1.1🌖Le couloir de la mort


Peu importe le temps,

Peu importe la distance,

Nos âmes se retrouveront

Et ce sera putain de magique.



Quatre-vingt-seize.

Quatre-vingt-dix-sept.

Quatre-vingt-dix-huit.

Quatre-vingt-dix-neuf.

Je me laisse tomber au sol après avoir poussé un cri de soulagement en dépassant mon objectif personnel. Cent pompes alors que j'avais l'endurance physique d'un coléoptère à mon arrivée au centre pénitentiaire surnaturelle.

L'odeur de ma transpiration me pique les yeux tant ma cellule est petite et je rêve d'avoir la force de détruire le mur derrière moi pour avoir de l'air frais et un peu de lumière naturelle.

— Maverick ! s'écrie mon gardien en ouvrant la porte. Debout ! C'est l'heure !

— J'ai un cadeau pour toi ! dis-je en désignant mon pot de chambre rempli.

Un coup de poing dans mes abdos en feu m'entraine à genoux devant lui, mais honnêtement, ça valait le coup.

Cela fait cinq ans que je suis coincé dans le couloir de la mort avec l'interdiction de parler à mes geôliers, mais rien à faire, ça me manque trop. Il faut me comprendre, je suis une ancienne muette, je ne peux pas m'empêcher de parler. Et ce serait bête de ne pas utiliser les cordes vocales que j'ai volées au XVIIe siècle.

Est-ce que j'ai envie de gâcher les cordes vocales que j'ai volées à cette innocente femme au XVIIe siècle ? Non, vraiment pas. Ce serait salir sa mémoire... même si je suis certaine qu'elle m'attend en enfer pour m'étriper.

Et l'enfer est censé être ma prochaine destination. Très prochainement.

Je n'ai jamais eu une telle intuition en cinq ans. Je me suis réveillé et j'ai su que dans une semaine j'allais mourir. Ce jour-là, ils m'ont demandé ce que je désirais pour mon dernier repas.

J'ai répondu « je n'aurais pas faim, mais je veux câliner un chat roux ».

Ils se sont moqués, mais hier soir, la directrice Mendez est venue exprès pour me confirmer qu'ils avaient récupéré un chat errant traînant depuis des mois devant le centre pénitentiaire.

Lorsque je me débarrasse de ma tenue orange, les gardiens se pressent pour venir me regarder sous la douche ne me donnant aucune intimité. Mais après autant d'années, je pense qu'ils ont réussi à me faire oublier le concept d'intimité.

— Ça va me manquer de mâter son cul.

— S'il n'y avait pas de caméra, je l'aurais déjà sauté. Hein Maverick, tu aurais aimé ça, salope !

L'expérience m'a appris à ne pas leur répondre.

Surtout les décharges électriques au contact de ma peau mouillé. La dernière fois, j'ai pris des jours à m'en remettre.

— Alors c'est elle la fameuse sorcière ? s'exclame un des nouveaux gardiens. Putain, le gâchis. Ils ne veulent pas la garder plus longtemps ?

— Elle a coûté cher. Le pognon qu'ils ont dû dépenser à chacune de ses tentatives d'évasion ! Heureusement qu'elle s'est calmée depuis deux ans.

Je passe une main dans mes longs cheveux ayant retrouvé leur couleur noire d'origine avant de terminer et de les essorer en fixant les porcs profitant du spectacle.

Est-ce que je me suis calmée ? Non.

Jamais.

Tant qu'« il » vivra, j'en serais incapable. Je demeurerais une boule de colère avide de vengeance.

C'est ma rancune qui me maintient en vie et qui va me sortir de là.

De retour dans ma cellule, je m'allonge sur mon inconfortable matelas et me plonge dans ma bibliothèque mentale pour revivre mes meilleurs souvenirs... en évitant de penser à lui. Encore.

Je les repasse en boucle puis fais de l'exercice et répète le processus jusqu'à m'endormir. Je ne sais pas combien d'heures plus tard, Mendez ouvre la porte de ma cellule alors que l'un des gardiens m'apporte une cage.

— J'ai vraiment hâte de ne plus voir ta gueule, Maverick. Profite de tes derniers instants avec un autre être vivant. Et pas d'entourloupe. On surveille tes niveaux de magie.

Lorsque la cage s'ouvre et que l'animal en sort, je ressens un immense poids se libérer de mon cœur. Une vague de soulagement si puissante... que j'éclate en sanglots.

— Eurk, dégueulasse... conclue Mendez avant de refermer la porte.

Malgré ma vision brouillée et mon cœur palpitant, je me laisse glisser à genoux sur le sol pour observer l'animal. Ses longs poils d'un roux doré brillaient comme de la soie malgré l'absence de lumière naturelle, et me rappelaient ma saison préférée.

Sa queue touffue ressemblait à une écharpe qui ondulait gracieusement derrière lui et ses oreilles pointues toutes dressées lui donnaient presque un aspect de renard aux aguets.

Ses yeux ambrés me dévisagèrent pendant d'interminables secondes et, au lieu de me réconforter et calmer mes larmes, il se mit à tourner sur lui-même de façon indécise.

Malgré toutes ces années, il n'a pas changé.

J'essuie négligemment l'eau salée sur mon visage avant de tendre mes bras pour qu'il vienne s'installer contre moi. J'aimerais lui parler pendant des heures, mais je ne dois pas nous trahir.

Chaque instant compte.

Alors je caresse sa fourrure en fermant les paupières, bercé par ses ronronnements et soulagé de retrouver sa chaleur.

Le lien entre nous a toujours été puissant et il va me permettre de sortir d'ici.

Lorsque ma main s'arrête et que je penche la tête pour croiser son regard, tout est décidé entre nous.

Je laisse la magie me picoter les doigts un infime instant. Le noir complet se fait immédiatement et tout devient plus...

Petit.

— On a détecté une variation de ton énergie ! s'exclame mon gardien en ouvrant la porte. Tu as voulu tenter un truc, c'est ça ?!

Je reste silencieuse.

— Tu as regardé les caméras de surveillance ? intervient Mendez en me détaillant attentivement avec le chat.

— Il n'y a rien. Ses lèvres n'ont pas bougé et elle n'a fait aucun geste bizarre.

— Hum... On ne va pas prendre de risque. Maverick Granth, dis au revoir à ta maigre consolation avant la mort.

On m'attrape et on me jette dans une cage avant de me faire sortir une demi-heure plus tard du centre pénitentiaire. L'un des gardiens ouvre la porte donnant sur la forêt et donne un coup de pied dans ma prison de plastique pour me chasser alors qu'il fait nuit noire.

Je détale le plus loin possible jusqu'à être une distance plus que sécurisé...

Lorsque je reprends forme humaine.

Les épaules engourdis et une boule de poil dans la gorge, je manque de recracher mes poumons pendant une bonne minute avant de tomber dans l'herbe. Entièrement nue à cause de la métamorphose, j'en serais presque à remercier d'avoir programmé mon exécution en été.

Putain.

Je suis libre.

Enfin.

Je laisse s'échapper un cri de ma gorge avant de m'allonger et de toucher la terre et les feuilles comme une camée en manque.

L'air pur. Enfin, partiellement pur. Bien plus que celui de ma cellule.

Mais si je me sens délivrée, ce n'est pas encore le cas.

Il va falloir attendre demain.



Que pensez-vous de ce début avec la captivité de Raven ? A-t-elle assez payé pour ce qu'elle a fait dans le premier tome ? 👀 Et de sa libération ?

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