne fais que partie de ton imaginaire, tu n'as qu'à te dire à toi-même pourquoi tu détestes les Hommes.

- Déjà, je n'aime pas, enfin je déteste le mot Homme avec un grand H.

J'allais lui demander pourquoi mais elle m'a devancée dans ce que je voulais dire. Au final, Azalée faisait peut-être partie de moi.

- Tu me diras, pourquoi ? A-t-elle continué sans pause. Et bien c'est un terme bien sexiste à mon goût. Tu vois, il y a une toute petite différence entre l'homme et l'Homme avec un grand H. Comme si les hommes étaient supérieurs aux femmes. C'est ce que la plupart des gens pensent. Mais pas moi, je dis toujours humain.

- Ah, je vois.

- Tu vois, on devrait toujours dire les humains au lieu des Hommes. Au moins, le mot humain est différent du mot homme malgré le fait qu'ils se ressemblent.

- Tu verras, je n'utiliserai plus le mot interdit.

- Quand même, les gens ne se sont pas cassé la tête. Pour faire croire que le monde ne méprise pas les femmes, ils ont rajouté une majuscule à homme.

Azalée Haswell était loin d'être bête. Peut-être qu'elle le pensait, peut-être pas. Mais une chose est certaine, c'est qu'elle n'est pas un mouton. Cela ce voit directement en lui parlant qu'elle est originale. Du moins dans sa façon de penser ou ses réactions.

- Tu peux continuer ?

- Continuer quoi ?

- Tu n'as fais que détourner le sujet, tu t'es contentée de passer à autre chose pour ne pas me dire, ou plutôt te dire à toi-même pourquoi tu détestes les humains.

Elle s'est allongée sur le matelas encore visible entouré d'un grand vide. Elle a mis ses mains sur son visage et elle fixait le plafond invisible.

- Nous sommes dans une salle invisible, dans un monde invisible avec une fille invisible, c'est cool.

Avant que je ne puisse rajouter quoique ce soit, elle a continué à parler.

- Est-ce que tu peux nous projeté dans un décor qui ressemble fortement à l'univers ?

- Oui, si tu veux. Ai-je répondu immédiatement.

J'ai agité les bras et à chaque mouvement, quelque chose changeait dans la pièce. Des planètes sont arrivées. Toutes sortes de petits détails l'univers et des galaxies se sont rajoutés au tout. Et enfin, les étoiles étaient là.

- J'adore l'univers. Ce qui est dommage, c'est que certaines choses ne devraient pas être dedans. Elles gâchent tout.

- Comme la Terre ? L'ai-je coupée en imageant qu'Azalée répondrait cela.

- Tu apprends vite, Léna. A-t-elle dit en souriant.

- Et sinon, pourquoi est-ce que tu voulais ça ?

- J'ai besoin d'un environnement qui me ressemble pour pouvoir parler. Et puis, t'es une partie de moi-même. Une psychologue imaginaire. Donc je suis dans un cabinait de psychologue, tu comprends ?

Certains humaines n'ont pas de rêveur tout simplement car ils vont bien, d'autres humains en ont besoin mais ce n'est pas urgent. Et une partie de la population a immédiatement besoin d'un rêveur. Je commençais à comprendre pourquoi Azalée avait besoin d'une rêveuse.

Je me demandais juste comme cela se faisait qu'elle n'ait eu sa rêveuse que maintenant et pas avant. Je me demandais ce qui l'avait fait basculer d'un coup de «pas urgent » à « extrêmement urgent ».

- Oui je comprends.

- Alors, pourquoi je déteste les humains, chapitre 1. Ils sont violents.

- Des exemples ? J'espère que tu ne dis pas ça sans preuves.

- Bien-sûr que j'ai des preuves. Trois personnes sont venues me tabasser il y a peu de temps alors que je rentrais seulement chez moi.

Je savais que les humains étaient cruels entre eux, mais je ne savais pas qu'ils étaient prêts à s'entretuer. Je n'ai rien dis pour laisser Azalée s'exprimer comme elle le voulait.

- Ensuite, ils sont égoïstes. Je suis rentrée après cette merveilleuse soirée et une dame m'a vue dans mon mauvais état. Elle m'a juste regardée avant de partir avec son gosse qui lui voulait m'aider.

- J'ai un point positif pour les humains.

- Je t'écoute. A-t-elle dit en tournant la tête vers moi.

- Les enfants ne connaissent pas encore l'égoïsme, la violence ou je-ne-sais-quoi. Donc ne fait pas de généralité alors qu'il reste des gens biens.

- Oui, il reste des gens biens. Mais pas pour toujours. Par exemple, je ne suis pas quelqu'un de bien.

- Je pense que tu devrais prendre du recule. Au lieu de voir ton avis, vois celui des autres. Moi, je pense que tu es une bonne personne. Ai-je dis avec sincérité en espérant lui remonter le morale.

- Oui c'est sûr, personne n'aime dire qu'on est une mauvaise personne. Donc, vu que tu es moi. Tu n'aimes pas quand je dis que je suis une mauvaise personne.

Azalée, si seulement un jour je pouvais t'être bien plus utile. J'ai l'impression de ne rien faire. J'ai l'impression de ne servir à rien. Pourquoi la reine m'a-t-elle donnée cette tâche alors qu'un rêveur bien plus qualifié que moi aurait forcément réussi ?

Pourtant, la reine ne s'était jamais trompée auparavant.

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