Du jour au lendemain, j'ai abandonné ma gigantesque demeure. Le temps pressait, j'étais une vraie menace selon la communauté. Prenant toute la fortune de mes parents, je partis sans affaire excepté Trognon, l'ours en peluche de mon petit frère.

Je devais tout changer en moi. Plus personne ne devait pouvoir me reconnaître.

Après de longues hésitations, j'optai pour l'Angleterre. Ma grand-mère y habitait avant sa mort et son ancienne demeure était restée à l'abandon.
Elle comptait beaucoup pour moi, étant petite et elle me manquait énormément.
Contrairement au reste de ma famille, elle était morte naturellement et avait eu une vie heureuse.

L'Angleterre etait un bon choix, selon moi.
Assez éloigné de Paris, je pouvais totalement laisser de côté mon ancienne vie.
De plus, l'aspect délabré et laissé à l'abandon de ma nouvelle habitation ne laissait pas deviner les millions d'euros qui se cachaient dans mon sac.

C'est à partir de là que commença ma nouvelle vie.

Je mis en place ma nouvelle identité. Amande n'existait plus. En laissant tomber mon nom, j'abandonnai mes souvenirs et mon histoire.
Cependant, c'était mon seul moyen de survie.
April était née, hommage à mes parents et à mon frère tous les trois nés en ce mois.
Avec tout l'argent dont je disposais, j'ai facilement pu me créer une nouvelle carte d'identité.
April était une jeune fille normale sans super-pouvoir qu'elle ne savait pas contrôler.
Pour être totalement méconnaissable je devais modifier mon physique. Je me suis tout d'abord coupé les cheveux très courts puis me suis rendue à la ville la plus proche acheter une teinture blonde, des lentilles de couleur verte ainsi que des vêtements changeant totalement mon style vestimentaire.

Pendant deux ans je ne vivais plus, je survivais. Amande avait totalement disparu de mon cerveau. Elle n'existait plus du tout. Je m'étais habituée à April, elle était moi maintenant. Cette petit fille calme et réservée qui se payait des cours à domicile pour éviter les contacts était devenue ma personnalité.
Petit à petit la dangereuse "criminelle" qui déambulait à travers les villes est passée de première page des journaux webs à la troisième page avant de disparaître totalement des sujets d'actualité. Cependant, je soupçonnais le gouvernement de ne pas avoir totalement abandonné l'espoir de me retrouver un jour et de ne m'avoir encore moins oubliée.
Peut-être avait-il d'autres priorités. Peut-être ne considérait-il pas une gamine de 13 ans comme une réelle menace. Peut-être pensait-il que j'allais rester sagement dans mon coin, toute ma vie en attendant que la vieillesse m'emporte. Je n'avais aucune idée de ses réelles intentions mais il ne faisait plus rien pour me gâcher la vie et c'est tout ce qui comptait.

Voila ce à quoi ma vie ressemblait. Aucun pouvoir ne s'était manifesté, c'était exactement ce dont je rêvais. Je n'avais pas le droit et je ne voulais pas éveiller les soupçons.
Le manque de ma famille se faisait ressentir énormément mais je commençais à me plaire dans cet endroit qui était la première maison m'appartenant, entourée des souvenirs de ma grand-mère.
De plus, après de nombreuses heures, le nez plongé dans mes bouquins, je devins bilingue et n'eus plus aucun souci avec l'anglais au plus grand bonheur de mon prof particulier.

Cependant, le jour de mes quinze ans, il y a un peu plus d'un an, toutes mes résolutions ont changé. J'ai réalisé que c'était mon anniversaire et que j'étais toute seule. Ce n'était pas une vie pour une adolescente ça. Mais ce n'est pas ce qui m'a motivé le plus. Je me suis rendue compte que je n'avais pas tenue ma promesse. Ce n'était pas en restant dans mon coin et en me faisant passer pour quelqu'un d'autre que j'allais venger le souvenir de mes parents et de mon petit Coca.

Encore une fois, j'ai tout changé chez moi. J'ai jeté mes lentilles, abandonné mes teintures et laissé repousser mes cheveux.
La petite fille calme avait disparue aussi rapidement qu'elle était apparue. J'étais redevenue joyeuse et pleine d'entrain.
Amande était de retour et c'est ce que ma famille aurait souhaité.

Je me suis donc remise à côtoyer du monde. J'ai renvoyé mon prof particulier et me suis inscrite dans un lycée. Ne vous méprenez pas, les lycées de mon époque sont loin d'être attirants...

Comme je vous l'ai dit, le gouvernement est le pire ennemi des citoyens. Toutes les personnes qui ne leur plaisent pas sont tuées. Les homosexuels, les noirs, les hippies, les gothiques, les drogués, les alcooliques, les handicapés, les rebelles ainsi que toutes les personnes avec des différences sans oublier les violeurs, les criminels et les délinquants. Imaginez donc les personnes avec des supers pouvoirs ! Vous devez deviner ce que je subirai si j'étais capturée en ce moment même.
Je pense que notre vie vous fait penser à la 2nde guerre mondiale avec Hitler à la tête et vous avez un peu raison. Toutes les différences que le début du XXIeme siècle s'est battu pour supprimer sont revenues au galop avec la prise au pouvoir de Dan Macoll et de son assemblée. Maintenant, nous ne sommes plus que 500 millions dans le monde pour 7 milliards il y a 40 ans. Les gens classés dans la catégorie normaux sont plutôt nombreux. Ils pourraient facilement renverser le gouvernement en ralliant leurs forces mais ils ont trop peur de celui-ci et de sa puissance.
De ce fait, les lycées sont très stricts. Il n'y a que des blancs. Je n'ai jamais vu un noir de ma vie, ils ne sont plus de ce monde depuis quelques années déjà.
Les profs, quant à eux, sont tous du même profil. Grands ou grandes, minces et bruns. Pour Macoll, c'est le physique idéal même s'il tolère plus ou moins les blonds ainsi que les métisses dans sa population- Allez comprendre. Tout ceux qui différent ont été recalés dès leur entrée aux écoles. Pendant la récréation, nous avons l'obligation de rester sagement assis sur les bancs magnétiques, certes avec nos amis mais sans avoir le droit de faire quoi que ce soit sans raison précise.
Pour ce qui est des cours, chaque matin nous devons écouter le même discours du gouvernement qui nous répète toutes les règles et nous fait des menaces de mort en direct si nous ne les respectons pas. Les livres ont bien sûr été remplacés par des ordinateurs. Mais à part ça pas grand changement s'est effectué dans le domaine du numérique et c'est l'un des principaux problèmes.
Avant, quand tout le monde parlait du futur, ils imaginaient des voitures qui volaient et des maisons qui se déplaçaient mais ce n'est pas du tout ce qui s'est passé. Macoll s'occupait surtout de traquer ceux qui ne lui plaisaient pas et ne s'est pas vraiment chargé des avancées technologiques. Les quelques nouveautés sont uniquement les progrès qu'avaient envisagé les scientifiques des années 2020. Ceux de nos jours ont clairement arrêté de réfléchir. Pour moi, notre monde est voué à l'échec...

Bref, pour revenir à ma vie , je me suis refais des amis et ais plus ou moins retrouvé le bonheur. De plus, personne ne m'a reconnu ou alors personne ne m'a dénoncé. Mais en tout cas, je n'ai eu aucune nouvelle du gouvernement.

Cependant, mes problèmes ont plus ou moins recommencé il y a quelques mois.

En l'espace d'une demie-année, ma vie était redevenue celle d'une personne normale, d'une adolescente normale. J'avais une meilleure amie, Abby, un tas d'amis tous plus sympas les uns que les autres, et même un copain,Tyler . Notre couple était vraiment cliché mais je tenais énormément à lui et je ne me voyais pas le quitter juste à cause de cela.

Tyler était l'incarnation même des films d'amour. 1m85, 80 kilos de muscles et des yeux sombres qui envoûtaient tous les regards qui les croisaient. Il était bien évidemment capitaine de l'équipe de Blaster du lycée, le nouveau sport côté de notre époque.
Ce sport se déroule dans une salle sans lumière avec un public placé sur le côté, lui aussi plongé dans le noir. Le sport a lieu grâce à une multitude d'ordinateurs. C'est virtuel mais cependant très physique. Chaque équipe comporte 5 joueurs. Chacun a deux vies. La partie se joue avec un ballon virtuel et les deux équipes s'affrontent dans le noir avec pour seule lumière les led du ballon et des buts . Ils peuvent donc facilement se heurter dans les autres adversaires ou dans les barrières. Faisant de ce sport une activité très violente. Le but du jeu pour chaque personne est de faire perdre les vies des joueurs adverses grâce à des histoires de duels et de buts. La dernière personne présente fait  gagner son équipe. Mon copain excellait dans ce sport et pouvait facilement faire partie des meilleurs du pays.

Tyler avait bien sur une montagne de filles à ses pieds qui ne rêvaient que de finir dans son lit.
Cependant, pour je ne sais quelle raison,Tyler m'avait choisie moi. Moi, la nouvelle fille de l'école. J'étais encore timide et peu habituée à avoir des amis et il m'avait prise sous son aile. Il m'avait fait connaître la popularité. C'est sans aucun doute grâce à lui que j'avais tant d'amis et que tout le monde me connaissait dans l'enceinte de l'école. Notre couple s'était fait naturellement et nous étions tellement bien ensemble.

Je sais que je n'aurais pas dû faire parler de moi et me faire discrète dans mon coin. Cependant, c'était tellement tentant... J'étais tellement bien entourée de gens après tout ce temps. C'était tout ce qui comptait pour moi.

Ma vie de cette époque était tout ce dont je rêvais.

Comme je l'ai dis précédemment, il y a encore eu des modifications dans ma vie -une fois de plus-quelques mois avant mes seize ans. J'étais tranquillement assise sur un banc du parc de la ville avec mes amis. J'étais entourée de Tyler et d'Abby ainsi que quelques uns de mes amis les plus proches.
Soudain, un groupe de jeunes certainement plus vieux que nous s'approchèrent de notre banc . Tous vêtus d'un t shirt blanc et d'un pantalon noir, ils nous lançaient des regards perçants, voire méchants. Alors que je discutais avec Tyler, je les aperçus. C'est là que ça se gâta . Des choses s'approchèrent de moi mais je n'arrivais pas encore à en distinguer l'origine.
Au bout d'un moment, je reconnus ces trucs familiers. Je reconnus ces picotements qui étaient d'abord présents dans mes bras. Je reconnus ces picotements qui se propagèrent bientôt dans mon corps tout entier.