Chapitre cinquante-sept

AZALÉE

J'ai couru de toutes mes forces loin de ce lieu. J'ai couru parce que je ne voulais plus jamais me réveiller. Avant que je fasse ce que j'ai fait, on ne me retenait pas de partir. Pourquoi était-ce uniquement après que des inconnus se bougeaient ?

Ma décision était déjà prise. Ils n'avaient pas le droit de m'empêcher de faire ce qui pourrait me rendre heureuse. La seule chose capable de me rendre heureuse à cet instant était d'arrêter de souffrir. De plus, cela rendra un grand monde plus joyeux si je disparaissais.

J'ai regardé derrière moi : Léna me courait après. On aurait pu dire qu'on était comme dans les films américains avec des courses poursuites époustouflantes. Là, on avait l'air de deux abruties courant dans un château. Je ne voulais pas qu'elle me rattrape. Il fallait que je parte et que je recommence jusqu'à ce que je ne sois plus jamais là.

J'ai accéléré, tourné dès la première occasion et je me suis cachée dans une pièce. J'étais perdue mais je l'étais déjà moins que dans ma tête. Pourtant Léna ne lâchait rien. Depuis ma cachette, je l'entendais courir et tenter de me parler.

- Azalée, je t'en supplie. Tout va finir par s'arranger.

Sauf quand on s'appelle Azalée Haswell, rien ne s'arrange jamais. Je ne comptais pas sortir. La pièce était peu éclairée, voyant qu'il y avait des escaliers et que Léna n'allait pas tarder, je suis descendue. Ce n'était pas aussi beau que le reste du bâtiment. C'était probablement des oubliettes. Je ne savais pas pourquoi j'étais ici. Etais-je loin de chez moi ? De toute façon, qu'importe l'endroit où j'allais mourir.

Il y avait des cachots de partout, la plupart était rempli d'humain. Je les ai ignorés, les laissant à leur triste sort. Ils ne sont pas les seuls à souffrir. J'ai marché pendant longtemps dans le sous-sol de cet étrange château à la recherche d'un passage où je pourrais m'enfuir. 

J'étais sûrement dans un hôpital psychiatrique. Mes parents m'avaient trouvés et emmener dans un lieu loin de chez nous pour :

1. Ne plus entendre parler de moi.

2. M'empêcher d'arrêter toutes ces souffrances.

3. Me retrouver avec des fous comme moi.

Sauf qu'à la différence des autres fous, je n'étais pas attachée ou enfermée. Il y avait tant de théories possibles, mais aucune qui m'expliquait réellement pourtant étais-je dans ce lieu.

Soudain je suis passée devant un cachot isolé des autres. Il y avait écrit « affaire récente » comme si cet humain était un monstre affreux. Et même le plus affreux des monstres ne méritaient pas d'être enfermé de la sorte. Il fixait le vide d'un air neutre, ses cheveux rouges tombant sur son visage. Je le regardais et je pense qu'il le savait.

- C'est ridicule de me retrouver ici.

Je me suis dis qu'il parlait seul comme tous ces fous qui perdent la tête quand ils se retrouvent enfermés. Alors je me suis éloignée. Je ne devais pas perdre de temps. Si j'étais dans un hôpital psychiatrique, je devais m'enfuir au plus vite.

- N'est-ce pas Azalée ?

Je me suis retournée vers lui, surprise qu'il connaisse mon nom. Peut-être que c'était un psychopathe qui allait me tuer. De toute façon, je n'allais pas être triste qu'il mette son plan à exécution. Mais ma curiosité a pris le dessus, me faisant perdre un temps considérable. 

- Qui es-tu ? Ai-je demandé en me rapprochant du cachot sans même que la peur ne m'envahisse puisque dans le pire des cas j'allais mourir.

- Kiron.

Ce nom me disait quelque chose, mais sans plus. J'étais folle. J'aurais dû m'enfuir mais je ne l'ai pas fait. Je suis restée avec Kiron.

- Comment connais-tu mon nom ?

- Je m'en souviens, on t'a effacé la mémoire lors du procès.

Je ne voulais plus m'enfuir, je voulais en apprendre plus. Je discutais avec un inconnu dans un endroit inconnu. Je me suis assise en tailleur devant la barrière qui nous séparait, consciente du potentiel danger. 

- Comment ça ?

- Je ne suis pas censé le dire mais je n'ai plus rien à perdre. Comme quoi, j'aurais bien besoin d'un rêveur.

Je ne savais pas ce qu'était un rêveur sauf que je devais le laisser parler au lieu de l'interrompre.

- Une femme et moi sommes venus te voir chez toi, tu étais tellement heureuse. Les gardes sont venus et nous enfermés ici. Puis ils t'ont effacé la mémoire. Je suis terriblement dégoutée, Azalée.

J'étais certainement dans un hôpital psychiatrique. 

Je ne me rappelais de rien, aucune preuve pour le croire. La seule chose dont je me souvenais était de m'être mise à pleurer sans raison après avoir cherché quelque chose ou quelqu'un dans toute ma ville.

- Comment s'appelle la femme ?

- Noreen.

Noreen, ce nom ne me disait rien. Hormis lorsque je l'avais entendu dans le « bureau des sommeils prolongés ».

- Je me souviens que Léna a dit que j'allais tout oublier il y a quelques minutes. C'est donc ça ?

Il semblait réfléchir.

- Je ne connais pas de Léna, mais si elle a dit ça, c'est probablement le cas. Tu as le droit de ne pas me croire. Mais regarde autour de toi, penses-tu vraiment être chez toi là ?

Rien ne ressemblait à ma ville ou à ses alentours, j'avais l'impression d'être dans un autre monde. Etais-ce une ruse pour que je sois enfermée comme folle ? Je n'avais plus rien à perdre.

- Azalée, j'ai un marché à te proposer.

- Je t'écoute, ai-je dit en sachant pertinemment que je pouvais l'abandonner maintenant.

- Tu vois la clé, là-bas ?

Il me la pointé du doigt. Elle était accrochée à un mur. Cela me paraissait trop simple.

- Tu me libères et je te fais sortir d'ici. J'ai cru comprendre que tout le monde te cherchait, c'est bien pour ça que personne ne surveille les cachots. Ils sont tous à courir après toi.

Je suis partie prendre la clef, aveuglement. Je me disais que c'était simple, ça l'était. En réalité, je pense qu'il mettait la clef proche des yeux mais impossible à attraper pour faire souffrir les prisonniers. Je me suis approchée de Kiron.

- Qu'est-ce qui me dit que tu ne vas pas me lâcher ?

- On a tous les deux plus rien à perdre.

Ces mots m'avaient convaincue. Libéré ou pas, cela ne changera rien pour moi. Hormis le fait qu'il pourrait m'aider. Alors j'ai ouvert sa cellule. Il m'a tendue la main que j'ai attrapée par la suite et s'est mis à courir. Il avait l'air de connaître ce lieu.

- Je me suis rappelé du chemin lorsque ces connards m'ont enfermé !

Il avait l'air tellement heureux d'être sorti. Je n'étais peut-être finalement pas dans un hôpital, mais plutôt au fin fond de ma tête.

Nous avancions dans un endroit inconnu à mes yeux, main dans la main avec un homme potentiellement fou, voulant m'enfuir à tout prix pour mourir. De toute façon, nous étions tous les deux fous. Plus rien n'avait d'importance.

Nous sommes sortis du château, courant contre le vent jusqu'à arriver dans une forêt. Nous avons grimpés jusqu'en haut d'un arbre gigantesque. Ce lieu n'avait rien d'humain. Les arbres auraient déjà été détruis et tout ne serait plus que de routes, de maisons et de misère.

- Où est-ce qu'on est ?

Je devais rentrer chez moi afin d'en finir le plus tôt possible.

- Tu dors. Azalée, de ce que j'ai pu entendre venant des gardes qui me surveillaient, c'est que tu peux mourir à tout moment, c'est à toi de le décider. 

C'était décidé, j'étais cinglée.

- Du peu que je me souvienne de mes études, le seul moyen de te réveiller est que tu en aies vraiment envie.

Sauf que je ne veux plus me réveiller.

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