Chapitre 22

Mood de la scène de déprime de Bella dans Twilight

Nate

Qu'est-ce que je déteste l'anniversaire de Greyson... Je l'adore, lui le père de famille et le mari d'Harper. Mais je déteste l'homme d'affaire richissime qui invite la moitié de l'Upper East Side. Une fois sur deux, il fait un anniversaire plutôt classique avec ses amis où l'alcool coule à flot et où on rigole comme jamais, puis la fois d'après il invite toutes ses connaissances de la haute dans sa maison de bord de mer. Dans ces années-là, je me retrouve en costard, chemise un peu ouverte parce qu'il ne faut pas abuser, et la moitié des coincés du cul me dévisagent parce que mes tatouages montent jusqu'en bas du menton.

On me touche, on me pose des questions, on m'évite aussi. Tellement de choses désagréables qui arrivent tous les deux ans et qui font bien rire Harper. D'ailleurs, comme à chaque fois, elle est resplendissante. Sa robe verte la met vraiment à son avantage et aux bras de Grey, ils semblent si puissants que je ne les reconnais presque pas.

— Nate, m'interpelle Lola en tirant sur ma chemise blanche.

— Rohhh, Lola !

Je rentre le bout qui s'est échappé de mon pantalon puis lisse un peu ce qu'elle a froissé. Déjà qu'on me prend pour un pariât, je ne veux pas qu'on en rajoute en me prenant pour un SDF. Oui, oui, on est à ce niveau de bourgeoisie.

— Tu ne veux pas jouer avec moi ? me demande la petite fille en soupirant. Gareth fait le service et il s'amuse beaucoup trop. Moi, je suis toute seule, il n'y a pas d'autres enfants.

Lola est aussi jolie que sa mère ce soir. Tout comme elle, elle porte une petite robe verte qui contraste avec ses cheveux roux et fait ressortir ses yeux verts. La petite couronne de fleurs qu'elle a déposée sur sa tête lui donne un air de reine, et tout le monde le lui fait remarquer. En même temps, du haut de ses dix ans, elle est vraiment magnifique. Plus tard, je suis persuadé qu'elle fera des ravages.

— Je suis désolé Lola, mais je ne peux pas. Je dois faire semblant de mon comporter bien pour ne pas qu'on parle de moi dans tous les coins.

— Mais avant tu t'en foutais !

— Fichais, je la corrige.

En effet, mais c'était quand elle était beaucoup plus petite et que je ne ressemblais pas vraiment à un homme. À partir du moment où mes traits se sont aiguisés, que ma barbe est apparue et ma carrure s'est développée, je n'avais plus d'autre choix que de me tenir. Plus de course avec un verre de champagne sur la tête.

— Désolé Lola, mais je dois vraiment rester calme aujourd'hui. Mais tu sais quoi, je crois avoir vu quelqu'un offrir un lapin à ton père...

— C'est pas vrai !!

Lola pousse un cri avant de foncer dehors où, en effet, j'ai bien vu quelqu'un offrir un petit lapin blanc à mon patron. Il avait l'air ravi...

— Mais ce n'est pas le petit Nate ?

Cette voix de vieille dame m'est familière... Je me retourne pour voir Henriette, la mère adoptive d'Harper, s'approcher de moi avec son déambulateur. Elle est vraiment jolie avec sa robe noire très sobre et ses cheveux blancs peignés avec soin.

— Henriette, vous êtes magnifique !

— Oh, n'abuse pas je t'en pris.

Je m'approche pour la prendre dans mes bras avec précaution. Elle est toute fragile, j'ai l'impression que si je la presse un peu trop contre moi elle va se briser en mille morceaux. Par contre, j'aimerais être dans le même état qu'elle a presque cent ans ! Parce qu'elle envoie du pâté pour une vieille dame.

— Je ne sais pas si c'est moi qui me tasse ou toi qui grandit, mais on commence à avoir une relation à distance, me dit-elle en riant légèrement.

— Un peu des deux, je pense. Mais ne vous en faites pas, ça ne me dérange pas de me baisser pour embrasser vos joues fripées.

— Fripées peut-être, mais méfie-toi jeune homme, un coup de déambulateur fait très mal.

— Michel en a encore pris un ?

— Non, pas Michel cette fois, un autre idiot de la maison de retraite dont je ne sais plus le nom. C'est dégoûtant d'échanger des dentiers.

J'éclate de rire ce qui fait retourner quelques têtes intriguées. J'aime beaucoup Henriette, elle qui était si gentille quand je l'ai connue n'a pas changée mais avec l'âge, les filtres disparaissent. Je ne m'ennuie jamais en sa compagnie.

— Si seulement mon Isaac voyait comment tu as grandi, il serait très fier.

— Oh mais il l'est, et il est aussi fier de ses petits enfants merveilleux. Il veille sur nous là-haut.

— C'est vrai, tu as raison. Je suis un peu nostalgique de temps en temps mais plus le temps passe, plus je me dis que je vais bientôt le rejoindre.

Elle soupire douloureusement avant de m'offrir un joli sourire de grand-mère. La pauvre, je ne sais pas s'il y a pire douleur que de perdre l'homme de sa vie. C'est une femme admirable, elle mérite tout le bonheur du monde.

— Comment vas-tu sinon ? Harper me parle tout le temps de tout le monde mais elle n'est pas passée me voir depuis une semaine ! Une semaine tu te rends compte ? Ça commence comme ça et après je ferai parti du club des vieux qu'on abandonne jusqu'à leur mort.

— Vous ne trouvez pas que vous abusez un peu, là ? la questionné-je en ricanant.

— Tu as raison. Mais n'empêche que c'est vrai.

J'hoche la tête et viens à ses côtés pour l'aider à avancer. On trouve le canapé des Hayes-Myers puis j'installe Henriette au fond de celui-ci. Même si elle marche bien pour son âge, elle ne peut pas rester des heures debout au risque de tomber.

Je m'assoie à côté d'elle, attrape deux coupes de champagne au passage. Elle me remercie avant de tremper ses lèvres gercées dans le liquide pétillant.

— Pour répondre à votre question, je reprends, tout va bien. Je travaille et c'est cool.

Elle écarte la coupe avant de planter ses yeux dans les miens. Ses iris brunes semblent avoir vécu tout ce qu'un humain devrait vivre dans sa vie. C'est presque dérangeant de voir tant de vie en face de soi.

— Harper m'a raconté pour la petite Violet. C'est vraiment triste mais la maladie ne prévient pas.

— Comme avec Isaac.

— Comme avec Isaac, elle acquiesce.

— Vous n'êtes pas venu me parler pour rien, n'est-ce pas ?

Henriette me sourit de toutes ses dents avant de laisser sa robe et d'enlever une peluche blanche.

— Je t'aime beaucoup Nate, et c'est toujours un plaisir de discuter avec toi.

— J'ai actuellement envie de tuer Harper. On en a déjà parlé il y a quelques jours et...

— Et elle veut juste t'aider à surmonter ça. Chaque personne de l'entourage de cette jeune fille a quelqu'un sur qui se reposer, et toi tu as Harper à défaut d'avoir tes parents près de toi. Elle veut juste que tu ailles bien.

— Mais je vais bien !

Ce n'est pas un mensonge. Je vais bien et je vis bien cette situation. Violet est hors de danger pour le moment, et de toute façon ça fait une semaine qu'elle refuse toute visite. Il n'y a qu'Eden qui arrive à la voir réveillée, sinon je la soupçonne de faire semblant de s'assoupir quand il s'agit d'autres visiteurs. Je m'inquiète pour elle dans le sens où elle se renferme totalement sur elle-même, mais c'est tout.

— Tu mens, déclare la vieille dans un soupir. Je ne te juge pas, c'est normal d'être dans un déni pareil. Personne ne va bien actuellement, même-moi je suis triste pour elle. Ce que je veux dire, c'est que j'ai vécu la maladie. Pas personnellement, mais dans mon entourage. Isaac était malade et ce n'était pas facile tous les jours, mais j'étais là pour lui. Ça ne m'empêchait pas d'aller pleurer de temps en temps à l'abri des regards, mais j'étais là pour lui et ça faisait toute la différence.

— Où vous voulez en venir ? On dirait Harper...

— Ce que je veux dire, c'est que si tu as besoin de parler de ça, de savoir comment l'accompagner dans la maladie, je suis là. C'est tout un travail, toute une façon de faire, ça s'apprend. Être près de quelqu'un qui ne va pas bien dans sa vie, ce n'est pas évident.

Un rire jaune m'échappe. J'en ai marre des discours à la noix. Violet n'est pas un membre de ma famille, c'est la sœur de mon meilleur ami. Je me fais du souci pour elle mais pas au point d'avoir besoin d'une cellule psychologique.

— Écoutez Henriette, je suis très reconnaissant de ce que vous faites pour moi, mais je pense que vous ne vous adressez pas à la bonne personne. Je suis triste pour Violet mais le reste nous concerne elle et moi et ça n'a rien à voir avec sa maladie. Vous devriez peut-être discuter de tout ça avec un réel membre de sa famille qui a besoin de ça.

Je me lève et Henriette ne dit rien sur le moment. Elle n'a pas du tout l'air vexée de ce que je viens de dire, ce n'est pas une femme rancunière de toute façon.

— Que tu le veuilles ou non, me dit-elle, tu fais partie de sa famille. Je sais que ça ne va pas trop avec tes parents, que tu t'es toujours senti à part, mais tu n'as jamais été autre chose qu'un membre de leur famille. C'est comme ça Nate, tu l'as toujours été et ça ne changera pas. Vous êtes une grande famille, même sans liens du sang, c'est ainsi.

— Merci Henriette, mais il faut que j'aille fumer.

La vieille femme hoche la tête puis retourne à son champagne tandis que je m'éclipse dehors par une baie vitrée. J'arrive devant la maison où quelques personnes discutent en riant ridiculement. Une vraie bande de bourges. J'allume ma clope et tire une taffe. La fumée rentre dans mes poumons et je sais qu'il m'en faudra au moins deux pour en sentir tous les effets et me détendre.

Je ne suis pas un membre de leur famille. Je suis un ami de la famille tout comme les Hayes-Myers. Au final, je n'ai que ma mère. C'est la seule avec qui j'ai des liens de sang.

Même si les liens du cœur sont plus forts, je ne peux pas m'empêcher de me sentir à part. Harper est ma tante mais Henriette est qui pour moi ? Certainement pas ma grand-mère, je ne les ai jamais connus. Chaque membre de mon entourage est une pièce rapportée dans ma vie qui me rappelle un peu plus chaque jour que je n'aurai jamais une vie normale. Je ne connaîtrais jamais la sensation d'avoir des cousins ou ce que ça fait de serrer mon père dans mes bras.

John.

Son nom arrive directement dans mon esprit, me donnant un sacré coup au cœur. Je l'ai toujours considéré comme tel, mais depuis que je suis sûr de ne pas être de lui, je n'arrive pas à me détacher du fait que toute ma vie n'est qu'un mensonge. J'essaye de passer outre au maximum, de ne jamais y penser, mais dans de tels moments, tout me revient en pleine gueule.

Littéralement un fils de pute.

Je tire une autre taffe sur ma clope avec plus d'agressivité mais j'essaye de me retenir de péter un câble. Je n'ose même pas imaginer la tête de tous ces idiots si je me mets à pester seul dans mon coin, cigarette à la main avec mon physique de délinquant. Dans ces cas-là, quitte à être foutu, autant leur dire mon taff.

Et puis y a Violet. Ce qu'a dit Henriette est totalement faux. Je ne fais pas parti de sa famille non plus, je n'ai même pas appris de sa bouche qu'elle était malade.

Je suis une pièce rapportée qui m'intéresse à tout le monde alors que tout le monde s'en fout de moi.

Depuis le début de semaine je commence à me dire que j'aurais dû rester à New-York. Au moins là-bas, je n'avais pas l'impression d'être de trop. Et je gagnais plus de thunes, on ne va pas se mentir.

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