Chapitre 26 : Amitié cordiale ?

Abraxas ne bougeait pas, même quand il était contrarié. Seul son regard dur trahissait la déception qui le hantait, ainsi qu'une peur, infime, presque imperceptible.

Il avait entendu ce qui s'était passé au dîner chez les Lestrange. Une jeune femme avait réussis à se faire passer pour sa belle-fille, pendant plus de trois heures, et cela, sans éveiller le moindre soupçon. Et on avait retrouvé la véritable Narcissa Malfoy, allongée dans un placard, avec une légère commotion cérébrale, sans aucun souvenir de son agresseur. Le scandale ferait bientôt la une des journaux, exposant la honte et le ridicule de la famille à toute la communauté de sorciers de Grande Bretagne. Et, s'il y avait bien une chose contre lequel il ne pouvait pas lutter, c'était bien le pouvoir provocateur de la presse anglaise.

« Père, je vous assure que je ne lui ai rien dit de bien confidentiel..., mentit de nouveau Lucius. »

Oh oui, il savait qu'il mentait, son fils ne connaissait pas encore assez bien l'art de la politique pour mentir efficacement. La crainte habitait ses yeux, quoi qu'il fasse.

« Bien sûr...Ne me mens pas Lucius. Ne mens jamais à ton père. Je crois te l'avoir bien souvent répété...Que lui as-tu dit ? Souffla-t-il d'un ton trop calme pour être naturel. »

Lucius dissimula sa main tremblotante dans son dos.

« Rien de confidentiel, assura-t-il en prenant un peu plus d'assurance. »

Son père grimaça, saisit la carafe qui se trouvait à sa droite et se servit un verre. Puis, le verre toujours à la main, se leva pour être à la hauteur de son fils. Abraxas était effrayant pour bien des raisons, et pour Lucius, se serait toujours son calme le plus redoutable. Son expression stoïque quand quelque chose le dérange. Son regard pénétrant qui assassine. Il était capable du pire. Et ça Lucius en était conscient, plus que personne.

« Vraiment ? Il s'agissait d'une copie de ta femme. Et tu oses me dire que tu n'as fait aucune allusion à nos agissements ? Tu sais que si tu ne me dis rien, je finirai par le savoir quand même, fit-il en buvant cul-sec le contenu du verre.

— J'ai peut-être...mentionné des choix difficiles...Mais...

— Jamais directement ? Si c'était un auror, alors cette personne ne tardera pas à comprendre ! »

Lucius baissa les yeux, comme un enfant prit en flagrant délit. Mais qu'aurait-il pu faire ? Il ne s'était rendu compte de rien. Il avait voulu rassurer celle qu'il avait pris pour sa femme.

« Je crois savoir ton problème, grogna son père en se rapprochant dangereusement de lui. »

Il le força à maintenir un contact visuel. Il pointa son index pointu devant son nez.

« Narcissa Black était un mauvais choix. Elle n'était pas faite pour toi. Tu t'es trop attaché à elle. Une femme ne doit jamais s'immiscer dans les affaires d'un Malfoy. Cela finit toujours mal. »

Lucius eut l'étrange pressentiment qu'il parlait d'expérience. Pourtant sa mère ne s'était jamais intéressée à la politique.

« Je sais père. »

D'un signe de tête, Abraxas lui fit signe de le laisser seule, avec son tourbillon de pensée. Une fois la porte noire refermée, la pièce silencieuse si l'on oubliait le crépitement des flammes de la cheminée, l'homme se rassit dans son fauteuil. Il passa une main vieillie dans sa chevelure platine, et resta un long moment à réfléchir.

Abraxas Malfoy ne s'était jamais vraiment inquiété dans sa vie, il savait toujours quoi faire et où aller, mais là ; en cet instant précis, il était déconcerté. La première fois que ce sentiment de profonde terreur s'était installé en lui, c'était quand il avait pris la décision de faire disparaître Katleen, mais il avait échoué. Maintenant, elle était de retour, mais cette fois-ci, elle était beaucoup plus tenace.

Tout allait bien avant qu'il ne découvre l'existence de sa bâtarde. Faire disparaître une personne était une chose, en faire disparaître deux était une autre. Carlos Vialesca, son homme de main, était mort. Katleen avait gagné la bataille. Alycia Parker était auprès de Dumbledore, autrement dit, inatteignable. Et Katleen s'était probablement introduite chez les Lestrange pour obtenir de son fils, des informations confidentielles. Pourtant, il refusait de s'avouer vaincu ; en bon joueur de Poker, il avait encore plus d'un coup dans son sac. Il ne faudrait pas longtemps avant qu'elle ne se fasse arrêter, et il pouvait facilement manipuler les hommes du Ministère pour qu'il n'y ait pas de procès. Ensuite, il attendrait, patiemment, qu'Alycia sorte de Poudlard durant l'été et il la ferait disparaître, proprement. Le fils de Katleen se verra élevé en bon mangemort par les Lestrange. Et là, il pourra dire qu'il avait gagné la guerre.

Il ne pouvait pas faire autrement. Il ne devait pas rester de témoins, sinon, sa famille tomberait en disgrâce et l'honneur d'un Malfoy valait tous les crimes possibles et imaginables.

Le prix de son péché devait mourir, quelque qu'en était le prix.

**

« On avait pas signé pour ça ! »

Il n'avait pas fallu plus de quinze minutes pour que Sirius Black se mette à râler à propos des termes du « contrat ». C'était prévisible, pour autant les jumeaux roulèrent des yeux à l'unisson avant de se tourner vers lui pour le fusiller du regard. Ce n'était pas un plaisir de l'avoir avec eux, il n'allait pas en plus leur imposer ses plaintes de diva !

« Si tu veux partir Black, va-y, nous n'attendons que ça ! s'impatienta Emily en essayant de ne pas trop hausser la voix. Par contre, essayes d'être discret si c'est ce que tu veux ! »

En plus de l'aide de la cape d'invisibilité, les quatre compères s'étaient réfugiés derrière un amas de paquets de drogue pour éviter qu'un des hommes du Scorpion se prenne les pied dedans. Il valait mieux opter pour la prudence au vu du nombre d'armes qu'ils possédaient. James et Sirius avaient aucune idée des dégâts que pouvaient faire des armes pareilles, mais Evan avait des frissons rien qu'en les regardant.

« Bon c'est quoi le plan ? s'enquit James qui avait perdu ses couleurs.

— On remplace leur argent par l'or de farfadet, expliqua Emily.

— Et il est où leur argent ?

— Heu...ça je sais pas trop. »

Ils n'étaient jamais entré dans la planque du Scorpion des As avant. Ce n'était pas le type de lieu où on se rend par pur hasard. Un hangar bien dissimulé dans une banlieue industrielle, des gardes armés jusqu'aux dents qui faisaient des rondes toutes les cinq minutes, il fallait avoir le cœur bien accroché pour oser pénétrer dans la tanière du loup.

Jusqu'ici, tout avait été facile, la cape d'invisibilité leur avait permis de passer à travers les mailles du filet sans se faire remarquer. Et ils avaient réussis à se mêler aux dealers asservis au célèbres Scorpion sans que l'un des jeunes gens n'éternue ou ne se piétine sur un morceau de métal. Maintenant, il fallait trouver un moyen de vider ce hangar de ses habitants. Comment faire fuir une vingtaine de punk tatoués sans bouger de la fameuse cape magique ?

« On ne va pas pouvoir les faire sortir, leur murmura James. Il va falloir fouiller pendant qu'ils sont là.

— Tu es complètement taré ! Gémit la seule fille en se tournant vers les autres pour le soutien.

— Je suis d'accord avec Cornedrue, précisa Sirius en baissant la voix quand un gros baraqué s'approchait un peu trop près. On est sorcier non ?

— Je ne tiens pas à finir à Azkaban ! s'énerva-t-elle en donnant des coups de coude à Evan pour le faire réagir. »

Mais Evan semblait subjugué par la quantité de muscles des trois dealers qui jouaient aux cartes. Ils allaient l'écrabouiller en une seconde s'ils le voyaient. Il commençait vraiment à avoir la trouille, deux attaques en une journée, ça faisait beaucoup pour un aigle.

« Tu crois pas que tu en fais un peu trop Jenkins ? Riposta Sirius. Sérieusement, tu crois que le Ministère va te coller un procès au cul pour un petit accio ?

— Devant le nez de moldus imbécile ! Libre à toi de vouloir finir tes jours en prison, mais moi je préfère ma petite vie tranquille dans ma banlieue de m...

— Petite vie tranquille tu parles ! Rappelle-moi un peu ce qu'on fait ici hein ?

— Stop ! »

James venait de coller ses deux mains sur les bouches animées du duo. S'ils continuaient, ils n'allaient pas tarder à se faire remarquer par le barbu qui s'activait à ranger les sacs de drogue, un peu trop proches d'eux.

« Bon, ce que je vous propose, c'est qu'on avance. Il y a une salle là bas, elle a l'air bien gardée. Ça m'étonnerait que le fameux Scorpion garde son argent dans un endroit aussi fréquenté. Qui pour ? »

Evan leva la main rapidement. Il voulait partir loin de cette foule d'hommes armés. Sirius et Emily approuvèrent, non sans se juger du regard, l'air de dire « Si ça tourne mal, je te tiens responsable ». Alors James prit le devant du petit groupe et ils tentèrent de se coordonner pour avancer. Ce n'était pas une tâche facile, Evan ralentissait un peu la troupe à force de jeter des coups d'oeil en arrière, Sirius allait trop à gauche et Emily trop à droite, et bien sûr, ils se le montraient bien.

Ils mirent bien une bonne dizaine de minutes pour faire quelques mètres et atteindre la fameuse porte suspecte.

« Ce n'est pas le genre de porte qui s'ouvre avec un courant d'air, grogna Emily.

— Oh les moldus vont pas comprendre, rétorqua Sirius. »

Et il ouvrit la porte. C'était une porte métallique, qui grinçait énormément. Ainsi, tout le monde entendit le gémissement atroce de la vieille porte rouillée quand elle s'entrouvrit. Aussitôt les gardes hurlèrent et pointèrent au hasard leurs armes. Les quatre jeune gens se figèrent, le souffle coupé. Certes les moldus ne pouvaient comprendre, mais ils pouvaient toujours penser quelque chose. Imaginer. Et en cet instant précis, Emily se demanda si le garde ne croyait pas un minimum aux expériences paranormales, puisque ce dernier regardait dans leur direction et souffla.

« Y a quelqu'un ? »

James maudit si fort dans sa barbe qu'Emily faillit se tourner vers lui, outrée.

« Qu'est-ce que tu chantes Ronald ? C'te porte doit être déréglée. N'me dit pas que tu crois aux fantômes ! La drogue ç'te va vraiment pas... »

Les jeunes sorciers parvinrent à se glisser à l'intérieur juste avant que le fameux Ronald aux cheveux roses en crête refermait la porte sur eux. Ils demeurèrent un instant statiques, la respiration haletante, saisissant parfaitement la chance qu'ils venaient d'avoir. C'était un miracle.

C'était une simple salle éclairée par une unique ampoule, il y avait un bureau, un semblant de lit, deux trois déchets sur le sol, et c'était tout. Sirius qui s'attendait à un truc plus impressionnant, parut déçu et il shoota négligemment dans une canette de bière pour montrer son mécontentement.

« Cesse de faire ta drama queen, se moqua James. Au moins si l'argent est ici, ça va être plus rapide que prévu. »

Evan eut la vague impression que Potter n'aurait jamais du dire ça. C'était le style de formule un peu maudite qui attirait les ennuis comme un aimant. Il se mordit les joues en espérant qu'il se trompe.

James était sorti de la cape et commençait déjà à fouiller dans les tiroirs pour trouver quelques pièces. Emily, un peu hésitante, attendit un peu plus, puis le rejoignit. Evan se tourna vers Sirius Black qui semblait fasciné par une bouteille de Coca-Cola.

« Tu n'en as jamais bu ? Lui demanda le blond.

— Non. Attends je teste. »

Il but d'une traite le fond de la bouteille avant de grimacer.

« C'est...étrange. »

Pendant ce temps James mettait sans-dessus-dessous la petite salle, la plupart des tiroirs étaient déjà à terre, retournés et vidés de leur contenu. Emily tâtait les murs, et Evan repensa aux films d'espionnages qu'ils allaient voir au cinéma du quartier quand celui-ci était encore ouvert. Soudain, une image lui revint et il aperçut du coin de l'œil un vieux tableau qui pendait au mur, en contraste complet avec le reste de la pièce.

« Hey Em ! l'appela-t-il.

— Mmmm, fit-elle en l'observant.

— C'est peut-être cliché ce que je vais dire, mais les gangsters, dans les films, ils cachent pas leur butin derrière un tableau, un miroir ou une latte de parquet ? Parce que cette imitation ratée de Picasso fait tâche tu trouves pas ? »

Emily se dirigea à vive allure vers le mur opposé et enleva le tableau du mur sous le regard ébahis des deux maraudeurs : derrière ce dernier, il y avait un coffre fort.

« Il n'était pas très malin ce Scorpion, ricana Evan sans dissimuler la fierté qu'il éprouvait. »

Emily observa le coffre, il était simple, même pas de code, juste un cadenas. Elle écarquilla les yeux. Son esprit de Serdaigle se heurtait à la facilité, et refusait d'admettre qu'il n'y avait pas d'autre voie. Evan, à sa droite, ressentait la même crispation et ses sourcils se fronçaient tellement sur son front, qu'une énorme ride venait de voir le jour.

« Et bien voilà ! Se réjouit James. Ce n'était pas si complexe. Allé, on remplace et on s'en va. »

Sirius lui tendit le sac et il en sortit l'or de gobelin. Il le plaça dans le coffre, une fois qu'Emily l'eut ouvert à l'aide d'un sortilège. Et il se frotta les mains pendant qu'Emily comptait l'argent qui leur revenait à son frère et elle. Puis James se retourna et son sourire disparut quand il vit la pâleur de Sirius.

« Heu Patmol ? Ça va ?

— La porte Cornedrue, expliqua Sirius en lui désignant l'épais bloc d'acier qui les séparait de l'extérieur.

— Quoi la porte ? Grogna James en détaillant la porte en question. »

Il perçut à peine le cri d'Emily qu'il comprit le problème. Il n'y avait pas de poignée. La porte se fermait de l'extérieur, et un Alohomora ne permettait pas d'ouvrir la porte dans la situation actuelle, puisque la serrure était de l'autre côté. Evan jura dans sa barbe avant de pointer un doigt menaçant à l'encontre du myope.

« Pourquoi faut-il toujours que tu ouvres le bec Potter ? Trop facile ! TROP FACILE ! Maintenant tu dis quoi ? Hein ?

― Chut Evan ! Gronda sa sœur en lui attrapant le bras pour le retenir de frapper quelqu'un. Tu veux qu'ils nous entendent ?! »

Evan se recula mais toisait toujours James avec une froideur qui n'avait rien à envier au Pôle Nord.

« Sinon, il existe d'autres sortilèges, proposa Sirius qui devenait de plus en plus blême.

― Ne me dis pas...que...tu es claustrophobe Sirius ? s'enquit Emily d'une voix un peu plus douce.

― Je vois pas en quoi ça nous avance si je te dis oui Jenkins. Il y a le sortilège de Open Sesame. »

James secouait vigoureusement la tête. Cette porte arrachait la porte de ses gonds et la détruisait en petits morceaux, ils ne pourraient pas passer inaperçus avec ce sortilège. Emily ne pouvait s'empêcher de ressentir de la peine pour le garçon, Sirius paraissait prêt à n'importe quoi pour sortir, et elle eut envie de tout faire exploser juste pour qu'il reprenne des couleurs. C'était ridicule, elle n'aimait pas particulièrement sa présence, mais elle n'aimait pas non plus le voir dans un état pareil. Elle continuait de s'étonner sur cet étrange paradoxe quand Evan se laissa choir lourdement sur le sol.

« Laissez-tomber c'est une journée de merde. »

James hésitait visiblement à le rejoindre. Il n'y avait pas de fenêtre et à moins de foncer dans la gueule du loup, il n'y avait rien à faire pour le moment. Il louchait souvent sur la forme avachie d'Evan mais ses prunelles revenaient à chaque fois sur la pâleur maladive de son meilleur ami. S'ils ne trouvaient pas une solution pour eux, il fallait au moins en trouver une pour Sirius. Et vite.

**

Elle devait se tromper. Pourtant elle avait bien relu l'adresse au moins cinq fois ! Elle loucha sur le numéro inscrit sur la boîte au lettre et ce n'était pas une tâche facile avec le vent mêlé à la pluie qui rabattait sa capuche devant ses yeux à chaque rafale. Après plusieurs minutes, elle réalisa que oui, il n'y avait pas d'autres solutions, elle était bien devant la maison des Jenkins.

« Si c'est une farce, je vous jure que je vais vous étrangler, maudit-elle entre ses dents. »

Elle franchit le petit portillon artisanal qui la séparait des ronces qui ornaient l'entrée de la lugubre maison. Elle gravit les marches boueuses et toqua plusieurs fois pour être sûre que quelqu'un entende, malgré le sifflement du vent. Elle attendit au moins cinq ou dix minutes ; ses vêtements étroitement serrés autour de son corps, qui aurait pu prévoir un temps comme celui-ci à Pâques ? Puis finalement la porte s'ouvrit. Elle eut un mouvement de recul en apercevant le visage particulier de Connor. Il parut tout aussi étonné qu'elle.

« V'êtes qui ? s'enquit-il en postillonnant sur ses cheveux.

— Heu...Monsieur Jenkins ?

— Ouais, maugréa-t-il en mâchant bruyamment son chewing-gum. »

Elle pensait qu'il allait la laisser entrer pour se réchauffer un peu mais il défendait l'entrée comme un chien de garde.

« Le père d'Emily et Evan Jenkins ? Poursuivit-elle toujours non convaincue. »

Cette fois-ci il lui rit au nez. Qu'y avait-il donc de si drôle ? L'observer ne rien comprendre devait être un sacré spectacle, en effet. Elle fronça le nez, mécontente.

« J'suis pas leur père. Il est mort et enterré mon frère. »

Alycia sursauta. Mort ? Son cœur s'affola. Ils avaient connus une perte et elle n'en savait rien ! Elle n'avait pas pu les consoler...Allaient-ils bien ? Voulaient-ils seulement la voir ? A ne penser qu'à elle, elle en avait oublié les jumeaux ! Ils avaient du se sentir oppressés, sinon pourquoi ne rien lui dire ? Elle devait se rattraper.

« Toutes mes condoléances monsieur Jenkins, lui dit-elle avec sincérité. »

Il explosa de rire. Et de nouveau, Alycia se trouva complètement idiote. Soit il se moquait d'elle, soit elle ne saisissait rien du tout.

« C'va faire plusieurs années. »

Pourtant les jumeaux parlaient sans cesse de leurs parents, comme s'ils étaient encore en vie. Pourquoi ? En détaillant leur oncle, elle eut la vague idée qu'ils avaient un peu honte de leur situation.

« Je peux entrer ? Demanda-t-elle finalement. Je voudrais vraiment les voir. Ce sont mes amis.

— Ils sont pas là, maugréa le quadragénaire. Et j'sais pas s'ils vont revenir entiers. »

Elle voulut hurler. Mais le fait qu'il ne s'inquiète pas du tout pour eux la laissa muette sur le palier alors qu'il se rasseyait pour regarder son match de foot. Décidément, ces derniers temps, elle ne savait plus où donner de la tête. Et visiblement, les jumeaux n'étaient pas tranquilles non plus.

**

Finalement, James, sans prévenir le reste de la bande, fit bel et bien exploser la porte. Et encore une fois, ils étaient malchanceux, mais réussissaient à s'en sortir par un peu de chance à la fin de l'histoire. Ils étaient un tel paradoxe, que même Emily ne cherchait plus à mettre de mots sur leur situation. Les truands furent pris de panique en voyant une porte exploser sans raison apparente. Et les maraudeurs prirent leurs jambes à leur cou sans vraiment réfléchir.

Sur le trajet du retour, Evan n'arrêtait pas de veiller à ce que personne les suivait, alors qu'Emily pestait contre un Sirius qui avait retrouvé tout son entrain.

« On va finir à Azkaban !

— Tu dramatises Jenkins, c'était un sort de rien du tout ! »

Pourtant Emily n'était pas convaincue, elle se voyait déjà s'évanouir en lisant la lettre du Ministère et elle savait pertinemment qu'elle ne dormirait pas tranquille sans avoir reçu la confirmation qu'elle ne risquait pas l'expulsion. Rien ne la dégoutterait plus que de devoir finir ses jours avec Connor à boire de la bière.

« Que serait la vie sans un peu de risques ? Philosopha Sirius en s'étirant.

— Un paradis, rétorqua Emily alors qu'elle le fusillait du regard. »

Elle lui en voulait presque d'avoir failli l'évanouissement dans la salle. Ils auraient pu attendre, mais non, Sirius Black, le grand Sirius Black était claustrophobe.

James les interrompit au niveau d'une carrefour où scintillait un feu en panne.

« C'est ici que nos chemins se séparent, annonça-t-il d'une voix théâtrale. Il est temps de revoir les termes du contrat. »

Au son du mot « contrat » Evan renifla. Ils n'allaient jamais s'en aller sans leur part du butin pas vrai ? Il serra le sac contre lui, un peu protecteur, il était hors de question qu'ils mettent la main dessus !

« Je t'écoute, murmura Emily qui s'était éloigné de Sirius. »

A leur grande surprise, James affirma que lui et Sirius ne désiraient pas d'agent, considérant qu'ils en avaient déjà un paquet pour que cela leur soit utile. Au lieu de cela, ils avaient une demande, bien plus spécifique.

« Nous voudrions que vous vous assuriez qu'Alycia Parker sorte avec Remus Lupin avant la fin du mois. Vous vous débrouillez comme vous voulez, Imperium si ça vous chante mais...

— C'est bon, leur assura Emily un peu soulagée.

— Vraiment ? s'étonna Sirius. Ça te dérange pas Jenkins ?

— Étant donné que Remus est une bien meilleure personne que toi, oui ça nous dérange pas, s'impatienta Evan. »

Sirius parut outré par son commentaire mais James le devança avant qu'il n'ait eu le temps de répliquer.

« C'était déjà dans vos plans ?

— Oui...Mais on ne veut la forcer à rien, on lui a déjà fait du mal à organiser un rendez-vous, ne vous attendez pas à des miracles, Alycia est une tempête qui peut se transformer en tornade quand elle est prise par surprise. »

James hocha la tête, tandis que Sirius s'impatientait désormais autant qu'Evan.

« Merci pour tout, murmura tout doucement Emily comme si ça lui coûtait un peu de dire cela. Sans vous...

— Tu nous as sauvé la vie, lui rappela Sirius avec une étrange expression sur le visage. Je crois qu'on est tous quittes ici non ?

— Oui, poursuivit James. Peut-être...qu'une amitié cordiale pourrait-être envisageable ? Je veux dire, on vous a peut-être mal jugé...Et je ...nous nous en excusons.

— Ouais, confirma Sirius qui paraissait maintenant mal à l'aise. Peut-être qu'on pourrait même manger ensembles quelques fois, faire connaissance...Pour rattraper toutes les conneries qu'on a pu faire ? »

Emily regardait Sirius comme s'il s'agissait d'une apparition. Evan se décrochait la mâchoire et passait par toutes les expressions faciales possibles. Finalement, les deux jumeaux s'interrogèrent d'un coup d'œil avant d'arquer les sourcils de concert.

« Ok, dit simplement Evan. »

Et c'est ainsi qu'ils se séparèrent : sans plus de cérémonie. Sans vraiment savoir à quel point leur vie venait de prendre un tournant décisif. Il y eut quelques poignées de mains, des sourires maladroits, et une bonne centaine de questions non résolues. Ressentaient-ils le changement qui s'opérait ? L'idée même que ce début d'amitié « cordiale » viendrait tout bouleverser avait-elle traversé une seule fois leur esprit ? Il n'y avait pas de retour en arrière, les rouages fonctionnaient, la mécanique se mettait en marche...Et le destin, une fois lancé dans sa course folle, ne peut s'arrêter.

J'ai fait tout ce que j'ai pu pour écrire ce chapitre le plus rapidement possible, car la rentrée arrive à grands pas et je n'aurai pas la possibilité d'écrire un chapitre complet avant au moins six semaines. J'ai retrouvé énormément d'inspiration, de nouvelles idées ont vu le jour, et tout cela c'est grâce à vos commentaires. Du coup, je pense mettre quelques questions à la fin de chaque chapitres pour que je sache précisément ce que vous en pensez. Certes je suis la plume, mais votre avis, vos inspirations comptent énormément pour moi.

Ce chapitre est un peu étrange, il fait office de transition avant le gros chapitre qui concernera le bal chez Célia.

Pensez-vous que les maraudeurs vont vraiment se calmer vis-à-vis du trio de vagabonds ?

Beaucoup de personnes vont se retrouver au bal, vous pensez que cela peut tourner mal pour certains ? Ou au contraire être une opportunité pour d'autres ? Alycia va-t-elle trouver le courage d'aller parler à Remus ? Va-t-elle voir d'un bon œil cette nouvelle amitié « cordiale » qui se profile ?

Sirius et Emily ? Ils sont un peu étranges non ? Un peu à la Huguette et Raymond pas vrai ?

Pensez-vous qu'Alycia pardonnera à Regulus de porter la marque sur le bras ? Avec tout ce que cela implique ?

Vous n'être vraiment pas obligés de répondre mais je suis un peu curieuse.

Merci en tout cas, d'être là. 

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