Chapitre 27 : Un destin commun : l'éternité
Par je-ne-sais-quel-miracle j'ai réussis à écrire un chapitre complet en l'espace de deux samedi soirs ( ma pause habituelle ). J'étais vraiment inspirée, mais j'ai un peu peur que ce chapitre soit un peu déstabilisant. La fin surtout. Enfin bref...vous allez voir ça de vous-même.
« Tu ne parles pas beaucoup, se plaignit le myope. »
Et il n'y avait rien de plus vrai. Sirius Black, le bavard indomptable n'avait plus dit une seule parole depuis la fameuse journée de l'attaque. Et James n'en était pas à ses premiers grognements. Il se doutait bien de la raison pour laquelle son ami était aussi stoïque, mais la mentionner serait peut-être le coup de trop.
Sirius n'expliquait jamais ses états d'âme. Peut-être était-ce dû à son éducation. Ou peut-être était-ce simplement inné. Dans tous les cas, James ne l'avait vu que très peu de fois aussi fermé. Trop peu de fois pour qu'il sache quel comportement adopter dans ce genre de situation. Devait-il le forcer à parler ? Ou attendre qu'il se décide à révéler l'ombre qui planait au dessus de lui depuis plusieurs jours ?
Il souffla et s'engouffra dans la salle de bain qui était accessible par une vieille porte recouverte de photos des maraudeurs. C'était une manie chez lui, coller tout ce qui lui tombait sous la main pour habiller ses murs. Ainsi, la chambre paraissait rouge, alors que les murs étaient d'une couleur crème, et pour cause, la présence des énormes banderoles de Quiddich, ainsi que de tous les symboles possibles et imaginables de Gryffondor.
Mais au moment où il allait clore la porte derrière lui, la voix endormie de Sirius le tira de ses songes.
« Jenkins a eu du courage. »
James ouvrit la porte à la volée.
« Ne me dis pas que c'est ça la chose qui te tracasse ?!
— Je dis juste qu'on les a mal jugé. Surtout elle, poursuivit Sirius sans se préoccuper des yeux ronds que lui faisait le myope. »
James secoua la tête. Sirius perdait clairement l'esprit.
« Et c'est pour ça que tu ne me dis rien depuis trois jours ?! s'insurgea James, le visage anormalement rouge pivoine. Parce qu'Emily Jenkins te tape soudainement dans l'oeil ?!
— Elle ne me tape pas dans l'oeil ! s'écria Sirius qui sursauta comme si un jet d'eau froide venait de l'atteindre en plein visage. Ne t'avise pas d'imaginer une seule seconde que je puisse un jour penser à elle comme ça ! On parle d'Emily Jenkins bon sang ! Le fait que je la trouve...courageuse... Cela n'a rien à voir ! »
James plissait tellement les yeux, qu'ils ressemblaient à deux fentes. Le plus surprenant était certainement que Sirius n'avait jamais senti le besoin de se justifier quand il louchait un peu trop sur une jolie fille dans les couloirs. Or, il n'avait nul besoin d'une loupe pour discerner la perle de sueur qui coulait doucement le long de sa tempe palpitante. James ouvrit la bouche pour répliquer, puis se ravisa en imaginant la tête que feraient Peter et Remus en apprenant la nouvelle : Sirius Black en pincerait pour Jenkins sans même sans rendre compte. James sourit intérieurement : un nouvel horizon d'opportunités se dessinait devant ses yeux ébahis. Un nombre incalculable de blagues s'inventait dans un coin de sa tête.
« Ce n'est pas la raison de mon mutisme, dit-il avec une voix plus douce. Tu sais très bien ce qui ne va pas. Sinon tu aurais déjà posé la question. Regulus a sombré. Tout ça à cause d'eux ! De ces ignobles sang-purs soit disant nobles qui souillent cette terre. Si seulement il avait bien voulu partir avec moi...
— Arrête ! Le coupa James en lui jetant un sac à dos qui traînait dans un coin. Te morfondre ne le ramènera pas. Ce n'est pas de ta faute Patmol...Il a fait son choix, et crois-moi je pense qu'il était déjà fait depuis longtemps...Partir était ce que tu devais faire. Au vu de ce qu'ils te faisaient subir, si tu n'avais pas fugué, maman serait venu te kidnapper, et ne me dis pas non, tu sais que j'ai raison. Ce n'était pas un choix, c'était une obligation. Prépare tes affaires, on file chez Emmeline. Elle est aussi invitée chez les Vialesca. »
Il avait dit ça d'une traite, sans respirer. Et cela fit son effet. Sirius retrouva l'ombre d'un sourire. Il se leva, s'étira et commença à disposer quelques affaires dans le sac pendant que James cherchait quelque chose sous le lit.
« Emmeline, murmura le ténèbreux. Je me doutais bien que tu n'allais pas tenir longtemps sans aller la voir. Elle t'a pardonné pour Amos ?
— Non.
— Tu vas devoir aller t'excuser alors.
— Il semblerait oui, soupira James en tirant une boîte qui prenait la poussière sous son lit. Je ne vais quand même pas la laisser m'ignorer aussi longtemps ! C'est Emmeline ! Qu'est-ce que je ferais sans elle. »
Sirius fit une mou d'enfant déçu. Et son ami ne prit même pas la peine de se tourner vers lui pour ajouter.
« Serais-tu encore jaloux ?
— Moi ?
— Non le pape. »
Il se releva et lui tendit la boîte sur laquelle était gravé un étrange symbole.
« Je ne suis pas jaloux d'Emmeline.
— Tu es mon meilleur ami depuis moins longtemps qu'elle, ça va faire six ans que tu me fais le coup. En plus, je suis certain que si tu ne la détestais pas, tu sortirais avec elle. Elle est hyper canon. Non ? En plus, elle, elle t'aime bien.
— Elle aime tout le monde. C'est un extraterrestre cette fille. »
James sourit. Tandis que Sirius ne pouvait s'empêcher de rouler les yeux face à la journée qui s'annonçait. Supporter Emmeline Vance était au dessus de ses forces, et la seule chose qui lui donnait envie, était de s'enfoncer dans le matelas de son lit, jusqu'à disparaître. Oublier Regulus. Et ne plus voir Emmeline. Un paradis...qui n'était pas au programme du jour !
**
Alycia faisait tout son possible pour éviter de sortir de la chambre des jumeaux. Normalement, Connor lui avait fournis une petite salle, avec un matelas qui puait les égouts, juste à côté des toilettes, mais la jeune fille ne restait jamais plus de cinq minutes dans cette dernière. Premièrement, l'odeur était insupportable. Deuxièmement, il n'était pas rare que Connor, bourré, entre sans crier gare en pensant atterrir aux toilettes.
Elle était là depuis trois jours. Et depuis le retour des jumeaux ; un silence inconfortable s'était immiscé entre eux. Ils ne s'attendaient pas à sa venue, malgré le fait qu'ils lui aient proposé de les rejoindre, et elle comprenait désormais pourquoi. Ils avaient honte, de l'état de la maison, de Connor et des mensonges accumulés. Et ils fuyaient le moindre dialogue.
Elle s'était imaginé leur raconter ses mésaventures chez les Lestrange, et leur demander quelques conseils. Mais, au vu de la situation, les jumeaux avaient certainement bien plus de problèmes qu'elle. Et elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une immense culpabilité rien qu'en y pensant. Le nombre de fois où elle avait craqué sans jamais se questionner sur la vie des autres. Y-avait-il plus égoïste qu'elle ? Alycia avait refusé de voir que Regulus souffrait, et désormais, il était perdu là où elle ne pouvait le suivre. Elle avait fermé les yeux sur ce qui ne la concernait pas. Et son esprit ne cessait de manigancer des plans extravagants pour rattraper ne serait-ce qu'une infime partie de ces erreurs.
Les silences n'aidaient pas. Ils parlaient bien mieux que les mots. Ainsi, quand ils se retrouvèrent tous les trois à manger les hamburger trop cuits de Connor, autour d'une table ronde bancale, avec pour seuls bruits, les mastications baveuses du vendeur de drogue ; Alycia se jura qu'elle ne laisserait plus jamais les jumeaux se débrouiller seuls. Leurs problèmes devenaient ses problèmes.
« Comment vous avez fait ? s'enquit Connor en s'adressant aux jumeaux. »
Evan croisa le regard d'Alycia et rougit violemment, le bout de ses oreilles avait la même teinte que le ketchup de son assiette. Emily quant à elle, fit mine de n'avoir rien entendu. Alycia qui ne comprenait rien, écarquillait les yeux et observait tantôt Evan, tantôt sa sœur, tantôt l'étrange tatoué.
Connor venait de mettre sur le tapis, le sujet tabou.
« Hein ?! Grogna-t-il en jetant littéralement ses couvert dans la sauce tartare. Le Scorpion ? J'vous préviens, si jamais il me soupçonne de quoique ce soit, vous êtes cuits comme des petits fours ! »
Evan se tourna brusquement vers sa sœur. Ils avaient tout prévu, sauf la réaction de Connor. Il n'avait rien dit pendant plusieurs jours, et maintenant il s'inquiétait. Il avait certainement dépensé les cinquante livres, et il allait en demander plus. Il était attiré par l'odeur de l'argent comme un chat devant ses friandises, toujours mené par son nez !
« Il ne devinera jamais que c'est nous, promit Emily d'une voix basse qu'elle voulait assurée.
— Oui, aucun moyen, murmura dans sa barbe Evan. Et puis, tu vas pas râler, tu les as eu tes cinquante balles... »
Connor les fixait comme des mouches parasites. Et Alycia profita du silence pour intervenir timidement. Elle se redressa, après avoir repoussé d'un geste gracieux ses couverts.
« Excusez-moi monsieur Jenkins, mais je ne comprends pas très bien. »
La jambe d'Evan tremblait si fortement, que son genoux heurta la table dans un grand fracas. Le verre d'Emily se renversa mais personne n'y prêta attention mis à part Alycia qui était de plus en plus perdue.
« Dites, c'est votre amie où une étrangère ? Elle semble pas vraiment savoir qui j'suis !
— Heu... »
Emily se leva doucement, et tira son frère par le bras.
« Je n'ai plus vraiment très faim. »
Connor blêmit et se redressa de toute sa hauteur pour que ses yeux s'ancrent dans ceux de sa nièce. Il y avait une lueur dans son regard qui était inconnue aux jumeaux. Si bien que pour la première fois depuis les premiers jours qu'ils avaient passé en sa compagnie, Emily se trouva déstabilisée et ne sut prononcer une parole face au regard de fer que lui adressait son oncle.
« Mon frère aussi avait honte de moi...Tel père, tels gamins. »
Il avait le nez rouge, et ses yeux étaient vitreux. Peut-être avait-il encore bu. Mais pour une fois, Emily lisait de la sincérité dans ses prunelles. Elle balbutia quelque chose d'incompréhensible.
« Elle peut rester, poursuivit-il. Mais si vous voulez pas finir comme votre père...Il vaudrait mieux lui expliquer... »
Et il les laissa planter là. Il partit s'enfoncer dans son fidèle fauteuil qui perdait ses couleurs, pour regarder un énième match de foot. Comme si rien ne venait de se passer, il saisit une chope de bière qui traînait sur la table basse et recommença à boire, et pour la première fois Emily se surprit à se demander ce qui l'avait poussé à commencer à boire. Elle se tourna vers son frère et son amie. Evan était décontenancé. Il détaillait Connor comme s'il voyait un fantôme. Et Alycia ne savait plus où poser le regard, un peu mal à l'aise.
« Vous venez ? Fit-elle. Je crois qu'on doit préciser certaines choses, termina-t-elle en posant ses yeux sur son amie. »
**
« Je n'arrive pas à y croire... »
Emily jouait maladroitement avec un fil qui dépassait de son t-shirt. Tandis que son frère contemplait ses chaussures avec intérêt. Aucun n'osait croiser les yeux clairs d'Alycia, de peur d'y lire une certaine honte, voire une déception.
« Ce n'était pas si important que ça...Et puis nos parents...ils ont toujours été comme on te les a décrit...Sauf qu'ils sont enterrés. Mais sinon...C'étaient bien des avocats de renom, et tout le tralala habituel, expliqua Evan avec une certaine gêne.
— Comment sont-ils morts ? Demanda Alycia qui était assise sur le bout du lit du garçon. Je...enfin si ce n'est pas trop indiscret bien sûr... »
Emily, à sa plus grande surprise, haussa négligemment des épaules.
« On n'a jamais su. On était jeunes. Je crois que Connor sait. Mais il ne nous a jamais expliqué les circonstances. Un jour, on revenait de l'école, il y avait la police. Ils nous ont dit que rien ne serait plus pareil, et puis...le juge a décidé de nous confier à notre oncle. Et voilà...Ça s'est terminé comme ça. »
Alycia balançait ses jambes d'avant en arrière, pensive. Elle n'en voulait pas aux jumeaux, elle comprenait parfaitement qu'ils éprouvent une certaine honte face à leurs conditions de vie. A vrai dire, elle avait plutôt été choquée par leur histoire et s'en voulait plus qu'il n'y paraissait. Elle devait pouvoir les aider. Et au vu de l'embarras des jumeaux, la meilleure solution était de garder ça pour elle, de ne jamais avoir pitié d'eux, et de faire comme si tout ça était normal...
« Et...ça ne vous dérange pas que je reste ici ? Je veux dire...
—Non ! s'écrièrent-ils d'une voix. »
Un silence instable s'installa, puis Evan rit doucement.
« On était un peu gênés, c'est tout, mais maintenant que tu sais tout...
— Presque tout, précisa Alycia en se rappelant les mots de Connor. C'est quoi cette histoire avec le Scorpion ? »
Immédiatement Evan se rembrunit et jeta un coup d'oeil incertain à sa jumelle.
« On...s'est juste occupé des affaires de notre oncle...Ce n'est pas important. Nous...n'avons violé aucune loi du Ministère de la Magie. Enfin je crois...ne t'inquiète pas. Rien n'a changé. »
Alycia eut l'étrange impression qu'Emily détournait un peu la vérité, mais consciente que cela faisait beaucoup pour eux, elle s'abstint de poser d'autres questions. Il était temps de se préparer pour aller à la soirée de Célia, et discuter de tout cela ne ferait que les ralentir. Les jumeaux parurent soulagés qu'elle décide de changer de sujet. Parler de leur vie était tout nouveau pour eux.
Elle se leva et avec un sourire, s'inclina dans une réverence théâtralement exagérée.
« Êtes-vous prêts pour ce voyage dans le monde des riches aristocrates sorciers ? »
**
Pendant que la plupart des étudiants de sixième année s'activaient afin de faire une entrée remarquée chez l'une des familles de sorcier les plus influentes du vingtième siècle, d'autres protagonistes, plus âgés, vivaient un moment clef de leur existence.
Il avait parcouru la moitié du Ministère, son esprit agité par une folie contagieuse. Il avait des frissons le long de la colonne vertébrale qui le faisait frémir de réjouissance. Combien de temps avait-il attendu que la roue tourne en sa faveur ? Seize ans ! Seize ans qu'il attendait que cette sirène soit prise dans ses filets. Et voilà que par une soirée douce et calme, ses désirs ardus voyaient enfin la lumière du jour.
Une fois dans l'obscur couloir des souterrains ministériels, il arrêta sa course effrénée pour s'imprégner quelques secondes, de ce soulagement, du sentiment d'avoir enfin une longueur d'avance. Et il savait que cette fois-ci, personne, absolument personne ne pourrait le rattraper. Il avait gagné la guerre. Il n'y aurait plus d'obstacle à ses ambitions. La bâtarde ne serait qu'un détail. Elle tombera sans avoir le temps de savoir ce qui lui arrive. Sans sa mère, elle n'était plus rien. Plus rien. Elle était un grain de poussière. Un parasite qu'il lui suffirait d'écraser.
Il prit une grande inspiration et s'avança d'une démarche impériale en direction de sa cellule. Une fois ses mains sur les barreaux. Il la vit. Katleen Parker. Réduite à la condition de misérable prisonnière, future pensionnaire d'Azkaban. Il voulut rire. Sans jamais s'arrêter. C'était si...pitoyable, et diablement réjouissant à la fois.
« Abraxas, souffla une voix qu'il n'avait pas entendu depuis si longtemps. »
Elle avait trouvé la force de se tenir debout. Et grâce à la lumière filtrée par la lucarne, il discernait parfaitement les contours de son visage si...aristocratique. Elle restait la même ; malgré le sang qui coulait dans sa chevelure noire, malgré les cernes qui ornaient ses yeux clairs, malgré la maigreur qui commençait à prendre possession de sa chair. Il savait que ce ne serait bientôt plus le cas, les détraqueurs ne s'arrêteraient pas à sa beauté. Elle serait une femme parmi tant d'autres.
« Je savais que tu serais le premier à venir. Tu n'as jamais eu de patience. »
Sa voix était claire, et froide. Il pouvait presque la fraîcheur canadienne à travers elle. Il rit devant son expression indéchiffrable. Combien de temps cette enveloppe solide tiendrait-elle ? Azkaban pouvait détruire n'importe qui ; et c'était bien pour ça qu'il comptait l'y envoyer.
« J'ai gagné, dit-il simplement en collant son visage aux barreaux. »
En cet instant, il n'était plus le calme homme d'affaire du Ministère, il était un homme fou de manigances qui venait de gagner au Poker, après avoir joué toute la nuit.
« Non. N'as-tu rien appris de moi ? Ma vie ne compte pas, susurra-t-elle en s'approchant doucement de lui. »
Son visage se retrouva à quelques centimètres du sien.
« Ton fils sera des nôtres. Quant à la bâtarde, l'année prochaine, elle disparaîtra. Et toi...tu ne pourras protéger personne. Et quand je viendrai te voir à Azkaban, tu ne seras qu'une loque, asservie, misérable, insignifiante... »
Un fin sourire se dessina sur les lèvres sèches de la prisonnières.
« Ce jeu ne se terminera donc jamais.
— La partie est terminée, la contredit Abraxas en pouffant. J'ai abattu la dernière cible. Il n'y a plus d'espoirs. J'ai de l'influence en Angleterre. Tes foutus canadiens sont loin, et ne pèsent pas ici. Tu n'auras pas de procès, tu es une meurtrière tout le monde en est convaincu. »
Cette fois, Katleen rit franchement. Abraxas fronça les sourcils.
« Abraxas, mon cher démon...Est-ce vraiment ce que tu penses ? »
Elle chuchotait, comme pour donner plus d'intensité à ses propos. Il y avait un feu qui brûlait dans ses yeux, le même que celui qui ornait chaque parole de son ennemi. C'était un duel d'égal à égal. Chacun savait que l'autre se perdait dans ce combat. Combien de fois avaient-ils chacun vendu leur âme au diable pour se débarrasser de l'autre ? Combien de fois encore faudrait-il le faire ?
« J'ai bien éduqué mes enfants. Ils haïssent tout ce que tu représentes. Alycia te ressemble...Il n'y a pas que ses cheveux qui t'appartiennent. Elle est aussi folle que nous. Et quand je ne serai plus là, elle sera une bien meilleure joueuse que moi...La partie est terminée, certes, mais une nouvelle s'engage. »
Abraxas toucha du bout des doigts son fin menton.
« C'est une bâtarde. Elle...n'est rien. Elle ne représente rien. »
Katleen s'écarta et fit quelques pas dans sa cellule. Elle ne paraissait pas troublée par la présence du mangemort, elle avait attendu ce moment autant que lui. Et elle semblait presque heureuse de ces retrouvailles atypiques. Ils s'étaient combattus vaillamment, sans jamais se faire face. Mais il se tenait devant sa cellule, en chair et en os, et pour la première fois, elle pouvait lire en lui. Elle pouvait voir ses réactions, imperceptibles pour ceux qui ne les connaissaient pas.
Ils étaient si semblables. Aristocrates rusés. Combattants insatiables. Indéchiffrables aux yeux d'étrangers. Maîtres dans leur domaines. Influences de leurs temps. Était-ce pour cela qu'il leur avait fallu autant de temps pour enfin se trouver là ? L'un en face de l'autre, pour un moment de vérité qui n'avait jamais voulu arriver.
« Elle nous représente. Ce que nous avons fait. Ce pour quoi nous sommes là. Ce pour quoi nous continuerons ce jeu sordide. Ce pour quoi l'un de nous doit être éliminé avant l'autre.
— Je t'ai éliminé.
― Je ne suis pas morte.
― Pas encore.
— A Azkaban je serai plus en sécurité. En quelque sorte, tu te prends les pieds dans tes propres planifications. »
Abraxas toussa. Il n'avait pas vu les choses sous cet angle. Il voyait rarement les choses comme Katleen. Mais il n'avait pas dit son dernier mot.
« La mort est préférable à une longue éternité de souffrance psychologique auprès des Détraqueurs. Là-bas, tu seras face à ta propre folie. »
Katleen s'esclaffa, comme une enfant devant une blague de mauvais goût.
« Et suis-je la plus folle de nous deux ?
— Oh oui, grogna Abraxas comme un dément. Tu es folle. Nous étions fous. Tu es le diable incarné Katleen. Et c'est vraiment dommage que personne à part moi en est conscient. Ils sont tous aveuglé par tes beaux yeux. A quel point cette bâtarde sait-elle que tu es prête à tuer ? Et sans intermédiaire. Tu as toujours aimé faire les choses par toi même. »
Elle se rapprocha de lui, encore une fois. Et elle le saisit à la gorge, ses ongles dans sa peau pâle et luisante de sueur. Elle détailla les perles qui coulaient sur ses tempes, preuve de son inquiétude.
« Et Lucius sait-il tout le sang que tu as sur les mains. Je n'ai tué qu'un homme pour te résister, combien de cadavres as-tu de ton côté pour mettre un terme à cette boucle infernale ? »
Il tenait ses mains froides dans les siennes pour essayer de la faire lâcher prise, mais elle enlaça son cou avec plus de vigueur.
« Tu n'es qu'une sirène. Une manipulatrice, souffla-t-il en ne la lâchant pas des yeux.
— Et toi, tu n'es qu'un esclave des Ténèbres. Tu n'as plus de cœur, il est dur comme de la pierre.
— Il n'est pas plus dur que le tien, si on imagine que tu en as un.
— Tu es un lâche, tu m'envoies croupir à Azkaban car tu es incapable de me tuer. »
Elle le laissa s'écrouler contre les barreaux de la cellule. Après avoir repris contenance, il grimaça et prit appui contre la porte.
« Et toi ? Peux-tu me tuer ?
— L'un de nous doit mourir pour que cela cesse. Cela a assez duré. En m'envoyant à Azkaban tu nous condamnes à l'éternité. »
Et pour la première fois, Abraxas put lire dans ses prunelles le reflet de sa propre crainte. Celle de ne jamais pouvoir être libéré de ce cercle vicieux. Et même dans la mort, est-ce qu'ils seraient encore, debout, à se juger, à disputer la folie de l'un, le sang de l'autre ?
« C'est peut-être cela notre destin : l'éternité. »
Normalement, cette scène de fin de chapitre n'aurait pas dû exister, et j'aurais dû écrire le début du bal chez les Vialesca. Cependant, j'ai eu cette idée de la confrontation entre Abraxas et Katleen pour que vous découvriez toute la complexité de leur relation. C'est sordide, mais j'ai adoré écrire cette partie. Ce sont des personnages très complexes et j'espère ne pas vous avoir perdu en route.
J'attends avec impatience vos avis sur ce passage crucial. Je l'adore, mais peut-être que ce n'est pas votre cas.
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