9.2🌖Trique émotionnelle
Si seulement nous avions pu coucher bien plus qu'une fois, pour nous habituer à nos corps.
Parce qu'après avoir perdu ma virginité, j'ai été prise dans une folie furieuse de vouloir parler pour lui exprimer mes sentiments de vive-voix.
Ce qui a entrainé l'arrachage de cordes vocales d'une innocente, un rituel pas très orthodoxe sur lequel m'a aidé ma grand-mère, Blake qui débarque puis patatras, au bucher mamie !
Cependant, si je suis gênée pour moi, je n'en ai rien à faire de la pudeur de Blake que je reluque sans retenue... mais il rentre si vite dans l'eau chaude que j'ai à peine le temps de constater que oui, j'ai mal menti tout à l'heure.
Lorsque nous entrons en silence et que Blake met son bras autour de mes épaules comme si j'étais sa petite-ami, nous captons immédiatement l'attention du succube.
— Amoureux depuis longtemps ?
— Il me faudrait plusieurs vies pour en compter les minutes.
— Vampire et... ?
— Humaine, mens-je.
Les doigts de Blake serrent un peu plus mon épaule dénudée alors que le succube se rapproche de nous avec un sourire carnassier. Nous n'avons pas discuté stratégie mais si j'ai bien compris pourquoi Mia a installé cette application, c'était à cause de sa situation amoureuse.
Je l'imagine un mois plus tôt, fiancée et venant se changer les idées avant son mariage. Vu son influence, les gens qui la suivent doivent savoir qu'elle va se lier avec un vampire.
Une telle union peut signifier deux choses : soit son fiancé va la transformer et elle entrera dans la communauté vampirique... soit elle est folle. Parce qu'elle s'engage avec un homme qui restera éternel et qui devra lui changer ses couches lorsqu'elle sera incontinente.
La proie parfaite et facile à convaincre de pratiquer un sortilège tabou permettant de rallonger sa vie.
— Ooh ! Intéressant... et vous n'avez pas songé à la transformation ? Désolée, si c'est indiscret.
— C'est quelque fois un sujet de discorde entre nous, mais...
— Je ne veux pas qu'elle renonce à son humanité pour moi.
— Mais si seulement on trouvait un moyen de rallonger ma vie, de quelques centaines d'années, mon corbeau...
Je le sens se tendre près de moi lorsque j'emploie son petit nom, mais il conserve un faux sourire triste qui suffit à convaincre notre interlocutrice.
— Ok, d'habitude je ne fais pas ça aussi vite mais comme j'ai peu de temps et que vous êtes un vampire...
Traduction : vous devez être riche, influent et puissant.
— Je veux vous partager quelque chose parce que votre couple me touche. Au sens figuré. Vous êtes si mignons tous les deux ! Vous transpirez l'amour à plein nez.
Je nous donne de la crédibilité en penchant ma tête vers le cou de Blake pour y frotter mon nez amoureusement. Ce dernier m'accompagne en m'embrassant délicatement le front, ce qui, bien évidemment, me provoque une décharge électrique.
— Vous voyez !
Nous sommes hypnotisés par le mouvement de ses seins rebondissant sur les bulles jusqu'à ce qu'elle nous tende son téléphone qu'elle a entouré d'un film plastique. Sur l'écran, un pdf noir et pourpre ressemblant à un flyer de soirée étudiant pour Halloween.
— Il va y avoir une super fête dans quelques jours avec pas mal de personnalité du milieu surnaturel. Je pense que ça pourrait vous intéresser. Une intuition. Vous avez l'air... d'être parfait pour ce genre de soirée.
Elle ne parle pas de l'application mais comme l'intuition du détective, la mienne me dit que l'on est sur la bonne piste. C'est peut-être un test pour la convaincre car nous pourrions aussi bien être des agents de la police surnaturelle sous couverture.
Je laisse s'échapper un petit rire moqueur à cette dernière pensée en repensant à leur incompétence.
Le succube nous laisse scanner le QR code du flyer avant de quitter le jacuzzi et de se diriger quelques mètres plus loin, vers la piscine, pour tenter de convaincre un autre couple.
Du moins, c'est ce que je crois, contrairement à l'œil affuté de Blake.
— Elle nous regarde toujours. Elle le fait avec d'autres personnes avec qui elle a parlé également. Je crois qu'elle vérifie selon notre attitude si « on vaut le coup ».
— Donc même si on va à cette soirée, si on ne la convint pas, on passera à côté de l'appli ? Hors de question. Blake, suce-moi.
Le vamphex est soudain pris d'une quinte de toux qui attire l'attention de notre succube, jusqu'à ce que je décide de prendre les rênes.
Je glisse contre lui pour mieux lui grimper sur les jambes et coller ma poitrine contre son torse. Mes poignets caressent sa nuque et il me faut malgré tout un effort considérable pour soutenir son regard sans devenir écarlate.
Jusqu'à ce que...
— Tu t'es déjà engagé dans la marine ?
— Pendant la guerre, pourquoi ?
— Parce que tu es encore au garde à vous.
Il mord sa lèvre pour retenir à la fois sa gêne et, je le devine à la lueur d'amusement dans ses yeux, un rire franc.
Je veux l'entendre rire. Ça fait si longtemps.
— C'est un roc ! m'exclamé-je pour le titiller.
— Arrête.
— C'est un pic !... C'est un cap !
— Raven.
— Que dis-je, c'est un cap ?... C'est une pénins-
Je hoquette de surprise lorsque ses deux mains dans mon dos me compressent un peu plus contre lui et son érection. Dire qu'elle est loin de me perturber est un mensonge.
Son sexe est contre le mien et les remous du jacuzzi provoquent des frottements entrainant plusieurs soupirs lascifs contre son oreille.
Il sent encore son parfum iodé qui me rend étrangement nostalgique de notre première rencontre.
— Je ne peux pas te sucer ici, murmure-t-il d'une voix moins assurée. C'est trop intime.
— Alors que fait-on ? Si tu as une meilleure idée pour la convaincre de notre couple, je suis partante !
— J'en ai une qui m'obsède depuis très longtemps.
Ses doigts rejoignent ma nuque et mes cheveux mouillés avant de prendre contrôle de ma tête et de fondre sur mes lèvres.
C'est pire qu'une décharge électrique.
J'ai une trique émotionnelle.
Comme si des siècles de pression finissait par exploser et libérer une avalanche d'émotion si puissante qu'elles pourraient me ravager.
Blake m'embrasse comme pour la première fois où nous avons fait l'amour.
C'est pressé, avide, passionné.
Et je succombe contre lui.
Je dévore ses lèvres comme il dévore les miennes. Ma langue vient très vite se frayer un chemin dans sa bouche pour facilement croiser la sienne qui m'accueille avec envie.
Notre contact est pétillant. Il me fait chavirer et oublier le reste du monde.
J'ai envie de lui. Plus que jamais. Je veux qu'il ait mon goût en bouche pour l'éternité.
Par je ne sais quel miracle, son érection se tend encore plus contre moi et me provoque un gémissement qu'il étouffe avec un nouveau baiser.
Mais alors qu'un doute et peut-être, l'anticipation d'un rejet et d'une déception s'installe en moi, il me murmure :
— Agrippe-toi à moi.
J'obéis et enroule mes jambes contre son corps. Sa force vampirique me soulève comme si j'étais aussi légère qu'une plume et, lorsqu'il nous fait sortir du jacuzzi en attrapant nos sous-vêtements au passage, il sort son portable et scan l'un des QR code au mur.
Je n'ai pas le temps de lui demander pourquoi, qu'il m'embrasse de nouveau avec une passion brûlante à l'opposé de son attitude envers moi de ces derniers jours.
Lorsqu'il me dépose lentement au sol, j'ai toujours l'impression de léviter. Il me tend une serviette, ma culotte et mon soutien-gorge tout en gardant une main dans mon dos, comme si rompre le contact nous ramènerait trop brutalement à la réalité.
Mais alors que ses doigts glissent sur le haut de mes fesses, je remarque qu'il ne regarde plus le succube depuis un moment.
Que son attention n'est que pour moi.
Il déglutit et me fixe de façon prédatrice avant qu'il ne me fasse définitivement perdre pied :
— Notre chambre vient d'être réservée.
— Jusqu'à quand ?
— Jusqu'à ce que ma raison ne me rappelle que c'est une mauvaise idée.
— Alors courrons.
☕Nouveau chapitre MARDI 9H☕
Raven qui, pour parler du soldat de Blake, se prend pour Cyrano de Bergerac :
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