Chapitre 4 : Le fardeau de Franck

Il est là ! Enfin ! Et peut-être ( je vais tout faire pour )un autre pour le courant de la semaine...

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23 Aout, studio de Sophie, au matin.

Il n'était pas difficile de deviner à la vue des traits tirés de leurs visages gonflés, qu'aucun n'avait fermé l'œil cette nuit. Alycia ne disait pas un mot, mais on percevait à ses mouvements crispés qu'une part de colère, prenait le dessus sur toutes les questions sans réponses. Evan s'endormit finalement lorsqu'il reçu son œuf brouillé, toute la nuit, il avait craint qu'Emily découvre ses propres mensonges. Cette dernière possédait actuellement un cerveau en ébullition, que dans un autre monde, de la fumée serait sortie de ses petites oreilles. Elle tâtait sans cesse le miroir dans sa poche, impatiente de partager ses analyses avec un certain brun. Elle cherchait actuellement un prétexte à donner à ses amis, pour le rejoindre.

« Nous allons rester ici encore quelques jours, et puis Dumbledore a une solution pour nous, leur annonça Sophie pour briser le silence. Papy va devenir professeur de...

― De quoi ? Sursauta Evan en renversant sa tasse de café sur son œuf. Dis-moi que c'est Slughorn ! Dis-moi que Slughorn s'en va. Pitié. »

Eugène secoua doucement son crâne dégarni.

« Je prendrai le poste de défense contre les forces du mal, Mr Schmitt s'en va...

― Je peux vous embrasser ? demanda soudainement Evan en se levant. Vous êtes mon meilleur cadeau de Noël. »

Emily roula des yeux.

« Tu n'auras pas de meilleures notes pour autant, railla-t-elle en replongea dans son petit déjeuner.

― Et toi ? S'enquit Alycia en direction de Sophie. »

La blonde feignit l'ennui quand Evan enlaça étroitement son grand-père spirituel. Emily ricanait moqueusement dans son dos.

« J'ai trouvé un job à Près-au-Lard, dans un vieux bar poussiéreux. Au moins, j'aurai les oreilles un peu partout, les yeux alertes, et en cas de besoin, je ne serai jamais loin. »

Cela aurait dû apaiser Alycia, mais au contraire, elle trouvait injuste que Sophie se mette en danger, pour ne plus être loin d'elle. Combien de personnes risquaient actuellement leurs vies pour une ignoble bague bien trop grande pour son doigt ? Il y avait tellement de secrets, de peur, mais d'une certaine façon, la colère qu'elle ressentait face à son ignorance, laissait place à une culpabilité grandissante. Ce ne devrait pas être eux qui risquaient tout. Cela devrait être elle, et uniquement elle.

« Vous n'êtes pas obligés de faire cela, marmonna-t-elle. Je peux veiller sur moi-même. Et puis je ne suis pas seule, j'ai les jumeaux, et d'autres amis sur qui compter. Vous devriez retourner à une vie normale.

― Parce que tu crois que c'est possible ? S'étouffa Sophie en virant au rouge. Ils veulent notre peau autant que la tienne, pour la simple raison que nous sommes allés trop loin dans nos recherches...Je suis désolée Aly, mais tu ne peux pas nous demander cela. C'est arrangé, nous irons à Poudlard. Tu sais très bien que je suis têtue, alors n'essaye pas. Tu sais parfaitement que je ne renoncerai pas. »

Alycia eut presque la nausée en saisissant qu'elle avait raison sur toute la ligne. Sophie n'abandonnait jamais, c'était son pire défaut, et sa plus belle qualité. Il suffisait de se souvenir de toutes les fois où elle avait insisté sur ses rêves de danse, pour au final, fouler les plus beaux opéras mondiaux. Elle avait une détermination hors normes, que devenait d'autant plus forte, qu'on lui mettait des bâtons dans les roues.

« On sera plus forts ensemble Aly, poursuivit Eugène. Crois-moi, ce n'est pas une époque pour être séparés. »

Elle soupira. A ses côtés, Emily et Evan approuvaient silencieusement, bien que chacun ait ses doutes. Evan grinçait un peu des dents en comprenant qu'il ne se débarrasserait pas de Sophie aussi facilement que prévu, et qu'il allait devoir user de nombreux stratagèmes pour que sa sœur ne fouine pas un peu trop. Tandis qu'Emily s'imaginait déjà soudoyer les deux nouveaux pour obtenir plus d'informations sur Noah.

« Ok. Très bien. Alors...c'est quoi le plan ? Pour la suite je veux dire... »

Eugène croisa ses mains sur la table.

« Il nous reste huit-jours avant la rentrée. Nous irons chercher les fournitures demain, et puis le reste du temps, nous resterons ici. Avec toute cette agitation dehors, il vaut mieux rester discrets... »

**

Même jour, maison des Potter

La première pensée que James eut en se réveillant : c'était étrange d'être dans le même pièce que Lily Evans, sans que cette dernière ne lui lance des tomates, qu'elle ne lui hurle dessus comme une mandragore, ni qu'elle ne l'insulte à l'aide d'une centaine de noms d'oiseaux qui arrivait malencontreusement trop souvent aux oreilles de Sirius.

Elle devait initialement dormir dans la chambre d'ami qui lui faisait face, mais en pleine nuit, elle avait voulu discuter des actualités, et elle avait fini par réquisitionner son lit, pendant que Sirius ronflait sur le sofa, et que James se retrouvait donc avec le tapis.

Il se frotta les yeux, n'y croyant toujours pas vraiment. Lily n'était pas en colère contre lui, elle avait atterrie dans sa maison alors qu'elle aurait pu se refugier chez une bonne dizaine de personnes avant lui. C'était de l'ordre du miracle !

L'autre étrangeté de la soirée, fut que Sirius n'avait pas sorti de moqueries, alors que pour une fois, il avait matière à réflexion. Ses traits demeuraient graves, et d'une certaine façon, James détestait ça. Il percevait son malaise depuis qu'il avait dit à Lily qu'il serait bien présent à la rentrée, et Sirius ne supportait plus ses allures de girouette. Mais en même temps, pouvait-on le blâmer ? Depuis qu'il avait perdu Emmeline, il avançait dans le noir, sans savoir quoi faire, ni où aller. Lily était arrivée, comme la lumière du bout du tunnel. Il percevait un peu mieux les choses...

« Tu as vraiment dormi le cul sur le tapis ? L'interrompit la concernée. »

Il grimaça, en cherchant la meilleure allure à adopter. Elle venait d'ouvrir les yeux, ses cheveux indomptés couvraient encore la moitié de son visage, et la marque d'oreiller s'étalait le long de sa joue droite. Mais malgré cela, elle demeurait la plus jolie femme de la maison aux yeux du myope. Et probablement la plus belle femme de la rue, pensa-t-il tout bas.

« Galanterie oblige... »

Elle sourit.

Deuxième miracle depuis son apparition.

Etait-ce vraiment la même Lily Evans que celle qu'il côtoyait à Poudlard ? Ou peut-être son front avait-il heurté malencontreusement un panneau sur le chemin. Cela doit être l'explication la plus raisonnable.

« Hum hum..., alors pourquoi Black a-t-il le privilège du sofa ?

― Il est douillet. Ce sont ses gènes aristocratiques certainement. Il a l'esprit d'un gamin, mais le corps d'une vieille grand-mère. Tu sais le conte de la princesse et du petit poids ? Et bien considère que Sirius serait la belle princesse qui sentirait le petit poids malgré les trente mille couches de matelas qui les sépareraient...Donc je suis un ami parfait, je fais attention à sa colonne vertébrale, et à ses fesses tant aimées par les jeunes filles »

Elle roula des yeux, et il eut la preuve que la vraie Lily existait toujours un peu, dans quelques secondes, elle le traiterait d'arrogant sans nom, et il ébourifferait sa chevelure pour paraître plus appréciable.

Mais il n'en fut rien, au lieu de cela, elle eut un sourire triste, presque mélancolique.

« Ne saute pas sur l'occasion...mais...Je crois que ton caractère de fanfaron, indiscipliné, et collant m'a, un petit peu seulement, manqué...

― Vraiment ?

― Oublie ! s'écria Lily en réalisant son erreur.

― Jamais ! »

Elle soupira et se rallongea. Elle observait le plafond, et le silence se réinstalla entre eux, comme à l'ordinaire. James voulut se pincer. Venait-elle vraiment de regretter les innombrables disputes qu'ils avaient eues ? Quelque chose clochait.

« Cela a dû être de terribles vacances, s'exclama-t-il. »

Quand elle tourna la tête pour cacher ses larmes, James se maudit d'avoir si peu de tact ; et si peu de compréhension des relations humaines quand il s'agissait de la rouquine.

« Je...je suis désolé excuse-moi... »

Elle entrouvrit les lèvres, ses yeux balayant la pièce, cherchant ses mots. Elle allait presque se lancer quand la voix d'Euphémia raisonna dans le couloir. Les quelques coups sur la porte réveillèrent Sirius, qui bondit presque sur ses pieds, l'air hagard.

« Le petit déjeuner est servi ! annonçait-elle avec vigueur. »

Lily retrouva un peu de ses couleurs et s'élança au devant des garçons, son estomac criant famine. Elle descendit quatre à quatre les escaliers, et avança d'un pas décidé en direction du salon, où l'elfe de maison venait de disposer la corbeille à fruits, sur une table bien garnie. Derrière Sirius, peu matinal, se réveilla un peu mieux quand l'odeur du bacon vint à ses narines. James ne se fit pas attendre et s'assit immédiatement. Sa mère vint lui embrasser les cheveux, et elle s'attarda un peu plus sur Lily qu'elle prit dans ses bras.

La rouquine sursauta un peu face au contact. Euphémia était d'une générosité rare. Elle l'accueillait chez elle, sans méfiance, et veillait à ce qu'elle ne manque de rien. Elle n'avait posé aucune question, et n'avait fait que lui sourire avec bienveillance.

« Le courrier est arrivé ce matin, annonça-t-elle se tournant vers Sirius pour le prendre dans ses bras à son tour. »

Lily hocha simplement la tête et vint s'asseoir à côté de James. Il y avait une petite pile d'enveloppe au centre, et la rouquine comprit immédiatement de quoi il s'agissait.

« Elles arrivent tardivement cette année, marmonna Sirius en prenant la sienne.

― Dumbledore a comprit que tu étais ici, je ne sais vraiment pas comment il fait, s'étonna James en tendant celle de Lily. »

Elle l'ouvrit à la hâte. Il s'agissait du discours habituel ; la liste complètes des livres à acheter. Elle était plus courte cette année, et Lily se demanda si ce n'était pas à cause des fermetures successives des boutiques sur le chemin de traverse.

« Tu as un compte à Gringotts ? s'enquit Madame Potter en posant une main frêle sur son épaule. »

Elle hocha doucement la tête. Ses parents n'avaient pas beaucoup de moyens mais ils avaient toujours désiré mettre de côté pour les études de leurs filles, c'était une priorité pour eux. Elle doutait fortement que la somme du coffre soit à la hauteur du montant que possédaient les Potter, mais c'était déjà cela...

« Alors nous irons dans l'après-midi, cela vous convient-il les garçons ? demanda Euphémia. »

Sirius qui avait les joues d'un castor en raison de la multitude de chocolat ingurgité eut la force de sourire, tandis que James grommela une réponse inaudible que sa mère prit pour un acquiescement.

« Très-bien, je vais prévenir Fléamont... »

Elle partit non sans suggérer à Lily de prendre encore un peu plus de tartines.

« Il n'y a aucune lettre de Peter, annonça Sirius en plongea une main grasse dans le paquet. Ah ! Remus a écrit, et Franck aussi !

― Que disent-ils ? L'interrompit le myope, en beurrant un peu plus son pain. »

Sirius déchira la première enveloppe et la parcourut rapidement du regard.

« Rien de bien intéressant pour Remus..., expliqua-t-il après quelques minutes. Le pauvre travaille déjà les devoirs de vacances...

― Vous n'avez toujours pas commencé ?! Le coupa Lily en redressant violemment la tête. Mais il ne reste que huit jours ! Avez-vous une simple idée du nombre de parchemins que demandait McGonagall ? »

James bondit presque de sa chaise. La véritable Lily était donc bien présente. Les miracles s'estompaient, ce n'étaient que de pauvres mirages. Il n'existait qu'une personne au monde capable de les inciter à travailler autant...

« Huit jours...on est larges ! s'écria Sirius en roulant des yeux. Et puis je ne sais pas si tu es au courant, James n'avait même pas envie de retourner à Poudlard tout simplement... »

Cette fois, ce fut le tour de Lily de s'étouffer avec son café. Comment ? Etait-ce vraiment possible ? Elle essaya de s'imaginer une année sans James Potter à Poudlard, et elle trouva la tâche plus difficile que prévu. Le myope était un peu la vie de l'école. Qui poursuivrait Peeves ? Qui rivaliserait d'imagination et de créativité pour effrayer les plus jeunes ? La vie de Lily deviendrait soudainement beaucoup plus calme, si elle ne devait pas l'envoyer paître chaque jour...Peut-être trop calme justement...Cela en devenait étrange.

« Vraiment ? »

James baissa les yeux d'un air coupable.

« Oh ne dis rien Evans, tu serais la première à faire péter le champagne si c'était le cas... »

Lily rougit brusquement, mais elle ne pouvait ignorer l'indignation qui montait en elle.

« Potter...nous devons montrer l'exemple. Le nombre de premier années va considérablement baisser, c'est aux aînés de rester intègres, de montrer à la communauté de sorciers que Poudlard est un lieu protégé. Si nous aussi nous prenons peur, que va-t-il rester... »

Sirius approuvait vigoureusement.

« Je n'ai pas peur ! s'indigna James. Ce n'était pas ma motivation...Mais...Emmeline connaissait beaucoup de monde...Je n'avais juste pas assez de courage pour arpenter des couloirs vides de sa présence...Tout va me rappeler nos bons moments... »

Lily retint sa respiration, se sentant un peu bête de s'être trompée ainsi. Dans sa précipitation, elle en avait oublié les événements récents, et leurs impacts sur cette famille.

« Je suis désolée...Mais d'un autre côté, tu ne seras pas seul si tu retournes à l'école, et surmonter cette épreuve sera plus facile avec les maraudeurs à tes côtés...

― C'est ce que je me suis dit... »

Sirius siffla dans sa barbe, peu convaincu, et persuadé qu'une autre raison l'avait poussé à renoncer. Une raison incarnée par la belle rousse en face de lui.

Un silence maladroit s'installa entre les trois jeunes gens, et personne ne fit un geste pour le briser. Ce ne fut que lorsque une voix sortit de nulle part, que Sirius brisa ce dernier.

« Oups excusez-moi. »

Le miroir dans sa poche venait de l'appeler, et le garçon ne pouvait résister plus longtemps, il s'éclipsa discrètement à l'étage pour discuter avec Emily Jenkins. Lorsqu'il fut assez loin, et que Lily n'entendait plus que les grincements du parquet, elle se tourna vers James.

« Qui est-ce ?

― Jenkins, grommela James en avalant un œuf brouillé.

― Evan tu veux dire...

― Non non c'est Emily, assura-t-il face à surprise de la jeune femme. »

Lily écarquilla des yeux et James rit de son étonnement. Elle avait passé un mois à l'écart de toute personne du monde sorcier, et elle remarquait enfin toutes les informations qu'elle avait manquées. James semblait changé, Sirius parlait à Emily Jenkins, une fille qu'il n'avait jamais vraiment supportée...Elle avait le mauvais pressentiment que la rentrée ne serait pas comme les années précédentes, qu'elle amènerait son lot de bouleversements...Et elle ne saurait dire si c'était pour le meilleur ou pour le pire.

« Ils se parlent très souvent depuis la mort d'Emmeline...Probablement parce que je n'étais plus de bonne compagnie...Je l'ai un peu délaissé. C'est vrai que c'est surprenant, mais tu verras, on se fait à l'idée. Je suis certain qu'à ce rythme, ils finiront par sortir ensemble ! »

Lily eut un rire nerveux, toujours choquée par la nouvelle.

« Si si je t'assure.

― Tu ne peux pas en être sûr ! S'exclama-t-elle en riant. Cette probabilité est quasiment nulle !

― Ok...donc si on suit ton raisonnement tu accepteras ma proposition : une sortie à deux à Près-au-Lard si j'ai raison ! »

Et il n'eut pas tord sur ce point, la rouquine, persuadée que cet événement n'avait aucune chance d'arriver, accepta ce petit jeu. Et elle trouva que cela n'était qu'un moindre mal, car elle venait de réussir à le faire sourire, et au fond d'elle, une voix lui criait qu'il en avait bien besoin.

**

Emily aurait dû trouver une meilleure idée que de se faufiler aux toilettes en prétextant une gastro-entérite. Elle était désormais coincée entre la cuvette et la porte épaisse, c'est-à-dire, dans un espace extrêmement restreint, et toutes les cinq minutes, Evan venait s'enquérir de son « état ». C'était le désavantage de passer la dernière semaine coincée dans un studio de quelques mètres carrés à cinq. Elle n'aurait pas l'intimité nécessaire pour parler à Sirius convenablement.

Heureusement, de l'autre côté du miroir, Sirius ne paraissait pas se rendre compte de sa situation précaire. Elle venait d'apprendre que Lily était chez les Potter, et Sirius s'était lancé dans un long discours expliquant que James avait ainsi décidé de retourner sa veste, et de finalement revenir à Poudlard. Il lui faisait part de son mécontentement, et ne semblait pas perturbé par la voix d'Evan qui faisait irruption de temps à autre.

« Sirius...il fallait que je te parle de quelque chose..., expliqua-t-elle une fois qu'il eut finit. Je pense que les recherches vont pouvoir avancer plus vite que prévu. »

Elle se hâta dans ses explications, consciente que son frère s'impatientait. Il serait capable de défoncer la porte pour voir si elle n'était pas en train de faire un malaise. Elle récapitula la soirée de la veille, et les étranges paroles d'Eugène.

« Ils vont venir à Poudlard, Eugène va prendra le poste de Mr. Schmitt, et Sophie tiendra un bar à Près-au-Lard... »

Sirius fronçait les sourcils, soudainement conscient de ce qu'elle insinuait.

« Tu veux espionner un professeur ?

― Je ne l'aurai pas présenté comme cela...mais oui...ce serait un peu le principe.

― Tu veux espionner un professeur et fouiller dans ses affaires ?

― Une chose en incluant une autre...oui peut-être.

― Et après tu oses me dire que s'incruster dans la réserve de la bibliothèque était une folie ? »

Elle se mordit la lèvre, oui elle allait probablement un peu loin, mais elle n'avait plus trop le choix. Ils cachaient des choses à Alycia, et Emily sentait au plus profond d'elle-même, qu'elle devait connaître leurs raisons...

« Ce n'est pas la question Sirius...Tu es partant oui ou non ? »

Il rit.

« Il faut bien que quelqu'un te surveille, te voilà partie pour faire des conneries.

― N'inverse pas les rôles s'il te plaît, on sait très bien qui de nous deux est le plus raisonnable, plaisanta-t-elle. »

Il lui fit un petit clin d'œil, et elle retrouva ce sentiment d'apaisement qui lui manquait depuis hier. Parler à Sirius de toute cette affaire, lui faisait du bien. Evan ne comprendrait pas, il dirait tout à Alycia, il s'affolerait de la moindre découverte en disant qu'elle allait trop loin. Il avait toujours fait attention à ne pas qu'elle se blesse, qu'elle reste calme, loin de tout soucis. Mais ce n'était pas qui elle était. Avec Sirius, elle pouvait enfin faire ce qu'elle aimait. C'était étrange, la façon dont il l'appuyait dans ses recherches. Ils étaient devenus des partenaires, des coéquipiers, plus que des amis, et ce n'était pas pour lui déplaire. Depuis sa tendre enfance, elle dévorait les bouquins policiers, et elle nourrissait le rêve de devenir un jour reporter...Sirius avait réveillé ses désirs d'enfants, en lui montrant qu'elle était douée pour quelque chose.

« Cette bague, si c'est pour cela que tout le monde se bat, pourquoi Katleen Parker la laisserait-elle à sa fille, la mettant ainsi délibérément en danger ? C'est complètement idiot..., pensa le jeune homme.

― Je dois bien t'avouer que tout le monde se pose un peu la même question...Cette nuit je me suis demandée si Katleen était véritablement du même côté que nous...Après-tout, nous ne la connaissons pas vraiment.

― Sachant qu'elle est à Azkaban, nous n'aurons jamais le plaisir d'une petite interview. »

Emily rit d'abord à sa remarque avant de se ressaisir, l'esprit plein d'imagination.

« Et si c'était possible ?

― De faire quoi ? S'affola Sirius. De mettre les pieds là-bas ? Jamais de ma vie, je ne te laisserai y aller !

―Mais...

― Je veux bien t'emmener où tu veux Emily, mais laisse tomber cette idée. D'abord les autorisations d'entrée sont extrêmement restreintes, il faudrait se faire pistonner, et j'ai perdu ma liste de contact en fuguant de chez moi, et deuxièmement, je n'ai pas envie que tu vois ça. »

Il avait peur, Emily pouvait le lire à son ton pressant, et à ses yeux gris devenus orageux. C'était une expression qu'elle n'avait jamais vu sur le visage du jeune homme, lui qui ne craignait même pas Rusard.

« Nous pouvons rencontrer d'autres personnes, tu sais que je suis autant impliqué que toi dans cette enquête, je te le jure, mais s'il te plaît, je n'ai pas envie que tu mettes les pieds là-bas. Ce serait comme regarder la folie dans les yeux. »

Il insistait, et Emily ne trouva pas la force de lui refuser cette demande.

« Ok...

― Nous trouverons d'autres témoins.

― Oui.

― Et nous espionnerons un maximum de personnes si cela te convient, plaisanta-t-il moqueusement. Nancy Drew est-elle contente de son cadeau ? »

Elle retrouva un mince sourire.

« Parfaitement...Allé...je vais devoir te laisser, Evan s'apprête à défoncer la porte pour vérifier que mon pouls bat toujours. On se revoit dans une semaine.

― A dans une semaine ! »

Quand son visage s'estompa, Emily respira de nouveau. Elle tâta la poche arrière de son jean et en sortir la photo qu'elle avait « emprunté » au livre sur Noah Rosenvald. Elle la regarda longuement, dévisagea encore et toujours le visage de l'homme de la photo. Elle avait le sentiment qu'il était l'élément manquant.

**

Remus n'aimait pas trop l'attente. De l'extérieur, chacun le percevait comme quelqu'un de très calme, mais à l'intérieur, il fulminait. La lettre était arrivée en retard, il y avait donc eu la torture de la semaine passée, à planifier, comment affronter sa mère, comment tenter de nouveau sa chance...Mais désormais, elle était là. Posée sur la table. Il la fixait des yeux. Sa mère, dans quelques minutes, descendrait de sa chambre, en peignoir, pour prendre son petit déjeuner, et elle la verrait elle-aussi. C'était l'étincelle. Et Remus, malgré toutes ses préparations n'avait aucune stratégie en tête. Cela allait être l'explosion. C'était comme avant un mauvais coup des maraudeurs, où il n'avait pas eu la chance de manigancer toutes les astuces qui leur sauveraient la mise...Cela menait généralement à un fiasco total.

Il frissonna quand il perçut ses petits pas se rapprocher.

Meilleure tactique ? Laisser couler la nouvelle...

Et puis...

Aviser.

Calmement.

Il prit une inspiration, et il ferma les yeux pour entrevoir le visage doux d'Alycia dans son esprit. C'était pour elle. Pour les maraudeurs. Il fallait qu'il réussisse.

« Remus ? »

Silence.

« Remus ! »

Silence.

« Oh par Merlin ! »

Silence.

« Quel culot ce Dumbledore ! J'avais pourtant envoyé une lettre pour le prévenir que tu arrêtais les études... »

Silence.

« Tu l'as ouverte... »

Une respiration. Deux respirations. Ne pas regarder dans les yeux.

« J'y retourne maman. »

Silence.

Ils se contemplèrent. Remus retint son souffle malgré lui. Ce fut comme si le temps s'était estompée. Comme avant une bataille. La minute du soldat. Avant que tout ne prenne feu. Que la colère envahisse la pièce. Et qu'il n'y ait plus d'échappatoire. Il avait cet espoir, qu'elle se remette à sourire, comme avant la guerre, qu'elle le prenne dans ses bras et lui dise que tout cela n'avait pas d'importance. Mais c'était impossible. Il y avait la guerre dehors, et Mrs Lupin avait peur. Et par merlin...la peur transforme mieux qu'un sort.

« Remus..., murmura-t-elle d'une voix rauque.

― J'y retourne maman, insista-t-il. »

Elle lui semblait alors si jeune, comme une vulnérable adolescente de 17 ans...comme lui. Et au fond de lui, il s'en voulait. Il se demandait même s'il était capable de la laisser seule, ainsi, après ces jours d'affrontements. Remus était un jeune homme altruiste, et encore plus lorsqu'il s'agissait de sa mère, et de sa seule famille.

« Tu ne peux pas me faire ça. »

C'était la bonne tournure de phrase. Elle le savait. Une part de lui hésitait à rester pour prendre soin d'elle, pour qu'ils se serrent les coudes face au danger extérieur. Et cette fraction était en conflit avec l'adolescent aux rêves d'amour, de liberté et d'amitié, qui ne voulait pas grandir.

« Ils vont venir te chercher à Poudlard...Les autres...Ils veulent des loups garous...

― Dumbledore leur fait trop peur maman, lui assura-t-il d'une voix douce.

― Dumbledore est un idiot ! Il n'entend pas tout ce que j'entends au Ministère ! Il ne sait rien ! Ils ne me prendront pas mon fils. Ils ne t'auront pas ! Tu restes ici ! Et ils me passeront sur le corps avant...avant... »

Elle pleurait. Alors Remus également. Il ne pouvait pas la regarder dans les yeux, et lire toute la souffrance qu'elle éprouvait. Il était la définition même du dilemme : perdu entre deux choix qui le heurtaient tout autant.

« Maman...Je sais me protéger. Je suis doué, tu me l'as dit. Tu te rappelles hein ? Et j'ai mes amis à Poudlard. Beaucoup d'amis, maman...Ils ne laisseront rien m'arriver. Et puis je t'écrirai plus souvent n'est-ce pas ?

― Non tu n'iras pas là-bas Remus..., affirma-t-elle d'une voix ferme. »

Elle semblait si certaine, qu'il prit peur. Prendre ses affaires, et partir. Il s'était imaginé le faire. Il ne contrôlait plus ses jambes lorsqu'il monta quatre à quatre l'escalier, les cris de sa mère lui hurlant de redescendre. Il prit un sac, fourra le nécessaire à l'intérieur : des papiers, de l'argent, son uniforme...Elle se plaqua contre la porte d'entrée pour l'empêcher de sortir, et le visage ruisselant de larmes, il n'avait plus que les gestes pour essayer de l'y dégager.

« C'est mon adolescence que tu bousilles ! Argumentait-il.

― Ils vont venir te chercher..., répétait-elle encore et encore.

― Ils viendront me chercher si je reste, pas si je pars.

― C'est la guerre Remus !

― Je sais ! Emmeline en est morte ! Tu crois que je l'avais oublié ? Mais ce n'est pas en me cachant que les choses vont aller mieux ! Je dois être là pour James ! Laisse-moi y aller putain ! »

Elle écarquilla les yeux. Il ne jurait jamais. Ses parents, lorsqu'il était enfant, s'amusaient à dire qu'il était le petit le plus poli de l'univers, mesurant toujours ses mots avec soin. Le fait était, qu'un simple et vulgaire mot, prenait alors plus de sens...

« Si tu pars Remus...Si tu me laisses...alors tu ne vaux pas mieux que lui. »

Elle lui laissa le champ libre. Il posa la main sur le verrou. S'il le souhaitait, il n'avait qu'à le tourner, et le monde serait à lui...

Mais elle l'avait mentionné.

Et cela changeait tout.

Absolument tout.

Il aurait dû le voir venir. Il aurait dû comprendre que cela avait toujours été à propos de lui...cette peur irrationnelle.

« J'ai toujours cru que tu valais bien mieux que ton père, mais si toi aussi tu me laisses, sans un mot, rien, alors vous êtes si semblables... »

Son père était parti, un soir, sans aucune explication, et plus jamais, ils n'avaient eu la chance de revoir son visage, ni même dans une lettre ou bien dans le journal. C'était comme s'il n'avait jamais exister. Qu'il n'avait été qu'un simple mirage sur leur route.

Alors d'une certaine manière, Remus ne trouva plus le courage de tourner le verrou.

**

Londres, au soir

Augusta marchait à vive-allure, ses talons claquant avec vigueur le parquet ciré. Franck, qui suivait tant bien que mal la démarche militaire de sa mère, arborait un visage amincit et fatigué. Si Augusta Londubat était une figure d'autorité effrayante, il ne valait mieux pas l'imaginer sous tension.

« Allons Franck, un peu de nerf. »

Disait-elle, en le devançant toujours un peu plus. Les couloirs du Ministère ne lui avaient jamais semblé aussi longs, et interminables. Franck était certain d'avoir quelques ampoules, et deux crampes. Sa mère l'avait presque tiré du lit. En tant de guerre et d'incertitudes, elle ne le laisserait pas seul deux minutes dans leur vaste maison. Alors peu importait les deux heures du matin, Franck était hors du lit, et à peine réveillé.

« Je ne fais que ça, marmonnait-il. »

Cela tombait dans les oreilles d'un sourd, bien évidemment.

Enfin, elle s'arrêta, et Franck crut renaître. Une fois qu'il eut repris sa respiration, non sans mal, il observa un peu plus leur nouvel environnement. Ils étaient dans une vieille salle d'aurors. Il n'y avait qu'eux, Fléamont Potter et Fol-Œil. Il soupira quand il vit qu'il n'était pas en présence d'inconnus. Sa mère avait un don pour le faire passer pour un abruti lors des habituelles présentations officielles.

« Augusta, pile à l'heure, comme toujours. »

Franck leva les yeux au ciel. Sa mère n'était même pas en retard d'une seconde lorsqu'elle chronométrait sa douche.

« Et j'aimerais le rester. J'ai une soirée chargée, alors vous avez quinze minutes pour me dire quelle est la raison de cette entrevue. »

Aucun des deux hommes ne paraissait choqué par son ton froid, presque glacial. Depuis la mort de William, le caractère déjà bien trempé de la quadragénaire, ne s'était pas adouci. Frank avait coutume de la décrire comme une femme d'acier, qui n'avait jamais essayé de masquer la dureté de ses traits. Tout dans son apparence dévoilait sa dangerosité. Certaine fois, il peinait à imaginer qu'elle avait été amie avec une personne aussi douce que William Vance.

« Il nous faudra bien plus que cela..., maugréa Fol Œil. Tu voudras entendre la fin de l'histoire... »

Franck frémit. Il avait une voix profonde, effrayante, sortie d'outre tombe. Il essayait de ne pas loucher trop longtemps sur les cicatrices qui quadrillaient son visage, même après toutes ses années, il se sentait encore comme un enfant effrayé face au mastodonte et légende des aurors.

« Accouche Maugrey, lui dit-elle sans détours. »

Ce n'est qu'alors, que Franck remarqua les traits tirés de Fléamont. En détournant les yeux de Maugrey, ses yeux avaient trouvé ceux du père de James. Depuis leur dernière rencontre, il avait pris dix ans, et les cernes formaient des poches violâtres sous ses pupilles. Il n'y avait plus d'étincelle ; son regard était vide. Mais alors, comment allait James ?

« On ne t'a pas tout dit Augusta, avoua Fléamont. Avec la tension de la campagne, on ne voulait pas te surcharger avec « ce problème »... »

Augusta se tendit, ses poings se serrèrent dans ses gants de cuir. Franck connaissait sa mère mieux que quiconque, et il avait appris une chose dans son enfance : il ne fallait surtout pas lui mentir. On lui racontait souvent qu'il était un garçon trop honnête, incapable de ficeler un mensonge ; mais c'était parce son éducation l'avait façonné ainsi. Sa fureur était contenue, il suffirait d'un signe pour qu'elle s'échappe de sa prison.

« C'est-à-dire..., sifflait-elle la mâchoire serrée.

― Les Vance..., commença Potter.

― PARCE QUE CELA CONCERNE WILLIAM EN PLUS ? Rugit elle en sortant de ses gonds. »

Fléamont ferma les yeux, il s'y attendait.

« Laisse-moi finir Augusta !

― Tu n'as pas le droit de me cacher des informations concernant la mort d'un de mes proches ! hurla-t-elle en se rapprochant dangereusement de l'homme. »

Maugrey se mit entre les deux pour éviter un massacre, mais Franck fit un pas en arrière, pour ne pas entrer dans une histoire qui le dépassait en tous points.

« Je suis un de tes proches aussi Augusta ! Contrecarra Fléamont. Calme-toi par Merlin ! Je m'en excuse, je savais que je risquais de t'énerver en te dissimulant une information, mais au vu de ta position actuelle, c'était une précaution, plus qu'une réelle envie de te mettre sur le banc de touche. Il ne fallait pas risquer que quelqu'un s'en prenne à toi pour cela. Tu es notre dernière chance Augusta. Si on perd le poste de Ministre une nouvelle fois, tu sais pertinemment ce qu'il risque d'arriver... »

Elle se détendit un peu, mais ses yeux fusillaient toujours le myope.

« Dépêche-toi de te rattraper alors... »

Il baissa un instant les yeux et sortit de sa poche une boîte usée de cigarette. Il lui en proposa une, qu'elle accepta après quelques secondes d'hésitation.

« Nous n'avons pas retrouvé tous les corps...Il en manque quatre.

― QUATRE ? »

Franck vit sa mère trembler pour la première fois de sa vie, si bien qu'il dut cligner des yeux pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. Lui-même sentit un goût de fer dans sa bouche, et une nausée le prendre. Alors il y avait des survivants ? C'était difficile à croire, et pourtant, il ne se souvenait pas avoir vu Alastor Maugrey aussi sérieux, ni Fléamont sur le point de fondre en larmes.

« Il manque quatre corps, poursuivit Fléamont d'une voix rauque. Et nous avons retrouvé...

― Qui ? Vous m'aviez dit que tous les corps étaient à la morgue depuis trois semaines ! S'empressa de répliquer Augusta.

― ...trois des six enfants..., ajouta Alastor en s'impatientant. Ils sont dans une unité spéciale à St-Mangouste, les deux plus jeunes avaient trouvé refuge dans une vieille grange à quelques kilomètres de leur manoir. Comment sont-ils arrivés là ? Aucune idée. Mais ils vont bien...physiquement du moins. Et l'aîné est resté une semaine de plus dans la cambrousse, on l'a retrouvé dans un poste de police moldu, il avait volé une voiture. »

Augusta prit dix minutes à digérer l'information, et Franck dansait maladroitement sur ses pieds en se demandant s'il devait intervenir ou non. Il voulait cruellement savoir qui étaient les survivants. Y avait-il une chose que ce soit la douce Emmeline ?

« Et Willy..., essaya-t-elle avec espoir avant d'être dissuadée par les larmes de Fléamont. »

Elle soupira, et son fils hésita à se rapprocher un peu, pour la serrer dans ses bras, mais elle demeurait fière, et son dos droit laissait penser qu'elle ne souhaitait pas s'effondrer ainsi.

« Qui ? Les pressa-t-elle de répondre.

― Annabelle et Claire qui étaient en première et troisième années à Poudlard. Et Charles l'aîné, qui était déjà marié. »

Un silence pesant accueillit sa réponse.

Mais au bout de deux minutes, une incohérence traversa l'esprit de Franck et sa curiosité était trop forte pour être contenue.

« Mais le quatrième corps... ?

― C'est justement là tout notre problème, expliqua Maugrey en fixant gravement le jeune homme. Tu poses les bonnes questions Franck. Tu ferais un bon espion...Tout nous porte à croire qu'il s'agirait de celle qui avait ton âge.

― Emmeline.

― Emmeline, exactement, acquiesça Fléamont. Elle n'est ni à la morgue...ni parmi les survivants. Il reste donc une hypothèse...celle de l'enlèvement. Et si c'est le cas, alors nous avons de sérieux problèmes... Car nous ne savons pas ce qu'avait décidé de révéler William à ses enfants. Il ne faudrait pas qu'elle parle. De plus, la raison pour laquelle ils enlèveraient un Vance demeure un mystère complet. »

Augusta pâlissait à vue d'œil. Mais ce n'était rien comparé aux traits de Franck, qui perdait contenance petit à petit que l'heure avançait.

« James est-il au courant Potter ? Crut bon de demander Augusta.

― Non.

― Tu ne pourras pas le contenir une fois qu'il le saura.

― C'est pour cela qu'il ne le saura pas avant qu'elle soit retrouvée. »

Son regard dur était bien entendu sur la forme maigre de Franck qui déglutissait bruyamment. Il comprenait l'implication. Tout ce qu'il avait entendu resterait secret. Ils pouvaient tous s'imaginer qu'il s'agissait d'une affaire facile, mais Franck partageait le dortoir des maraudeurs ! Il était ami avec James ! Ils étaient dans la même classe...Et s'il y avait bien une chose pour laquelle Franck était un raté complet, c'est lorsqu'il devait mentir. Comment irait-il le cacher rien qu'à Alice ? Elle pouvait lire ses traits avec autant d'aisance que pour les lignes d'un livre. Si seulement il était resté tranquillement chez lui...

« La presse n'en saura rien. Nous allons convoquer la Gazette, et nous annoncerons la survie des trois enfants, mais cela s'arrêtera là. Emmeline sera morte aux yeux des sorciers. Cela nous laissera le champ libre pour les investigations, ainsi les mangemorts ne verront pas notre longueur d'avance...

― Et concernant les enfants ? S'enquit Augusta.

―Le mieux serait de leur faire penser la même chose. Il ne faudrait pas que Charles fouine trop, et que les mangemorts le prennent en grippe. Il était journaliste...les enquêtes étaient son quotidien. »

Ce fut à peine si Franck suivit le reste de la discussion. Son estomac tournait. Son crâne était douloureux. Un tel secret, c'était bien trop gros pour lui...

Il allait détester sa dernière année à Poudlard, il pouvait presque le parier...

Comment vais-je faire ?

**

Ses doigts saisirent la craie qui venait de se briser à nouveau entre ses pieds. D'une main tremblante, et fragile, elle dessina un nouveau bâton sur les pierres humides de son cachot. Si son compte était bon, elle était à moins d'une semaine de la rentrée. Il y avait pas mal d'incertitudes. Compter les jours d'après les allées et venues de Juan Vialesca n'était pas une tâche aisée.

Il s'infiltrait dans sa cellule, trois fois par jour. Le matin, pour lui apporter un pain moisi, une cruche, et pour l'observer dans les yeux durant quelques minutes, de quoi la mettre plus mal à l'aise qu'elle l'était déjà...Une fois en milieu de journée, où il se contentait d'une observation furtive à travers les barreaux, comme si elle était un animal de cirque. Et en fin de soirée, pour reprendre la cruche et l'assiette de terre cuite.

Lorsqu'elle avait croisé son regard pour la deuxième fois, elle s'était dit qu'il allait la torturer ; elle le lui avait même demandé, en supposant que son insolence abrégerait ses souffrances...Mais il avait simplement dit qu'il n'en avait pas encore l'autorisation. Elle doutait que cela soit vrai. Juan Vialesca paraissait juste être le genre à attendre son moment. Il observait d'abord, comme un loup, puis quand elle montrerait un signe de faiblesse psychologique, il lui sauterait à la gorge. Le souci était, qu'elle avait déjà montré des signes, alors son attente n'en devenait que trop mystérieuse.

Cela devait déjà le soir, car elle fut interrompue par le cliquetis de la serrure. Elle bondit sur ses pieds, et se recroquevilla sur le lit, en position instinctive de défense.

Il entrait toujours doucement, laissant le son de ses pas l'effrayer davantage. Il était toujours couvert de noir. Ce soir, il était vêtu d'un haut à col roulé, ce qui accentuait la géométrie rude de ses traits. Tout chez lui était carré, mesuré, minutieux...Chaque geste était accompagné était minutieux, comme une chorégraphie. Lorsque Célia battait des cils et bougeait les hanches, il arborait une démarche militaire, lente, et rythmée. Il n'y avait pas de sourire, son visage entier était constitué de marbre, impassible. Tout se lisait à ses yeux, s'il était possible d'y percevoir quelque chose...

« Aujourd'hui est un grand jour. »

Sa voix était chaude, mais ses mots tranchaient comme une lame de rasoir.

« Nous allons faire connaissance. »

Il avait ce don, pour transformer des mots chaleureux en une sentence, en une menace...

« Viens avec moi. »

Il s'était levé. Il lui tendait la main. Plutôt aller au diable...Elle secoua la tête, son corps tremblait violemment. Elle ne tiendrait pas debout. Les larmes obscurcissaient déjà sa vision, mais elle parvint à lire sa fausse déception. Elle recula plus loin sur la couchette, avant que son dos ne heurte le mur. Deux silhouettes, noires, massives, venaient se placer derrière Juan. Il leur fit un signe. Ils s'avancèrent, et elle sentit leurs mains agripper ses bras fins. Ils la traînèrent sans ménagement hors de la pièce, en suivant l'ombre vacillante de Juan. Elle hurla.

« LAISSEZ-MOI ! LAISSEZ-MOI ! JE NE SAIS RIEN ! JE NE SAIS RIEN ! PITIE ! »

A chacune de ses supplications, ils la poussaient sans ménagement. Ses pieds ne voulaient plus supporter son poids. Emmeline devint une poupée, un chiffon.

« S'il vous plaît...S'il vous plaît...S'il vous plaît... »

Ses sanglots n'attiseraient la compassion d'aucun cœur. Seuls les murs garderaient en mémoire ses cris incessants. 

**

Comme d'habitude n'hésitez pas à me faire part de vos remarques ! Bisous, et bonnes vacances ! 

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