Chapitre 9 : Une menace de plus
Ils avaient dormit ou juste attendu pour certains, toute la nuit dans la Grande Salle, voyant parfois, la lumière verte de la marque des Ténèbres traverser les carreaux des fenêtres, ou la lueur orangée des flammes danser au loin. Le plafond animé de Poudlard, avait pris quelques gros nuages noirs, qui cachaient les belles étoiles et les constellations. Alycia n'avait pas laissé ses paupières se fermer. Elle ne le voulait pas. Elle ne voulait pas faire comme si la mort d'inconnus pourtant innocents, ne lui touchait pas le cœur. Elle ne voulait pas se détourner de la réalité. Finis l'enfance et son innocence, les malheurs n'étaient plus un tabou.
Alors quand le soleil, s'était enfin montré, et que les élèves étaient retournés dans leur dortoir, ses yeux étaient rouges sangs, car ils avaient veillé tard, bien trop tard. Evan avait pleuré dans son sommeil, et elle le comprenait, les nés moldus étaient des cibles privilégiées, peut être le comprenait-il véritablement maintenant. Emily ne s'était pas éveillée, mais sa respiration avait accélérée souvent.
Dumbledore avait interdit aux élèves les sorties à Près au Lard, et au fond d'elle ce fut comme si on cherchait de nouveau à la mettre en cage. Elle croisa par hasard le regard désolé de Lily, la pauvre culpabilisait de lui avoir donné de faux espoirs, mais elle ne pouvait pas savoir. Le pire avec la guerre, c'est que cela frappe sans prévenir, là où on se sent pourtant en sécurité.
« On devrait s'occuper et oublier tout ça, proposa Emily alors qu'ils étaient dans leur salle commune. A vrai dire, il n'y a rien d'autre à faire, on est coincés ici.
― Je suis bien d'accord, grogna Evan. Mais que veux-tu faire ? Personnellement, je suis motivé pour rien.
― On pourrait avancer nos devoirs, tenta la jeune brune.
― Et se jeter du haut de la tour d'astronomie aussi ? Fais le si tu veux, mais ça sera sans moi, riposta Evan en passant une main nerveuse dans son cuir chevelu. Et toi Aly ?
― Je...je pense que je vais aller faire un tour, histoire de me dégourdir les jambes, répondit Alycia les yeux dans le vague. »
Elle voulut demander aux jumeaux s'ils voulaient l'accompagner dans son escapade, mais Emily et Evan étaient repartis dans une de leur dispute habituelle. Le garçon criait sur sa sœur, parce qu'elle était soit disant trop sérieuse, et elle rétorquait avec des répliques qui ne sortaient pas de celles qu'elle disait d'ordinaire. Pensant qu'ils avaient besoin de ce moment familial, au vu de la situation, elle les laissa et s'éclipsa doucement.
Sa tête tournait, elle n'aurait su dire pourquoi. Depuis le début de l'attaque de Près au Lard, elle sentait une chaleur provenant de la bague qu'elle portait toujours au doigts. Elle se souvenait de ce que sa mère lui avait dit, mais elle ne comprit pas pourquoi elle brûlait encore. Normalement le bijou devait s'allumer en présence d'un danger quelconque, et elle devait l'utiliser pour qu'il cesse ses manifestations. Seulement elle ne le possédait que depuis quelques mois, et elle avait du mal à le maîtriser et à saisir son mode de fonctionnement.
Elle trouva les toilettes des filles abandonnée, et profitant de la solitude, fit la chose la plus débile qui soit, mais qui lui paraissait logique, elle se rinça le doigt à l'eau froide. Mais quand elle hurla de douleur en se rendant compte que c'était pire, elle abandonna l'idée. Et dire qu'elle ne pouvait pas l'enlever !
Elle allait tenter autre chose quand une personne entra subitement.
« Ça alors ! s'écria une voix, « l'inconnue aux yeux clairs » sans ses deux petits chiens de compagnie, que c'est triste. Tu en as marre d'eux ? »
Elle pinça les lèvres en reconnaissant le narcissique Regulus Black. Elle lui fit un faux sourire, en cachant sa main avec la bague derrière son dos. S'il y avait bien une chose qu'il ne devait pas savoir c'était cela.
« Pas vraiment non, mais c'est gentil de t'attrister pour moi, ironisa t-elle. Maintenant est-ce que tu pourrais t'en aller s'il te plaît ?
― Et si j'en ai pas envie ? Tu vas me jeter dehors ? Avec tes bras tellement fins qu'on dirait qu'ils vont se briser ? Rétorqua t-il en s'avançant vers elle.
― Franchement, je ne sais pas quel type d'humour tu essayes de faire Black, mais c'est pas très efficace, j'ai déjà vu mieux. »
Il sortit de sa poche une cigarette et la porta à sa bouche après l'avoir allumé à l'aide de sa baguette.
« Je n'ai pas dit que j'étais doué pour ça, contredit-il la cigarette entre ses dents.
― Si tu as envie de fumer, c'est dehors, grogna Alycia en se bouchant le nez. Peut être que je n'ai pas de force, mais quand quelqu'un fume devant moi, je t'assures que je n'ai aucune pitié ! »
Il rit et souffla assez fort pour que la fumée vienne percuter le visage d'Alycia. Son regard se durci, et elle se rua sur lui.
« Dehors ! Va fumer dehors espèce de...
― De quoi ? Petite naine ! »
Elle mis ses poings sur ses hanches et ses yeux clairs lui envoyèrent des éclairs glacés. Elle lui tapa le torse de ses poings réellement fâchée. Mais le Serpent ne bougea pas d'un pouce, riant aux éclats. Il finit par lui saisir ses avant bras et de la plaquer contre le mur froid des toilettes. Il porta une main à son cou pendant que l'autre retirait son mégot de sa bouche. Il sourit alors qu'Alycia venait de passer de la petite colère à celle qui pourrait être dévastatrice.
« Lâche moi Black où tu le regretteras amèrement, maudit-elle en sifflant comme le ferait un serpent, le regard dur.
― Je veux juste te poser une question, fit-il.
― Les gens normaux n'étranglent pas à moitié leur interlocuteur quand ils veulent leur demander quelque chose, rugit-elle en tenant son étau à deux mains. Il y a des fois j'ai du mal à vous comprendre vous les Black.
― Qui est ton père ? »
Elle blêmit au son de la question, et son comportement se métamorphosa en de la méfiance pure. Regulus Black ne lui faisait pas peur, pour la simple et bonne raison que ce n'était qu'un gamin qui avait un an de moins qu'elle, et qui avait ses propres faiblesses qu'elle avait immédiatement reconnue, mais, s'il lui demandait cela, c'est qu'il savait une partie de l'histoire, et qu'il passait du statut d'élève perturbateur qui l'énerve énormément, à celui de futur mangemort. Bien sûr, il avait déjà tenté de la faire tomber de son balais, mais elle n'était pas sorti de la dernière pluie pour comprendre que ce n'était pas une tentative d'assassinat, des réelles tentatives elle en avait connue, mais à Ilvermorny.
« Qu'est ce que ça peut te foutre ? Je n'ai plus aucun lien avec lui. Il ne veut plus me voir.
― Pas celui là, tu sais de qui je parle.
― Excuses moi Black, mais j'ai un seul père.
― Réponds à ma question Parker.
― Non.
― Réponds à ma question !
― NON !
― REPONDS A MA QUESTION !
― NON NON ET NON ! TU NE ME FAIS PAS PEUR ! »
Il tremblait de colère. Elle soutint son regard, et doucement il lâcha son étreinte qu'il avait resserré autour de son cou fin au fil de la dispute. Elle tomba à genoux sur le sol, mais s'empressa de se relever. Regulus l'attrapa et la secoua de toute ses forces, mais elle ne dit rien.
« Je te jure que je sais son nom, je veux juste te l'entendre dire ! Affirma t-il.
― Mon père s'appelle Henri Parker, voilà tout ce que tu as à savoir ! Lui dit-elle en se débattant comme une furie.
― TON VRAI PERE PARKER !
― LA FERME TU DIS N'IMPORTE QUOI ! »
N'écoutant que son instinct, elle passa sous le bras du garçon, parvenant à se décrocher de son emprise. Elle courut pour ouvrir la porte des toilettes et sortir précipitamment mais il était plus grand et plus rapide, il la referma brutalement, se mettant devant elle.
« Je sais tous tes secrets, lui dévoila t-il. Tous, sans exception...
― Admettons que tu ais raison, que j'ai bien des secrets, et que tu les connais comme ta poche...Qu'est ce que tu en as à faire ? Hein ? Tu vas vendre ça à la presse et te faire un peu d'argent de poche sachant que tu es déjà plein aux as ? Ironisa t-elle en tentant de paraître calme. »
Son sang battait dans ses tempes et elle sentait qu'elle n'arrivait pas plus longtemps à tenir comme cela. Rester impassible était une chose pour laquelle elle n'avait aucun talent particulier. Elle voulait utiliser sa baguette, et lui faire payer son impertinence, mais...mais le visage déçu de sa mère vint perturber ses pensées.
« Non, mais je pourrai les utiliser...Tu sais, quand j'ai entendu la discussion entre Abraxas Malfoy et mon père...je me suis dit que ce serait dommage de tuer une gamine innocente qui n'est en rien responsable dans cette histoire...C'était il y a quelques années maintenant...Et puis tu es arrivée, avec tes yeux clairs, et tes cheveux couleur neige...Et là, je me suis dit, oui c'est elle, la bâtarde qui doit être tuée, seulement au contraire de ce que je pensais, elle n'était pas aussi inoffensive que tout le monde semblait le croire. Alors que vais je faire de ces information ? Et bien j'ai plusieurs choix qui s'imposent à moi : soit je dis à tout le monde qui tu es, seulement c'est une mauvaise nouvelle à la fois pour toi et à la fois pour ton père, mais j'en sors victorieux, soit je dis à ton père que tu es ici, efficace...rapide, une fois en dehors du château, plus d'Alycia, ou alors, je garde cela pour moi et je te fais payer le prix de mon silence. »
C'était une crapule, une saleté sans nom, un manipulateur, un menteur, et elle sentit une haine immense l'envahir soudainement. Si elle pouvait, elle l'étranglerait, le déchiquetterait, et sérieusement, elle se demandait ce qui la retenait, puisque lui, n'hésiterait pas une seconde.
« De un tu ne sais pas compter, ça ne fait qu'un seul et unique secret et de deux : que veux tu que je fasses en échange de ton silence ? Murmura t-elle, les dents serrées.
― Tout ce que je veux...Par exemple, tu serais ma petite amie, déclara t-il d'un air suffisant.
― Oublie, le coupa t-elle en lui envoyant un regard glacial. Je n'achèterai pas ton silence.
― Je vais tout dévoiler alors...
― Et bien tant pis, alea jacta est comme dirait ma mère, les dés sont jetés.
― Je croyais que les Serdaigles, ne faisaient rien d'irréfléchis.
― Qui t'a dit que j'étais comme les autres ? J'ai les griffes du lion, chère vilaine vipère et l'observation de l'aigle, petite crapule qui pu la bouse de troll. Les deux ensembles, on va te dévorer tout cru, tu ferais donc mieux de filer comme un lapin, Black, car je ne suis pas connu pour ma pitié, et maintenant que tu me dis que tu sais qui est mon père, j'imagine que tu devines que j'ai raison de parler ainsi. La clémence ce n'est pas dans mon sang paternel. »
Il fit une grimace, de celui qui perd sa stratégie préparée d'avance tandis que la jeune fille, bien que déçue de l'issu des événements, souriait, de cet air de vainqueur. Il cracha par terre, et décida d'abandonner son air de serpent hypnotiseur, il lui envoya un regard noir et sortit sans un mot. Elle s'autorisa à souffler, une fois qu'elle n'entendit plus les pas hâtifs du jeune Regulus Black. Elle s'appuya sur un lavabo et releva la tête pour s'observer dans un miroir. Si seulement elle ressemblait à sa mère, cela aurait été plus facile, mais son apparence la trahissait.
« Il est parfois difficile de faire les bons choix, soupira une voix près de la porte qu'elle reconnut comme étant celle de Dumbledore.
― Vous avez tout écouté, fit-elle sans se retourner.
― En effet, et j'avoue être étonné de votre décision Miss Parker. Il faut beaucoup de courage pour refuser le prix du silence. »
Alycia grimaça, elle ne savait plus qui elle était réellement, une sang-mêlée qui court pour fuir les mangemorts, ou une sang-pure qui fuit un père biologique déçu d'une progéniture illégitime.
« Ce n'est plus comme avant professeur. Avant c'était ma vie et celle de mes proches, maintenant c'est moi et uniquement moi contre tous. Il n'y a plus Jaimie.
― Mais il y a les jumeaux, lui rappela le vieillard. Ils comptent à vos yeux.
― Bien sûr, mais ils ne savent rien, et je prendrai de la distance...je prendrai de la distance si cela peut préserver leur vie.
― Mais pas leur bonheur...Se battre seule, sans amies à ses côtés, c'est perdre d'avance la bataille. Je sais que c'est compliqué de voir les choses sous cet angle, mais il vaut mieux parfois de bons amis dans les confidences, qu'une solitude dévastatrice. Vous pourrez tout dire à vos amis, mais le coeur lui ne pourra jamais tout garder. »
Elle se retourna enfin pour plonger son regard clair dans les yeux perçants du vieil homme. Parfois, une âme qui inspire confiance vient remuer les consciences et donner l'impression que les choses sont plus simples. Mais était ce une impression ? Elle s'avança vers lui.
« Croyez vous que j'ai eu raison de ne pas acheter le silence de Regulus ?
― Et vous croyez vous que vous avez eu raison ?, lui demanda t-il avec un sourire paternel.
― Une menace de plus ou de moins professeur, je ne suis plus à cela près n'est ce pas ? Tenta t-elle. »
Elle ne savait pas qui elle essayait de convaincre entre le directeur et elle même. Elle tremblait à présent, car tout humain finit par être débordé par les événements.
« Vivez au jour le jour, allez donc rejoindre vos amis...Miss Malfoy. »
Elle ne lui répondit pas, essayant juste de déchiffrer le visage impassible du directeur. Elle se mordit les joues à l'entente de...son véritable nom, mais ne s'attarda pas la dessus. Elle quitta sans un mot, la pièce, emportant avec elle des sentiments mélangés entre eux.
***
Dans la salle commune, Evan et Emily se disputaient encore, ils en étaient même venus aux mains : la jeune fille tenait les cheveux de son frère dans une main tandis qu'il essayait de la faire tomber par terre.
« Et même si c'était vrai ! Comment aurais-tu pu savoir que c'est moi qui avait caché ton castor en peluche dans le frigo ? Rugit Emily.
― Tu as toujours des idées débiles, personne n'aurait été aussi bête ! Et puis c'est pas un castor, c'est Layssy !
― Peut importe comme il s'appelle, ça reste un castor !
― Mais ce n'est pas possible ! Vous êtes infernaux tout les deux ! Interpella une voix. »
Ils se figèrent, coussins à la main. Ils étaient rouges, et tout les deux portaient des marques de main sur les deux joues. Alycia qui était entrée dans la salle, avait les poings sur les hanches, et les observaient comme une mère, qui rouspétait ses enfants.
« C'est elle qui a commencé ! Fit Evan en désignant sa sœur du doigt.
― Espèce de mythomane..., contrecarra Emily. »
Alycia soupira en levant d'une manière exagérée les yeux au ciel. Elle se dirigea vers eux, et leur enleva les coussins des mains. Puis elle les fit s'asseoir, l'air sévère.
« On a assez d'une guerre à l'extérieur, pour subir une guerre à l'intérieur, leur fit-elle remarquer. Pourquoi vous vous battez toujours ?
― Parce qu'elle n'est jamais d'accord avec moi, grogna Evan.
― Toi non plus je te signale...s'interposa Emily. »
Alycia reposa sa tête sur le canapé, leur faisant comprendre que cela ne servait à rien, de toujours régler leur problème de cette manière. Mais chez les Jenkins cela ressemblait beaucoup à une tradition familiale. Ils avaient besoin de se défouler, à croire que leurs parents faisaient pareils. Et pourtant elle savait pertinemment qu'ils ne serraient rien l'un sans l'autre.
« Vous pourriez vous défouler d'une autre manière..., leur proposa t-elle.
― Mais sur qui ? Ou sur quoi ?
― Les Serpentards par exemple..., continua t-elle en les regardant dans les yeux.
― Tu veux qu'on fasse comme ces idiots de maraudeurs ? s'étonna Emily.
― On est pas obligés d'utiliser les mêmes méthodes qu'eux...On est des Serdaigles non ? Soyons discrets...Regulus Black m'a bien énervé aujourd'hui, ça vous dirait de faire la pareille ? »
Emily et Evan s'observèrent, complices, ils savaient dialoguer de manière silencieuse, par un simple coup d'œil. Après quelques minutes de silence, ils se retournèrent vers Alycia.
« Les Vagabonds ? »
Alycia rit, elle ne sut pas pourquoi. Mais ils la suivirent dans ce rire communicatif. Au bout d'une minute ou deux, on n'entendait plus qu'eux dans la grande salle Azur. Elle leur serra la main, et tout en reprenant son souffle elle acquiesça.
« Les Vagabonds. »
Sur son doigts, la bague cessa de chauffer alors même que les paroles avaient été prononcées.
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