Chapitre 20 : Hastings, Poirot et Houston
Elle se réveilla le lendemain avec un mal de crâne. Elle avait réfléchis toute la nuit. La vie s'acharnait sur elle, mais jusqu'ici elle avait seulement l'impression que c'était contre elle, et contre personne d'autre. Bien qu'elle ne l'avouerait pas, Regulus lui faisait de la peine. Car même si sa vie ressemblait certaine fois à un enfer de situations désastreuses, l'avenir était toujours aussi incertain, comme une lumière au bout du tunnel. Et tant que le futur n'est pas une prison, il y a l'espoir d'un envol possible. Or l'avenir de Regulus était déjà défini, comme s'il n'était que le simple pantin du destin. Et le pire, c'était sa connaissance de ce dernier. Si encore il croyait que le beau temps viendrait après la pluie...
Après avoir mis les choses sous cette perspective, elle réalisa qu'elle avait injustement blâmé le monde entier pour sa propre réaction, et ses propres chagrins. Il n'existait pas de comportement plus enfantin et irrespectueux pour les jumeaux qui l'avaient accueillis à bras ouverts alors qu'ils n'avaient aucune raison de le faire.
Elle se tint assise sur le bout de son lit à baldaquin, dans l'obscurité, à observer le visage de son amie Emily, qui ne lui avait plus adressé un mot depuis le baiser de Lupin. En balançant en rythme ses jambes, Alycia vit le monde sous un autre angle. Et étrangement une certaine paix nocturne s'installa alors. Et cela grâce à qui ? Regulus Black.
Depuis quelques mois, le garçon était passé du statu d'ennemi juré potentiellement dangereux au vu des informations qu'il avait, au gars presque sympathique et bien plus sage que sa figure de vipère ne laissait penser. C'était étrange, comme une bipolarité. Mais était-ce anormal pour eux ? Deux âmes qui n'ont jamais trouvé leur chemin dans un univers qui ne voulait pas d'eux tels qu'ils étaient ?
Mentalement, elle nota qu'il fallait absolument qu'ils se reparlent. Au moins pour un semblant de merci aux allures sarcastiques.
« Qu'est ce que tu fous ? Siffla une voix désagréable à l'autre bout de la chambre. »
Alycia grinça des dents, déboussolée par l'interruption inattendu de Lucie.
« Je pense. »
Lucie la détailla et Alycia percevait parfaitement ses iris à la lumière du clair de lune. Dans le noir, on aurait dit un animal surpris par les phares d'une voiture.
« Tu es bizarre toi. Pas étonnant que les Jenkins aient finis par changer d'avis à ton sujet.
— Cela te pose un problème ? Fit-elle en faisant abstraction de la pique lancée par Lucie. »
Cette dernière claqua la langue contre son palet, visiblement mécontente du peu d'effet qu'avait produit sa remarque. Vexée, elle se recoucha, avec le plus de vacarme possible bien entendu. Le matelas rebondit contre les lattes et heureusement personne n'entendit celles-ci se briser un peu plus.
Alycia attendit d'être sûre qu'elle dormait, pour rouler des yeux et se lever délicatement pour une séance de vagabondage, qui au vu de la situation, servirait plutôt de méditation pour affronter la journée qui s'annonçait.
Après avoir enfilé le plus discrètement possible sa paire de baskets en toile, saisis sans le moindre bruissement sa veste, et un pull qui traînait au hasard par terre, elle se précipita sur la pointe des pieds en direction de la lourde porte en bois. On aurait pu croire que ses années de pratique l'aurait conduit à un succès digne de ce nom, mais dès qu'elle atteignit la dernière marche de l'escalier en colimaçon, une voix qu'elle reconnaissait que trop bien la fit s'arrêter net.
« Aly ? »
C'était Evan, les yeux bouffis, les cheveux blonds en bataille, et la trace de l'oreiller sur la joue, mais le sourire toujours authentique.
« Je ne sais pas ce que tu mijotes, mais à partir de maintenant tu le fais avec moi. Alors on va où ? Plonger dans le lac ? Poursuivre une troupe de centaures dans la forêt interdite ? Dégommer Peeves ? On a besoin de bottes en caoutchoucs ? Non car si je rentre dans la chambre de nouveau, j'ai peur d'écrabouiller Chao Chang, il dort avec son balais dans les bras, par terre. Si si je te jure. »
Elle ne sut pas sur le moment si elle voulait rire ou pleurer. Alors, elle fit un mélange, grotesque des deux, qui laissa perplexe le jeune homme.
« Bon allé, quoi, on va où ? »
Elle sourit, réfléchissant.
« Au début j'envisageais une simple balade. Mais vu que tu es là...
— Il va falloir du croustillant, marmonna Evan avec le sourire le plus large possible. »
Alors qu'ils sortaient bras dessus bras dessous, Alycia ne put s'empêcher la force du jeune homme de faire comme si de rien n'était. Des années plus tard, elle était sûre de trouver cela encore admirable. La façon dont il souriait comme si elle était sa meilleure amie et que rien, pas même son étrangeté, ses crises comportementales, sa relation ambiguë avec un Serpentard, ne pouvait aller contre cela, lui donnait chaud au coeur. Et elle avait juste eu besoin de cela pour inspirer à fond.
« Comment as-tu fait pour savoir que c'était moi qui descendait les escaliers ? Demanda-t-elle sans pouvoir s'en empêcher.
— Je ne le savais pas, s'enthousiasma-t-il. Ce n'est pas merveilleux ? J'ai ma Aly pour moi tout seul. Emily va me taper c'est sûr. Elle fait toujours ça quand elle est jalouse. »
Elle ne comprenait toujours pas.
« Mais tu ne m'en veux pas de t'avoir ignoré ? s'étonna-t-elle, une partie de son esprit ne voulant pas y croire. »
Evan étouffa un juron, comme s'il eut souhaité ne pas entamer ce sujet là.
« Si je veux ta mort. Tu vois la fenêtre là-bas ? Et bien, dans quelques secondes, tu vas la traverser pour te retrouver la tête la première dans les pots à mandragore de la serre numéro trois de Madame Chourave. Parce que nous laisser sans nouvelles comme ça pendant autant d'heures, c'était quand même vachement méchant. Et Vanvan le canard était très triste ! Non sérieusement Aly, tu aurais pu nous expliquer au moins.
— Pardonne moi...Je...
— Pour la peine, tu vas me subir pendant une soirée de vagabondage. C'est ton châtiment. Et tu n'as pas intérêt à râler. Je ne te lâcherais pas. J'ai peur du noir.
— Promis juré, rit-elle, soulagée avant de se reprendre. Tu as peur du noir ?!
— Non ! s'exclama bien trop vite Evan, en sifflotant et en regardant ailleurs. »
Elle se moqua de lui tout au long du trajet. Après quelques minutes pendant lesquelles ils marchèrent sans but, Evan eut une idée, qui allait tout changer.
« Qu'est-ce que tu ferais si je te disais que les maraudeurs avaient décidé de faire de toi une cible ?
— Je les attaquerais d'abord...mais....comment tu...
— Emily a de bonnes oreilles. Surtout quand il s'agit de Sirius Black. Elle ne l'avouera jamais, mais je suis son frère, je la connais bien. Elle a entendu quelques brides de conversations. Ils ne sont pas discrets.
— Mais nous on l'est...souffla t-elle comme animée d'un nouveau but. »
Il ne suffit que d'un regard, avant que les deux jeunes gens s'enferment dans une salle au hasard pour mettre au point un plan digne des Serdaigles. Evan se frotta les mains, plus parce qu'il sentait la bonne affaire arriver, que parce qu'il avait froid. Alycia ne se gêna pas et alla attraper une craie pour rendre un peu moins noir le grand tableau.
« Je t'écoute Poirot. Active tes cellules grises et en avant ! »
Evan prit un air renfrogné de vieux détective avant de caresser une moustache imaginaire. Puis levant l'index devant son visage grimaçant, il s'exclama théâtralement :
« Mon cher Hastings, nous avons trois suspects, si on souligne le fait que le pauvre Remus Lupin embrasse comme un crapaud au vu de la réaction de notre tendre et adorée Alycia, et qu'il est donc indisponible pour l'attaque. Le premier est un garçon maladroit, grassouillet qui pète en cours de métamorphose que j'ai nommé Peter. Je pense qu'il n'est pas notre victime idéale, pas assez coupable à mon avis. »
Alycia se tenait au bureau pour ne pas tomber de rire. Heureusement, pour le moment, personne ne les avait entendu. Alors, rassuré par cette ambiance sereine, Evan continua, sans un seul éclat de rire, en bon comédien qu'il était.
« Puis nous avons Sirius Black. Soit disant beau selon ma sœur, soit disant craquant selon cette même sœur, soit disant sexy selon...
— La suite Poirot, les éloges peuvent attendre.
— Reçu cinq sur cinq Houston.
— Moi c'est Hastings on avait dit.
— Bon bah Emily fera Houston. »
Il ouvrit la bouche pour continuer son monologue quand Alycia effaça d'un mouvement de baguette tout ce qu'elle avait inscrit sur le tableau. Il voulut protester quand elle l'entraîna avec lui sous le bureau.
« Mais !
— Chut ! »
Un chat bien reconnaissable venait d'entrer dans la salle de classe. On entendait plus aucun bruit mis à part le son de ses petites pattes qui frôlaient le sol gracieusement. Evan était en train de prier intérieurement pour que le bruit de leur respiration n'éveille pas sa curiosité. Mais sortir vivant de là serait un miracle. Ils pouvaient déjà flairer l'approche rapide de Rusard. Pendant qu'Evan se visualisait déjà pendu aux plafonds des cachots humide de Poudlard pour l'éternité, Alycia cherchait désespérément une issue.
Il y avait bien la fenêtre ; mais elle doutait qu'ils soient si rapides et puis c'était une tentative suicide. Il valait mieux dans ce cas astiquer les trophées de Rusard jusqu'à la fin de l'année.
« Hey Hastings. Tu as pas à manger ?
— Bien sûr Poirot, je me promène avec du jambon dans ma poche.
— C'est vrai ? Tu pourrais l'attirer et...
— Mais je rigole idiot ! »
Cependant, le mot jambon eut un effet immédiat sur Miss Teigne qui se mit à littéralement crier. C'était un miaulement si strident qu'Evan en ferait des cauchemars pendant des mois. Rusard surgit peut de temps après, et les deux détectives surent qu'ils allaient passer une bien mauvaise fin de nuit. Mais au moins, Alycia ne pensa plus à aucun de ses problèmes, mais uniquement au fait que Hercule Poirot et son cher Hastings allaient devoir convoquer Houston pour achever la mission.
**
Le lendemain matin, on retrouva les deux rebelles, endormis sur le sol de la salle commune, et personne n'osa les réveiller pour les cours du matin. Et Emily, toujours légèrement vexée, refusa catégoriquement de leur rattraper les cours. Elle partit, non sans avoir versé du jus d'orange dans les cheveux de son frère, d'un pas assuré, en faisant comme si elle n'avait pas remarqué l'absence de son double. Quant à Alycia, sa rancune refusait de s'en aller.
Elle entra donc en cours, énervée, comme rarement elle l'avait été. Elle claquait bien ses cahiers pour montrer son mécontentement ; et faillit frapper la première personne qui lui prit le bras alors qu'elle fonçait dans le tas une heure plus tard dans les couloirs. Et malheureusement pour elle, quand elle reconnut le visage de son assaillant ; la gifle partit tout de même sans prévenir.
Sirius Black, mit quelques minutes à s'en remettre pendant que la jeune fille balbutiait maintes et maintes excuses. Il mit une main froide sur sa joue et secoua la tête, comme si son cou avait craqué sous la violence du choc.
« Et bien Jenkins...Tu fais de la boxe ou quoi ? Putain...tu frappes vachement fort !
— Excuse moi Black....je... Ecoute...je....suis très...J'ai pas contrôlé... »
Il la fixa sans comprendre, comme s'il découvrait un nouveau visage.
« C'est Parker ? Elle t'énerve ?
— Sa réaction était...Mais de quoi tu te mêles ?! »
Il haussa les sourcils. Puis voulut dire quelque chose avant de se raviser.
« Qu'est ce que tu as contre Alycia ?
— Tu la défends ? Tu ne vois pas ce qu'elle essaye de faire ? Écoute Jenkins, Remus est très mal après ce qu'elle lui a fait. Et en plus elle a osé vous faire la tête !? Tu devrais méditer un peu là dessus. Je dis ça je dis rien. »
Emily resta bouche bée, ne sachant pas très bien si elle devait être étonnée de son comportement ou de ses paroles. A quoi il jouait ?
« Tu fais quoi là ? Tu me manipules Black, siffla-t-elle.
— Non. Franchement c'est pas mon genre, affirma-t-il avec le regard le plus sérieux possible.
— Non bien sûr. Tu sais quoi ? La claque était méritée. »
Et sur ces belles paroles, elle tourna les talons pour rejoindre son prochain cours. Cependant Sirius ne lâcherait pas l'affaire.
« ELLE TE MANIPULE JENKINS ! UN JOUR TU VIENDRAS DANS MES BRAS EN DISANT SIRIUS TU AVAIS RAISON ! »
Et tout ce qu'il reçu fut un magnifique doigts d'honneur, couronné des éclats de rire des maraudeurs cachés derrière une colonne. James qui riait le plus fort au vu de ses lunettes qui tombaient, lui tapota amicalement l'épaule.
« Tu n'es pas né comédien mon pauvre Patmol.
— Mais si c'était convaincant ! C'est juste que c'est Jenkins quoi. Rien dans le cerveau ! Tu trouves pas que mon entrée en scène dramatique était réussie ? Allé Cornedrue ? »
Peter sortit à son tour, les joues en feu.
« Entrée de clown oui ! »
Sirius croisa les bras sur sa poitrine.
« Vous n'avez aucun goût théâtral. Sérieusement. Mon plan était le meilleur. Affaiblir Parker en lui enlevant ses amies. Cela marchait avec Severus. Je comprends pas.
— On passe donc au plan B que j'ai nommé « attaque des lentilles », simple et radical. C'est une approche en douceur, proposa James, un air malicieux collé sur les lèvres. Qu'est ce que tu en dis Pet' ?
— Allons-y..., marmonna d'un air conspirateur, le petit rat de la bande. »
Et ainsi commença la première guerre des maraudeurs et des vagabonds, au beau milieu du déluge de rires et de ronflements.
**
Je m'excuse pour tout ce retard. Malheureusement ce ne sera pas le dernier, j'ai un emploi du temps chargé. Merci de votre fidélité, elle me touche.
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