Chapitre cinquante-trois
J'ai ouvert doucement la porte après avoir dit au revoir à Samuel. Mes parents regardaient la télévision. Ils n'avaient même pas remarqué ma présence, j'en étais sûre. Lana dormait sûrement. J'ai monté les marches avec délicatesse, contrairement aux grillages que j'avais escaladé.
- Tu m'expliques où tu étais ? A demandé mon père.
Il ne s'était même pas déplacer pour m'adresser la parole : il était resté sur le canapé à regarde son émission stupide. Je ne voulais pas leur parler. Je voulais simplement retourner dans ma chambre, m'endormir et faire comme d'habitude : qu'ils ne s'intéressent pas à moi.
- Chez un ami.
- A faire sa pute, a lancé ma mère sans même me regarder, comme si c'était naturel de dire ça à son gosse de dix-sept ans.
« A faire sa pute », ça te représente bien.
J'ai senti les larmes me monter aux yeux. C'était anormal. C'était même impensable d'entendre sa famille parler de cette façon. Pourtant d'après eux et le monde entier, les enfants étaient inférieurs aux adultes. Il était temps de nous rebeller, non ?
- Je ne suis pas une « pute » comme tu dis, j'étais partie voir mes amis. Eux, au moins ils sont là pour moi contrairement à toi qui passe ta vie à chouchouter ta deuxième fille et a insulté ta première.
J'avais gardé trop longtemps au fond de mon cœur ce que je pensais d'eux. Je savais que c'était inadmissible de parler comme cela à ses parents. Mais est-ce admissible qu'un parent parle de la sorte à son enfant ?
- Gamine, ne parle pas comme ça à ta mère !
- Et toi, tu ne sais rien faire d'autres à part m'engueuler ?
J'en avais plus qu'assez d'eux. J'étais sûrement le cliché de l'adolescent voulant partir à dix-huit ans de sa maison : je voulais partir le plus tôt possible. Je n'en pouvais plus. Je voulais partir en quittant la maison et tout le reste de ma vie.
Ils te détestent.
- Ton portable.
Dès que j'osais répondre à mes parents, voir juste donner mon avis : je me faisais punir. Ils se sentaient sûrement supérieurs à moi car ils pouvaient me priver d'une chose que j'aimais. Je leur ai donné, pour leur petit plaisir et je suis montée dans ma chambre. En espérant que tout aille mieux le lendemain.
De toute façon, tout ce que j'aime fini par m'être retiré.
Rien n'ira jamais bien.
***
J'étais tellement fatiguée que je ne me suis réveillée qu'à midi. J'entendais des inconnus parler sans savoir le sujet avec mes parents. J'ai pu comprendre qu'il s'agissait d'un problème. Je me suis habillée en vitesse mais ils étaient déjà partis.
- Il se passe quoi ?
- Il se passe que tu vas avoir de sérieux ennuie. Alors madame se prend pour une pute et dégrade un terrain de football ?
Tu as encore fait n'importe quoi, espèce d'abrutie.
Merde. Quelqu'un avait dû nous voir. Je ne savais pas quoi dire. Je me sentais mal. On avait été tellement con. On n'aurait pas pu faire autre chose. Non, il a fallu qu'on dégrade un endroit pour notre petit plaisir. Au final, chacun fait des choses stupides pour les satisfaire.
- C'est vraiment dommage qu'il ait eu des caméras.
- Bah alors, tu n'as rien à dire ? A dit ma mère.
Je me suis demandé comment cela se passait chez Samuel : se faisait-il engueulé ? Ses parents étaient-ils plus cool là-dessus ? Je ne pensais pas à ce qu'il pouvait se passer pour moi mais plus pour Samuel. De toute façon, je n'en étais pas à un problème près.
- Une amende, bordel, on doit payer une amende pour ton stupide comportement. De plus tu devras tout nettoyer. Mais ça c'est pas notre problème. L'argent ne tombe pas du ciel, Azalée.
Ils se sont chargés de payer parce que je n'avais presque pas d'argent de poche. Ils ne m'ont jamais parlé du prix : il m'ont bien fait comprendre que je n'aurais plus jamais de cadeaux ou de privilèges, comme si j'avais des privilèges de vivre cette vie.
- T'es vraiment une abrutie, A lancé mon père. Et encore plus depuis que tu traînes avec le gamin du gardien viré. Pourquoi ces deux là sont revenus dans notre ville ? Ils avaient déjà foutu la merde. Comment il s'appelle, le mini Colmez ?
- Samuel, il me semble. A répondu ma mère.
Je ne disais rien. Je n'avais pas envie de leur parler. Je les détestais tellement. Je n'en avais rien à foutre qu'ils m'insultent. Hors, là ils parlaient de Samuel. Ils parlaient de lui et de son père comme s'ils avaient détruit la ville. Je ne pouvais pas accepter ça. Pourtant, je n'ai rien dit.
- Privée de sortie jusqu'à nouvelle ordre et t'as même plus intérêt à voir ce gamin. Peut-être que tu deviendras normale.
Cela ne changera rien, Samuel s'en moque de toi.
Sauf que personne n'est normal, pauvre con.
- Allez-vous faire foutre, ai-je marmonné en partant.
Mon père m'a rattrapée au bras en me gueulant à la figure de répéter ce que je venais de dire. J'ai crié de toutes mes forces, toute ma haine est sortie de mon cœur, attaquant avec mes paroles. Je savais que je ne devais pas le faire. Je savais que cela allait crée une guerre entre ma famille et moi.
- ALLEZ-VOUS FAIRE FOUTRE. Je vous déteste, bordel. Vous ne savez rien faire d'autres que me gâcher la vie ? Ouais, je ne dois pas parler comme ça à mes parents. C'est mal. Mais je m'en fous tellement parce que vous me parler bien pire. Non, je n'arrêtais pas de parler à Samuel. Vous n'avez pas le droit de me priver de ça.
Il s'est rapproché de moi, le visage tout rouge. Le mien allait aussi devenir de cette couleur. Le coup est parti. Une trace de sa main devait se trouver sur ma joue à présent. Une douleur affreuse sur mon visage était présente. Je suis tombée au sol, mon réflexe a été de pleurer. Pleurer comme une gamine, sauf que je ne pouvais rien faire d'autres. Je voulais me levée mais il me donnait des coups dans mon ventre. Ma mère, à côté, ne faisait absolument rien.
A croire que voir son gamin tabassé était normal.
Crève.
Je me suis mise à vomir sur la chaussure de mon père, dû aux coups que je venais me prendre.
Crève.
- T'es vraiment dégueulasse.
T'es vraiment dégueulasse.
Il est parti, probablement pour nettoyer ses chaussures. Moi, je n'en pouvais plus. Je suis restée dans mon vomi. Je n'avais même plus la force de bouger. Je ne voulais plus rien faire. Je voulais crever dans mon vomi. Je ne voulais plus jamais me réveiller, plus jamais.
Crève.
Tout ce que je touchais se détruisait. Toutes mes actions faisaient souffrir quelqu'un. J'étais comme un virus menaçant l'humanité : il fallait m'éradiquer.
Crève.
J'ai fini par me lever, je ne savais pas quelle heure il était. J'ai nettoyé le sol avec la serpillère et j'ai ouvert les fenêtres. L'odeur ne voulait pas partir. Je suis montée pour aller chercher des vêtements propres. Je suis passée devant la chambre de ma sœur pour me rendre à la mienne, elle me fixait. Pendant un instant j'ai cru qu'elle allait me consoler et me soutenir.
- Les parents sont vraiment cons, ai-je dit.
- C'est plutôt toi la grosse conne.
Et elle a arrêté de me fixer pour retourner sur son téléphone.
Tu sais comment faire pour aller mieux.
***
Je faisais comme si tout allait bien. Je devais aller nettoyer le terrain. Samuel était là, et aussi deux policiers qui étaient là pour nous surveiller. Je me suis dit que la sanction était bien trop cruelle alors que tout pouvait se retirer avec un jet d'eau.
Je nettoyais et je me rapprochais doucement de Samuel. Il fallait que je mette un terme à tout ce bordel qu'était ma vie.
- Alors, tes parents ? Ai-je demandé..
- Ils m'ont sacrément engueulé. Aussi, ils m'ont dit que tu n'étais pas une bonne fréquentation, et toi ?
Je ne voulais pas lui raconter l'épisode du vomissement.
- Pareil, me suis-je contentée de répondre.
C'est ta faute, et tu vas finir par le détruire.
Samuel ne méritait de souffrir à cause de moi. J'étais terriblement égoïste. Personne n'avait à subir le fait de rester avec moi.
Arrête de lui parler, de toute façon tu fous la merde n'importe où tu vas.
- J'avais raison que tout allait merder, merci Samuel. Ai-je dit froidement.
- Sauf que tu m'as suivie, t'étais pas obligé.
- Sinon tu l'aurais fait avec quelqu'un d'autres. Dans tous les cas, ça aurait merdé. Je me serais tout pris dans la face parce que je traîne avec toi.
- Qu'est ce que tu as ? M'a-t-il demandé. Je te reconnais pas, là.
- J'en ai râle le bol de faire la fille toute gentille, faut que la vérité sorte. C'est ta faute si toute cette merde m'arrive ces derniers temps. Je vivais bien jusqu'à ce que tu arrives.
Je ne pouvais plus parler à Samuel, j'étais la pire personne de ce monde. Alors au moins que je fasse une bonne action en faisant en sorte qu'il arrête de me parler.
Arrête de lui parler.
- Tu exagères.
Disparaît.
- Je n'exagère pas du tout, là j'arrête juste de mentir en permanence.
Meurs.
- Comment ça ? Donc tu mentais lorsqu'on restait ensemble ?
Non.
- Exactement, tu crois vraiment que j'vais m'intéresser à quelqu'un comme toi ? T'as foutu la merde dans ma vie.
- C'est bon, dégage Azalée.
Je suis désolée, sauf que c'est le mieux à faire. Tu ne mérites pas de rester avec quelqu'un comme moi.
Tu es la pire personne de ce monde, les gens ne changent jamais.
- Bah alors tu as peur ?
- Non, je suis juste déçu que tu sois comme ce qu'on m'a raconté. Dégage, maintenant. A-t-il répondu froidement.
J'avais mal au cœur mais mon but avait été atteint. Personne ne méritait de souffrir en restant avec moi. Moins de gens m'aimaient, plus mon départ serait invisible. Il fallait éradiquer le virus.
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