Chapitre cinquante-neuf

NOREEN

Azalée ne voulait plus suivre Kiron ou même juste s'enfuir. Peut-être que je lui avais fait peur. Je ne savais pas d'où venait toute cette force mais j'étais plutôt fière de moi. Mon humaine nous a gentiment suivi jusqu'au bureau.

- Bon travail, je vous félicite. A dit la reine.

Elle m'a adressé un regard amical avant de partir. Il fallait nous occuper de mon humaine. J'avais dérangé assez longtemps les gardes.

Une fois de retour, le rêveur nommé Oren s'est occupé d'Azalée. Il a utilisé ses pouvoirs pour savoir comment elle allait dans la réalité. Il n'avait qu'à poser sa main sur sa tête, faisant alors sortir de la fumée bleue comme celle que j'avais utilisée contre Kiron. Je me suis dis que j'aurais bien aimé savoir faire ça.

On s'est rassit à son bureau.

- Azalée s'est évanouie suite à la perte de sang. Des gens s'occupent d'elle. Elle a été emmenée à l'hôpital le plus proche, découverte par sa petite sœur.

J'ai pensé que c'était vraiment affreux que ce soit sa petite sœur qui l'ait remarquée. Bien qu'elle ait quatorze ans, qu'elle pourrait se croire grande, elle ne l'était pas. Quelle traumatisme de voir sa grande sœur, allongée au sol, couverte de sang sur son bras.

J'essayais de faire partir cette pensée de ma tête pour me concentrer sur le présent.

Oren a mis un casque sur les oreilles d'Azalée pour qu'elle n'entende rien. Elle ne réagissait même plus.

- Elle peut se réveiller si elle en a vraiment envie. Elle ne va pas mourir sauf si elle ne fait aucun effort et qu'elle ne se bat pas. Il faut qu'elle reste le moins longtemps possible évanouie.

Il a fait une pause.

- Noreen, connais-tu le sors pour forcer l'humain à dire ce qu'il pense ?

Je l'avais appris il y a quelques années : jamais essayé. Je n'avais pas à forcer Azalée a parlé.

- Oui.

- Il faut que tu l'utilises, c'est l'un des seuls moyens pour calmer Azalée. Tu trouveras peut-être un moyen de lui donner envie de se réveiller.

Il a enlevé le casque des oreilles d'Azalée. Elle avait l'air totalement vide. J'ai attrapé le bras d'Azalée, j'ai appuyé sur ma montre afin de nous retrouver dans le rêve.

Je devais suivre les instructions d'Oren, même si je n'en avais pas vraiment envie. Ce que l'on pense nous appartient. Et si Azalée voulait en parler, je devais être là pour la soutenir. Mais si elle refusait, la forcer serait juste cruelle. Je suis une rêveuse, mon but était de sauver Azalée et tous les humains qui croiseront ma route.

J'ai fixé la bouche de mon humaine, pointant mon bras face à cette dernière. De la fumée violette est sortie de ma main, entrant dans la bouche d'Azalée. Elle a commencé à s'étouffer, toussant sans s'arrêter.

J'ai arrêté immédiatement. Sauf que pendant ce laps de temps, j'ai pu entendre Azalée dire ce qu'elle pensait.

- Tu vas me faire du mal, comme à Kiron ?

Elle s'est remise à respirer normalement. Je n'étais pas douée. Je m'en voulais tellement. J'aurais juste dû suivre mon avis au lieu de quelqu'un que je connaissais à peine.

- Non, je ne compte pas te faire de mal. Que t'a-t-il dit ?

- Tu m'as effacée la mémoire, comme à Noreen, une femme qui voulait m'aider.

Je savais qu'un jour, le problème des prénoms allaient être enclenché. Je ne devais pas dire le vrai. Je ne devais pas dire du tout l'existence de ce monde. Et je savais que tout ce qu'il se passait maintenant allait être effacé de sa tête.

- J'aurais aimé que tu gardes tes souvenirs.

- Tu m'as menti pendant tout ce temps, je pensais que tu étais quelqu'un de bien sauf que tu te foutais de ma gueule.

Elle s'est arrêtée un instant.

- Ouais, je suis tellement folle que je m'énerve avec moi-même ! A-t-elle gueulé.

Kiron n'avait qu'empirer la chose. J'ai marché un peu, cherchant un moyen de lui expliquer sans trop en dire. Je me suis assise.

- Tu sais, quand je suis venue te voir chez toi, tu allais beaucoup mieux. Tu ne peux pas savoir à quel point je m'en suis voulu qu'on t'efface la mémoire. Je veux que tu vives Azalée et tout le monde le veut.

- De toute façon, tout le monde s'en fout de mon absence, a-t-elle lancé les yeux remplies de larmes.

J'ai réfléchis, je savais bien ce qu'Azalée aimait. J'étais bête de ne pas avoir eu cette idée avant. J'ai tenté de me rappeler des gestes à faire. J'ai formé un cercle dans le vide, en face d'Azalée. Je pouvais à présent montrer ce qu'il se passait dans le monde des humains à travers un miroir.

Elle a regardé dedans, elle voyait Samuel.

- Bonjour, je suis un camarade de classe d'Azalée, puis-je la voir ? A-t-on entendu, venant du cercle.

Je me suis installée à côté d'Azalée pour voir ce qu'elle voyait. On pouvait apercevoir Samuel dans la salle d'attente de l'hôpital, en train de supplier les médecins de le laisser voir mon humaine.

- C'est réservé aux membres de la famille.

Le garçon avait l'air triste, il tenait un bouquet de fleurs dans ses mains. C'était des azalées roses. Il les avait tellement bien choisies. J'ai pu voir qu'Azalée rougissait en fixant ce qu'il se passait.

Il forçait, on l'en empêchait en permanence et ce durant bien longtemps. Les parents de la blessée sont allés à l'hôpital, ils ont totalement ignorés Samuel. Ils s'étaient directement dirigés vers la chambre de leur fille sans lâcher un regard au garçon.

Samuel tentait de rester calme. Il est sorti du bâtiment doucement, espérant certainement qu'on lui dise au dernier moment qu'il pouvait venir. Il devait être vingt et une heures. Cinq heures après la tentative d'Azalée. Sauf que personne n'est venu le retenir.

Dès qu'il est sorti de l'hôpital, il est rentré chez lui. Ignorant ses parents qui le saluaient, il est rentré dans sa chambre et a claqué la porte. Il a jeté à l'autre bout de la salle le bouquet. Il s'est mis à pleurer et à crier de toutes ses forces. Ses parents sont venus toqués à sa porte.

- Vos gueules ! A-t-il crié dans un mélange de pleure et de colère. Vos gueules, vos gueules, vos gueules, vous ne pouvez pas savoir ce que ça fait. BORDEL.

Il s'est allongé pitoyablement sur son lit, ne voulant plus rien faire et en pleurant sans arrêt.

J'ai regardé Azalée qui était choquée par ce spectacle.

- Tu viens bien que ton entourage s'inquiète pour toi. Tes parents étaient précipités et avaient peur. Samuel... enfin, tu as tout vu. Et moi je m'inquiète pour toi, Azalée. Ce que je veux dire c'est que les gens que tu aimes t'aiment aussi. On s'en fout des autres.

Elle a éclaté en sanglot. Elle m'a prise dans ses bras.

- J'ai encore fait n'importe quoi.

- Il n'est pas trop tard pour tout arranger.

Et c'est avec ses paroles qu'Azalée a disparu petit à petit de la pièce. Elle n'avait pas besoin de parler, j'avais tout compris : elle voulait réellement se réveiller.

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