5.2🌖Belle au bois dormant
J'ai envie de manger, de faire du shopping, de danser, de sortir profiter de l'air frais... Et je suis coincé avec mes livres. J'aime la lecture mais tous ceux que je possède dans mon sac ont un contenu que j'ai déjà consulté en boucle dans ma bibliothèque mentale pendant mon emprisonnement.
J'ai envie de lire des histoires d'amour intense, sanglante, mystique et...
— Vous me les brisez, tous les deux.
Je fais un doigt d'honneur à Dave pénétrant de nouveau dans notre chambre en balançant un sac en papier devant moi. Il fixe le sol ayant encore des traces de mon rituel de ce midi avant de jurer dans sa barbe et de s'assoir dans le fauteuil en cuir face au lit.
— Combien de temps vais-je encore payer pour ça ?
— Ça dépend. À combien estimes-tu le degré de méchanceté en ne révélant pas à une femme en colère que tu l'emmènes assister au mariage de son ex ?
— Bon, j'ai compris. Vivement que je retourne à New York... Où est ton chat ?
— Il a passé l'après-midi à dormir, puis il est sorti à la recherche de son nouvel ami le corbeau.
— Je n'y comprends rien, mais bon.
Je sors le téléphone bas de gamme que je lui ai demandé d'acheter, Dave étant le seul à pouvoir quitter cet endroit en raison de son travail. Lorsque j'insère la carte SIM que Ginger a achetée il y a des semaines, je relève la tête pour lui poser une question, mais je remarque quelque chose d'anormal chez lui.
— Ton œil au beurre noir s'est agrandit. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Un vamphex furax.
— Blake ? Dans mes souvenirs il n'est pas partisan de la violence inutile. Tu as dû le mériter.
— Plus que tu ne peux l'imaginer.
Sa manière de me déshabiller du regard en dit long.
— Quoi ? C'est à cause de moi ?
— Quelle relation entretiens-tu avec Blake ? demande-t-il, ignorant ma question.
— Purement haineuse.
— Vous n'êtes pas de simple « ex ». Après ton départ, hier, il a interrompu le diner de répétition. Il était énervé mais également troublé. Je lui ai proposé de s'en griller une et il a hésité pendant littéralement une minute avant de céder. C'est toi qui lui avais demandé d'arrêter la clope ?
Je secoue la tête, tentant d'ignorer le sentiment de satisfaction grandissant en moi.
— Je suis la garce qui est en train de faire capoter son idylle, chanté-je finalement tout en configurant mon nouveau téléphone.
— Idylle... Les mots ne sont que des mots. Je n'ai pas cru un instant le discours de Blake hier soir.
— Penses-tu que si je tue Mia, il en sera profondément affecté ?
Dave écarquille les yeux avant de soupirer, comprenant que ma remarque n'est qu'une blague.
Elle est sur ma liste, mais pour l'instant je suis bien trop suspecte pour me débarrasser d'elle.
— Je me demande si Mia est au courant, pour le meurtre.
— Pourquoi elle ne le serait pas ? Blake a dû lui dire à la première minute.
— Je n'en sais rien... Il a fait descendre tous les invités tout à l'heure pour vérifier le contenu de leur téléphone mais... Eh bien je n'ai pas vu Mia depuis hier.
Soudain, ça fait tilt.
Voilà pourquoi il était tendu en partant d'ici. Blake n'est pas du genre à être dupe et a immédiatement voulu vérifier ma théorie.
— Merde. Où est leur chambre ?
— Tu crois vraiment que je vais te donner l'infos après la « blague » que tu viens de faire ? réplique-t-il, les sourcils froncés.
— Dave Alvarado, si tu ne veux pas voir tes couilles se transformer en boule de noël, dis-moi où ils sont.
Un silence pesant s'installe, puis il souffle un profond soupir d'exaspération.
— Tu bluffes.
Je relève un sourcil en guise de défi, affichant un sourire satisfait. Puis, je fais un geste rapide de la main et j'agite quelques doigts pour créer un faux bruit de clochette. Dave craque sous la pression.
— Deuxième étage, la suite tout à l'ouest. Foutue sorcière, maugrée-t-il.
J'attrape mon portable et, avant de passer la porte, je prends un instant pour me recoiffer d'un rapide sortilège d'embellissement. Mes cheveux s'arrangent parfaitement, mes vêtements semblent plus flatteurs, et mon maquillage se refait automatiquement.
Je traverse le couloir en mini-short et collant gris tressé, mon débardeur créant un décolleté si séduisant que l'employé que je croise dans les escaliers en perd presque la parole face aux mouvements de mes seins. Je ne peux m'empêcher de savourer sa réaction.
J'ai pris plusieurs siècles pour rester belle et désirable, m'adaptant à chaque époque pour suivre les standards de la société. Je ne vais pas me priver du Beauty Privilège.
Quand j'arrive devant la porte, mon cœur s'emballe subitement. L'incertitude m'envahit.
Est-ce que je vais interrompre quelque chose ? Est-ce que mon cœur ne risque pas de se briser un peu plus, jusqu'à devenir de la poussière ?
Oh fuck, si ça arrive, je n'aurais qu'à les empoisonner tous les deux !
Je frappe à la porte et, dès qu'elle s'entrouvre, je force le passage contre Blake et arrive dans le petit salon de leur suite, plongé dans l'obscurité.
— Raven ! Qu'est-ce que t-
— Elle est là, n'est-ce pas ? Miaaaaaa ! Ma chérie ! m'exclamé-je d'une voix enjouée, essayant de cacher mon trouble.
— Sors d'ici tout de suite, grogne Blake d'un ton menaçant.
Même dans la pénombre, je vois ses yeux devenir rouges et briller d'une lueur inquiétante. Mais lorsque je lui fonce dessus pour atteindre leur chambre, il me suffit d'une illusion de paillettes pour le tromper et arriver en courant juste devant le lit king size.
Lit occupé par une Belle au bois dormant.
Mia Joy est... bon sang. Elle, elle a le vrai Beauty Privilège. C'est une princesse de conte de fée, étendu dans des draps blancs aux motifs fleuris et dorée alors que sa courte chevelure teinte en blond encadre son doux visage.
Je crois que je suis vraiment la méchante sorcière de leur histoire.
— Elle ne s'est pas réveillée depuis combien de temps ?
— Laisse-moi gérer ça, murmure Blake d'une voix tendue.
— Blake. La vérité.
— Je suis... partie au milieu de la nuit après que l'on...
Je n'ai pas envie d'entendre « fait l'amour » donc je lui demande d'un mouvement de main d'aller à l'essentiel.
— Quand je suis revenu, elle dormait comme une souche. J'ai essayé de la réveiller ce matin, après avoir appris le meurtre, mais elle ne bougeait pas. Puis, après ta théorie... J'ai retenté, sans succès.
— Montre-moi son téléphone, ordonné-je en reprenant le contrôle de la situation.
Blake le sort de sa poche et le déverrouille seulement avec son empreinte.
Ils sont à ce stade de... calme-toi, Raven.
Il me montre l'écran tout en faisant défiler les applications, lorsqu'il s'arrête sur la dernière page.
— La plus récente, d'après le journal d'utilisation dans ses paramètres.
— L'icône... un triangle violet sans titre. C'est clairement une application pirate. Putain, Blake, tu... Tu allais couvrir cette femme alors que...
Alors que moi, tu m'as dénoncé deux fois.
Les ampoules de toutes les lampes autour de nous explosent d'un coup. Il n'est même pas surpris et se contente de dégager les morceaux ayant atteint son épaule d'un geste las de la main. La tension dans la pièce monte d'un cran, et je me sens au bord de l'explosion.
Je l'ai aimé. Je lui ai pardonné le bucher d'il y a quatre siècles. Je l'ai aimé de nouveau et par folie amoureuse, j'aurais pu lui pardonner la prison... Mais je ne peux pas laisser passer cette injustice.
— C'est elle que tu as choisi, malgré tout ça. Pas moi.
— Raven, c'est différent, murmure Blake d'une voix lasse.
— EN QUOI ?! Elle est responsable de la mort d'une innocente ! Que ce soit une erreur ou non, ça ne change rien ! Et tu ne comptes pas l'envoyer en taule, elle ?
Ma voix résonne dans la pièce, chargée de colère et de frustration. Mes mains tremblent alors que je pointe un doigt accusateur en direction de Blake.
— Attends, quoi ?
— Elle est trop jolie pour passer le peu qu'il lui reste dans le couloir de la mort ? A attendre la date où elle posera une dernière fois son cul parfait sur une chaise ? A être soulagé, enfin, de ne plus être de fantasme de ses pervers de géôliers ? A ne plus avoir à implorer sa libération ? Hein Blake ?! Qu'est-ce qu'elle a de plus que moi pour que tu ne l'aies pas dénoncée ?!
Mon souffle est saccadé, ma gorge serrée.
Cette fois-ci, ce sont les vitres qui explosent sous l'effet de ma colère. Un orage se déclare quelques secondes après, et la pluie entre dans la chambre, ajoutant une dimension chaotique à notre dispute.
Blake est sonné l'espace d'un instant, les yeux grands ouverts, le visage déformé par la surprise, avant de murmurer d'une voix presque inaudible :
— Mais... c'est toi qui m'as abandonné.
— Pardon ?! TU as envoyé ton rapport aux flics à peine trois jours avant la fin de notre promesse. J'avais changé, Blake. Et j'ai naïvement cru que toi aussi. On m'a attrapé dans la forêt, à quelques mètres où le corps de Gustave avait été retrouvé. Je n'ai... bordel... même pas eu d'avocat ou de procès ! Il devait être lourd, ton rapport, pour que l'on m'envoie directement au couloir de la mort ! Quand on m'a dit que c'était ta faute, je me suis accroché à l'idée de vengeance. Je ne pouvais pas te pardonner ça... J'ai failli mourir à cause de toi et...
Ma voix se brise, et des larmes incontrôlables dévalent mes joues tandis que Blake reste en état de choc, incapable de trouver les mots pour répondre.
— Cinq ans privé de liberté, sans savoir si j'avais une chance de m'en sortir vivante. Maverick est morte il y a quelques jours sur leur chaise électrique, devant un public. Mais moi, je suis toujours vivante parce que ma raison de vivre était de te faire souffrir. Et puis j'arrive, je découvre que tu es fou amoureux et que tu vas te marier et je-
— POLICE !
Nous sursautons lorsque trois agents de la police surnaturelle pénètrent dans la pièce. Leur regard alterne rapidement entre nous, moi dévastée par mon monologue et le corps inanimé de Mia, lorsque Blake s'avance doucement vers eux en s'exprimant d'une voix rassurante, essayant de ramener un semblant de normalité dans la pièce.
— Il n'y a pas de soucis messiers, seulement une dispute entre nous.
— Vous êtes le dernier vampire que l'on n'a pas interrogé, dit l'un des agents d'un ton méfiant.
— Je suis un vamphex. Et c'était mon invitée. Je suis le futur marié.
— L'invitée de votre fiancée gisant dans votre lit alors que tout autour de vous est dévasté. Et qu'une femme en pleurs vous fait face. Madame, éloignez-vous doucement de lui, ordonne l'un des agents en pointant du doigt la sortie.
— Oh, mais avec plaisir !
— Vous vous méprenez, je suis détective privé. Pas coupable.
Blake tente de défendre sa position, mais les agents restent méfiants.
— On verra ça au poste, monsieur.
Je fais un pas en avant, prête à le laisser dans sa merde, lorsque j'entends Blake murmurer d'une voix à peine audible, brisant le silence tendu :
— Je n'ai jamais su pour la prison.
Je m'arrête net, prise d'un doute infime et dévastateur.
— S'il te plait, crois-moi, ma corneille.
☕Nouveau chapitre MARDI 9H☕
ENFIN ! Blake va comprendre qu'il y a eu anguille sous roche et va permettre au massif quiproquo de se terminer entre lui et Raven ?! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Mia qui fait dodo oklm pendant qu'il y a la tempête dans sa chambre :
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