Chapitre 25 : Lucius et Narcissa


Elle ne savait pas comment elle en était arrivée là. A vrai dire, elle aurait probablement du y réfléchir à deux fois avant de foncer tête baissée dans la gueule du loup. Mais bon, ce n'était pas aujourd'hui que cela allait changer n'est-ce pas ? Elle s'appelait Alycia Parker Malfoy. Et qu'elle le veuille ou non, elle s'attirait toujours les ennuis. Enfin, elle avait rarement fait pire.

« Cissa, regarde donc ce vieil imbécile d'elfe, qu'il est marrant ! s'écria une voix aiguë à sa gauche. »

La jeune femme mit un temps avant de saisir que la gothique aux cheveux indomptables s'adressait à elle, et non à quelqu'un d'autre. Elle but d'une traite son verre de champagne et lui adressa un sourire crispé.

« Oui, en effet. »

Elle allait devoir améliorer sa repartie avant les douze coups de minuit si elle voulait survivre à cet enfer. Visiblement l'étrange femme ne semblait pas trouver divertissante sa façon de répondre puisqu'elle s'en alla en soupirant comme une enfant. Et comme elle l'avait fait depuis une heure, Alycia demeura de nouveau seule, à scruter les invités, sa flûte à la main.

Qu'est-ce qu'elle pouvait être tête en l'air, elle n'avait même pas prit la peine de se renseigner, elle ne connaissait aucun invité. Elle pouvait mettre un nom sur la tête des deux plus âgés mais uniquement parce qu'elle s'était concentré sur eux, et que c'étaient les maîtres de maison. Mais en ce qui concernait les Black, et le reste de la clique, elle était un peu paumée. Elle savait qu'il y avait d'autres Lestrange, peut-être les Rosier, les Carrow, mais de là à savoir précisément qui était qui...

En fait, elle ne savait même pas qui elle était en ce moment. Ses cheveux étaient tout aussi blonds, voire un peu moins clairs, et son visage était bien dessiné. La plupart des gens l'appelaient Cissa, ou Narcissa. Mais jusqu'ici, personne ne lui avait donné un nom de famille. Ce qui rendait la tâche un peu compliquée.

« Cissy ! l'appela un homme dans son dos. »

Alycia fit volte-face. Et par maladresse, faillit tomber à la renverse quand elle heurta le buste de son interlocuteur. Il ne l'avait pas appelé Cissa mais Cissy. Cette nuance attisa sa curiosité et elle leva les yeux vers son visage. L'homme était grand, au moins une tête de plus qu'elle. Son visage était fin et allongé, il y avait peu de rides au coin de ses yeux, elle lui donnait plus de vingt ans, mais pas plus de trente. Ce qui la frappa le plus, ce fut la couleur particulièrement claire de ses cheveux. Ils étaient platine, presque d'argent, comme les siens.

« Où-étiez-vous ? Je vous cherchais depuis une demi-heure. »

Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais l'inspiration lui manquait. Peut-être valait-il mieux se taire...

« Enfin, peut importe. Vous vous sentez mieux ? On m'a dit que vous aviez fait un malaise. Mais quand je suis parti voir si ce n'était rien de grave, je n'ai trouvé personne.

— Je crois que j'ai bu ma coupe de champagne un peu rapidement. »

L'homme semblait attentionné. En fait, Alycia était déconcertée. Elle s'était attendue à tant de violence, de noirceur dans ce genre de réception, que les sourires et les gestes tendres la surprenaient au plus haut point. Ces gens n'étaient pas particulièrement différents de ce qu'elle avait connu dans son enfance. Un peu arrogants, souvent très bien habillés, ils prononçaient certains mots à la française pour se donner un style d'aristocrate, mais mis à part ça, si on en oubliait la politique, c'était une réunion de famille, où les gens n'avaient rien de si spécial. Et pourtant, la plupart portait la marque des Ténèbres.

« Ceci explique cela, plaisanta-il. »

Un sourire charmeur vint se dessiner sur ses lèvres. Etait-il en train de flirter avec elle ? Son sang lui monta au visage quand elle réalisa qu'elle allait peut-être devoir faire de même, si elle ne voulait pas qu'on la remarque. Elle déglutit avant de lui rendre son plus beau sourire.

« En effet. »

Quelle originalité, railla-t-elle mentalement. J'aurais vraiment du prendre des cours de théâtre quand j'étais enfant...

Heureusement, le gentleman n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche, qu'un elfe de maison fit signe à tous les invités de se mettre à table. Le moment qu'Alycia redoutait le plus arrivait donc à grand pas. Elle espérait croiser son frère assez rapidement sinon il se pourrait bien qu'elle n'ait pas assez de Polynectar pour tenir jusqu'à minuit.

Elle sursauta quand il prit son bras pour l'attirer vers les autres convives. Elle essaya de se détendre à son contact mais le fait qu'elle ignorait son identité n'arrangeait en rien la situation, il se pouvait qu'il soit, malgré les apparences, le plus cruel des mangemorts entre ses quatre murs. Et rien que cette pensée lui donna la chair de poule.

« Je crois qu'ils nous ont placé aux côtés de votre sœur. »

Elle avait une sœur ?

« Oh, se dit-elle pour elle-même. Une bonne ou une mauvaise nouvelle ? »

— Disons qu'on ne risque pas de s'ennuyer, rit-il après qu'il ait réussis à entendre ses marmonnements »

Sa sœur était donc la jeune femme aux cheveux bouclés et à la voix d'une poupée que l'on ne voudrait pas forcément avoir chez soit. Elle riait aux éclats, un sourire un peu tordue qui se dessinait sans cesse sur ses lèvres en cœur. Alycia ne douta pas une seule seconde que cette femme était aussi folle que son physique déjanté laissait entendre.

« Cissy ! Il faut absolument que je te raconte la merveilleuse journée que j'ai eu. J'ai découvert une superbe boutique au chemin de Traverse, lui annonça-t-elle comme une enfant alors qu'elle prenait place à sa droite.

― Une boutique ? s'enquit-elle en se servant dans le plat que lui tendait un elfe aux doigts brûlés.

— Oui, une sorte de débarras avec des tapis qui tombent du plafond. Monsieur Fraser, c'est le nom du propriétaire. Un sang-mêlé complètement chauve avec une étrange barbe. Une brigade est allée chez lui ce soir, il est certainement mort à l'heure qu'il est. »

Alycia crut bien qu'elle allait recracher l'intégralité de ce qu'elle avait dans la bouche sur la belle chemise blanche de son mystérieux partenaire. La fameuse sœur avait dit cela sans le moindre remord, la moindre émotion, comme si c'était banal. C'était la première fois de la soirée, qu'Alycia réalisa, que oui, elle était au milieu des serpents. Et elle avait le sentiment que cette jeune femme était la plus dangereuse de tous.

« Mort ?!

— Bellatrix, nous sommes en train de manger, maugréa-t-il avec la plus grande classe.

— Oui mort. Cet imbécile a appelé les aurors pendant qu'on visitait tranquillement sa boutique cet après-midi.

— Lors de l'attaque du chemin de traverse ? Demanda un autre homme sur la gauche. »

Alycia s'arrêta net de manger. Une attaque ? Au chemin de Traverse ? Cet après-midi ? Son coeur s'accéléra et elle écouta avec la plus grande attention le récit de Bellatrix.

« Oui, nous y étions avec Rodolphus et notre cher cousin Regulus, c'était sa première sortie en tant que mangemort. »

Heureusement qu'elle ne touchait plus à la nourriture, car au nom de son confident, Alycia blêmit furieusement. Comment ça Regulus ? Qu'est-ce qu'il fabriquait chez les mangemorts ? L'avait-on forcé ? Son estomac se retournait dans tous les sens et les paroles de sa sœur ne parvenaient même plus à ses oreilles. Elle se sentit défaillir. Ses mains s'accrochèrent aux accoudoirs comme à une bouée de sauvetage. Regulus. Elle n'avait que ce prénom en tête. Il tournait en boucle dans son esprit.

Qu'as-tu fais ? Qu'as-tu fait Reg ? Alors même que je commençais à...te tolérer !

Elle ne comprenait pas pourquoi elle réagissait ainsi. Cela n'aurait même pas dû l'étonner. Et pourtant, le lien qu'elle avait forgé avec le garçon...Elle ne l'aurait pas pensé aussi fort. Elle allait réellement tomber dans les pommes, sa vision se troublait alors elle cligna des yeux et se tourna vivement vers Bellatrix en secouant la tête.

« Comment ça Regulus ?

— Et bien oui. Enfin Cissa, ne me dis pas que tu n'étais pas au courant !

— Ah d'ailleurs le voilà notre retardataire ! s'exclama un homme à l'autre bout de la tablée. »

Tous ceux qui avaient entendu les mots de Bellatrix, félicitèrent le jeune homme qui portait encore son manteau et son chapeau. Personne ne sembla prêter attention à son visage cireux, presque maladif. Son regard était perdu dans le vague et pas l'ombre d'un sourire vint couronner ses lèvres en réponse aux acclamations.

Alycia se fit violence pour ne pas lui balancer le porridge à la figure. En fait, elle fixait son ancien confident avec un regard de meurtrière. Elle se voyait déjà lui tirer les cheveux, le griffer, le gifler, l'étriper, l'écarteler, le disséquer, le...

« Narcissa ? l'appela une voix. »

Tout le monde s'était tourné vers elle, comme s'il s'agissait d'une démente.

« Vous êtes sûre que ça va ?

— Je crois...Je crois...Je crois que je fais de nouveau un malaise. »

Sauf que cette fois-ci, elle ne mentait qu'à moitié. Son sang battait furieusement dans ses tempes. Et elle n'entendait presque plus les voix des autres convives. La seule chose qu'elle percevait à merveille était les yeux vitreux de Regulus quand il la détailla. Avait-il compris ? Savait-il qu'elle se trouvait dans la même pièce que lui ? Savait-il qu'elle allait s'évanouir à cause de sa stupidité ? Elle finit par détourner le regard. L'homme blond s'était approché d'elle et voulait lui prendre la main. Mais au moment où elle le vit bouger les lèvres pour formuler une phrase qu'elle ne comprit pas, un lancement lui prit l'estomac et elle arrosa de vomis la belle nappe des Lestrange.

**

« Je suis vraiment désolée, s'excusa-t-elle en essayant de paraître le plus digne possible. »

Les deux vieux Lestrange pinçaient les lèvres, visiblement l'odeur ne semblait pas les quitter, mais pourtant, ils ne cessaient de dire que ce n'était pas non plus une catastrophe. Voilà quinze minutes qu'ils étaient tous auprès d'elle, des flacons dans les mains, certains lui faisaient de l'air avec leurs éventails, le fameux Lucius lui caressait la main ( elle essayait discrètement de lui enlever mais il avait une sacré poigne ), Regulus fronçait tellement les sourcils que des rides sillonnaient son front, seule Bellatrix continuait de ricaner en montrant l'état de la table du bout des ongles.

Mais tout ce que voulait Alycia, c'était s'éclipser avant que le polynectar ne fasse plus effet. Quitter cette salle de réception pour aller trouver son frère. Et ensuite, hurler un bon coup contre ce maudit Black. Choses impossibles avec cet attroupement de mangemorts protecteurs.

« Je pense que je devrais aller m'arroser un peu le visage d'eau fraîche, proposa-t-elle en croisant les doigts pour qu'elle n'ait pas le droit à un cortège.

— Je vais venir avec vous, lui assura Lucius alors qu'elle se mordait la joue pour ne pas rouler des yeux. »

Il était charmant, mais collant. Elle plaignait la vraie Narcissa. Il lui prit délicatement le bras et la mena dans le dédale de couloirs sombres de la demeure. Elle aurait pu trouver son chemin seule, mais il paraissait très inquiet par son état. Elle devait avoir belle mine après cette démonstration au dîner. Si seulement Regulus n'avait pas décidé de tout bouleverser ! C'était entièrement de sa faute ! Qu'est-ce qu'elle lui en voulait !

« Peut-être faudrait-il vous emmener à St-Mangouste, vous ne semblez pas très bien ces derniers temps, lui murmura Lucius. »

Si cela faisait état uniquement de la fin de soirée, le premier malaise était uniquement dû aux besoins de son plan foireux. Mais au ton de sa voix, elle comprit que Narcissa n'en était pas à son premier malaise, provoqué ou non.

« C'est juste le stress, la fatigue..., rien de bien méchant, fit-elle en voulant le rassurer. »

Mais cela eu l'effet inverse, le visage fin du jeune homme blêmit et il resserra son emprise sur son avant bras. Il parut réfléchir quelques instant, puis alors qu'ils tournaient au bout d'un couloir sombre, il toussa maladroitement.

« Je sais que ce n'était pas facile ces derniers jours. Rencontrer le maître peut parfois être...angoissant. Mais vous ne risquez rien. Je vous promets qu'il ne nous arrivera rien. Ma famille est puissante au Ministère, et personne ne soupçonnera jamais notre implication. Nous avons fait le bon choix, pour nos familles respectives. »

Ses yeux brillaient dans le noir, et Alycia aurait parié qu'une inquiétude le prenait soudainement. Elle fut prise d'une curiosité malsaine. Qui était donc ce Lucius ? Et qui était-elle donc ? Qui était Narcissa ? Et pourquoi avoir autant peur de la magie noire quand on provient d'un tel clan ? Elle avait toujours imaginé les mangemorts comme des bêtes assoiffées de sang, mais une partie d'eux restait humaine. Elle était confronté au choix d'un couple qui hésitait entre le bien et le mal, entre le risque et la protection. Et si, un jour, elle devait se retrouver devant cette fatale question ? Que répondrait-elle ?

« Nous allons sortir vivants de cette guerre, et cela, plus puissants que jamais. Nous pourrons fonder une famille, célèbre, admirée, et que rien ne pourra jamais atteindre. Vous verrez. Ce que nous faisons, est un mal pour un bien, nous ne regretterons jamais nos choix. Jamais. »

Il monologuait avec force, avec la ferveur de celui qui rêve d'y croire, qui espère. Était-ce cela la guerre, des espoirs qui s'entrechoquaient ? Cet homme, elle le retrouverait certainement un jour, peut-être voudra-t-il la tuer, peut-être allait-elle le tuer...Mais elle ne parvenait pas à ressentir la moindre haine pour cet homme, bien qu'il porte une marque des Ténèbres au bras, elle voyait juste une âme en conflit, comme eux-tous. Des âmes torturées.

« Je vais bien, fut la seule chose qu'elle trouva à répondre devant la porte de la salle de bain. »

Il lui sourit simplement avant de lui ouvrir la porte en gentleman. Elle en oubliait presque de se débarrasser de lui.

« Retournez donc avec nos amis, susurra-t-elle d'une voix mielleuse. Je peux très bien me débrouiller. Je connais le chemin maintenant, et je me sens beaucoup mieux avec vos paroles. »

Il hésita quelques secondes, cherchant probablement des indices sur son visage qu'elle ne mentait pas sur son ressenti, puis s'en alla gracieusement.

Dès qu'il fut hors de sa vue, Alycia sortir de son sac à main le polynectar et le but d'une traite.

Maintenant, elle devait trouver son frère. Et ensuite, le calvaire serait terminé.

**

Elle aurait été moins déçu de trouver son frère larmoyant, la quémandant sans cesse pour qu'ils quittent cette maison du diable. Au lieu de cela, il se plaisait bien chez les Lestrange. Après avoir assuré par maintes et maintes preuves qu'elle était sa sœur et non une étrangère venu de l'autre bout de Londres, Alycia s'informa de son état, sans tenter de dissimuler son inquiétude débordante.

« Je vais bien, je t'assure, murmura pour la troisième fois le garçon.

— Mais enfin, Zack tu es chez une famille de sorciers hyper traditionalistes avec...

— Ils ne m'embêtent pas. Ils ne me parlent pas de maman, ni de toi d'ailleurs. Le seul soucis, c'est qu'ils me disent que les moldus devraient connaître notre monde. Et certaines fois, nos avis divergent. Mais du moment où je ne leur dis rien, ils ne sont pas bien méchants. »


Alycia dut se mordre la langue trois ou quatre fois par mégarde. Son petit frère lisait un livre de cours sur un lit à baldaquin aux draps fraîchement lavés. Sa chambre était dans un état impeccable, et décorée avec goût. Il n'y avait rien qui pouvait faire penser à une quelconque maltraitance, pour autant, Alycia refusa d'abandonner.

« Zack je suis sérieuse. Ce sont des Mangemorts ils sont du côté de Tu-Sais-qui...Il ne faut pas que tu restes ici. »

Il secoua la tête en plongeant ses yeux dans les siens.

« Je suis en sécurité ici, je sais que tu ne me crois pas, mais ils ne peuvent pas me faire de mal. Tant que je suis ici, le Ministère les considère comme de bonnes âmes charitables qui remettent dans le droit chemin un pauvre garçon, pour qui la mère est en état d'arrestation. De plus, si je pars, c'est moi qui serait soupçonné. Parfois la discrétion a du bon Aly. »

C'était tout lui. Le calme impérial même devant les coups de canon. Son petit frère semblait bien plus âgé qu'elle en cet instant. Il avait tout compris. Il s'était montré intelligent, et rusé, pendant qu'elle jouait au bal masqué dans une fosse aux serpents.

« Tu ne veux donc pas venir ? Demanda-t-elle d'une petite voix

— Je fais ce que maman aurait voulu que je fasse, poursuivit Zack. »

Bien sûr. Il lui avait toujours plus ressemblé qu'elle. Parfois Alycia, se demandait si elle n'avait pas trop des gènes des Malfoy en elle. Zack était l'incarnation même de la sagesse, pendant qu'elle n'était que prise de risque et maladresse.

« Tu devrais faire attention, ils parlent beaucoup de toi aux réunions.

— Tu assistes aux réunions ? s'étrangla-t-elle.

— Ils seront sans pitié s'ils mettent la main sur toi, conclut-il sans daigner répondre à sa question. »

Elle ouvrit la bouche pour répliquer. Elles savaient tout ce qu'il lui racontait là, mais ce qui l'étonnait, c'est qu'il sache autant de choses. Et soudainement, elle fut terrorisée par tout ce que son frère avait pu apprendre durant son maigre séjour chez les Lestrange. Savait-il pour elle ? Finirait-il par croire tout ce qu'ils racontaient sur sa famille ? Elle eut l'infime impression que ce que voulait les Lestrange, c'était de le retourner contre elle. Ou pire, de l'enrôler dans les rangs du Seigneur des Ténèbres. Non, elle ne laisserait pas ça arriver. Il faudra me passer sur le corps avant, se jura-t-elle.

Elle l'embrassa sur le front, en tentant de masquer les tremblements de ses mains contre sa nuque.

« Si jamais tu as un soucis, vas à cette adresse. »

Elle lui tendit une copie du papier que lui avaient donné les jumeaux à la descente du train. Elle savait qu'elle pouvait compter sur eux comme sur personne. Surtout concernant son frère.

« Ne t'inquiètes pas. Je gère, la rassura-t-il »

Il y avait une telle assurance dans sa voix qui muait, qu'elle fut tenté de le croire.

**

Entrer dans la maison avait été compliqué, et elle n'aurait pas pensé qu'en sortir serait quatre fois pire. Cela aurait presque été plus facile si les Mangemorts ne tenaient pas tant à Narcissa. Elle avait du dire au-revoir à chaque personne présente lors de la réception, et bien sûr, elle n'avait trouvé aucun moment pour s'éclipser de nouveau. Elle craignait qu'on ne découvre la mascarade, avant qu'elle n'eut quitté la maison.

« Cissy, nous y allons, annonça Lucius. »

Elle maudit intérieurement ce blondinet. Cette solution l'enchantait guère. Elle voulait quitter la demeure oui, mais sans lui. Néanmoins elle le suivit, non sans continuer à saluer chaque personne présente qu'elle croisait dans les différents couloirs. Puis une fois sur le devant de la bâtisse, éclairés par le clair de lune et les quelques lampadaires encore allumés, une voix les interrompit.

« Mr Malfoy ! s'écria la voix qu'elle reconnut comme étant celle de Regulus. Vous me permettez ? Je vous emprunte ma cousine, j'ai deux mots à lui souffler. »

Son cœur arrêta sa course effréné. Malfoy ? Cet homme était un Malfoy ? Et puis que lui voulait Regulus ? Devait-elle le défoncer pour ce qu'il avait fait ? Il l'entraînait, sans aucune douceur dans la maison. Ils traversèrent des pièces si vite qu'Alycia en oublia de se repérer, ou peut-être était-ce le choc de toutes ses nouvelles que son cerveau ne parvenait pas à encaisser. Le fait est, qu'elle était perdue. Tant physiquement que moralement.

Finalement Regulus finit sa course dans une sorte d'arrière cuisine qui faisait office de garde manger. Il désigna la porte en bois poussiéreuse qui faisait face à celle par laquelle ils étaient entrés.

« Elle donne sur la rue. Tu peux fuir Alycia. »

Elle écarquilla les yeux. Après tout ça, il trouvait le moyen de la sauver du pétrin ? Elle ne trouvait pas la force de bouger, alors Regulus lui ouvrit lui même la porte et la poussa un peu vers l'extérieur.

« Et si tu te poses la question. Le gars qui t'accompagnait, c'était Lucius Malfoy ton demi-frère. Et tu as pris l'apparence de ma cousine Narcissa Black, son épouse. »

Elle était paralysée. Elle était partagée entre la stupeur de cette annonce, l'envie de gifler Regulus jusqu'à en lui décrocher la mâchoire, et la gratitude pour son sauvetage in extremis. Alors, au lieu de lui expliquer clairement, elle lui tourna le dos et franchit la frontière entre l'intérieur et l'extérieur de la demeure.

« Je suis désolé au fait, souffla-t-il si bas, qu'elle se demandera souvent s'il avait bien prononcé ces quelques mots. »

Mais aussitôt, il claqua la porte, la délaissa là, complètement sonnée, en beau milieu d'une rue déserte, avec une apparence qui n'était pas la sienne, une envie de meurtre pour une trahison qu'elle n'attendait pas, le désespoir de ne pas ramener son frère, et la réalisation qu'elle venait de rencontrer son demi-frère. Et par dessus tout, elle n'avait nul part où aller.

Nul part vraiment ? Automatiquement, elle fouilla dans son sac et en sortit l'adresse des Jenkins. Après tout, eux, ils sauraient quoi faire... 

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