Chapitre dix-huit
NOREEN
Le reste de la nuit s'est terminé plutôt rapidement. Nous discutions de tout et de rien. La seule chose qui avait changé, c'était ce que cette fois-ci, elle s'était confiée à moi. Et la seule chose qui m'a perturbée, c'était que cette fois-ci, elle est devenue certaine que je n'existais pas.
J'étais allongée dans ma petite maison composée d'une chambre et d'une cuisine. Je regardais le plafond et je ne savais pas quoi faire. Je n'avais pas envie de sortir alors je suis restée à rien faire dans ma maison.
En tant que rêveuse, ou même rêveur, nous n'avons rien à faire. Mise à part le fait d'attendre la nuit pour travailler. Nous pouvons nous reposer la journée, ce que je fais rarement. Mais, je veux dire que notre vie se limite à attendre la nuit.
Lorsque j'étais à l'école, c'était différent. J'avais des choses à faire toute la journée et la nuit je me reposais. Là-bas, nous ne nous ennuyions jamais. Tous les jours, on apprenait de nouvelles choses et tous les jours, on s'amusait.
Mais maintenant que je suis une rêveuse ayant passée le test, je n'ai pas grand-chose à faire. J'aurais pu rejoindre Armin et Dune qui étaient sûrement à notre clairière malgré le fait qu'il soit de moins en moins accessible à cause de la disparition de Kiron.
Soudain, quelqu'un a toqué à ma porte. Je me suis relevée doucement en criant que j'arrivais. Je pensais que c'était Dune ou sinon Armin pour arriver à une heure pareille. Lorsque j'ai ouvert la porte, j'ai constaté que c'était deux gardes.
- Bonjour. Ai-je dis, surprise.
Ils sont immédiatement rentrés sans dire un mot. Le plus petit d'entre les deux, un peu maigrichon, a commencé à prendre la parole tandis que je me posais des millions de questions dans ma tête.
- Vous avez utilisé la peur dans un des rêves.
Je ne voyais pas ce que j'avais fais de mal. Je n'avais pas utilisé la peur pour faire un cauchemar mais je l'avais utilisé pour lui faire réaliser que sa vie est précieuse et qu'elle ne veut pas mourir.
- Oui, qu'ai-je fais de mal ?
- Mais vous êtes folles. Est intervenu le grand. Nous ne voulons pas de rêveurs qui créent des cauchemars.
J'ai appris avec le temps que les cauchemars sont créent à cause de nous. Il n'y a que deux façons d'en crée un. La première façon étant qu'un humain ayant besoin d'un rêveur n'en possède pas. Alors, soit il fait des cauchemars, soit il ne se souvient de rien.
Mais la deuxième façon est digne de trahison envers notre peuple. Ce sont des rêveurs qui créent eux-mêmes les cauchemars pour faire souffrir les humains. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans leur tête, mais ils sont fous. Souvent, ils passent leur test normalement et une fois passé, ils pètent un câble.
J'ai compris pourquoi les gardes étaient présents. Ils pensent que je suis ce genre de personnes. Je pensais qu'on pouvait utiliser la peur pour faire éclore des sentiments de bonheur, mais visiblement la reine n'aime pas trop ça.
- Excusez-moi, je ne savais pas. Ai-je mentis.
- Mais, qu'est-ce que vous racontez ? Vous avez passé le test avec... Répondu-t-il en cherchant dans les dossiers qu'il tenait dans ses bras.
- Soixante-douze. L'a coupé le petit.
- Oui merci. Donc, avec soixante-douze points vous n'êtes pas capable de savoir qu'on n'utilise jamais la peur ?
J'aurais pu leur dire que ce n'était que dans le but de la rendre heureuse. Mais d'après eux, et d'après la reine, la peur n'entraîne pas le bonheur. Alors, je leur ai menti. Je savais bien que c'était mal ce que je faisais, mais leur dire la vérité m'enlèvera sûrement Azalée.
Et finalement, je refuse qu'un autre rêveur s'occupe d'elle. Car la reine ne s'est jamais trompée. Jamais au grand jamais. A chaque fois qu'elle choisissait un humain pour un rêveur, ils étaient faits pour être ensemble, le combo parfait d'une amitié entre rêveur et humain.
Alors, même si je n'ai pas forcément les bonnes qualités, je veux que ce soit moi qui la sauve. Je veux qu'une fois adulte, mariée et heureuse, elle se dise que Noreen lui avait sauver la vie. Je veux qu'elle soit heureuse. Je veux qu'elle grandisse et qu'elle ne meure pas, surtout pas à son âge.
- Excusez-moi, vraiment. J'avais sûrement oublié ou j'avais mal répondu à cette question dans le test. Ai-je continué à mentir. Ecoutez, laissez-moi une seconde chance et je vous promets de ne plus utiliser la peur.
Le grand garde s'est mis à rire tandis que l'autre était un peu gêné et se grattait la joue. Ce dernier a fini par prendre la parole parce que son coéquipier riait sans s'arrêter.
- Vous n'êtes pas au courant ?
- Mais de quoi ? Ai-je immédiatement répondu en le fixant droit dans les yeux.
- Vous avez le « droit » à trois avertissements. Au bout du troisième vous changez d'humain. Sauf en cas de grave erreur où soit votre humain perd la mémoire, soit vous n'aurez plus d'humain du tout. C'est le nouveau règlement.
- Donc, j'ai un avertissement ?
- Bien sûr que oui ! Est intervenu l'autre garde qui s'est aussi tôt arrêté de rire.
Ils sont restés quelques minutes de plus pour bien m'expliquer le nouveau règlement. Le grand garde n'arrêtait pas de se moquer de moi. En fait, si j'étais la reine, je l'aurais déjà viré depuis bien longtemps.
J'ai donc appris que j'avais un avertissement parce que je voulais aider Azalée. J'ai aussi appris que je ne pouvais compter que sur moi-même pour la sauver. J'ai également appris que je devais d'abord parler à Armin avant de manigancer je ne sais quel plan avec Dune.
Les plans machiavéliques des filles c'est bien, mais trop inutiles et cela cause bien des problèmes.
Et pour terminer ma matinée en beauté, je n'ai tout simplement rien fait. Je suis restée là, assise sur mon lit à attendre que le temps passe. Je réfléchissais et je ne savais pas quoi faire. Parce que ma vie est monotone, je suis une rêveuse.
Vers midi, Armin est arrivé tout souriant pour me dire bonjour. Je lui ai immédiatement raconté ce qu'il s'était passé. Il ne faisait que me regarder pendant que je lui expliquais ce plan.
- Alors, tu ne me fais pas confiance ? A-t-il dit une fois mon monologue terminé.
- Ce n'est pas ça. Ai-je de suite répondu.
- C'est ce que j'ai compris. Mais ce n'est pas grave, tu sais. Je ne suis pas fâché.
- Mais, je te fais confiance.
- Comment est-ce que je peux te croire ?
- En me faisant confiance.
Un grand sourire s'est dessiné sur son visage. Puis il a posé sa main sur mon crâne et a fait des petits mouvements rapides comme pour un chien. J'étais à présent décoiffée. Mais ne l'étais-je pas déjà avant ?
- T'es marrante, Noreen.
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