Chapitre 22 : Alerte aux vacances de Pâques

Ce fut au milieu d'un déluge de rires, et d'insouciances que l'année s'approcha dangereusement des vacances de Pâques. Il ne restait que deux jours pour se décider si oui ou non, on restait à Poudlard. Chacun avait sa propre idée là dessus.

Pour certains. Comme Alycia, les vacances faisaient peur. Si le plan s'était déroulé normalement, son frère n'aur ait pas débarqué en Grande-Bretagne et elle serait restée sagement entre les murs rassurants du château. Cependant, elle ne pouvait se résoudre à laisser son frère seul chez les Lestrange, sans protection. Alors elle planifiait encore et encore, sachant très bien que Regulus avait d'autres problèmes en tête et qu'elle n'arriverait pas à aller le voir pour le supplier de sacrifier sa propre sécurité. En temps de guerre, chacun veille sur sa propre personne avant de prendre soin des autres, du moins dans la logique de l'instinct de survie.

Pour d'autres, les plans se voyaient, du jour au lendemain, balayés d'un simple coup de vent. Les jumeaux, avaient prévu de rester, comme chaque année. Mais une lettre était arrivée, contre toute attente. Ils ne recevaient jamais de courrier, et peu y faisait attention. Alycia avait bien tentée, en début d'année, de placer le sujet sur la table, mais Emily avait répliqué : « Ils ne sont pas trop confiants avec le système de lettres par hiboux, et puis de toute manière, ils sont très occupés avec leur travail d'avocats. » Alors, surprise par le ton sec de son amie, Alycia n'avait plus jamais abordé la question du courrier.

Mais quand elle vit le visage d'Evan pâlir comme s'il semblait sur le point de faire un malaise, elle ne put s'empêcher de s'interroger. C'était durant le repas du soir, Emily s'était levée d'étonnement, en apercevant sa chouette faire un vol plané et atterrir juste dans sa purée, le bord de la lettre dans la sauce de viande. Au début, elle avait rit. Nerveusement. Comme inquiète. Et puis Evan avait pris les devants et avait saisis le papier avant de l'arracher d'un coup sec pour en sortir le contenu.

« C'est grave ?, s'enquit Alycia d'une voix presque timide. »

Personne ne lui répondit et elle comprit alors, qu'elle ignorait beaucoup. Les jumeaux communiquaient beaucoup par le regard, mais jamais autant qu'en cet instant, où, bien qu'aucune parole ne fut échangée, Alycia se sentit exclut.

« Quelqu'un est mort ? Essaya-t-elle de nouveau. »

Silence.

Evan tremblait et il paraissait tellement réfléchir qu'il n'aurait pas été étonnant de voir de la fumée sortir de ses oreilles rougies par l'émotion. Emily quant à elle, s'accrochait à la tête comme si elle eut voulu l'enfoncer dans le sol.

« Non. Personne n'est mort, gronda Evan d'une voix rauque.

— Evan...est-ce que c'est Connor qui écrit ? Le questionna Emily les sourcils froncés.

— Oui. Qui d'autre sinon ?

— C'est vraiment son écriture ? s'étonna-t-elle.

— Je ne savais même pas qu'il savait écrire...Je pense...Il y a beaucoup de fautes d'orthographe, murmura Evan, en secouant la feuille de papier comme s'il pensait que c'était un piège...ou une mauvaise blague. »

Alycia regardait les jumeaux alternativement, mais ils étaient dans leur bulle, elle n'était plus vraiment là. Qui était Connor ? Ils n'avaient jamais mentionné de Connor.

« Il nous demande de revenir pendant les vacances, expliqua Evan à sa sœur qui n'en croyait pas ses oreilles.

— Revenir ?! Il est sérieux ?!

— Il a peut-être bu..., proposa Evan.

— Non c'est sérieux, il a du se renseigner car on ne lui a jamais dit comment faire. Il aurait pu...Comment a-t-il su pour le courrier par hiboux ?! Evan...je crois que l'on va avoir des problèmes... »

Evan, en lisant la fin de la lettre passa du blanc mortel au rouge pivoine, puis au violet...

« Em...Tu as raison...On a des problèmes.

— Quel type de menace.

— Rouge...sang...

— Merde ! »

Sur cette injure lancée froidement, Emily se leva d'un bout et courut vers la sortie, sans même se préoccuper de sa meilleure amie, qui ne saisissait plus rien au problème, et voguait dans un océan de questionnements multiples. Avant de suivre sa sœur, Evan rangea précautionneusement la lettre dans une poche de son pantalon et s'adressa à Alycia.

« On va t'expliquer...Emily est d'accord. Ne t'inquiète pas. Mais pas tout de suite...Peut-être après les vacances... »

Il ne laissa pas le temps à la jeune fille de répondre, qu'il partait déjà. Elle demeura donc seule, complètement perturbée. Qu'est-ce que les jumeaux ne lui disaient pas ? S'ils avaient des problèmes, elle ferait tout pour les aider. Après tout, ils avaient tant fait pour elle...Elle avait une dette envers eux, une dette qu'elle calculait d'éternelle.

Elle soupira avant de s'attaquer à sa purée.

A la table des Gryffondor, les maraudeurs riaient à gorge déployée. Elle ne doutait pas qu'ils préparaient un nouveau coup. La veille, ils avaient généreusement versée un bol entier de lait sur ses cheveux, et ce n'était qu'une petite blague comparée à la fois où ils avaient réussis à la jeter dans le lac...Par vengeance pour leur ami au cœur brisé.

Remus l'évitait un maximum si bien qu'elle n'avait pas réussis à lui parler, de plus il avait une garde rapprochée très efficace, comprenant les maraudeurs, et la tête de mule qu'était Mary, entre autres. Elle ne savait pas s'il rentrait pendant les vacances, peut-être qu'elle pourrait lui adresser la parole dans le train, ce serait plus facile, il ne pourrait pas se cacher.

« Tou es toute seule ? Demanda une voix qu'elle aurait souhaité ne pas entendre. »

Celia Vialesca, toujours un sourire ravissant collé sur ses lèvres pulpeuses, était la pot de colle par excellence, et avait un don pour savoir quand se faufiler près de quelqu'un et devenir en un instant, la confidente de rêve. Alycia, avait bien essayé de la faire fuir, en lui montrant bien qu'elle n'avait pas confiance en ses agissements, mais il fallait avouer que l'espagnole avait un talent immense, presque destructeur, et qu'elle laissait tout de même planer le doute dans les esprits. Était-elle comme sa famille, ou avait-elle de véritables intentions louables ? Bien qu'agacée, Alycia venait à en douter.

« Non, je parle à mon ami invisible, railla-t-elle, en espérant demeurer seule. »

Mais le contraire arriva, Celia rit aux éclats avant de prendre place en face d'elle.

« Tu rentres chez toi ?

— Je n'ai pas de chez moi, répliqua-t-elle encore plus froidement. Et ma mère est recherchée...

— Pour le meurtre de mon père, poursuivit Celia avec sérieux. »

Alycia faillit s'étouffer avec son eau. A quoi jouait-elle ? Était-elle venue avec son beau sourire pour déclarer la guerre ? Sinon pourquoi reconnaîtrait-elle enfin la situation après avoir tenté depuis un mois, d'approcher gentiment celle qui aurait du être son ennemie jurée.

« Je...

— Ce n'est pas ta faute, mais celle de ta mère. »

Alycia était sûre qu'elle plissait tellement les yeux, qu'ils devaient être tels de petites fentes. Bien sûr que tout cela était de sa faute...Tout cela ne serait pas arrivé sans sa naissance. Celia le savait parfaitement alors pourquoi prétendre le contraire ?

« Je veux faire la paix, avoua Celia.

— On n'est pas en guerre.

— Tu ne m'aimes pas. Tu ne me fais pas confiance.

— Non...

— Soyons amies. »

Cette fois-ci, Alycia s'étouffa vraiment avec son eau, et toussa plusieurs minutes avant de reprendre son souffle.

« Amies ?!

— C'est l'idée de Lily.

— Lily ?!

— J'organise une fête chez moi, tu es la bienvenue. Lily, Alice et Franck seront de la partie. Et les jumeaux s'ils le souhaitent. »

La jeune aigle s'étonna de tenir encore debout. Lily, une née moldue allait directement dans la fosse aux serpents, sans faire attention ? Mais pourquoi tout le monde était-il si naïfs ? Les jumeaux lui avaient expliqués qu'ils aimaient bien Celia au bout du compte, qu'elle faisait des efforts pour une serpent...Et puis Alice n'était-elle pas au courant de la réputation des Vialesca ? N'y avait-il que Regulus de sain dans ce château ? Et puis comment pouvait-elle penser une seconde que Regulus était le plus sérieux de tous ?

Elle gémit, un mal de crâne menaçant de frapper d'une seconde à l'autre.

« OK. »

Elle avait dit oui. Sans même y réfléchir. Il fallait bien quelqu'un pour veiller sur cette bande de fous. Tout ce qu'elle espérait, était que Celia n'avait pas d'autres invités plus douteux en tête, comme une certaine paire de maraudeurs, ou bien quelques serpents du type mangemorts en devenir.

**

« Il a trouvé nos économies..., sanglota Evan. »

Emily faisait les cent pas dans la Salle Commune. Partis comme ils étaient partis, ils devraient rentrer pendant les vacances. Et c'était une très mauvaise idée.

« Quel connard..., gémit le garçon en passant une main dans ses cheveux, comme s'il voulait les arracher d'un coup sec.

— Chut Ev !

— QUOI?! ON EST PERDU ! »

Elle soupira, tentant tant bien que mal de réfléchir, mais ce n'était pas une tâche facile avec les premières années qui criaient devant leur jeu de cartes, et Lucie qui mâchouillait de manière très démonstrative ses sucreries.

« Il veut qu'on l'aide dans ses entreprises...continua Evan.

— Jamais on ne s'abaissera à ça. Et puis on n'a pas le droit de se servir de la magie pour menacer ses patrons. Ce sont des moldus, on pourrait se faire renvoyer, et tu sais très bien que si on reste chez les moldus, on a pas d'avenir. »

Elle s'arrêta de marcher et s'effondra dans le canapé. Il n'y avait qu'une solution. Partir régler cela. Car s'ils laissaient trop longtemps cette histoire traîner, ils prendraient bien trop chers. Il fallait sauver ce qu'il restait.

« On va mourir...

— Evan, il ne peut rien nous faire. Tu exagères, tu racontes des bêtises. Ecoute...On rentre à la maison, et on récupère notre argent. Et s'il faut faire du chantage, et bien on fera du chantage. Mais jamais, tu m'entends, on ne livrera de la drogue pour lui. Jamais tu m'entends ! »

Evan secoua la tête, persuadé que c'était comme ça que cela finirait de toute façon, quoi qu'ils fassent.

« Vois le côté positif des choses petit canard..., fit-elle en le prenant par les épaules. Tu étais toujours le plus doué pour ça. On va pouvoir aider Alycia avec son histoire de déguisement pour surveiller son frère, on s'ennuiera pas comme ça non ? »


Il sourit, même si l'inquiétude lui tordait toujours le ventre.

« Et si...On l'invitait pour lui montrer...la maison ? Proposa alors le jeune homme.

— Tu es fou ?

— On connaît ses faiblesses, ne pourrait-on pas être honnête avec elle pour une fois ? En rencontrant Connor elle comprendra mieux...

— Je vais y réfléchir, accepta finalement Emily en lui frottant le dos. »

**

Une semaine plus tard, le Poudlard express filait droit vers le sud, sans ralentir. Et ces vacances auraient pu avoir un goût d'été au vu du spectacle que pouvait offrir le wagon d'Alycia. Elle était assise avec les jumeaux, qui avaient repris leur mine joviale, même si ce n'était qu'une belle façade qui dissimulait une appréhension plus mûre. Ils riaient, blaguaient, chacun essayant de garder un calme, un soleil avant la tempête. Et il en allait de même pour Alycia, qui se jetait dans l'inconnu le plus total, où irait-elle ? Comment ferait-elle ? Et resterait-elle en vie ? Sa bague n'avait jamais autant brûlé son doigt. Et l'instinct lui soufflait qu'elle lui serait bien utile durant ces deux semaines.

Remus passa plusieurs fois devant la cabine, elle essaya de l'interpeller plusieurs fois, mais Sirius apparaissait alors dans son champs de vision avec un air menaçant, presque meurtrier. Alors elle remit cela au lendemain, comme toujours. Peut-être devrait-elle lui écrire une lettre, si elle avait la certitude qu'aucun maraudeur ne la brûlerait au passage...

Une fois le train arrivé en gare, chacun se précipita devant les portes pour sortir. Tous. Sauf le compartiment des trois Vagabonds. Les jumeaux regardèrent à la vitre avant de soupirer à l'unisson.

« Vos parents ne vous attendent pas ? s'étonna leur amie.

— Non. »

Quant à elle, elle était quelque peu réticente à l'idée de quitter la sécurité rassurante qu'offrait le nom de Poudlard. Les trois adolescents tardèrent à sortir, désirant profiter encore un peu de ce confort, de ce sentiment de ne pas être seuls.

Pour la première fois, ils seraient plus semblables que jamais. Perdus dans leur solitude, et luttant pour une survie dans un monde qui ne voulait pas d'eux.

Le quai se vida petit à petit, et quiconque aurait vu les trois adolescents, baguages à la main, attendre quelqu'un qui ne viendrait jamais, se serait demandé, quelle histoire pouvaient-ils bien avoir du haut de leurs seize années.

« Si jamais tu ne sais pas où aller Aly, lui affirma Emily en lui tendant un bout de parchemin où était inscrite une adresse. Tu nous trouveras là bas. Mais, ne t'attends à rien d'extraordinaire. Ce n'est pas le grand confort, et c'est loin d'être sûr, mais aucun sorcier fou n'aurait l'idée de fouiller dans cette rue... »

Alycia sourit et la prit rapidement dans ses bras, avant de sentir qu'Evan les englobait toutes deux dans une étreintes d'ours.

« Et si tu as besoin d'aide..., nous avons moins à perdre que ce que tu crois, termina Evan.

— J'ai cru le comprendre, murmura-t-elle en réponse. Mais je dois d'abord tenter la chose seule, et puis on se reverra...à la fête Espagnole ! »

Ils rirent, avant de se quitter, à contrecœur. Ils se doutaient bien, que quelque chose ne se passerait pas comme prévu. Mais dans leurs esprit, ce serait plus pour le pire, que pour le meilleur. 

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