Chapitre 23 : Les Jenkins [ partie 1]

Je suis absente depuis un moment sur cette histoire, n'ayant eu ni le temps ni l'inspiration pour la poursuivre. Mais je reviens en force avec un chapitre un peu spécial uniquement centré sur les jumeaux, et qui contient presque 5000 mots. Certains vont peut-être le détester, d'autre adorer...Mais j'avais besoin de l'écrire. Il fallait que j'explique pourquoi ils sont comme ils sont, et leur donner l'importance qu'ils méritent. Ici il n'y a pas Alycia. Mais je vous promets, elle reviendra bientôt. 



Alors qu'ils n'avaient d'autre choix que de rentrer chez eux à pieds, les jumeaux eurent le malheur de se prendre la pire averse de l'année. Leurs chaussures glissaient sur le sol gorgé d'eau et plusieurs fois, une voiture passait sans faire attention à eux, et les arrosait pendant qu'ils déambulaient sur les trottoirs. Ils prirent le métro, seul moment de tranquillité, avant de marcher pendant un quart d'heure dans les rues agitées qui menaient à leur propre quartier.

C'était un ancien lotissement, passé de mode. Il avait été prisé à une époque lointaine, et désormais, les maisons tombaient en ruine, car plus personne n'avait les moyens de les entretenir correctement. Il était passé de la catégorie quartier aisé et bourgeois, à banlieue abritant les pires dealers du pays. Et c'était dans cet univers particulier, qu'avaient en partie grandis les jumeaux. Et plus précisément dans la bâtisse du numéro 23 ter. Le bâtiment n'avait plus eu de rafraîchissement depuis une décennie voire plus, les vitres étaient brisées, ou dissimulées derrière un amas de planches clouées et le jardin était emplie de ronces et de mauvaises herbes.

Evan soupira, mais il ne tarda pas à saisir la cordelette qui retenait fermé le portail rouillé car il pleuvait à torrent et il n'avait qu'une idée en tête : changer de vêtements. Sa sœur sur les talons, il pénétra dans la maison, sur la pointe des pieds, comme s'il craignait de réveiller quelqu'un.

Le vestibule était sinistre. Le papier peint datait cruellement, et manquait à certains endroits. Emily enleva ses chaussures, qui étaient faites de toile et qui n'avaient pas supporté le trajet. Puis doucement, ils entrèrent dans le petit salon, qui puait la cigarette. Mais vu que c'était toujours le cas, les jumeaux, se précipitèrent pour monter l'escalier et s'éclipser. Cependant, une fois la première marche franchie, une voix les interpella. Une voix grave, râpeuse, qu'ils connaissaient mieux que personne.

« En retard les gamins... »

C'était comme un murmure. Très bas, mais qui suffit à donner la chair de poule.

« Possible, mais on aurait été plus à l'heure si on avait eu une voiture, grogna Evan d'une voix forte alors qu'Emily préparait mentalement les arguments à mettre en place pour récupérer leurs économies. »

Une forme se dessina dans l'ombre avant de s'avancer vers eux. C'était un homme, grand, le crâne rasé et un tatouage en forme de dragon là où il y avait autrefois des cheveux. Il n'était pas beau, avec son nez en forme de groin, et ses oreilles un poil trop prononcées. Ses yeux fixaient les jumeaux avec dédain, comme s'il les rencontrait pour la première fois.

« Et puis quoi encore sale gosse ? J'te donne déjà à manger à toi et à ta sœur, en plus d'une chambre. Tu veux quoi d'autre ? Que j'te paye tes affaires ? Avec ce que vous cachiez sous mon propre plancher ? »

Il renifla, alors qu'Evan tremblait d'une fureur contenue. Emily prit le relais, bien décidée à ne pas se laisser faire. Elle n'avait peut-être pas le courage d'une lionne ou d'Alycia, mais elle avait de la détermination et un cerveau. Evan et elle avaient survécus en étant malin.

« Nos sous t'ont évité de te retrouver devant le tribunal !

— Le tribunal ?

— Oui le tribunal. Tu es sensé être notre tuteur, et t'occuper de nous. L'argent reçu à la mort de nos parents t'était destiné dans cet unique but : notre éducation ! »

Connor éclata de rire. Était-ce un monstre ? Ou un homme détruit par des milliers de mauvaises décisions ? Les jumeaux connaissaient mieux que quiconque la réponse ; Connor n'était pas mauvais, il n'avait jamais levé la main sur eux. Il avait juste refusé de prétendre qu'il avait encore de la famille. Et au lieu de réparer des années de débauche, il avait préféré ignorer ses neveux et liquider leur héritage au jeu. Il n'était pas violent, juste...indifférent.

Et c'est cette indifférence qui risquait de disparaître désormais. Mais les jumeaux, auraient mieux voulu que ce dernier reste le même au lieu de les fusiller du regard.

« Vous vous débrouillez très bien tout seuls, et je comprends pourquoi maintenant !

— On a fait ce qu'on devait pour survivre. On était seuls, alors au vu de la situation, on avait le droit, riposta Emily toujours aussi sanglante.

— Et ils viennent d'où ces sous ? Une partie cachée de l'héritage de mon cher frère ? »

Evan se dandinait, inconfortable, les questions sensibles approchaient.

« La vente du manoir, expliqua Emily étrangement neutre. Tu as fait l'erreur de nous laisser faire les visites alors on s'est servis. On a sélectionné les meilleurs acheteurs et on a gardé notre part en te disant que personne ne voulait de ce château et que nous devions le vendre pour quelques miettes de pains...Et puis nous avons travaillé. Evan a lavé des voitures quand nous avions 13 ans, pendant que je gardais des gamins prétentieux. Et chaque été on recommençait. On la gagné. Alors rends-le nous s'il te plaît. »

Il n'y avait personne sur cette terre qui connaissait le double visage des jumeaux. La débrouillardise de deux jeunes adolescents qui avaient faits de leur mieux pour survivre dans l'un des quartiers les moins fréquentables de Grande-Bretagne, alors qu'à l'origine, ils vivaient confortablement grâce à la richesse de leurs parents.

« Je peux pas..., murmura Connor mal à l'aise.

— Pourquoi ? Grogna Evan. Ne me dis pas que tu l'as liquidé aux jeux alors que tu sais que tu es un âne au poker !

— C'est pas ça..gamin tu peux pas comprendre...

— SI JE PEUX !

— Evan ! Tempera Emily en posant sa main sur son bras. Ou est l'argent ?

— C'est le Scorpion des As...Il avait besoin de cet argent...Ils allaient me tuer sinon. Vous n'imaginez pas comment ils sont...Ils sont...Je suis un bon dealer. J'ai rien fait de mal. Mais ma dernière cargaison avait du retard, il réclamait une compensation...Et il obtient c'qui veut c'te Scorpion... »

Emily soupira, connaissant très bien la suite. Evan serra la mâchoire, il fallait qu'il se contienne. Connor était la dernière barrière avant de finir à la rue. Qu'est-ce qu'il aurait voulu être à Poudlard en ce moment ! Loin de cette tête d'imbécile qu'était son oncle...Emily soupira de nouveau, plus bruyamment, mais Evan vit bien que dans sa tête, c'était l'ébullition. Elle avait déjà une ou deux idées pour les sortir de là, cependant, il connaissait ses idées par coeur ; ça n'annonçait rien de très réjouissant.

« Et comment on peut le récupérer cet argent ? s'enquit-elle avec un ton hautain qu'elle avait l'habitude de prendre devant Connor.

— Le récupérer ? s'étouffa le dealer. Mais vous allez pas bien ? Il va vous casser la gueule !

— Tu sais très bien que non, poursuivit Emily tandis que son frère blêmissait à vue d'œil. Par contre, si on y arrive, tu ne le toucheras plus jamais. Est-ce que c'est clair ? »

Connor marqua un temps d'arrêt. Il aimait l'argent plus que tout. Il ne résistait jamais à son appel. Et paradoxalement, il ne savait pas le garder en main, il lui brûlait les doigts. Les jumeaux le savaient. Cette demande était juste une trêve, le temps de trouver une autre cachette, si Connor ne détruisait pas la maison en sachant qu'il existait.

« On a besoin de cet argent pour vivre.

— Je vous paye la bouffe.

— Des frites et du soda, tu parles d'une bouffe ! s'énerva Evan en tapant du point sur la rampe d'escalier.

— Evan ! l'apostropha sa sœur alors qu'elle fixait sans ciller son oncle. Connor, s'il te plaît, soit on récupère cet argent, et on le garde pour nous, soit tu le prends mais tu nous payes tout ce qu'un tuteur digne de ce nom doit nous payer. Et crois-moi que si aucune des deux solutions n'est à ton goût, alors on devra porter plainte. Et nos parents ayant été des avocats de renom, on trouvera forcément un moyen, par une de leur relation, pour te foutre de nouveau en taule. Tu veux vraiment y retourner ? »

Il cracha à ses pieds. Puis il saisit une chope de bière, bu cul sec ce qui restait dedans, et secoua négativement la tête.

« Cette question, s'pose pas. T'sais pas qui c'est le Scorpion des As. C'te mec te rendra jamais ton argent petite. »

Evan fulminait et intérieurement, il visualisait comme toujours son bras atterrir en plein dans la fasse de porc de son très cher oncle adoré.

« Il nous le rendra, affirma tranquillement Emily bien qu'Evan remarqua un léger tremblement dans sa voix. »

Il commençait à avoir peur de ce que voulait dire sa jumelle par là. Le Scorpion des As était une légende dans le coin, c'était un peu le Voldemort du quartier, son nom était tabou. Et les jumeaux n'étaient pas des guerriers, ils n'avaient pas vraiment le courage nécessaire pour aller se pointer devant un chef de gang qui faisait peur aux biceps de leur oncle. Jusqu'ici, ils s'en sortaient surtout en étant malins, et débrouillards. Pas en fonçant tête baissée dans la tanière des dealers. Evan avala discrètement la boule qui s'était coincée dans sa gorge avant d'avoir une idée.

« Je te parie 50 livres, que ma sœur a raison vieux chnoque ! Tacla le blond. »

Au mot « livre », les yeux plissés de leur oncle s'illuminèrent.

« Tu les as pas les 50 balles petit, fit-il méfiant mais tenté par le pari.

— Bien sûr que si. On avait pas tout mis sous notre plancher, expliqua le jeune homme en évitant de croiser le regard affolé de son double féminin. Si ma sœur a raison, tu nous laisses notre argent, si elle perd, on te donne 50 livre. Marché conclu ? »

Connor avait un mini sens de l'honneur qui ne tenait que lors de paris comme celui-ci. C'était bien la raison pour laquelle il n'avait pas un rond en poche, il liquidait tout aux paris qu'il perdait. Il avait une poisse énorme, selon Emily, et un cerveau gros comme une patate mais vide comme un trou noir d'après Evan.

« OK...Je marche. Mais vous avez 48 heures. Après ça le Scorpion part pour Southampton. »

Evan le regarda s'éloigner, en sautillant presque car il pensait pouvoir gagner sur ce coup. Le jeune homme se retourna vers sa sœur qui secouait la tête, exaspérée. Elle prit son bras et l'entraîna à l'étage, dans leur chambre, le seul endroit privé, où ils pouvaient parler sans être ni vus ni entendus.

« Tu es complètement dingue ?! On ne les a pas ces 50 livres !

— On va les trouver, répliqua le garçon en haussant les épaules. »

Emily mit une main sur son front, elle n'en pouvait plus. Pourquoi est-ce qu'il fallait que ça leur tombe dessus maintenant ? Jusqu'ici, tout allait bien. Ils dormaient, mangeaient, allaient travailler un peu partout. Ils vivaient dehors, et tout ça sur leurs économies bien bâties. Connor, ce n'était qu'un élément du paysage, un peu embêtant, mais facilement oubliable. Et maintenant ? Maintenant, ils allaient devoir sauver leur peau, tout en faisant en sorte que cela ne se reproduise pas, et qu'ils ne finissent pas à la rue. Tout ça en moins de deux semaines, ou en moins de 48 heures pour ce qui était de l'argent.

« Et les trouver où ? Ça tombe du ciel 50 livres c'est vrai ! Grogna-t-elle.

— Mais tu semblais si sûre de pouvoir les obtenir nos économies de ce Scorpion. J'ai joué dans ton jeu moi ! s'expliqua Evan. Comment je pouvais savoir qu'en fait tu en savais rien ? Hein ? Je suis pas devin moi je te signale !

— Tu aurais pu faire marcher ta cervelle Evan ! Ta cervelle !

— Parle pour toi ! On fait quoi maintenant ? »

Elle laissa choir sur le lit.

« Et bien, on va trouver ce Scorpion et...on avise.

— Quoi ? Comme ça ? Sans plan ?

— Sans plan.

— Ah non ! C'est hors de question. Au pire tant pis. On attend jusqu'à la rentrée et...

— Et quoi ? Dis moi Evan ? Dis moi ce que tu comptes faire sans argent moldu ? Hein ? Elle est ici notre vie je te rappelle ! Il faut qu'on s'habille, qu'on mange décemment ! Et se laver aussi c'est pas mal tant qu' on y est. Et pourquoi pas... »

Elle s'interrompit quand les larmes lui montèrent aux yeux. Elle les essuya rapidement mais son frère eut le temps des les apercevoir perler au coin de ses yeux. C'était de la frustration. Et de l'inquiétude aussi. C'était toujours elle qui s'occupait de compter l'argent, et de planifier les choses en fonction du budget. Evan, lui, il était plus doué pour le gagner cet argent. Et là, couchée sur son lit, les bras tremblants de rage, elle était perdue et ne savait plus quoi faire.

« On est presque majeurs, essaya Evan. On pourrait aller vivre chez les sorciers. Après tout, on est pas vraiment des moldus.

— Avec la guerre qui se profile ? Avec ces gens qui veulent la peau des né-moldus comme si on avait la peste ? Finalement, j'aime bien cette petite vie minable, dans ce quartier de merde qui put les ordures. »

Elle pleurait vraiment maintenant. Et pour une fois, c'était Evan qui avait un peu plus de calme. Chacun son tour. Toujours l'un après l'autre. Toujours l'un pour l'autre.

« Mais on a rien ici. Rien qui nous retient, murmura Evan en venant s'agenouiller devant elle et prendre ses mains.

— C'est chez nous...Qu'on le veuille ou non, c'est ici qu'on a grandis. C'est contre ce mur là que tu t'es cassé la jambe. Tu te souviens ?

— Oui je me souviens, ricana-t-il. Mais Em...Si c'était vraiment chez nous...pourquoi on inventerait une autre vie à Aly hein ? Et la fois où tu as mentis à notre prof de Defense contre les forces du mal quand il voulait rencontrer nos parents hein ? Tu lui as dit que nos parents étant diplomates, n'avaient pas le temps pour ces foutaises. Diplomates sérieusement ? C'est chez nous, oui. Mais pas pour toujours. Peut-être que c'est un signe. Il est peut-être temps pour nous de prendre notre envol. »

Emily plongea ses yeux dans ceux de son frère. Il y régnait une lueur d'espoir. Celle de bâtir une vie meilleure, loin, loin de Connor et des gangs de dealer de drogue. Mais un rêve, qu'Emily savait irréalisable pour le moment. Elle était plus réfléchis. C'était dans sa nature de prendre en compte tous les éléments.

« Non Evan. On ne tiendrait pas une minute dehors sans argent. Et je ne veux pas avoir la justice sur le dos juste parce qu'on a fugué. Même si _ elle coupa Evan qui allait intervenir _ Connor n'est pas du genre à remarquer notre absence je sais. Il vaut mieux qu'on attende notre majorité. »

Evan se remit debout, un peu dégoutté.

« On va donc vraiment aller chez le Scorpion ? C'est pas comme si on avait le choix...en fait... »

Emily opina discrètement du menton. Ils allaient devoir tenter l'impossible.

« Et on ne peut pas juste utiliser un simple sort ni vu ni connu, termina Evan. Il ne faut pas qu'on se retrouve avec le Ministère sur le dos... »

Emily acquiesça de nouveau en silence. Cela n'allait pas être une mince affaire. Mais la seule chose qui la consola, c'était qu'elle était avec son frère. C'était la seule chose qui la faisait tenir debout en n'importe quelle circonstance, le fait de savoir qu'elle ne serait jamais seule. Evan et elle c'était à vie.

**

« Tu es sûre qu'on y va ? Demanda pour la cinquantième fois Evan sur le chemin. J'ai envie de me pisser dessus. »

Sa sœur lui prit la main, mais continua d'avancer. Il ne pleuvait plus, mais la boue jonchait les trottoirs. Elle tenait une vieille batte à la main. Et son frère avait un couteau suisse dans sa poche.

« Tu es sûre ? Non mais du style vraiment sûre ? Parce que là, je vais vomir. Et si je m'évanouis, on fait quoi ? Emily, me lâche pas la main ! Tu crois qu'il est moche, oui, il est certainement moche. »

C'était typiquement Evan, la peur lui donnait des allures d'un gamin qui parle sans arrêt, et Emily bien qu'elle lui tenait la main, et qu'elle ne disait pas un mot, ne se sentait pas très bien non plus. En fait, elle ne voulait pas ouvrir la bouche de peur de dire des bêtises sous le coup de l'émotion. Et elle serrait la main de son frère si fortement, qu'elle s'y accrochait plus comme on le fait avec une bouée.

« Je te jure Emily. Je t'aime. Tu es la meilleure sœur au monde, malgré nos différents. Et si jamais je meurs, sache que tu as la moitié de ma bénédiction pour épouser Sirius Black. »

Emily faillit s'étouffer avec sa salive.

« QUOI ? Mais parles pas de Black maintenant ! Ça va pas la tête, tu es fou ? Et puis pourquoi une moitié seulement hein ?

— Parce qu'il est à moitié con et à moitié canon. Et puis parler de lui ça te détend, et moi aussi.

— Ca ne me détend pas du tout au contraire!

— Si, tu as presque lâché ma main ! D'ailleurs la lâche pas, j'ai toujours peur moi ! »

Elle la laissa tomber contre sa jambe. Evan grogna mais contint ses remarques quand il vit sa sœur froncer les sourcils comme quand elle avait une idée de génie qui se profilait à l'horizon. Il croisa les doigts pour que finalement, ils n'aient pas à aller voir le Scorpion. Elle se tourna vers lui, ouvrit trois ou quatre fois la bouche comme un poisson qui attrape l'air. Puis finalement, elle s'exclama :

« Vanvan, je crois que j'ai une idée de génie !

— J'en étais sûr. Maintenant, est-ce qu'on peut rentrer à la maison, je dois aller pisser. »

Il tourna les talons mais sa sœur lui empoigna violemment le bras pour l'entraîner dans la direction opposée.

« NOOOOOOONNNNN ! Cria-t-il en se débattant.

— Il faut qu'aille au Chemin de Traverse. Et vite. Tu pisseras derrière un arbre. »

Evan cligna des yeux, comme s'il venait de voir une lumière aveuglante. Qu'est-ce qu'ils allaient bien faire chez les sorciers qui puisse les aider. Soudainement, il saisit que l'idée de sa sœur pouvait bien être pire que l'originale. Il regretta presque de ne pas aller juste lui donner quelques coups de battes. A tous les coups, ça allait être un plan foireux. Les plans de sa jumelle étaient toujours les pires. Mais ça, il le gardait pour lui.

**

« Je voudrais de l'or de farfadet s'il vous plaît Madame, demanda poliment Emily en affichant sa plus belle tête d'ange. »

Cela ne suffisait visiblement pas à la vieille dame qui les détaillaient comme des voyous fugueurs et voleurs. Elle grimaçait, et son expression de méfiance était tellement prononcée qu'Evan était certain qu'elle lui rappelait un ogre. Elle prit entre ses gros doigts une plume et inscrivit une phrase en pattes de mouche, tout en jetant des coups d'oeil aux jumeaux.

« Je jure, sur la tête de mon oncle Connor, que c'est pour une bonne action, précisa Evan. On doit faire un travail dessus à Poudlard. Avec des Niffleurs. Et vu qu'on ne doit pas leur laisser des vrais Gallions, la prof nous a recommandé d'utiliser de l'or de farfadet. »

Elle plissa les yeux, et Evan se sentit devenir tout petit. Il déglutit et serra la main de sa sœur comme pour savoir ce qu'ils devaient faire maintenant. Ils continuaient à mentir, ou ils tentaient de voir si quelqu'un d'autre était décidé à en vendre.

« Il vous en faudra combien ? s'enquit la vieille de sa voix râpeuse alors que les jumeaux se détendaient de soulagement.

— Beaucoup ! s'écria Evan.

— C'est pas une quantité ça ptit, grogna-t-elle comme un chien enragé. T'as quoi comme gallions à me donner. »

Evan se retourna instinctivement vers la trésorière du duo. Emily ferma les yeux, compta sur ses doigts et récita :

« Je peux vous donner 50 Gallions. »

Le jeune homme mordit son poing. Ça ne sera pas suffisant, mais bon, comme toujours, ils allaient faire avec. La vieille scruta la pièce quelques secondes avant de s'éclipser derrière un rideau. Ils attendirent un long moment. Evan tapotait du bout du pied l'étagère de droite et Emily se rongeait les ongles. Au dessus de leur tête, une horloge les accompagnait dans leur attente au son des tic-tac.

Ils commençaient à trouver le temps long, et Evan se demanda sérieusement, s'ils ne venaient pas de se faire arnaquer par une vieille chouette. La porte s'ouvrit, laissant la place à deux jeunes hommes du même âge qu'eux.

Aussitôt, Emily abattit sa capuche sur ses cheveux bruns : Sirius Black était dans le coin. Et sa dernière rencontre avec le jeune homme avait laissé une marque cuisante sur la joue du garçon. Evan mit plusieurs secondes à réagir. James Potter le salua avec un sourire railleur, et ce fut à ce moment là, qu'il comprit.

« Bah ça alors, on vient chercher quoi dans un magasin comme celui-ci Jenkins ? Se moqua Sirius. De quoi essayer de se défendre ?

— Mais ta gueule Black ! »

Ils s'étaient déjà entrevus dans le train, il y avait de cela quelques heures seulement. Voir leur tête une deuxième fois, qui plus est, en vacances, était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Ce n'était pas ce qu'on appelait une journée réussie.

« Et puis on pourrait vous poser la même question, rétorqua le blond.

— Tiens ! Jenkins féminin, tu ne veux pas nous voir ? Rigola le Ténébreux tandis que son ami souriait de toutes ses dents. Tu as peur ? Pourtant c'est moi qui ait reçu une gifle de ta part. C'est moi qui devrait me cacher derrière mes cheveux. »

Mais Emily était calme. Elle avait déjà assez de toutes leurs histoires personnelles, il était hors de question qu'une bande de maraudeurs se mette en travers de leur chemin. Elle devait respirer et attendre la vieille, qui prenait décidément son temps. Et surtout, ne pas répondre aux provocations. Evan s'en chargeait déjà assez bien.

« Quelle journée de merde, siffla-t-elle sans que personne ne puisse l'entendre. »

James s'approcha du comptoir, et Evan se posta devant lui.

« Hop ! On était là avant et on est pressé.

— Tu te calmes Jenkins ! Je regardais juste...maugréa le myope en passant une main dans ses cheveux. Vous êtes nerveux les gars, on est en vacances putain. »

Derrière lui, Sirius observait les objets des vitrines, tous des artefacts de farces et attrapes. Ici on trouvait les objets plus rares, plus chers, mais plus impressionnants.

« Parle pour toi, continua Evan. Tu as du temps à perdre, c'est pas le cas de tout le monde.

— Des problèmes Jenkins, s'enquit Black en prenant en main une boule qui scintillait à la lumière du soleil. »

Emily daigna incliner la tête vers lui pour le regarder.

« Rien qui te concerne Black. »

Elle avait mis toute la froideur possible dans son ton. Mais au fond, elle était satisfaite de voir que quelqu'un se souciait. Même si cette personne disait cela uniquement par politesse,...ou parce qu'elle n'avait rien d'autre à dire.

« J'ai un kilo d'or de farfadet, annonça la vieille en déposant avec fracas le sachet. Cela fera 50 Gallions. »

Emily aurait donné cinquante gallions de plus pour que la vieille soit plus discrète. Mais quand on a la poisse et qu'on s'appelle Jenkins, on a la poisse pour la journée entière.

James et Sirius détaillèrent les jumeaux avec des yeux ronds qui brillaient de malice.

« Vous allez arnaquer quelqu'un ? Déclara Sirius déjà hilare. Vous ! »

Emily lui décrocha son meilleur regard de tueuse et empoigna le sachet. Elle entraîna son frère et quitta la boutique, nous sans claquer violemment la porte. Malheureusement, la curiosité des maraudeurs était tenace, et ils abandonnèrent leurs emplettes pour poursuivre les jumeaux dans les rues sinueuses du chemin de traverse. Il n'y avait pas foule en ce jour brumeux et pluvieux. Alors ils eurent bien du mal à se défaire des deux pires pots de colles que la terre abritait.

« On est des experts en la matière. On va vous aider, s'écria James qui courrait derrière eux. »

Les deux maraudeurs avaient bien compris que ces vacances devaient être pimentées par un peu d'action, et au grand damne des Jenkins, ils avaient jeté leur dévolu sur eux.

« Sans façon, on se débrouille bien tout seuls, railla Evan.

― Ce n'était pas une question Jenkins. »

Emily fit volte-face et lui enfonça son pied dans le tibias. Elle en avait marre. Elle allait péter les plombs. Le jeune homme grimaça de douleur et se massa la jambe.

« Hey !

— Allez vous faire voir ! Cracha la jeune fille. Quand on dit qu'on se débrouille seuls c'est que c'est le cas ! J'en ai marre des gens comme vous ! Qui pensent que personne ne vaut mieux ! On est pas cons, on s'en sort. On peut faire les choses par nous même ! On a besoin de personne c'est clair ? On a besoin de personne ! Ni de vous, ni d'Alycia, ni de Connor, ni des professeurs, ni de Dumbledore, ni...Ni de personne ! On est grands ! Et plus matures que la moitié de Poudlard. Toi et Black, vous n'avez aucune idée de ce qu'a été notre vie. Aucune idée de qui on est ! Je te permets pas de me juger Potter. Et toi Black arrête de me draguer juste pour que je fasse tes devoirs ! Tu n'es qu'un crétin arrogant ! Vous...vous... »

Evan s'accrochait à elle. Sa sœur hurlait rarement, et quand c'était le cas, c'était le signe d'un ras le bol ravageur. Elle éclata en sanglots et s'écarta brusquement des bras de son frère. Elle fit quelques pas, sans tenter de sécher les larmes qui coulaient sans discontinuer sur ses joues rouges. Elle avait envie de taper quelqu'un, ou quelque chose. Ou juste d'aller dormir. Elle ne voulait plus entendre parler d'argent, de Scorpion, de Connor, de maraudeurs, elle voulait juste dormir.

Les deux compères maraudeurs l'observèrent ruminer avec stupeur. Emily Jenkins en colère, c'était un spectacle qu'ils connaissaient oui. Mais une Emily en colère à ce point là ? Sirius aurait donné n'importe quoi pour se trouver ailleurs que sous les regards de la jeune fille qui le fusillait littéralement avec ses prunelles.

« Bon..., je crois qu'on a compris le message..., allé viens Cornedrue, on s'en va. »

Il prit son ami par le bras, mais ce dernier ne bougea pas d'un pouce, ses yeux attirés par une lueur au dessus de la jeune fille. Sirius leva les yeux. A quelques mètres, la marque des Ténèbres luisait dans le ciel, en pleine journée. Des cris et des explosions retentirent quelques secondes plus tard, au bout de la rue.

« Courez ! Hurla Sirius. »

Mais Emily ne comprenait pas, encore déboussolée par sa réaction. Sirius s'en rendit compte et la tira par la main. Evan ferma la marche non sans rugir à son tour.

« LA POOOOOOISSSEEEEEEE !!! »

Et personne ne chercha à le contredire alors qu'ils suivaient tant bien que mal la foule en panique. 



Alors ? N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, j'ai toujours le temps pour prendre note de vos commentaires. 

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