Chapitre 14
Ok Google, mets une musique de Fatal Bazooka
Nate
Je tire Violet vers l'extérieur de la boite de nuit comme je peux en sentant sa respiration haletante près de moi. Tremblante, elle se colle contre ma poitrine en pleurant en silence, s'appuyant sur moi pour soulager sa jambe. Un videur tente de la récupérer par crainte que je ne l'emporte quelque part mais je lui fais vite comprendre que je ne compte pas l'enlever, bien au contraire. Comme près du Milady's, je trouve un endroit où elle peut s'assoir et la décolle de moi avec douceur pour ne pas qu'elle s'effondre de nouveau. Perdue, elle comprend où je veux en venir et elle se pose sur le banc étonnement libre malgré les personnes qui prennent l'air. Ses respirations sont compliquées et je l'entends siffler à chaque inspiration. Ses yeux d'un brun clair sont rouges à causes des larmes tout comme ses joues humides qui révèlent de légères tâches de rousseurs presque imperceptibles.
Elle passe une main sur son front fiévreux, hésitante et tremblante. En attendant qu'elle se calme, j'allume une clope et tire une taffe loin d'elle pour éviter qu'elle ne s'étouffe avec la fumée toxique.
J'attrape un élastique noir que je portais autour de mon poignet et le lui tend. Elle fixe l'objet sans rien faire, avant de murmurer un merci et le saisir pour attacher ses longs cheveux blonds qui ondulent légèrement. D'une facilité déconcertante, elle attache le tout sans une bosse et profite de l'air frais qui arrive dans sa nuque.
- T'avais rien à faire là, Violet, soupiré-je quand elle a repris des couleurs plus communes.
La blonde relève le regard pour trouver les miens, une lueur de colère qui l'illumine. Le corps tendu comme jamais, elle prend un air supérieur dont elle en est la reine avant d'ouvrir la bouche avec dédain.
- T'as rien à me dire, crache-t-elle en lissant son jean taché de soda.
- Oh si, j'en ai des choses à te dire, grondé-je l'air le plus menaçant que je peux. T'as pas le droit d'être dans ce genre d'endroit, surtout si tu n'aimes pas la foule et que tu ne tiens pas sur tes jambes !
Elle sursaute en entendant mon ton sec mais je ne démords pas. Deux fois qu'elle se retrouve dans ce genre de situation en peu de temps. Autant je ne m'inquiète pas au Milady's mais ici c'est autre chose, tout peut arriver. Elle semble profondément touchée par ce que je viens de dire mais essaye de ne pas le montrer. Je me doute que parler de sa blessure doit fissurer son cœur un peu plus à chaque fois, mais il n'empêche qu'elle n'a que 19 ans, pas 21.
- On s'amusait juste, marmonne-t-elle tout bas en baissant les yeux.
- Avec qui ?
- Layla.
Le nom de Layla me dit quelque chose mais je n'arrive pas à poser un visage sur la personne. En fait, je ne pensais même pas que Violet avait des amis ici. Petite, elle a toujours été du genre solitaire à traîner dans les pattes de Roméo plutôt que de jouer avec des enfants de son âge. Et très vite, la danse a pris une place si importante dans sa vie qu'elle ne faisait plus que ça de son temps libre. Et quand je dis plus que ça, je pèse mes mots. Elle dansait à s'en faire saigner les pieds, à en avoir la nausée jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus tenir debout. Elle voulait être la meilleure. Pour le meilleur, et pour le pire. Peu importe les conséquences.
Je ne sais pas si c'est de l'inconscience, mais son amie n'aurait jamais dû l'emmener ici. Je mettrais ma main à couper qu'elle n'a jamais été en boite, en plus de ça.
- Violet, je ne veux pas être un flic, c'est pas mon rôle. Mais là t'allais encore te casser la gueule comme une merde devant tout le monde. Je dois appeler tes parents ou Eden ?
- Non !
Elle se redresse d'un coup, un air apeuré au visage comme si c'était une gamine qui allait se faire disputer pour une petite bêtise. Je lève un sourcil, assez surpris de voir autant de réticence.
- C'est compliqué en ce moment, elle m'avoue en bougeant frénétiquement une jambe. Je voulais juste voir quelque chose de nouveau, c'était une bonne journée et tu viens de tout foutre ne l'air.
- Moi ?
J'éclate d'un faux rire ce qui me vaut un énième regard noir de sa part. La bonne blague, vraiment. Comme si c'était moi le problème.
- Oui, tu viens de me gâcher ma soirée qui était super pour l'instant !
Elle se lève du muret et vacille légèrement quand sa jambe blessée touche le sol. D'instinct, je rattrape son bras pour la soutenir mais elle me l'arrache, comme plus tôt dans la soirée. Ma main reste suspendue dans l'air alors qu'elle l'observe en silence, une mine dégoûtée au visage.
Mon ego en prend un coup, sans mentir. Elle regarde ma main comme si j'étais le plus dégueulasse des hommes, alors que je voulais juste l'aider. Je ne sais pas comment je dois me sentir. Troublé, je laisse mon bras retomber le long de mon corps sous le regard percutant de Violet. Ses yeux bruns sont devenus plus sombres et je peux presque entendre le bruit de son cœur qui tape dans sa poitrine. Quelques secondes s'écoulent avant que Violet ne se redresse, le menton haut, prête à partir. Elle s'éloigne avec détermination de quelques pas tout en baissant son t-shirt rose qui dévoilait le bas de son ventre, avant de se retourner vers moi, un doigt accusateur levé dans ma direction.
- Je suis une grande fille, Nate. Je ne veux plus que tu me dises ce qui est bon pour moi ou non. Ce n'est pas parce que je suis la sœur de ton ami que tu as tous les droits sur moi. Si je veux me bourrer la gueule, je me bourre. Si je veux finir à poil dans le lit d'un mec, je le ferais. Et si je veux aller m'amuser avec mon amie en boîte de nuit malgré ma jambe qui me fait un mal de chien, et bah j'irai. Parce que tu sais quoi ? Je n'en ai rien à foutre de ton avis.
Elle se retourne vivement pour rejoindre la porte de l'établissement et disparaitre dedans. Je réprime le sourire qui tente de se frayer un chemin sur mes lèvres jusqu'à ce que je sente quelque chose brûler mes doigts. Je lâche ma clope qui s'est consumée seule pendant que je parlais à Violet et peste seul en ramassant le mégot. Je le jette et m'en allume une autre que je prends le temps de savourer cette fois. Je sors rapidement mon téléphone pour envoyer un message à Roméo, bien qu'il soit occupé à danser comme un fou à l'intérieur.
« Moi : Je rentre, crevé. PS : ta sœur est dans la boîte avec une Layla, bonne chance bro. »
Je range mon portable et quitte la rue vivante pour retourner vers mon logement. L'avantage, c'est que j'habite en centre ville dans un appartement que me loue Eden. Je peux pratiquement tout faire à pied hormis aller vers la côte parce que c'est un peu plus loin. Mais j'ai ma vieille bagnole qui m'y aide de temps à autre.
J'avance dans les rues éclairées en fumant tranquillement jusqu'à ce que mon immeuble apparaisse dix minutes plus tard. Les fleurs qui découvraient la bâtisse de mille et une couleur se sont toutes fanées si bien qu'il ne reste que de la verdure pour rendre le lieu unique. Sous la lumière des réverbères, les feuilles rendent le bâtiment vraiment sombre, donnant un air inquiétant malgré tout.
J'entre dedans, monte les deux étages qui me séparent de mon lit et entre dans l'appartement. Assez grand pour une personne, il donne directement sur le salon avec son immonde canapé vert et une cuisine à ma gauche. Tout droit, chambre, salle de bain, toilettes, tout ce qu'il me faut pour vivre ma vie sans avoir mes parents sur le dos. En même temps, heureusement qu'ils me laissent vivre à trente ans.
J'enlève mes baskets et ma veste en cuir qui commençait à me tenir chaud puis pars m'effondrer sur l'immondice. Je passe une main sur mes yeux pour essayer de chasser le sommeil qui me gagne mais rien n'y fait. Le seul jour où je finis tôt, c'est le seul jour que je choisis Roméo pour sortir. Je n'ai pas eu le cœur de lui refuser cette sortie. Depuis que je suis rentré, certes son état est assez préoccupant, mais là c'est pire. Il enchaine les sorties à l'extérieur, pleure à la moindre chose et refuse de me parler. Il m'évite quand il n'a pas moyen de faire une activité distrayante en même temps et Zack refuse de me parler de ce qu'il ne va pas. Mon meilleur ami va mal, mais personne ne veut rien me dire.
Je me redresse avec rage en repassant la soirée en boucle dans ma tête et les paroles sanglantes de Violet. Si on a toujours joué au chat et à la souris l'un avec l'autre, depuis qu'elle est parti à Paris ce n'est plus la même. Je lui en veux, et elle a l'air de m'en vouloir aussi. Sa rage n'est pas justifiée. Moi, si.
Je pars dans la cuisine me servir un verre d'eau pour tenter d'évacuer l'alcool qui commence à me monter à la tête et avale un cachet d'aspirine par la même occasion.
Je ne sais pas ce qu'il se passe dans la famille Davis, mais je suis prêt à fouiller pour en savoir plus, surtout si ça impacte autant mon meilleur ami.
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