Chapitre 16
J'ai tout gardé pour moi.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais un besoin de protection envers ce garçon dont je ne connaissais que la couleur de peau.
Par conséquent, la discussion avec Jackson et Olivia tournait uniquement autour du prochain jeudi.
Lorsque j'ai raconté mon incertitude à propos de cette journée, j'ai essuyé leurs foudres durant de nombreuses minutes.
" T'es vraiment inconsciente ! Tu comptes réellement y aller ? Je t'aime bien Amande mais tu dis vraiment des choses grotesques par moment !"
" Si tu préfères, je t'ouvre la fenêtre et je te laisse t'y jeter ! Cela reviendrait à la même chose"
" On ne devrait même pas en parler ! De toute façon, la question est close ! Tu resteras chez toi un point c'est tout"
Selon eux, mes doutes étaient vraiment insensés.
Selon moi, quoiqu'il arrive, j'allais mourir, c'était inévitable.
Si j'allais au palais ils me tueraient.
Si je n'allais pas à eux, ils viendraient à moi et je mourrais aussi.
Il y a pourtant une différence.
En me sacrifiant, je ne sais pas encore comment, mais je pourrais peut-être éviter la mort de centaines d'innocents.
***
- Est-ce que tu t'en rends compte ? C'est juste incroyable ! C'est la chance de ma vie !
Depuis le début du repas, Sydney est montée sur resorts. L'entraîneuse l'a nommée capitaine de l'équipe de Blaster. Pour elle, c'est sa chance inespérée. Son futur est sauvé et tout tracé. Elle ne se rend juste pas compte qu'il n'y a aucun avenir dans ce domaine. C'est juste un sport de lycéens crée par le gouvernement pour faire croire que les divertissements existent encore. Son futur sera, comme la plupart des personnes qui nous entourent, d'être enfermée dans un bureau toute la journée pour s'occuper des affaires de l'Etat.
Mais ce serait vraiment d'être sans cœur que de lui gâcher son moment de bonheur.
D'un côté, c'est vrai que c'est extrêmement rare qu'une fille pratique ce sport. Être capitaine doit donc être pour elle une énorme victoire.
Je lève la tête pour chercher le regard d'Olivia. Nous avons l'habitude de nous lancer des coups d'œil complices à chaque moment de folie de nos amies.
Les aliments suspects qui remplissent nos assiettes doivent être beaucoup plus intéressants que moi puisque que son visage reste pointé vers eux.
Depuis notre discussion de la veille, elle ne m'a pas adressé la parole.
Elle a sans doute compris que son énervement n'avait servi à rien. Elle doit avoir peur de me perdre.
Mais elle doit comprendre qu'avec Macoll, les pertes vont être nombreuses.
***
Cela doit faire une dizaine de minutes que personne n'a prononcé un seul mot.
Sydney et Kayla ayant compris que quelque chose diffère des autres jours mais ne sachant quoi, elles entretiennent le silence en ne prononçant aucune parole.
Olivia est toujours captivée par son assiette. J'essaye de croiser son regard, en vain.
- Est-ce que je peux me joindre à vous ?
Nous sursautons, à l'unisson.
Personne n'a vu ce garçon aux cheveux ébènes s'approcher de notre table.
Oliver, je crois. Je l'ai aperçu le jour où j'ai rejoint mes amies..
Amoureux d'Olivia depuis toujours apparemment.
- Désolées, nous étions en train de partir.
Olivia se lève de sa chaise en nous faisant signe de la suivre. Trop surprise qu'elle daigne enfin me lancer un regard, je la suis sans protester.
Je ne sais décidément pas tout sur elle, et encore moins sur ce qu'elle ressent.
***
L'eau recouvre mon corps entier tandis que je me dirige vers la cascade.
Je n'ai pas pu résister. La tentation était trop grande.
Je dois savoir qui est cet inconnu que j'ai aperçu.
Je dois savoir comment il a fait pour rester isolé du monde aussi longtemps.
Comprendre comment il a fait pour survivre.
Je me hisse à travers ce trou. Comment ai-je pu ne pas l'apercevoir les fois précédentes ? Même dissimulé derrière l'imposant jet d'eau, en y regardant bien, sa taille le rend visible de loin.
Je me demande une fois de plus comment un jeune garçon, seul, peut rester caché plusieurs années, sans problème, sans se faire prendre.
Je ne m'étais pas rendu compte à quel point l'obscurité de la grotte était saisissante. Plus j'avance, moins j'arrive à m'y repérer. Mes pas se font de plus en plus hésitants.
Je me stoppe net.
Le garçon de la dernière fois est appuyé contre la paroi et me fixe d'un œil inquisiteur.
Je m'apprête à laisser mon côté froussard prendre le dessus et à m'enfuir en courant mais ses mots me coupent dans mon élan.
- Je t'attendais Amande, je t'attendais.
Je ne sais quoi répondre.
Je ne sais absolument pas qui il est.
Comment peut-il savoir qui je suis.
- Qui es-tu ?
Super Amande ! Tu fais dans la finesse maintenant !
Un sourire atterrit sur son visage.
- Je vais te raconter mon histoire si tu le souhaites, mais pour cela il faut que tu me suives.
Que dois-je faire ? Suivre un inconnu qui devrait être mort depuis longtemps ? Ou alors rentrer chez moi et passer une nuit à regretter de ne pas avoir donné de réponses à mes questions ?
Je souffle, résignée.
- Je te suis
Semblant soulagé, il se lève et avance dans les profondeurs de la grotte
Nous marchons pendant un long moment. Peut être 10, 15, 20 minutes, je ne saurai le dire.
Le bruit de nos pas cognants contre la roche est notre seule compagnie.
- Comment t'appelles-tu ?
Ma curiosité finira par me porter préjudice...
- Je m'appelle Lenny et j'ai le même âge que toi
- Comment peux-tu le savoir ?
- Il me l'a dit
Cette conversation devient de plus en plus étrange
- Qui ca "il" ?
- Tu le sauras bientôt
Je ne peux plus rien tirer de lui. Je suis condamnée à passer le reste du chemin dans le silence et la perplexité.
Nous avançons encore et encore.
Après une durée indéterminée, la lumière commence à regagner la grotte.
Nous finissons enfin par arriver au bout de ce tunnel interminable.
Un spectacle d'une beauté époustouflante s'offre à moi.
La grotte débouche sur une carrière indéfinissable.
Entourée d'arbres, de fleurs et de cours d'eau, cet endroit est le paradis sur terre.
- J'étais sur que ça allait te plaire ! C'est magnifique hein ? Bienvenue chez nous !
- "Nous" ?
- Oui, d'ailleurs, ils ne devraient plus tarder. Ils sont partis à la recherche de nouvelles feuilles pour la cabane. La tempête de la nuit dernière a totalement dévasté notre campement !
Alors c'est comme ça ? Des individus tout à fait normaux sont contraints à vivre comme nos ancêtres, à la soumission de la nature juste parce qu'une personne sans coeur ni morale ne les tolère pas ?
Je trouve juste cela inhumain.
- Allons nous asseoir, je vais commencer à tout te raconter.
- Pourquoi te confierais-tu à moi ? Tu ne me connais même pas.
- Oh, je te connais bien plus que ce que tu pourrais le penser.
Lenny se dirige vers une cabane faite de feuillages et je m'empresse de le suivre.
Il s'assoit et je fais de même.
- Souhaites-tu vraiment que je te raconte? Tu as déjà beaucoup à porter sur tes petites épaules, ces derniers temps.
- Crois-tu que je suis venue pour me balader ?
Il faut vraiment que je me calme.
- Bon tant mieux, je n'ai pas vraiment envie de marcher une heure de plus, mes jambes sont fatiguées.
L'atmosphère est tellement pesant qu'il ne parvient pas à la détendre.
- Bon si nous avons décidé de nous confier à toi, c'est parce que nous avons besoin d'un contact avec l'extérieur. Nous te connaissons mais surtout, nous avons le même but.
Se débarrasser de ce fumier de Macoll. Es-tu d'accord ?
- Oui
- Bon, super.
Il se tait, gardant ses yeux rivés dans les miens.
Il ne semble pas vouloir détourner le regard et étonnamment, moi non plus.
Il a des yeux magnifiques. Si profonds. D'un bleu pastel étincelant. La teinte me paraît surnaturelle au vu de sa couleur de peau.
Plus je le regarde, plus j'ai l'impression de plonger dans un tourbillon enchanteur.
On reste à se fixer durant un bon moment, je suis absorbée, je n'arrive pas à regarder autre part.
Je finis par comprendre qu'il cherche juste à gagner du temps.
- Comptes-tu commencer à parler avant demain matin ? J'espère bien arriver à l'heure au lycée.
Je ne sais pas ce qui m'arrive ces derniers temps, il suffit d'une petite contrariété pour que je parte au quart de tour.
Je vais le mettre sur le compte de l'épuisement.
En parlant, j'ai brisé la petite bulle dans laquelle nous étions enfermés.
En entendant le son de ma voix, Lenny a sursauté. Il me regarde avant de baisser le regard, honteux.
- Je suis désolé Amande, je ne voulais pas
Je ne sais quoi répondre. Il a cet air si abattu sur son visage que je décide de mettre ma méchanceté passagère de côté.
- Amande tu es là ! C'est pas trop tôt ! Lenny, j'ai cru que tu n'allais jamais réussir à la faire venir !
Je me tourne vers les nouveaux arrivants.
Trois personnes sont tournées vers nous, toutes noires de peau.
Et là je comprends.
Évidemment qu'ils savent tout sur ma vie.
Une des personnes que je connais le plus au monde est juste là, devant moi.
Matt est ici.
Matt est en vie.
***
Bonjour à tous,
Je tiens à remercier ceux qui suivent encore Amande malgré les publications très irrégulières.
Je m'en excuse d'ailleurs et vous promets d'essayer de publier plus régulièrement.
J'espère cependant que l'histoire vous plaît.
N'hésitez pas à voter ou à commenter pour me faire part de vos impressions !
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