Chapitre 8


Chapitre 8 :

« Ta bouche aux lèvres d'or n'est pas en moi pour rire

Et tes mots d'auréole ont un sens si parfait

Que dans mes nuits d'années, de jeunesse et de mort

J'entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde »

Extrait « Ta bouche aux lèvres d'or » Paul Eluard


Le bruit de mon réveil m'assourdit les oreilles, je suis clairement en manque de sommeil. Cette nuit fut l'une des plus longues de ma vie, je n'ai pas arrêté de penser à Kyle. Mes pensées m'ont tenue compagnie pendant de longues heures. Son comportement avec moi est tout simplement illogique. Je ne sais jamais dans quel état je vais le retrouver, sympathique, antipathique, séducteur, monsieur connard ... La seule conclusion que j'ai pu en tirer c'est qu'il est la personne la plus intrigante que je n'ai jamais rencontrée. Pourtant je suis parfaitement sûre qu'être dans ses parages ne m'apporterait rien de bon.

Je m'installe à ma place au cours d'économie. Je vois Alex dès qu'il rentre dans la salle. Son sourire ravageur est contagieux et je ne peux m'empêcher de lui sourire en retour lorsqu'il me fait un signe de la main. Il est mignon, vraiment mignon. Tandis qu'il s'assoit à côté de moi, je réfléchis à ce qu'Ollie m'a dit : Coloc de Kyle. Après l'épisode d'hier soir, je suis prête à tout pour en savoir plus sur lui, alors s'il y a bien quelqu'un qui peut répondre à mes questions c'est Alex.

-Comment va la parisienne aujourd'hui ? me demande-t-il en s'installant.

-Comment va le californien ? lui dis-je avec un clin d'œil.

-Super ! Alors, comment tu trouves la Californie depuis que tu es arrivée ?

-Je t'avoue qu'avec tous mes cours, je n'ai pas eu le temps de visiter quoi que ce soit. Je confesse.

En entendant mes paroles, il prend un air surpris.

-Tu es dans la plus belle région du monde et toi tu passes ton temps à visiter la bibliothèque. Je suis très déçu Paris. Il va falloir remédier à ça !

Il vient de me surnommer Paris, je n'arrive pas à savoir si je trouve ça original ou complètement ridicule. Je me penche un peu plus vers lui. Mais qu'est-ce que je fais ? Je suis en train de flirter avec lui c'est évident. Mais pourquoi ? Mon cerveau n'analyse plus du tout la situation.

-Que me proposes-tu ? dis-je tandis qu'il me fixe du regard.

-Eh bien, on va à la plage demain, tu pourrais nous y retrouver !

-Qui on ?

Je me redresse sur mon siège un peu sur la défensive, je suppose qu'il y aura Kyle. Je n'ai aucune envie de le voir, pas avant d'avoir choisi ma stratégie avec lui.

-Des amis à moi, tu verras ils sont sympas.

Impossible d'insister sans qu'il se doute de quelque chose, après tout à part Ollie personne n'est au courant que j'ai déjà parlé à Kyle.

-Est-ce que ça te dérange si j'amène ma colocataire ?

-Pas du tout.

Mon professeur commence son cours et je ne peux m'empêcher de remarquer les coups d'œil qu'Alex m'adresse. A chaque fois que je crois l'avoir piégé, il est parfaitement concentré devant son écran d'ordinateur. Ce jeu dure jusqu'à la fin du cours.

-Je t'envoie les infos pour demain par sms. Salut Paris.

-Salut Californie. A demain.

Mon réveil sonne à neuf heures trente. Je m'empresse de l'éteindre en me demandant pourquoi je l'ai mis si tôt un samedi matin. Samedi ? Plage ? Je me lève d'un bond, ce qui n'est pas du tout dans mes habitudes. Je suis réellement excitée à l'idée de voir enfin les fameuses plages de Los Angeles. Malgré mon cœur de pierre, vivre au Etats-Unis est une super opportunité et je suis ici pour vivre de nouvelles expériences. Je saute dans la douche et prépare mes affaires, tout en n'oubliant pas d'enfiler mon maillot de bain. Il est hors de questions que je me change à la plage. Quand j'ai proposé à Ollie de m'accompagner, elle a tout de suite accepté. Je sais qu'elle a aussi demander à James de venir avec nous. Je me rends dans la cuisine et commence à préparer notre dose de caféine ainsi que des sandwichs.

-Ollie dépêche toi ! On va être en retard. Mon ton est plus sec que je ne l'aurais voulu.

Décidément, je ne serais jamais du matin. Je l'entends sortir de sa chambre en gloussant, James sur ses talons. Je ne lui ai pas beaucoup parlée mais plus je le vois, plus il y a un truc qui cloche chez ce mec. Je ne comprends pas pourquoi il cache sa relation avec Ollie. J'ai surement sous-estimé le pouvoir que Victoria peut avoir ici.

-Je suis prête Miss Raleuse, dit-elle en souriant. Elle s'empresse de piquer un sandwich avant que j'aie pu l'en empêcher.

-Ollie !

Elle me répond en me tirant la langue. Le message est clair, impossible que j'arrive à la faire descendre de son petit nuage ce matin. Pour se rendre à la plage on décide de prendre la voiture de James. Bien évidemment, Madame Bonne Humeur choisit la musique, de la pop - soupe - américaine. Je me passe de lui dire ce que je pense de ses gouts musicaux, car à en voyant ma tête il n'y a aucun doute. Depuis l'accident, je n'écoute que du classique, aucune musique avec des paroles. Ce n'est d'aucun intérêt pour moi puisque les mots ne me parleront pas. La plupart des gens de mon âge sont surpris quand ils l'apprennent. Ils tentent tous de me convertir à leurs groupes, chanson préférée, en vain. Ollie a vite découvert mes goûts quand on a commencé à réviser toutes les deux mais elle s'en est accommodée, sauf aujourd'hui.

La plage est tel que je l'avais imaginé. C'est tout simplement splendide. Les vagues viennent s'écraser sauvagement sur le sable et je n'ai qu'une seule envie : sauter dans l'eau. Je calme mes ardeurs et aide Ollie à installer nos affaires. La journée s'annonce radieuse, rien ne pourrait venir la gâcher. James nous présente son colocataire, un brun à lunettes qui répond au nom de Tyler.

-Tiens, les voilà ! Nous dit James.

Je me retourne dans la direction qu'il pointe. A retenir pour la prochaine fois, ne jamais dire que rien ne pourrait gâcher ma journée.

Victoria sort de la voiture de Kyle, son 4x4 est plutôt reconnaissable parmi la foule de voitures. En effet, la plage est envahie par des étudiants et je n'en connais aucun qui aurait les moyens de se payer une voiture pareille. Victoria affiche une mine réjouie, lunettes sur le front, elle porte un short si court que je me demande si elle ne s'est pas trompée de taille. Elle a aussi dû acheter son haut au rayon enfant car il ne lui recouvre que les seins, avec cette tenue, elle a plus de peau nue que moi en maillot. Je me retourne vers Ollie qui semble aussi surprise que moi de voir sa jumelle ici.

Kyle sort de la voiture et je me demande quelle est son humeur aujourd'hui. Je prie pour que ce soit le Kyle sympathique mais au regard furieux qu'il me lance, c'est raté. Je détourne le regard immédiatement.

Je me réjouis d'avance de passer la journée en compagnie de Monsieur connard et de Madame Garce. Incroyable, Alex sort à son tour de la voiture. Je remarque la façon dont il regarde Victoria. Je fronce les sourcils de peur de m'être trompée mais non. Il la dévore des yeux. Mais c'est quoi ce bordel ?! Je prends mes écouteurs dans mon sac et mes lunettes de soleil. Je préfère les ignorer, et me rallonge sur ma serviette.

Au bout de quelques minutes je sens une ombre au-dessus de moi. J'ouvre les yeux et suis éblouie quelques instants par le soleil. Je n'arrive pas à discerner la personne debout en face moi. Je me redresse et voit Kyle. Il ne porte qu'un short bleu marine, voir son corps nu me fait un effet instantané. J'observe son corps bronzé par le soleil californien. Ses bras sont musclés et ses épaules carrées, son torse semble taillé sur le modèle du David de Michel-Ange. Je sens des fourmillements jusque dans mon bas ventre. Son corps aurait été parfait s'il n'y avait pas cette cicatrice, elle part du bas de son cou et traverse toute sa poitrine, tel une épée qui aurait tenté de le couper en deux. Elle semble dater d'il y a quelques années. Je me rends compte que je n'ai rien dit depuis quelques minutes, trop occupée à le dévorer des yeux. Il est le comble du sexy.

-La vue te plait ?

Son regard est plus qu'aguicheur. Ce mec va me tuer. Il y a dix secondes, il était en train de me tuer du regard et voilà qu'il veut jouer. En fait, je rectifie, il était le comble du sexy jusqu'à qu'il ouvre la bouche. Je lâche un "abruti" et remet mes lunettes. Un rire rauque le secoue tandis qu'il continue de me regarder.

-Tu me fais de l'ombre, bouge !

Ce mec est une vraie boussole ! Aucun remerciement pour l'autre soir, il fait comme si cela ne s'était jamais produit. Il a surement l'habitude de débarquer chez les gens en pleine nuit complètement déchiré mais moi pas. Je m'attendais au minimum à des excuses et espérait aussi des explications.

-Ma chérie, j'adore ton maillot de bain !

Je regarde autour de moi et aperçoit Victoria qui me lance un regard noir. Elle croit sans doute que je suis une concurrente, elle ne pourrait pas être plus à côté de la plaque.

-Qui as-tu appelé chérie au juste ? Je ne suis pas ton amie alors garde tes remarques hypocrites pour quelqu'un que ça intéresse.

Mes propos jettent un froid sur le groupe, apparemment je suis la première à oser rembarrer Victoria.

-Oh, je me suis trompée, j'ai cru que c'était le nouveau modèle de chez Chanel. Mais en te regardant, ça m'étonnerait que tu aies les moyens. J'ai mal vu.

Sa réplique m'aurait blessée il y a longtemps mais aujourd'hui, aucune chance.

-Je te prendrais rendez-vous chez l'ophtalmo, un problème de vu à ce point, ça peut être grave, tu sais ? Je rétorque.

Pendant une seconde, j'ai peur d'avoir été trop loin mais tout le monde éclate de rire, y compris Kyle. Elle se lève furieusement et attrape Kyle par le bras pour l'obliger à la suivre. Il se dirige vers l'océan et je me remets enfin à respirer. Sa présence m'irritait plus que je voulais bien l'admettre.

-Gab, pendant un instant j'ai cru que tu venais de signer ton arrêt de mort ! Plaisante James.

-Pendant deux secondes, moi aussi. Je souris.

-Dis donc t'as du caractère Paris ! Je lève les yeux, Alex est à présent à la place que Kyle vient de quitter un instant plus tôt.

-Fais attention, je mords aussi !

Il me tend la main pour me relever. Je la prends. Rien. Aucune chaleur, aucun picotement. Rien. Alex est comme tous les autres que j'ai connu jusqu'ici. Un mec super mais qui mériterait tellement plus que ce que je pourrais lui donner. Depuis le drame, je suis sortie avec très peu d'hommes et la rupture était toujours la même. Ils voulaient tous des sentiments. Alors que moi, je ne voulais rien de plus que des parties de jambes en l'air, de toute façon, je ne pouvais leur donner autre chose.

-Ça te dit une balade ? Il se rapproche un peu plus de moi. Je recherche l'électricité entre nous mais en vain.

J'aime bien Alex, et me demande s'il serait partant pour une relation sans prise de tête. Je hoche la tête et le suit.

Le sable chaud me brule les pieds, et j'écoute d'une oreille distraite Alex. Ce mec est un véritable moulin à parole mais je l'aime bien, il arrive à me faire rire.

-Tu connais mon colocataire à ce que je vois ?

-Kyle ? Oui. On a un cours en commun.

-Ah oui ? Rien de plus ?

Il veut savoir s'il joue sur les plates-bandes de son pote. Je n'y crois pas, comme s'ils avaient réellement un code d'honneur entre eux ou je ne sais pas quoi. Embrasse-moi, c'est tout. Arrête de te prendre la tête.

-Non. Rien de plus.

On a bientôt rejoint le groupe et je vois qu'il est stressé. Il se passe la main dans les cheveux et son regard est fuyant. Je ne comprends pas pourquoi il n'a toujours rien tenté. Il avait une occasion parfaite pour m'embrasser.

-Il y a un problème ? Mon ton sec ne l'aide pas à se détendre mais je sens qu'il ne me dit pas tout.

-Tu devrais voir ça avec Kyle en fait. Tu me plais beaucoup Gab, vraiment mais...

Avant même qu'il est pu m'en dire plus, je me dirige vers le groupe. Kyle est installé d'un air nonchalant, Victoria sur ses genoux. Il nous surveillait et semble ravie de ce qu'il a vu. Alex est sur mes talons.

-C'est quoi ton putain de problème ! lui dis-je rageusement.

Il se lève sans un regard pour Victoria qui finit le cul sur le sable. Si je n'étais pas aussi énervé contre lui, j'en aurais profité pour me moquer d'elle. Je ne me souviens pas la dernière fois que j'ai été dans une fureur pareil. J'aurais presque tendance à dire que ça fait du bien.

-J'ai aucun problème. Et toi ? Son arrogance me met hors de moi.

-Qu'est-ce que tu as dit à Alex ?!

Il se rapproche de moi et mon cœur accélère la cadence. Il n'est plus qu'a quelques centimètres de moi. Je vois sa poitrine bougée au rythme de sa respiration et son cœur tambouriné contre sa cage thoracique. Il est aussi énervé que moi, je n'ai jamais vu un regard aussi brulant de haine qu'en cet instant même.

-Je lui ai dit pas touche.

Attends ?! Quoi ?! J'éclate de rire. Je suis prise d'un fou rire incontrôlable. Ce mec est extraordinaire. Il se prend pour mon père ou bien. Je crois l'avoir cerné et l'instant d'après il me fait ça.

-Tu sais quoi, rien n'interdit que ça soit moi qui le touche !

Je me retourne et fonce droit sur Alex que j'embrasse à pleines bouches. Il est surpris mais finit par se laisser faire. Ses mains se retrouvent sur la cambrure de mes reins, avant qu'il ne glisse la langue, j'interromps notre baiser. Il est complètement essoufflé et son regard brûle de désir alors que moi, rien. J'aurais très bien pu apprendre à coudre, ou lire la théorie du capitalisme que ça m'aurait fait exactement la même chose. Je me retourne vers Kyle.

-Ne t'avise jamais plus de t'occuper de mes affaires !

-Viens.

Ce n'est pas une question et il me prend par le bras pour m'emmener à l'écart. Je laisse en plan Alex. J'aimerais me défendre mais le contact de sa main sur mon bras me paralyse. Des picotements... Et là je sais que je suis dans la plus grande merde au monde. Je sais que Kyle Hamilton est la seule personne sur cette terre à me faire ressentir quelque chose. A ce moment précis, je le hais. C'est tellement bon. Je le hais tandis que je sens la chaleur de sa peau contre la mienne. Je le hais, je suis dans une rage folle. Je ressens quelque chose et même si ce n'est qu'envers lui. C'est un pas immense pour moi. Je suis dans une galère pas possible car la seule personne que j'ai trouvé sur cette terre capable de m'aider à résoudre mon problème me hait encore plus.

Lorsque Kyle considère que nous sommes assez loin pour qu'on ne puisse pas entendre notre conversation, il me lâche. Contact rompu. Picotements disparus. Il me fixe de ses grands yeux noisettes. Il s'installe sur un banc à côté de nous. J'aperçois Ollie courir après James car ce dernier lui a piqué sa serviette. Elle rit aux éclats, cette fille respire le bonheur.

-Ces deux-là, ce sont bien trouvés non ? me dit Kyle.

Je me retourne vers lui, il fixe la même direction que moi. Je m'assis ses côtés en me maudissant déjà d'avoir une conversation avec lui après ce qu'il a dit à Alex. Je continue d'observer au loin notre groupe d'amis. Avant, passer un moment comme celui-là m'aurait rendu plus heureuse que jamais. Aujourd'hui, ce ne sont qu'une suite d'actions qui n'ont aucune signification. Ce sentiment de chaleur intense dans la poitrine que te procure le bonheur a été remplacé par du vide. Un incommensurable vide.

-C'est vrai que c'est beau de voir des gens heureux. Je lui répond.

-Tu dis ça comme si tu ne l'étais pas toi-même.

Sa réplique me déchire le cœur, il ne pourrait pas être plus proche de la vérite. Comment quelqu'un incapable de tout sentiment pourrait-il être heureux ? Je ris intérieurement.

-Bon je t'écoute, qu'est-ce que tu voulais me dire ? Mon ton cinglant lui montre que je ne suis pas là pour plaisanter. Il faut qu'il comprenne une bonne fois pour toute à qui il a affaire. Je n'ai pas l'intention de me laisser marcher sur les pieds par Monsieur Connard-Antipathique-Arrogant-Hamilton. Je ne peux m'empêcher de l'observer tandis qu'il réfléchit à sa réponse. Mon dieu qu'il est beau, pas mignon. Beau. Un si beau visage pour un con pareil c'est vraiment du gâchis.

-J'étais sérieux quand j'ai dit pas touche. Alex est peut-être mon pote, mais ce n'est pas un gars bien avec les filles.

Donc en fait il se prend pour mon père. Kyle protecteur, c'est nouveau ça.

-Je suppose qu'il t'a fait le coup de la rupture avec sa copine avant de partir à Paris,... C'est un vrai coureur de jupons. Il va se servir de toi et te faire souffrir Gab.

C'est la première fois qu'il utilise mon surnom.

-Qui te dit que ce n'est pas moi qui me sert de lui ? Je ricane.

-De quoi tu parles ?

-Tu sais mon problème. Que veut-tu qu'il m'arrive Kyle ? Qu'il brise un cœur que je n'ai pas ? Une relation sans attache c'est exactement ce que je veux.

-Ah oui ? Les filles disent toutes ça au début.

-Je ne suis pas toutes les filles, je dois te le répéter combien de fois. Soufflai-je. Bon maintenant qu'on a réglé ce problème, tu peux arrêter de t'inquiéter de ma vertu et on va parler de Jeudi soir.

Je vois qu'il n'aime pas du tout comment tourne la conversation. Sa mâchoire se crispe et son regard part au loin. Je le vois prendre son visage entre ses mains. Il a l'air fragile quand je le vois comme ça.

-Gabrielle, ce n'est pas dans mes habitudes de me justifier. Je n'ai jamais eu à rendre des comptes, à personne. Je sais que le comportement que j'ai eu a dû te surprendre...

--Me surprendre ?! Ah oui effectivement, il y a de quoi. Tu t'es pointé chez moi complètement déchiré, t'as squatté mon salon pendant une heure. Tu t'es endormi comme si de rien n'était et... J'hésite à finir ma phrase mais je me souviens encore de ses cris apeurés avant que j'arrive à le réveiller. Ce n'est pas normal, il faut qu'on en parle. Je finis par dire.

-J'ai été con, je suis désolé. On peut oublier maintenant. Crache-t-il comme si dire ses mots lui coutaient un effort surhumain.

-T'es souvent con. Mais ce cauchemar ? Ça t'arrive souvent ?

Il prend de nouveau sa tête dans ses mains luttant contre ses propres démons. À ce moment-là, je sais que je veux l'aider, réellement. Je ne sais cependant pas s'il va me sauter dessus ou s'il va faire semblant de ne pas avoir entendu mes derniers mots. Il est impossible que je puisse deviner ce qui lui passe par la tête pourtant j'aimerais bien, ne serait-ce pour comprendre.

-Je suis sûre que je peux t'aider Kyle.

-Toi m'aider ? Ce n'est pas toi qui a besoin d'aide plutôt ?

-Ne sois pas méchant.

Il semble totalement apeuré, je le force à me regarder. Je connais tellement ce sentiment. Je vois le mur que Kyle s'est efforcé de construire pour se protéger, s'effondrer devant moi.

-Kyle, écoute-moi. Je me fou totalement que tu aies eu ce cauchemar devant moi. Vu ta réaction, je me doute que ce n'était pas la première fois. Je veux juste savoir si tout va bien.

-Et toi Gabrielle, tu vas bien ?

-Oui je vais bien.

-Menteuse.

-Non, je vais bien. Juste bien. Rien d'autre. Je ne te mens pas. Je ne t'ai jamais menti.

Je marque une pause avant de reprendre : Tu sais que parler de ça à quelqu'un pourrait t'aider. Lui dis-je d'une voix douce.

Il se lève d'un bond.

- Tu penses que je suis un putain d'enfants de 5 ans ? Rugit-il. Tu me conseilles quoi au juste ? D'aller voir un psy ? Mais t'es qui pour me donner des conseils. Je n'ai pas besoin de tes putains de conseils à la con ok ! Je voulais juste te prévenir pour Alex mais après tout savoir avec qui tu couches ce n'est pas mon problème.

-Kyle attend.

Trop tard, il est déjà presque arrivé à sa voiture. Il monte dedans et démarre en trombe. Apparemment j'ai touché un point sensible. J'ai vraiment du mal à le suivre. Le fait qu'il soit si taciturne et qu'il se referme comme une huitre en deux secondes ce n'est vraiment pas évident à gérer. J'ai vraiment déjà assez de soucis comme ça pour m'occuper de lui. Je retourne avec les autres. Alex vient à moi.

-Tout va bien ?

-Oui ne t'en fais pas, j'ai discuté avec lui. On peut rependre là où l'on s'était arrêtés.

Je lui souris tandis qu'il dépose un léger baiser sur mes lèvres.

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