4.1🌖Garde ça pour le juge
Tu disais que la première chose
que les gens remarquaient chez toi était ta beauté.
Pour moi, c'était ta gentillesse.
Mais j'ai dû changer parce que maintenant,
C'est la lueur diabolique dans tes yeux
Qui me fascine.
— Je n'ai pas tué cette femme.
— Garde ça pour le juge.
Dave et moi observons le corps d'une innocente habillée d'un peignoir de l'hôtel rose bonbon. Il n'y a aucune trace de blessure profonde, ce qui explique pourquoi la police surnaturelle a été réquisitionnée.
Mais comme d'habitude, elle se rue sur tous les vampires présents dans l'hôtel. Ça ne va pas plus loin.
— Ça ressemble étrangement aux photos que j'ai vues du corps de Gustave Williams, à l'exception des lacérations et des marques de morsures du nécrophage. Retirer tout le sang d'un corps sans laisser de traces, avouez que c'est impressionnant.
— Je vais le répéter, je n'ai pas-
Je suis interrompu par l'arrivée de Blake à l'entrée du restaurant, sous un parapluie noir pour se protéger des rayons du soleil, et habillé de la même manière que lors de notre première rencontre à Mapplewood. Avec son allure de détective, il prouve son identité tout comme l'a fait Dave pour passer la sécurité, avant de s'approcher du corps.
Le fait qu'il nous ignore tous les deux n'est pas surprenant, compte tenu de ce que j'ai raconté comme mensonge la veille.
— Je ferais peut-être bien de retourner dans ma chambre.
— Reste.
Sa voix s'est élevée d'un coup, me provoquant un tremblement infime, mais suffisamment déstabilisant pour que je maudisse ma vulnérabilité.
Blake examine le corps sous toutes ses coutures avant de se retourner vers nous et de demander cash :
— Où étiez-vous hier soir ?
— Dans ma chambre, répond Dave.
— Ensemble ?
— C'est possible.
Le mensonge de Dave lui vaut un coup de poing au visage.
Un truc que j'avais oublié et qui m'a toujours rendu perplexe : Blake a parfois le sang chaud.
Je garde mon calme, car en fin de compte, il l'avait bien cherché. Mais en moi, une petite voix insiste que Blake n'a agi que par pure jalousie.
— Raven, où étais-tu hier soir ?
— J'étais dans la forêt. J'ai fini par m'endormir à des kilomètres d'ici, sur une balançoire sous un saule pleureur.
— Seule ? Donc, tu n'as pas d'alibi.
— Tu pourrais au moins me croire.
— Cela fait longtemps que je ne te fais plus confiance.
Mon cœur semble écraser ma petite voix intérieure à ses paroles. C'est douloureux, mais en réalité, je devrais lui reprocher sa trahison.
J'ouvre la bouche pour répondre, mais il m'ignore et se tourne de nouveau vers son ami, essuyant le sang qui coule de son nez.
— Tu confirmes que le sang a été complètement drainé ?
— Oui, mais la raison reste floue.
— Pourquoi ne pas simplement demander à la coupable ? Raven ?
— Quoi ?! Tu penses vraiment que j'aurais fait ça ?
— Le mode opératoire te correspond, et tu n'as pas d'alibi.
— Ce n'est pas suffi-
— Hier, quand tu as provoqué cette tempête, tu as dit que tu pourrais tuer l'un de mes invités pour me faire souffrir. Si ce n'est pas un aveu.
— Je ne suis pas stupide au point de...
— Ça suffit. Ça me fatigue. Messieurs, emmenez-la pour l'interroger.
— Blake ! Attends un peu, mec. Je pense qu'il nous faut plus d'indices pour en arriver là.
— Tu es détective maintenant ? Non. Alors, tais-toi et joue ton rôle de témoin. C'est déjà assez difficile pour toi.
Je ne peux pas être interrogée par la police surnaturelle. Je les connais trop bien. Ils découvriront rapidement que mes empreintes appartiennent à une femme exécutée aux États-Unis il y a peu.
Je ne veux pas retourner en cellule. Plus jamais.
— Je te jure que je suis innocente !
— Je t'ai déjà dit que ta parole n'avait plus aucune valeur pour moi.
— Et si... Et si je t'aidais à trouver le vrai coupable, hein ? Je suis la seule qui pourrait découvrir l'origine d'un maléfice aussi semblable à ce que je faisais autrefois.
— Emmenez-la hors de ma vue.
Deux officiers s'avancent pour m'attraper par les épaules, lorsque je ressens une contraction dans tout mon corps, m'incitant à jouer ma dernière carte pour obtenir une chance.
— Fais-le pour moi, mon corbeau.
Soudain, Blake se retourne brusquement, me lançant un regard furieux. Sa lèvre tremble un instant avant qu'il ne la morde. Il ferme les yeux et, avec un air résigné, demande à ses hommes de me relâcher.
Il me regarde avec un dégoût évident, puis continue son chemin en lâchant un :
— Tu es vraiment pénible.
L'affaire semble close, mais malgré tout, j'ai un goût amer dans la bouche. En plus de ma vengeance contre Blake, je dois maintenant prouver mon innocence pour un meurtre que je n'ai pas commis.
Pour une fois.
🌖
Pendant que Ginger, sous sa forme de chat, se roule sur le lit par manque d'attention, je termine de tracer mon pentagramme à l'encre sur la moquette blanche de ma chambre, une chambre gracieusement payée par Dave.
— Je crains que le cercle soit trop petit... Hum...
— Qu'est-ce que tu fais, maîtresse ?
— Pour la cinquième fois, mon chou, j'ai besoin de retirer tout soupçon sur ma personne concernant ce meurtre. Pour cela, je dois trouver l'origine du sortilège utilisé sur la victime.
Je tourne un instant la tête vers lui et croise son regard alors qu'il est sur le dos, les pattes recroquevillées contre sa fourrure.
— Toi aussi, tu me crois coupable ?
— C'est-à-dire que...
— Gin.
— Ça ne serait pas étonnant. Mais tu sais que je te soutiendrais dans la moindre de tes folies et-
— Je ne l'ai pas tuée.
— OK, OK... Mais personne ne sait où tu étais hier soir et-
Je retire l'élastique retenant mes cheveux avant de le lui lancer. Il saute subitement et l'attrape entre ses griffes, les pupilles dilatées par l'excitation de son nouveau jouet.
Pendant ce temps, tout en fouillant dans mon sac extensible pour en sortir des bougies noires, mes pensées dérivent vers mon vamphex détestablement attirant. Je sens encore l'odeur de la cigarette sur lui, signe qu'il a repris depuis son départ de Mapplewood.
J'ai envie de le voir se torturer l'esprit dans la fumée et de passer mes doigts dans ses cheveux d'un noir absolu, comme autrefois, même si je sais que je ne parviendrai jamais à les discipliner, et qu'il me dirait :
« Vous n'arriverez à rien avec eux, ma corneille. »
Avoir sur le bout des lèvres des réponses spirituelles ou taquines, impossibles à formuler sans voix...
— Et en être si frustrée que je me plonge dans les arts obscurs.
— Quoi ?
— Rien... Je suis prête.
Je me redresse et observe la scène qui pourrait faire croire à n'importe qui que je m'apprête à invoquer un démon, puis je me dirige vers la fenêtre pour fermer les rideaux.
— CORBEAU ! s'exclame Ginger en sautant jusqu'à mes pieds avant de gratter le verre.
Comme lui, le corbeau sur le rebord du balcon attire mon attention. Il ne nous quitte pas des yeux, tel un espion. Soudain, je comprends.
— C'est Edgar Allan Poe.
— Permets-moi d'en douter.
— C'est le nom du corbeau de Blake. Peut-être qu'il est là pour nous surveiller.
— Je n'aime pas sa gueule.
— Et je n'aime pas les fouineurs. Attrape-le.
☕Nouveau chapitre JEUDI 9H☕
Quand on annonce la mort de quelqu'un à Raven :
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