14.2🌖Si tu tombes, je tombe

— Oua... Tu es... Oua.

— Ferme la bouche Dave, tu baves !

Je ne peux m'empêcher de sourire face à leur réaction. L'effet que je produis sur Dave, les clients, et le personnel de l'hôtel me réjouit, même si Ginger reste de marbre, habitué après des siècles à me voir dans toutes les tenues possibles... et souvent nue.

Descendant les escaliers avec une lenteur calculée, je savoure l'effet de ma présence, et mon sourire s'élargit alors que je traverse les portes que Dave m'ouvre avec courtoisie, Ginger traînant quelques pas derrière.

Blake, appuyé avec désinvolture contre la portière du taxi, affiche une élégance naturelle dans son costume. Il manipule machinalement ses boutons de manchette, mais son geste se suspend brusquement, son attention capturée entièrement par moi.

La robe dénichée plus tôt dans la journée, se moule à ma silhouette avec une précision exquise. Son allure est à la fois élégante et audacieuse, parsemée de détails gothiques délicats. La dentelle noir profond et le velours s'entremêlent, créant un contraste saisissant. Le corset et la jupe ample me confèrent une présence théâtrale, exactement ce que je recherchais pour cette soirée spéciale où je dois affronter ceux qui m'ont dérobée.

Edgar Allan Poe, apparaissant à la fenêtre du véhicule, ne peut s'empêcher d'exprimer son admiration par un « wow » éloquent, tandis que Blake semble hypnotisé non seulement par l'ensemble de la tenue, mais particulièrement par le col blanc de ma chemise qui émerge de mon corset, un « rempart » contre sa soif vampirique.

— Tu es absolument époustouflante, murmure-t-il, sa voix vibrante d'un mélange d'admiration et d'un désir à peine dissimulé.

— Et mes cheveux ? dis-je, attirant son attention sur mon chignon élaboré.

— C'est mon œuvre ! s'exclame fièrement Ginger. J'ai regardé des tutos sur YouTube et je pense que j'ai peut-être une chance si je me reconvertis en coiffeur.

Blake, d'abord silencieux, détourne soudain le regard vers Dave, son expression se durcissant. Si les regards pouvaient infliger des coups, Dave serait déjà à terre.

— T'es jaloux mon salaud ? lance Dave avec désinvolture. Je n'ai rien fait, si ce n'est perdre une fortune en leur payant la chambre d'hôtel et d'autres extras. D'ailleurs, depuis quand es-tu si possessif avec quelqu'un d'autre que ta fiancée ?

À ce moment, c'est moi qui brûle de colère contre Dave.

Le silence qui suit la remarque de Dave est électrique, chargé d'une tension palpable. Blake, cependant, choisit de ne pas répondre, son regard revenant vers moi avec une intensité renouvelée.

— Ed, descend. Avec Raven, nous prendrons celui-ci. Toi et Ginger, dans l'autre.

Edgar et Ginger, après un bref échange de regards, se dirigent vers le taxi suivant. Ginger, avec un haussement d'épaules et un sourire espiègle, anticipe déjà les taquineries qu'il réserve à Edgar le long du trajet vers notre soirée mondaine.

Puis, se tournant vers Dave avec un soupçon de réconciliation dans la voix, Blake admet :

— Merci, Dave. Pour tout ce que tu as fait pour Raven et Ginger... et pour le reste. Désolé pour l'autre fois. J'étais hors de moi.

— Il est clair que tu n'étais plus toi-même depuis un bail... Mais on dirait que ça va mieux, hein ? Tu t'es fait ensorceler ?

— Ta gueule.

Dave salue le geste de désapprobation de Blake avec une révérence moqueuse avant que nous ne montions dans notre taxi.

Une fois installés, le silence entre nous est confortable. Dans la quiétude du taxi qui nous emporte loin de l'hôtel, la ville se dévoile à travers la vitre, ses lumières traçant notre route.

C'est Blake qui brise le silence, sa voix grave se fondant dans le murmure du véhicule.

— Rappelle-toi, on est là en invités. Ils s'attendent à nous voir. Si Luciane a mentionné ton nom, on identifiera rapidement les créateurs de l'application. Ils voudront sûrement te recruter, vu qu'ils n'ont eu accès qu'à des ébauches de tes sorts.

Je laisse échapper un rire léger.

— Imagine le chèque que je pourrais négocier...

— Raven, c'est plus grave que ça, intervient-il, son sérieux tranchant avec ma légèreté. Les incidents se multiplient, similaires à l'affaire de Mia. La police surnaturelle m'a foutu un coup de pression hier à ce sujet... Si nous n'avons pas un dossier d'enquête solide, je serais leur suspect idéal.

— Et si tu tombes, je tombe.

Un sourire éclaire soudain son visage, adouci par les éclats des lampadaires.

— Tu sais ce qui est étrange ?

— Quoi ?

— C'est qu'une simple conversation avec toi, ici et maintenant, me rend heureux.

Les paroles de Blake teintent mes joues d'un rouge vif, éveillant cette sensation familière de chaleur qui se propage en moi chaque fois qu'il partage ses sentiments. Dans ce taxi, nous sommes enveloppés dans notre petit monde, et j'aimerais que la course ne s'arrête jamais.

— Quoi qu'il arrive ce soir, commence Blake, je veux que tu saches que tu peux me faire confiance. Oublie Mapplewood, oublie les raisons qui nous ont séparés et fais-moi confiance. Rien qu'une soirée, si c'est trop pour toi. Comme à l'époque, on se soutient et on avance ensemble.

— Et je te soigne à chaque fois que tu te fais un bobo à cause du boulot ou de tes copains ivrognes, répliqué-je avec un sourire.

— C'est... pas exactement comme ça que...

— Ta nature impulsive, qu'elle soit influencée par ton humanité ou par ton côté plus surnaturel, t'a toujours caractérisé. Ta colère ne monte pas graduellement, elle explose, puissante et brusque... et j'adore ça. Même si c'est franchement dangereux et peut-être le signe que tu n'es pas un homme bon.

— Si j'étais parfaitement équilibré, on n'en serait pas là aujourd'hui.

Nous échangeons un regard complice, un sourire partagé qui dit tout sans un mot.

Le taxi nous laisse devant un majestueux musée privatisé, situé au cœur de Londres, dont la silhouette se détache sous le ciel nocturne étoilé. Son entrée majestueuse est accueillie par des colonnes qui marient classicisme et innovation, et un tapis rouge nous conduit à travers les portes grandioses.

Nous sortons du taxi et observons, amusés, Ginger et Edgar qui se chamaillent dans l'autre véhicule, leurs silhouettes se détachant à travers les vitres embuées.

Tous les quatre, nous nous avançons vers les vigiles qui gardent l'entrée, indifférents au défilé de célébrités capturant l'attention des photographes. Ignorés par la presse, je sors mon téléphone, affichant l'invitation numérique sur l'application. Les vigiles, reconnaissant le symbole qui scintille à l'écran, nous laissent passer sans un mot.

L'entrée dans le musée est marquée par une soirée caritative mondaine, cependant, notre destination se trouve ailleurs. Dans une partie secrète du musée, dissimulée aux yeux du monde ordinaire.

Un employé du musée, reconnaissable à son badge orné d'un pentagramme, nous accueille discrètement. Sans un mot, il nous guide à travers les couloirs animés, chaque pas nous éloignant de la clameur de la soirée publique pour nous approcher de l'entrée d'un monde caché.

Nous empruntons un passage secret, habilement dissimulé derrière une œuvre d'art contemporaine. Le couloir, éclairé par une lumière tamisée, serpente à travers les fondations du musée, nous conduisant finalement à une porte massive.

L'employé murmure un mot de passe inaudible, les battants s'ouvrent silencieusement et révèlent une salle d'une splendeur inimaginable, surpassant de loin le faste de la soirée mondaine à laquelle nous tournons le dos.

Des lustres ornés de cristaux étincelants, suspendus au plafond, baignent la salle d'une lumière tamisée qui se réfracte et danse sur les murs, ces derniers habillés d'œuvres expressionnistes audacieuses. Des tables rondes drapées de nappes en soie sont dispersées de manière à favoriser les conversations intimes, tandis que des canapés somptueux invitent à la détente.

Au cœur de cette ambiance feutrée, un ensemble de musiciens talentueux offre une bande-son captivante à la soirée. Leur répertoire, une fusion harmonieuse de hits contemporains réinterprétés avec une grâce classique, enveloppe les danseurs. Ces derniers, évoluant au centre de la salle, se laissent emporter par les rythmes.

Les serveurs qui circulent parmi la foule, offrant des mets délicats et des boissons raffinées préparées spécialement pour satisfaire tous les palais de chaque invité surnaturel.

Cependant, ils ne sont pas les seuls représentants de l'humanité ici.

Parmi les convives, je remarque plusieurs visages familiers d'influenceurs et de célébrités mineures, attirés dans ce cercle exclusif par l'application.

Les autres invités doivent être de la haute société magique et profiter de la moindre fête pour s'amuser.

— Ouvrez l'œil et tenez-vous à carreau, lance Blake d'une voix basse.

— À qui tu parles, Blake ? demandé-je, un sourire en coin.

Blake scanne la salle, cherchant Edgar et Ginger. Ce dernier a déjà disparu, probablement en quête d'aventures culinaires, emportant avec lui Edgar dans l'optique de racketter un serveur en petit-four.

Il pousse un soupir résigné avant de me tendre son bras où je pose naturellement ma main.

— Je reconnais certaines personnes. Il va falloir faire attention à ce que l'on dit et fait.

Je lève les yeux au ciel, car après tout, même si je faisais une boulette...

Qui oserait s'opposer à la Maîtresse des Arcanes Interdites ?



Nouveau chapitre MARDI 9H

Blake lorsque Raven arrive dans sa sublime robe :

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