9.1🌖L'Elixir des Dieux


Sers-toi,

mon âme est à nue.


— Bienvenue à « L'Elixir des Dieux ». Voici votre serviette. Elle ne sert que si vous êtes pudiques. Sinon, vous pouvez vous promener en sous-vêtement dans la boite. Le jacuzzi et la piscine ne sont accessibles qu'aux gens dans le plus simple appareil. Quant aux chambres à l'étage, vous pouvez les réserver avec les QR code présent un peu partout dans la salle. Interdiction aux photos et vidéos. Il y a des caméras partout, sauf dans les chambres, et notre service de sécurité est très efficace.

Je repère un peu plus loin dans la salle, une vaste piste de danse circulaire bordée de miroirs qui reflètent la danse sensuelle des invités.

A côté de la piste, une grande vitre donne vue sur un luxueux jacuzzi où les invités se détendent et se chuchote certainement des mots salaces. Mais le plus impressionnant est la piscine intérieure que j'aperçois en me décalant suffisamment.

Son eau est turquoise, entourée de colonnes en marbre et à la lumière apaisante grâce à des éclairages subaquatiques doux. Des couples se baignent entièrement nu, discutent et échangent des sourires complices.

La prison m'avait fait oublier l'existence d'endroit comme celui-ci.

Soudain, alors que toute pudeur m'avait quitté depuis des années, je ressens l'envie de cacher les pointes de mes tétons dressés par l'excitation, à Blake.

Comme lorsqu'il m'a pris ma virginité.

Je me retourne et constate que Ginger et son corps frêle mais à la pilosité rousse trahissant sa nature de chat, dévore du regard l'oiseau gêné et imberbe ayant le physique tout aussi mince que lui.

Quand Blake retire enfin tout seul son pantalon qu'il confie aux succubes en charge du vestiaire, je salive.

Son corps tatoué, sa silhouette fine mais athlétique, sa peau blanche vampirique et le V disparaissant dans son boxer... Tout ça, c'est ce qui a défini mon type d'homme pendant des siècles.

Son tatouage de corbeau près de son cœur fait rater un battement au mien... mais crée une tristesse infinie lorsque je remarque qu'il ne porte plus la bague qu'il voulait m'offrir autour de son cou.

— Tu es tatouée ? me demande-t-il en me reluquant sans rater une parcelle de ma peau. Depuis quand ?

— Woodstock, je dirais ? Non, avant. Je ne sais plus. J'ai une constellation, des signes ésotériques ça et là et...

— Un minuscule corbeau en bas de ton décolleté.

— J'aime les oiseaux de malheur.

Je fais un clin d'œil à Ed qui n'a que pour but de lui faire perdre ses moyens, ce qui fonctionne alors qu'il s'échappe en direction du bar pour s'y installer maladroitement. Le sourire malicieux de Ginger s'accentue et, sans un mot, il part le rejoindre et certainement lui chuchoter des obscénités.

Quant à Blake et moi, nous sommes des adultes qui nous affrontons du regard avant que l'une des serveuses nous offre une coupe de champagne.

— Combien les entrées t'ont coûté ? demandé-je après avoir trempée mes lèvres.

— Pas très cher car Mia est une habituée.

— Et ça ne te fait rien que ta future femme fréquente ce lieu sans toi ?

— Nous avons notre façon de vivre notre sexualité qui ne regarde que notre... pourquoi est-ce que je dois me justifier ? Je n'ai pas envie de champagne, finalement. Je vais prendre autre chose. Tu veux un truc ?

— Un shot de « je suis Blake Sinclair et j'ai une petite bite » s'il te plait.

Il fronce les sourcils avant de retrouver une expression blasée et de venir me murmurer à l'oreille :

— C'est la première fois que tu mens si mal.

Les lumières cachent mon rougissement et il me faut quelques instants pour rajuster mon soutien-gorge, et me concentrer sur notre enquête. Sinon, c'est tout autre chose qui risque d'obséder mon cerveau et ma culotte.

Je déambule lentement, autant pour faire gonfler mon égo à chaque regard lubrique qu'hommes et femmes accordent à mon physique, mais surtout pour observer. Il y a une grande diversité de corps allant de jeune femme tout juste majeure à d'autres dépassant les soixante ans.

Tous les corps sont représentés et, je dois l'avouer, sacrément beaux dans cette atmosphère.

Ce constat provoque une douleur en moi qui, après plusieurs minutes, me force à m'assoir face à une barre de pole dance vide.

L'air las, je repousse ma troisième proposition pour rejoindre une chambre, lorsque Blake me rejoint enfin, en silence. Il fait glisser un bol de cacahuète sur la table basse puis me tend son verre de whisky pour que j'y goutte, ce que je fais.

Nous fixons un point invisible, jusqu'à ce qu'il me dise :

— Je pensais que tu serais plus « pétillante » dans ce genre d'endroit.

— Ça me plait mais je viens de me prendre en pleine figure quelque chose que j'avais mis dans un coin bien éloigné de ma tête.

— Quoi ? Que tu es comme du miel attirant toutes les abeilles autour de nous ?

— Non. Je suis moche.

J'entame la coupe de champagne délaissé par Blake un peu plus tôt alors que ce dernier ne fait pas de remarque. Gin aurait directement sauté sur l'occasion.

— J'ai passé ma vie entière à la poursuite de la jeunesse éternelle et autant de temps à modifier mon corps pour qu'il corresponde, à chaque lieu et époque, aux critères de beauté de la société... Mais ces gens sont plus beaux que moi. Ils sont « eux ». Je ne suis que couche sur couche de sortilèges pour m'embellir. Avoir le sang d'autres personnes dans le corps m'a fait oublier qui j'étais à l'origine... C'est effrayant... Parce que je suis très laide à l'intérieur.

Je tapote ma poitrine de mon ongle manucuré avant de descendre cul sec mon verre. Blake lève la main pour interpeller un serveur et le temps d'un soupir, un verre du même whisky glisse jusqu'à mes doigts.

— Pourquoi est-ce que tu te sens laide ?

— Je t'aurais bien dit « parce que je suis mauvaise », mais je suis une sorcière bien trop vieille pour le penser. J'agis pour mes intérêts, parce que c'est fun, et parfois pour les autres. Mais surtout pour moi. Non, si je me trouve laide c'est vraiment à cause de tout ce que j'ai fait pour rester comme ça. Ma chasse aux rides, aux kilos en trop ou manquant, mes cheveux abimés par mes colorations... Je crois que si un filtre à apparence véritable existait sur Instagram, je ferais peur à voir.

— Tu as plus de quatre siècles dans le corps. Le filtre ne montrerait que de la cendre.

— Pas faux.

— Et tu sais très bien qu'à l'époque, ce n'est pas ta beauté qui m'a fait tomber amoureux. C'est ce que tu avais là-dedans.

Il tapote mon front de son doigt, puis ma main et enfin le bord de ma dentelle.

— Et ici et là. C'est l'expression de tes sentiments par tes lettres, ta gentillesse et ton regard sur le monde qui m'ont eu. Cela étant, il se peut que ta beauté ait joué un rôle important, mais c'est comme ça. C'est l'être « humain ». Tu étais dans les hauts standards donc c'est compréhensible que tu aies voulu rester à cette place tout au long de ta vie. Le monde est plus facile pour les gens beaux, malheureusement, alors tu t'es servi de cet avantage.

— Merci pour l'effort de consolation.

— Viens avec moi dans le jacuzzi.

— Quoi ?

Blake se rapproche très près de mon oreille, dégage quelques mèches de mes cheveux avant de me chuchoter :

— Il y a une femme, sur ta gauche, qui semble chercher quelqu'un. J'ai essayé pendant quelques secondes de pénétrer dans son esprit et il n'y avait aucune barrière mentale. Elle cherche à « élargir le réseau ». Elle n'est pas là pour s'amuser et coucher. C'est peut-être la personne que l'on recherche.

Je suis du regard ladite femme portant un ensemble de sous-vêtement aux couleurs de Wonder Woman, et dont les cornes noires enroulés ont une forme donnant l'illusion de tresse sur son crâne rasé.

Un succube.

Comme l'a deviné Blake, elle part en direction du jacuzzi avec son portable bien en main. Nous terminons nos verres et je me laisse entrainer par le vamphex, sa main à quelques millimètres de ma taille.

En passant près du bar, Ginger et Edgar ont déjà disparus.

Soit Ed a fui l'insistance de mon chat, soit ils sont sur une piste solide, ou alors... Gin a utilisé son charme mystérieux pour convaincre l'oiseau de s'enfermer dans une chambre avec lui. Tout est possible avec lui.

Lorsque nous arrivons devant l'immense jacuzzi que le succube, par on ne sait quel moyen, a rendu désert, je prends une grande inspiration et retire le peu de vêtement qu'il me reste.

Pas grave si Blake voit mes tétons pointer, c'est mon ex. Ça ne devrait pas être un problème...

N'est-ce pas ?



Nouveau chapitre JEUDI 9H

Le chat roux après avoir maté le corbeau 👀:

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