Chapitre 8
Salut beauté, moi c'est original gangsta, authentic lover
Nate
Je danse sur la barre de pole dance avec ma collègue qui se déhanche bien mieux que moi, même si je suis heureux de voir mon succès auprès des clients. Depuis que j'ai repris, je ne manque pas pourboire et de boulot : les gens se bousculent à ma porte, sachant que je reviens de New-York ou tout simplement attirés par les tatouages qui parcourent chaque parcelle de mon corps. Si les femmes adorent en tracer chaque ligne du bout du doigt, les hommes sont plus téméraires à vouloir explorer chaque partie jusqu'à trouver une parcelle de peau beige.
Ma collègue redescend de sa voltige, ses cheveux blonds ébouriffés avant de quitter l'estrade pour parcourir la salle. Super, j'ai l'air d'un idiot maintenant.
J'attrape la barre froide entre mes mains, et monte dessus sans problème. J'enchaine quelques figures sensuelles et d'autres un peu plus athlétiques ce qui permet de faire ressortir ma musculature avantageuse avant qu'une nouvelle collègue vienne à ma rescousse. S'en suit un jeu entre nous, excitant du monde autour au point qu'ils veuillent déjà quitter la salle pour aller dans des chambres.
Calmos muchachos, je ne suis pas d'humeur baiseur pour le moment.
J'abandonne ma merveilleuse secouriste, descends de l'estrade et déambule parmi les clients qui n'attendent que ça. J'accueille les baisers volés, les mains aux fesses et les gestes déplacés. J'embrasse des cous, je caresse des cuisses et je frôle des corps. Personne ne trouve à me reprocher quoi que se soit, je suis le meilleur de cet établissement. Comparé à New-York, ici c'est du pipi de chat...
Plus loin, près du bar du blond à la perruque, je remarque un homme qui me fait un signe de la main. Je plisse les yeux pour essayer de le reconnaitre malgré la lumière rouge qui nous entoure pour le moment, mais je n'arrive qu'à distinguer sa tenue : une chemise blanche qui ressort fortement et un costume sombre.
Je m'approche, abandonnant une jeune femme qui traçait avec lenteur les lignes parcourant mon bras, puis reconnaît cette barbe bien taillée et ces boucles d'oreilles ornant toute une oreille. Les bijoux brillent plus fort en fonction de la lumière, c'est beau.
Greyson ouvre les bras quand je suis à sa hauteur, descend de son tabouret et vient m'offrir une accolade puissante qui ne me déstabilise pas pour autant.
- Merde, faudra que je m'y fasse au fait que t'es plus un gamin, s'exclame Grey d'un ton rieur. Content de te revoir ici.
- Il en faut peu pour qu'on te manque, à toi...
Mon patron me donne une forte tape dans le dos qui me coupe légèrement le souffle avant que ça ne m'arrache un rire.
- C'est ça, ris tant que tu peux morveux, se moque Grey en s'asseyant. Rappelle-toi qui est ma femme, elle te bottera le cul à la moindre chose que je dirais.
- Rappelle-toi que c'est grâce à moi que t'as eu les couilles de la demander en mariage, je réplique aussitôt d'un air malicieux. Et fait gaffe, la petite Lola en a dans le bide, je peux encore refaire son éducation.
Greyson explose de rire avant de m'expliquer la conversation qu'il a eu la veille avec elle. Depuis qu'il est rentré, la petite ne fait que le coller en racontant toute sa vie des dizaines de fois. Bien sûr, elle n'a pas manqué de lui dire mon soi-disant secret de tatouage sur les fesses.
- Elle m'a trahi, je dis avec indignation même si je savais pertinemment qu'elle oublierait le concept de secret.
- Mais c'est vrai, au moins ?
- Tu veux vérifier peut-être ?
Je me tourne pour montrer mon cul au patron qui ferme les yeux quand je baisse une partie de mon caleçon.
- Nate !
- Bah quoi, t'es dans un club de strip-tease je te rappelle, je viens de fidéliser dix clients de plus en montrant mon cul.
Greyson rit puis nous commande un verre au bar. Jason se tait en préparant les boissons, fuit mon regard et lèche les bottes de Grey dès qu'il en a l'occasion. Quand il ne traine pas dans nos parages, je raconte ma petite aventure dans les vestiaires, de quoi alimenter les ragots qu'il racontera à sa femme le soir.
Pendant une petite demi-heure, nous parlons comme des amis de sa famille, de la mienne et du club. Il m'explique un peu ce qu'il attend de moi ici, des objectifs qu'il vise pour ce mois-ci et qu'il espère que je l'aide. Je le remercie pour toutes les occasions qu'il m'offre, la confiance qu'il me voue même si pour lui, tout est normal.
Quand j'ai annoncé à ma mère que j'allais marcher sur ses pas, je me suis pris une sacré belle baffe. Puis Greyson est intervenu et il m'a pris sous son aile. Je ne le remercierai jamais assez pour toutes les opportunités qu'il m'a offert sur un plateau d'argent, moi qui n'avais pas d'expérience, lui qui en a beaucoup trop. J'ai eu tout ce qu'Harper et ma mère n'ont pas eu la chance d'avoir à leur début, même si je me suis démené pour être à la hauteur, et aujourd'hui on me fait confiance à cent pour cent.
- Au fait, je voulais te parler de ça, poursuit Grey en finissant d'une traite son verre. Enfin non, Harper veut t'en parler mais elle n'y arrive pas alors c'est moi qui me tape le sale boulot. Par rapport à John.
Quand j'entends son nom, mon corps se tend directement et une amertume remonte le long de ma gorge. Mon corps réagit plus vite que mes pensées alors je serre le verre à moitié remplit autour de mon poing jusqu'à ce que mes phalanges en blanchissent.
- Écoute, on sait que tu as toujours su qu'il n'était pas ton vrai père, tu as eu la confirmation par toi-même mais personne d'autres qu'eux et moi ne le savaient. Tu dois leur parler, ta mère m'appelle tous les jours pour savoir comment tu vas. Tu ne décroches plus au téléphone et...
- Tu savais ? J'arrive à articuler alors que je sens mon corps s'échauffer et mon cœur battre plus vite.
Grey baisse la tête, se mord la lèvre et ouvre la bouche pour parler mais la referme aussitôt. Il soupire.
- Écoute Nate, je le savais oui, et c'est pour ça que j'ai amené ta mère ici, elle était déjà enceinte de toi à l'époque. Ce n'est pas mon devoir de parler de ça avec toi, de savoir comment tu l'as appris de te dire toute la vérité, ce n'est pas mon rôle. Appelle-la. Appelle-les, même. John t'a toujours considéré comme son fils, ça ne change rien, le sang.
Je pose le verre avec brutalité sur le comptoir, faisant raisonner le bruit du verre sur le marbre.
- Ça change tout, je grogne en me levant du tabouret.
Greyson m'appelle mais je m'en fous, je m'éloigne de lui pour retourner bosser. Ma pause était trop longue de toute façon. Je m'engouffre dans la foule jusqu'à ce que la voix de Greyson disparaisse à cause de la musique et que je n'entende plus que les respirations haletantes des clients qui en profitent pour caresser mon torse et toutes les autres parties de mon corps. Je joue le jeu jusqu'au bout, au moment où une estrade est libre et que je peux me hisser dessus.
En hauteur, je me mets à danser sensuellement autour de la barre de pole dance, profitant du projecteur pour devenir une boule à facette avec les paillettes qui brillent sur mon corps.
À mes pieds, les gens dansent, les gens m'observent et me touchent un peu quand ils peuvent. Les gens se touchent plus discrètement que dans d'autres Milady's et je perds leur attention quand un ou une collègue passe près d'eux.
Je remonte sur la barre pour penser à autre chose, commence un Iron X, bras tendus sur la barre, jambes écartées, ce qui me vaut quelques sifflements et un changement de musique. La lumière du projecteur d'éclaircit pour me mettre au centre de l'attention alors je décide de tout donner. Au moins, on ne me reprochera pas d'aller prendre une autre pause clope tout à l'heure.
Je change mes jambes, passant l'une entre mon bras en haut et la barre, l'autre à l'opposé pour faire un grand écart. Je ne tremble pas et respire lentement. Je n'entends plus que la musique.
Je redescends de mon perchoir quelques instants pour détendre mes muscles crispés avant de tournoyer sur la barre, finir la tête en bas avec quelques attitudes pour distraire les clients. Je joue mon personnage à fond, demandant plus de bruit quand j'ai une main libre, faisant des positions plus difficiles les unes que les autres quand j'ai mal.
À la fin de ma petite démonstration de force, ma collègue du début revient me féliciter, étonnée que j'ai autant progresser en un an.
Bah ouais, je bosse moi.
Je salue la foule comme un acteur, saute sur la terre ferme pour aller prendre ma pause clope. Je sue comme un porc avec ces conneries, j'ai des paillettes pleins les mains.
Mais alors que je me dirige vers le vestiaire, une tête blonde attire mon regard près d'un bar. Je reconnais les cheveux bouclés de Roméo dans mon champ de vision mais il semble concentré sur une femme blonde face à lui, dos à moi. Avec grâce, elle attrape ses cheveux longs qui cachaient sa nuque et les relève en queue de cheval de ses bras fins.
Mon cœur loupe un battement quand je reconnais la finesse de ses mouvements, ses longs doigts et ses petits poignets. Violet parle avec son frère qui semble plus nerveux que jamais, jouant avec l'étiquette autocollante sur sa bière.
Je mords l'intérieur de mes joues, me précipite dans le couloir qui mène aux vestiaires pour ne plus la voir.
J'ai besoin d'une clope, vite.
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