Chapitre 41

Moi-même je suis surprise

Violet

Je suis encore dans le lit de Nate. Ça devient une habitude à force non ?

J'ouvre les yeux doucement, la lumière me déglingue la rétine et je me rends surtout compte que j'ai un mal de crâne de l'espace. Si je revois Layla un jour, je vais lui faire payer cette soirée.

Layla ! Je me redresse d'un coup, me rappelant tous les évènements de la veille. J'ai abandonné mon amie alors qu'elle vient de larguer son petit ami ! Je sais que je ne suis pas douée avec les relations sociales en général, mais je sais que la société veut que j'aille la soutenir, c'est le minimum. En plus, j'avoue que je me sens un peu coupable...

J'étais tellement heureuse et euphorique hier que je n'ai pas réfléchis en m'en prenant à Noël. Certes, c'est un idiot. Mais mon amie ne méritait qu'on l'affiche comme ça devant tout le monde. Je n'ai pas assuré.

Je trouve mon téléphone sur la table de chevet et tape rapidement un message pour savoir si ça va et m'excuser surtout. Elle me répond dans la seconde ce qui me ravie ! Je déteste les gens qui mettent trois ans à répondre même quand ils ont vu le message.

« Layla : Merci ma belle, mais tout va bien ne t'en fait pas. Maman me prépare un sagamité qui va être excellent pour me remonter le moral. Elle n'aimait pas trop Noël non plus alors je crois que quand tu vas revenir à la maison, elle va te prendre dans ses bras. »

« Moi : Tu ne m'en veux pas ? »

« Layla : Pas le moins du monde. Merci... Je mérite mieux, tu m'as ouvert les yeux. J'ai mal maintenant mais ça ira mieux demain. Profite de Nate. »

« Moi : Comment tu sais ça ? »

« Layla : ;) »

Je sens mes joues me brûler d'un coup, comme si mon amie avait lu dans mon esprit. Évidemment, je me souviens parfaitement d'hier et du baiser que j'ai échangé avec Nate. Je le remercie d'y avoir mis fin, comme je n'étais pas totalement dans mon état normal, mais en même temps je ne regrette pas. Le fait de boire, ça m'a fait remonter pleins de souvenirs que lui comme moi essayons d'oublier au fur et à mesure du temps qui passe.

J'ai l'impression d'être retournée trois ans en arrière, et je ne sais pas si ça me plait ou non. Et puis, comment je dois réagir là ? Je vais arriver dans sa cuisine, les bras ballants, et comment il va réagir ? Comment moi je dois réagir ? Est-ce que je dois assumer à fond hier soir, chose que je suis prête à faire, ou est-ce que je dois faire semblant qu'il ne s'est rien passé pour voir ce qu'il fait ?

Mon cerveau est en surchauffe mais je pense opter pour la deuxième option. Je suis prête à faire la deuxième, ou du moins en temps normal, mais actuellement je ne sais pas. Je me sens plutôt vulnérable comme ça, et un peu ridicule.

Je me chauffe un peu mentalement avant de descendre du lit, me rappelant cette fois que je n'ai qu'une jambe. Je me suis étalée une fois devant Nate, pas deux.

Je trouve les béquilles qui sont posées de mon côté au sol, les récupère puis pars dans la cuisine. Mon cœur bat fort dans ma poitrine mais j'inspire profondément pour adopter une attitude normale. Tout va bien.

- Une omelette ? Me propose Nate alors que j'ai à peine émergé dans la cuisine.

- Oui, merci.

Il me sourit puis retourne à ses fourneaux, battant avec concentration les œufs. Comme la dernière fois, il nous a préparé un vrai festin. Cette fois, j'opte pour un chocolat chaud au vu de la fraîcheur de l'appartement.

- Tu en veux un ? Je demande.

- Oui, s'il te plait.

Je nous sers puis c'est au tour de Nate de nous servir. Je le remercie aussi et nous mangeons en silence. Un silence gênant, bien lourd de sous entendus et de non-dits. J'ouvre la bouche pour briser ce silence et cette gêne mais Nate le fait avant moi.

- Tu penses toujours ce que tu as dit hier ?

- C'est-à-dire ?

- Que tu te souviens et que tu ne regrettes pas.

Effectivement, je me souviens de lui avoir dit tout ça quand il partait de la chambre pour... au mon Dieu. Mes yeux s'agrandissent comme des soucoupes alors que je me souviens de ce détail qui m'avait totalement échappé.

- Tu ne te souviens pas, c'est ça ?

Il a l'air... déçu ?

- Non, non ! Je m'en souviens ! C'est juste...

Je m'interromps, morte de honte. Moi qui pensais assumer jusqu'au bout, je me dégonfle fort là.

- Tu... Je... Enfin...

- Oui, Violet ?

Je crois que je veux mourir sur place. Je lui ai fait remarquer qu'il bandait comme si tout allait bien alors que non, on ne dit pas ça voyons ! Et puis Nate bandait, ça veut dire que quand il est parti... Enterrez-moi vivante.

- Oublie, je lâche en mordant dans de l'œuf.

- D'accord... mais pas d'accord. Il faut qu'on parle de ça Vio'.

- Du fait que je t'ai roulé une pelle dans ton lit, ce qui t'as fait bander et que j'étais totalement à l'ouest ?

Nate me dévisage, un rictus d'amusement sur le visage mais en même temps un peu choqué de ma franchise. Changement de plan, j'assume pleinement ! Foutue pour foutue...

- Ça a le mérite d'être franc du coup... dit-il en riant un peu. Mais oui, il faut qu'on parle de ça Violet. Tu sais très bien ce que j'en pense...

- Non, justement. Je sais ce que tu en pensais il y a trois ans, mais absolument pas aujourd'hui.

Il se lève en débarrassant nos assiettes pour les mettre dans le lave-vaisselle. Je sais que tout ça le gêne plus qu'il ne veut me le montrer et il y a de quoi. Moi aussi j'ai l'impression que je vais me liquéfier sur place.

- Je t'aime bien Nate, je t'ai toujours aimé, je lâche dans un soupir. Je suis franche avec toi comme je l'ai toujours été. Ce n'est pas aujourd'hui que je vais te mentir.

Il se redresse pour planter ses yeux dans les miens avant de prendre sa nuque à deux mains.

- Tu me compliques la vie, tu le sais ça ?

Son sourire m'en arrache un et une drôle de chaleur se répand dans mon corps. Du soulagement. Son sourire, aussi vrai ou faux soit-il, me réconforte au plus haut point. Je ne suis pas seule. Il ne me laisse pas poireauté.

- Mais tu m'adores, je rétorque en me levant.

- C'est vrai.

J'attrape mes béquilles et profite d'être dos à lui pour exprimer toute ma joie soit un énorme sourire et un cri silencieux. Quand je me retrouve de nouveau face à lui, poker face.

- On y va doucement ? Il propose en haussant les épaules. Avec Rom' et tout ça...

Je grimace mais acquiesce. J'avais oublié cette partie. La plus difficile d'ailleurs.

- Bon, interrompt-il la conversation en relâchant ses bras, vas prendre une douche tu pues le rat mort.

- On vient de parler d'un truc super sérieux et là tu me traites comme ça ! Je vais reconsidérer tout ça jeune homme !

- Peut-être que je te ferai un bisou en sortant si tu es sage, il continue en retenant son sourire, mais je te dis la vérité. Il faut qu'on parte sur de bonnes bases si on ne veut pas s'embrouiller dès le premier jour.

- Parce qu'on sort ensemble ?

Ma question le fait sourire de plus belle mais il m'indique la salle de bain de la tête.

- Chaque chose en son temps, on verra au fur-et-à-mesure, mais file je t'en supplie ! Les mouches arrivent !

- Idiot !

***

J'entre et Zack vient directement m'aider sans que je ne lui demande quoi que se soit. Nous nous saluons, réellement heureux de nous voir après quelques jours sans puis de même avec Roméo. Je croise mon frère en coup de vent avec son copain mais entre mes examens et leur travail, nos emplois du temps sont quasi impossibles à croiser.

- Bravo pour la radiothérapie ! S'exclame Zack en me servant un verre de sirop grenadine.

- Merci, mais ce n'est pas vraiment bravo ou quoi, je n'y suis pour rien.

- Bravo petit corps alors !

Je ricane et Roméo rajoute de l'eau à mon verre. Il ne dit pas grand-chose mais je sens qu'il va mieux. Il affronte mon regard pour une fois.

- Comment tu vas sinon ?

- Ça va, je vis ma vie.

J'explique aux garçons ce qu'il s'est passé hier au bar et la séparation de Layla. Je parle aussi du comportement hyper tendu d'Eden à l'hôpital puis on parle naturellement de la soirée d'Halloween qui a mal tournée. Roméo ne peut pas plus m'éclairer que ce que m'a raconté Nate mais ce n'est pas grave.

- Au fait, Eden est venue te chercher hier soir du coup ? Demande Zack en fronçant ses sourcils noirs.

- Euh, non, c'est Nate en fait.

- Nate ? Réagit mon frère en se sentant d'un coup concerné.

Merde, hors de question que je lui parle de la nuit ou de ce matin. Même s'il n'y a rien eu de très excitant ou que nous ne mettons pas encore de mot sur notre relation si s'en est une, je ne veux pas le faire vriller.

- Oui, Eden était chez son copain, Jesse. Alors Nate est venu comme j'avais un peu bu. Il m'a laissé son lit et il vient de me déposer comme il travaille.

- Il vient de te déposer ? Relève Zack en plissant les yeux.

Zack sait lire en moi comme dans un livre ouvert et c'est un problème. Le mari de mon frère a toujours eu une étrange connexion avec moi, comme s'il pouvait lire dans mon cerveau quand ça le chante. En soit, je n'ai jamais été dérangée par ce truc car il garde toujours tout pour lui, surtout quand son copain est impliqué. Il part du principe que ça ne le regarde pas. Mais là, s'il devine ce qu'il se trame... Au secours.

- Et vous avez fait quoi toute la journée, du coup ? Demande Roméo en attachant ses boucles en palmier.

- On a regardé des films, rien de plus. Je me suis levée tard et il faisait des heures supplémentaires, donc on a pas eu le temps de faire grand-chose.

Roméo hoche la tête en portant son verre à ses lèvres. Il le vide d'une traite comme si c'était un shot de vodka ce qui fait grincer des dents son mari.

- Bon ! S'exclame Zack en tapant dans ses mains. Je sors le Monopoly ?

Mon frère hoche la tête et retrouve son sourire, moi non. Zack a deviné, et au vu de sa réaction il ne dira rien à Roméo jusqu'à ce que je le fasse. La seule chose qui me préoccupe du coup, c'est Roméo. Parce que même si j'ai beau faire avec et essayer d'oublier, il commence à réagir exactement comme il a trois ans. Et ça, ce n'est pas bon signe.

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