Chapitre cinquante
AZALÉE
J'avais l'impression qu'il me manquait quelque chose et cela sans arrêt.
Je devais réviser. Il faisait chaud et beau ce jour-là, comme tous les jours de Juin ces derniers temps. Je devais me concentrer. Ce jour-là, j'allais retrouver Samuel chez lui pour réviser, en vue des épreuves du baccalauréat de français et de sciences. Nous étions dans la même filière, mais pas dans la même classe.
Mon fameux professeur de français a insisté sur le fait qu'on devrait avoir de meilleures notes que les autres, puisque nous étions en première littéraire. Il n'arrêtait pas de nous mettre la pression.
Enfin, je me suis rendue chez Samuel. J'étais mal à l'aise puisque je n'étais jamais venue auparavant. Il avait posé son classeur de français, bien plus rempli que le mien. Mon cerveau a dû faire un effort et ce jusqu'au baccalauréat.
Au final, je stressais. Je me disais que j'étais nulle. Ce que j'avais écrit n'était pas fameux. J'étais tellement concentrée sur une petite voix qui me chuchotait des choses à l'oreille. J'avais besoin de faire sortir du sang de mes veines. Je suis sortie des épreuves sans le sentiment de fierté que j'aurais aimé avoir.
***
C'étaient à présent les vacances. J'étais enfin loin de ce lycée pourrie mais toujours dans cette vie pourrie. Il est vrai que je me sentais mieux depuis le retour de Samuel, sauf que c'était ma seule source de bonheur. Mon téléphone a sonné.
- Ça te dit qu'on se voit aujourd'hui, avec Gaëtan et Maxence ? A proposé Samuel.
Cette phrase a réussi à me faire sourire. Je m'en fichais de l'avis de mes parents, je me suis empressée d'accepter.
- Oui, où ça ?
- Je viendrais devant chez toi à pied, après on ira prendre un bus. Je sais que tu n'as pas de carte donc je te payerai le trajet.
- Je vais payer, t'inquiètes ou sinon je cours après le bus. D'ailleurs, où va le bus ?
- J'espère que tu aimes le laser game.
- Je n'en ai malheureusement jamais fait.
- Alors, j'arrive à 14h devant chez toi.
On s'est dit à tout à l'heure et j'ai raccroché. Il était neuf heures, j'avais le temps. Je suis allée me laver, m'habiller et j'ai attendu que le temps passe. Je suis allée dans la salle de bain, j'ai pensé à me maquiller.
Tu es laide.
Sauf que je ne maquillais jamais. Au final je me suis dis que Samuel avait l'habitude de ma laideur.
Je ne savais pas quoi faire pour m'occuper. J'étais fatiguée. Je me suis endormie doucement. A la fin de ma sieste, je ne savais pas quelle heure il était, je me sentais mal. Le temps passait si lentement.
N'y va pas.
Je voulais y aller mais mon corps me disait non. Je voulais me lever mais on m'en empêchait. Je me suis dis que je devais faire un effort. Et avec toute ma force je me suis levée. Il était 13h50.
Je me suis recoiffée et je suis sortie, préférant attendre Samuel dehors, dans la chaleur de la fin du mois de Juin.
- Salut, Azalée Haswell.
Nous avons marchés jusqu'à l'arrêt, on était en avance. On a pris un bus pour nous rendre au laser game, Gaëtan est arrivé un arrêt plus tard, et Maxence trois après. Ils étaient tous gentils.
Arrivé, on nous a fait une explication rapide du jeu, tout allait tout vite. Alors, Samuel m'a rassurée. On était dans la pénombre. Tout était nouveau pour moi. On ne voyait pas grand-chose à par les quelques lumières de couleur qui éclairait un peu. Il y avait de la fumée et de la musique. Bordel, qu'est-ce que je me sentais bien.
Je n'étais pas douée mais je m'amusais, même avec des inconnus. Les lasers me touchaient sans arrêt mais peu importe. Gaëtan, Maxence et Samuel étaient de mon équipe, ils se débrouillaient bien mieux que moi.
Je marchais dans un endroit plein de fumée, éclairé par des lasers de couleurs rouge et violet, seule. J'ai sursauté lorsqu'une main à toucher mon épaule. C'était Gaëtan. Je n'ai pas très bien entendu ce qu'il disait mais j'ai compris qu'il voulait qu'on reste ensemble, en équipe. Pendant toutes ces parties, j'ai eu cette sensation de bonheur dans mon cœur que je n'avais pas eu depuis longtemps.
J'avais bien fait de venir.
***
Il devait être seize heures, nous avions fait pleins de parties. J'étais heureuse que je me sois rebellée auprès de mon esprit pour venir ici. Nous sommes restés ensemble toute l'après-midi, à parler de tout et de rien, à rire, beaucoup à rire. Peut-être que c'était uniquement ce lycée qui me déprimait.
- Vous voulez venir chez moi ? Mon père n'est pas là. A proposé Samuel.
Je n'ai pas demandé l'accord de mes parents pour sortir aujourd'hui, j'étais assez grande pour me débrouiller seule. Je ne leur ai pas non plus demandé pour le soir : j'ai pris des libertés. Et j'ai accepté.
Une fois arrivé chez lui, Samuel a sorti de l'alcool de « l'étagère sacrée à alcool de papa ». Il a mis de la musique. On était quatre dans une petite maison, dans une ville perdue de France. Et pourtant, l'ambiance était parfaite.
On a bu, pas au point d'être bourré. Et je ne sais pas si c'était l'alcool mais je l'entendais de plus en plus, comme si elle chuchotait à mon oreille.
Tu es stupide.
Je continuais à danser comme si de rien n'était.
Tu gâches ton temps.
Ce n'était pas le cas, je m'amusais.
Ils se servent de toi.
Non.
Meurs.
Meurs.
Meurs.
J'avais mal à la tête, alors je suis sortie. Je me suis dis que de toute façon, ils ne remarqueraient pas mon absence. Les parents de Samuel avaient un joli jardin. Je me suis allongée dans l'herbe. Il devait être une heure du matin.
Samuel est venu me voir cinq minutes après avec une couverture et des chips. Je me suis redressée et il s'est assis à côté de moi.
- Cadeau. A-t-il dit en mettant la couverture autour de nous deux et en me tenant le saladier rempli de chips.
J'en ai pris une.
Meurs.
- Tu devrais aller voir les garçons.
- Lorsque je leur ai dit que j'allais te voir, ils m'ont dit qu'ils étaient crevés et qu'il allait rentrer.
- C'est une excuse, je pense.
- Je pense aussi, a-t-il affirmé en prenant une chips.
Meurs.
J'ai posé la tête contre son épaule et j'ai fermé les autres. Je me suis forcée de ne pas pleurer. Mais plus je me forçais, plus les larmes coulaient sur mon visage. J'avais honte de moi.
- Hé, non, non, non. A-t-il dit dès qu'il a vu mon visage, en mettant sa main sur ma joue pour essuyer les larmes.
Meurs.
- Arrête.
Et il a arrêté alors que je ne parlais pas à lui mais à ma stupide tête.
- Je me déteste. J'ai passé une journée merveilleuse et j'arrive encore à tout gâcher. Tes amis sont partis et je te mets dans une situation gênante.
Il m'a regardée, probablement ne sachant pas quoi dire. Ce qui était normal. J'étais gênante. J'ai regretté aussi tôt de lui avoir dit ça.
- Mais tu n'as rien gâché.
Il ment. Samuel ment. Il va t'abandonner dès qu'il en aura la possibilité, encore une fois. Il te déteste. Tu le mets actuellement mal à l'aise. Tu es inintéressante et stupide.
Et je me suis remise à pleurer, de plus en plus.
- Je me déteste, putain.
Il m'a prise dans ses bras, faisant tomber la couverture de ses épaules.
- Je n'arrive pas à comprendre comment tu peux te détester, c'est vrai quoi. Moi je serais incapable de te détester.
Je l'ai regardé droit dans les yeux, il avait l'air aussi mal que moi. Je me suis demandé si c'était à cause de moi. Et pendant un instant, j'ai bien cru qu'il allait m'embrasser. J'ai tourné la tête au cas où.
- T'as lu ça dans un livre ?
- Je crois que non, je crois que je viens de te dire ce que je pense.
Il était génial.
Mes pensées négatives disparaissant, j'étais tellement fatiguée que Samuel m'a proposé de dormir chez lui. Il a installé un martelât gonflable et a dormi dedans, me laissant ainsi le grand lit pour moi toute seule. Il était tellement gentil.
Jusqu'à ce que je m'endorme, Samuel et moi parlions. Mon cœur battait à cent à l'heure. Je me sentais tellement mieux après lui en avoir parlé. Et c'est avec ce sentiment que je me suis endormie.
- Bonne nuit, Azalée Haswell.
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