Nouvelle marche

Après la décision prise, l'assistante sociale avait organisé de nombreux rendez-vous. Madame Livia Blackthorn avait visité le logement du couple, s'était entretenue avec eux et leur avait raconté l'histoire de famille des deux garçons. Les parents étaient deux enfants uniques. Les garçons n'avaient donc aucun oncle, ni tante, chez qui aller, et ceux éloignés ne les avaient jamais connus. Les grands-parents étaient déjà tous décédés.

La professionnelle de la protection de l'enfance était la sœur de Helen, l'actuelle compagne d'Aline. Le couple connaissait bien la blonde, côtoyant toujours les anciens collègues du brun. La jeune sœur souhaitait tout de même se faire son propre avis, sans écouter la pression de son ainée qui lui avait assuré que c'étaient deux hommes merveilleux et biens.

Après plusieurs vérifications et demandes hiérarchiques, Livia accorda la garde aux Lightwood Bane. Elle leur annonça cette bonne nouvelle, mais aussi les diverses démarches à faire notamment tout ce qui concernait les affaires des garçons dans la maison de leur famille. Le couple devra amener les deux enfants ramasser les affaires qu'ils souhaitent garder avant que la maison soit vidée et vendue par l'Etat.

A la suite de ces nombreuses semaines, Alexander et Magnus étaient officiellement la famille d'accueil de ce duo de frères. L'indonésien était confiant et espérait rapidement obtenir le droit de les adopter. Le brun était encore nerveux à cette nouvelle étape et attendait de voir comment se déroulerait le quotidien avec les deux garçons qui semblaient être assez énergiques.

Depuis cette officialisation, le couple passait quotidiennement à l'hôpital. Livia les a présentés comme leur futur foyer et famille. Cela avait excité le plus jeune, sans spécialement réjouir le plus vieux. Raphaël fit tout de même l'effort d'offrir un sourire. Celui-ci avait simplement réfléchi au fait qu'il serait difficile de trouver un autre couple qui sera facilement accepté par son petit frère. Il avait donc laissé le bénéfice du doute au petit, et se réjouissait simplement de voir son frère rire et sourire à nouveau comme un enfant de son âge. Cependant, ses parents lui manquaient déjà beaucoup trop.

-

Catarina entra dans la chambre du duo de frères, afin d'effectuer la vérification de routine du soir. Raphaël lisait encore une BD, apportée par un collègue, tandis que le plus petit dormait déjà en serrant fort sa peluche favorite. 

- Magnus et Alec passent demain précisa-t-elle en se préparant pour lui prendre la tension.

- Max sera content marmonna Raphaël en levant son bras, sans quitter le livre des yeux.

- Et pas toi ? Demanda-t-elle en lui encerclant le biceps.

L'enfant haussa simplement les épaules, en tournant son visage vers son petit frère. Pour lui, Max comptait plus que tout maintenant. Si Max était heureux, il ne fera pas de vagues quitte à s'oublier lui-même. L'ainé avait promis de prendre soin de son petit frère, et il comptait bien tenir cette promesse encore plus depuis la disparition de ses parents.

- Je comprends maintenant ... murmura-t-il en soupirant.

- Comprendre quoi mon grand ? Questionna l'infirmière en l'observant du coin de l'oeil.

- Papa me disait toujours qu'il refusait que je vive comme lui ... raconta Raphaël en souriant faiblement vers son frère, mon papa détestait être enfant unique ... quand maman a eu Max, c'était le plus heureux.

Catarina l'écouta silencieusement, oubliant son devoir professionnel. Elle estimait que son oreille attentive devait être plus précieuse sur un tel moment. Voir le garçon si pensif et nostalgique, touchait profondément la jeune femme.

- Je pensais qu'il n'était pas heureux avec moi continua-t-il, mais il m'a dit "tu ne vivras pas comme moi, tu vas avoir un petit frère" imita l'enfant avec une voix grave, j'ai compris que mon papa était heureux car je ne serais jamais seul une fois qu'ils seront partis ... Papa était très triste et très seul quand papy et mamie sont morts et ... maintenant je n'ai plus que Max et je suis très heureux de l'avoir confia-t-il en se tournant pour regarder la professionnelle, il va bien et je suis très heureux !

- Vous êtes deux garçons très forts et tes parents étaient très heureux de vous avoir rassura Cat en lui caressant la joue.

Raphaël expira longuement en souriant faiblement en coin. Il reposa son attention sur la BD. L'infirmière se demandait s'il comprenait ses lectures, mais au vue des échanges avec son collègue, elle n'avait plus de doutes. Ce petit était un petit génie littéraire. Elle lui frotta les cheveux en gloussant.

- Extinction des feux dans quelques minutes mon grand annonça la professionnelle, refusant qu'il passe une nuit entière à lire.

- Je t'en prie quelques minutes de plus Katie ! Supplia l'enfant en se mordillant la lèvre.

L'infirmière leva les yeux au ciel, redoutant cette mimique attendrissante. Elle se faisait avoir à chaque fois, même avec une lutte acharnée. Raphaël le savait parfaitement, et n'avait aucune pitié pour s'en servir.

- Bien je reviens dans vingt minutes prévient-elle en sortant de la chambre.

Ça lui convenait parfaitement, puisque ça lui laissait le temps de finir le livre entièrement. Il fit craquer sa nuque et se replongea avec passion dans cette lecture fantastique.

-

Les deux hommes avaient longuement discuté. Ils devaient réaménager une chambre pour les garçons. Pour eux, il était judicieux de les mettre dans la même pièce. Pour leur avenir, ils verront sur le moment présent même. La chambre d'amis allait être revisitée. Le bureau servira autant pour la bureaucratique et pourra être rapidement disposé comme une chambre d'amis. Maxwell Lightwood profita pour les aider à déplacer les meubles, quand il était venu annoncer sa note de son exposé.

Livia avait échangé à ce sujet, et leur avait soufflé l'idée de voir leurs goûts et leurs couleurs avec les enfants. Ceci permettrait possiblement d'obtenir un lieu serein à leurs yeux. Magnus s'était donc jeté sur les catalogues de meubles et de décoration. Alexander le trouvait dans l'excès, puis s'était finalement rappelé que c'était la définition même de son mari.

Le petit Max devait aménager chez eux dans le week-end, soit dans trois jours. Les deux hommes avaient donc peu de temps pour peaufiner la chambre d'enfant. Raphaël devra rester encore à l'hôpital, son plâtre étant difficilement manipulable en dehors d'un établissement de santé. Quand ceci lui sera enlevé, il aura l'autorisation de sortir si il suit assidûment la rééducation.

- Alec où sont passés les magazines ? Questionna l'asiatique qui chercha dans la cuisine.

Le brun gloussa légèrement face à la panique intérieure que se créait son compagnon. Il l'observa faire un instant, s'appuyant à moitié sur sa canne et croisant ses bras. Connaissant la tête de linotte que pouvait être son époux, l'ancien sportif avait laissé les tas de pubs sur la planche arrière de leur véhicule. Les magazines étaient donc prêts dans la voiture et n'attendaient que les humains pour partir.

- Alexander te dira qu'ils sont dans la voiture répondit l'aîné Lightwood, à la troisième personne.

- Oh merci mon amour soupira de soulagement l'excentrique qui s'approcha de son mari pour l'embrasser en remerciement.

L'ambiance à la maison était plus volatile, légère et agréable qu'auparavant. Le brun avait reçu ses résultats et ceci n'avait annoncé rien en particulier. Les médecins lui avaient donc proscrits beaucoup, beaucoup mais beaucoup de repos. Il lui était préconisé de ralentir sur les efforts autant physiques qu'émotionnels. Alec s'était donc vu mettre à l'arrêt pour un long moment. Ceci étant appuyé par Jace qui refusait d'aller à l'encontre des avis médicaux. La santé de son partenaire et son meilleur ami restait plus important que leur business florissant.

L'indonésien était soulagé car un protocole médical pour gérer les crises d'épilepsie avait été ajouté. Ça le rassura puisque ça lui permettait de répondre à ces moments traumatisants sans forcément déranger les urgences. Alexander était plus détendu car son corps allait finalement bien. Il n'avait pas à paniquer et juste à prendre soin de lui et surtout écouter son corps. Ne pas travailler restait un problème d'estime de soi pour lui, mais quand les enfants seront à la maison ; il pourra en profiter pleinement.

Le couple s'octroyait des séances de relaxation avant le coucher afin de favoriser l'apaisement d'esprit du brun. Ceci fonctionnait plutôt bien, et améliorer aussi les désirs sexuels. Mais ceci restait un léger détail, croustillant, sans déplaire les deux amoureux.

- Je vois bien Max être dans une période dinosaure, tu ne penses pas ? Se questionna l'asiatique tout en conduisant.

Le brun sourit faiblement en coin face à l'excitation de son époux. Il était touché de le voir aussi heureux. Son bonheur était si communicatif que ça envoyait des papillons dans le ventre de l'ancien sportif.

- Possible mais Raphaël semble déjà plus grand que son âge... répondit Alec en attrapant la main droite de son compagnon.

Les deux mains entrelacées, les deux hommes en profitèrent pour caresser mutuellement leur paume du pouce. Après les nombreuses visites, l'affinité naturelle avec Max paraissait toujours comme une évidence avec les deux hommes mais en particulier avec Alec. Ce n'était pas forcément le cas de Raphaël qui était plus distant, discret voir sec avec le brun. Alexander ne savait pas forcément s'y prendre avec lui, et se sentait maladroit. Contrairement à Magnus qui n'hésitait jamais à taquiner ce garçon qui a dû grandir bien trop rapidement à son goût.

- Je pense qu'il pourrait cacher sa fascination pour les dinosaures avoua l'asiatique en haussant les épaules.

- On verra bien avec eux mais j'espère que la couleur déjà existante leur plaira confia le brun, qui priait pour éviter la tâche de repeindre la chambre.

- C'est une couleur neutre et discrète ça leur conviendra mon amour affirma l'indonésien qui se gara.

Ce fut donc main dans la main que les deux hommes s'approchaient de la chambre des deux petits garçons. Croisant des infirmiers qu'ils avaient fini par connaître, il les saluèrent d'un simple et timide hochement de tête.

- JE N'AI RIEN DEMANDÉ hurla Raphaël depuis la chambre.

Magnus sursauta en entendant les hurlements de l'aîné des deux frères. Alexander fronça les sourcils intrigué. Il espérait sincèrement que personne n'osait déranger les enfants, il ressentit en lui comme une envie de les protéger. Le couple s'approcha plus rapidement prêts à entrer lorsqu'un nouveau cri se fit entendre.

- JE NE VEUX PAS D'UN HANDICAPÉ COMME PÈRE !

- RAPHAËL gronda Cat dans la chambre, indiquant qu'il dépassait les bornes avec un regard ferme accentué par son index droit devant son visage.

- Que se passe-t-il ici ? questionna l'asiatique qui n'avait pu se retenir encore plus.

Les enfants et l'infirmière se tournèrent vers la porte d'entrée, les yeux écarquillés de surprise. Alexander, derrière l'indonésien, caressa légèrement le dos de son mari pour lui signaler qu'il avait besoin d'air. Le brun n'était plus vraiment d'humeur, et ressentait la nécessité de calmer ses esprits. Ses pensées étaient passées d'une grande envie de protection à un grand désespoir honteux. Il n'avait plus la foi d'être bienveillant et souriant pour l'instant. Magnus se retourna pour rattraper son époux, priant qu'il ne renonce pas pour des mots blessants lâchés avec colère. 

- Alexander attends ... supplia l'asiatique en lui attrapant le visage.

- Juste un moment quémanda l'ancien sportif, en soupirant, seul s'il te plait ...

L'indonésien le regarda tristement, tout en lui caressant les joues. Il l'embrassa avec douceur, lui accordant sa requête. En suivant de ce baiser, il colla son front sur celui de sa moitié.

- Promets-moi de ne pas trop ruminer ... murmura l'excentrique venant déposer avec tendresse ses lèvres sur le front de son mari.

- Promis répondit Alec, avec un faible sourire en coin.

Magnus expira profondément en observant le "sourire Mags" comme il aimait l'appeler, ce spécial rictus qui lui était réservé et destiné. Le brun jeta un dernier regard avant de prendre l'ascenseur. Il avait besoin d'air et d'un banc. Se retrouvant enfin seul, il osa laisser tomber le masque. Il ne fondit pas en larmes, mais laissa échapper des bruits de sanglots étouffés.

- ALEEEEC hurla Max en sortant de la chambre.

Le petit garçon détestait les disputes et comprenait que son frère était fatigué car il ne s'énervait que très rarement. Leur infirmière préférée les taquinait sur leur avenir avec les Lightwood-Bane. Elle plaisantait sur le rituel du couché, du petit-déjeuner et des week-end. Catarina leur avait demandé d'être mignons avec eux car ils souhaitaient leur refaire la chambre. Max était excité à l'idée d'avoir une nouvelle chambre à coucher, mais Raphaël ne semblait pas du même avis et s'était emporté. Le plus jeune s'était bouché les oreilles quand son ainé hurlait. Il ne comprit pas immédiatement ce que voulait dire le mot "handicapé", mais quand il remarqua la réaction de Cat. L'enfant comprit que ça n'avait rien de joli et gentil. Puis au moment où les deux hommes sont apparus, Max était le plus heureux car il savait que Magnus pouvait tout réparer.

Mais à l'instant où Alec disparaissait, l'angoisse avait pris le petit garçon. Il regarda méchamment son frère, comprenant que les deux hommes avaient dû tout entendre. Son héros avait un air si triste et blessé, que les mots méchants de son frère lui étaient surement destinés. Maladroitement, le plus jeune tenta de descendre de son lit en se tournant sur le ventre afin de se laisser glisser.

- Alec prononça-t-il en grognant à cause de l'effort, ALEC répéta-t-il plus fort en se réceptionnant au sol.

- Max murmura surprise Catarina qui effectua une tentative pour repêcher l'enfant.

Le garçon se frotta le derrière et se précipita ensuite vers la sortie, laissant un Raphaël sans voix. L'aîné voulait s'enterrer dans le trou d'une souris. Il n'arrivait pas à croire que le concerné avait entendu sa colère. Après tout, cela pouvait être mal interprété.

Raphaël ne détestait pas les deux hommes, il avait simplement peur et ça lui rongeait l'estomac le soir. Jamais dans sa vie, il n'avait eu à faire à une personne en situation de handicap. Ces personnes que tout le monde veut, soit disant, aider mais que tous évitent de regarder. Les deux garçons avaient que très peu vu des personnes dans un état comme le brun. L'aîné avait de nombreuses questions. La perte de ses parents étaient très difficiles, même s'il le cachait très bien. Perdre une autre personne serait bien trop douloureux à vivre. Raphaël avait peur de s'attacher et perdre Alec très vite car handicapé signifiait être très malade selon lui. Personne ne voudrait lui expliquer, car les adultes refusaient de parler de choses sérieuses avec les enfants. Alors sur la frustration, il avait laissé sortir ce poids sous forme cette forme. Il commençait à le regretter, encore plus lorsqu'il vit entrer Magnus.

L'asiatique avait retenu le plus jeune qui courait vers l'ascenseur. Malgré l'explication de l'homme, le garçon n'en croyait pas un mot. Pour lui, Alec était parti et ne reviendra plus jamais. Ça brisait son petit cœur, tout comme ça attendrissait l'excentrique qui dut lui promettre que son mari reviendrait. Max avait alors demandé pour réconforter son héros. Se voyant retourner dans la chambre, l'enfant pleurait car il voulait tellement faire un câlin au brun.

- Je te jure que tu vas retrouver Alexander avait murmuré Magnus avant de passer la porte de la chambre. Cat peux-tu amener Max à Alec s'il te plaît ? Quémanda l'asiatique qui portait le petit frère.

- TU ES MECHANT RAPHAËL ! Hurla Max qui pleurait, Alec est parti ...

- Je ... je ... je ne voulais pas murmura, penaud, l'aîné qui baissa la tête.

L'infirmière prit dans ses bras le bambin que lui tendait son ami. Elle hocha simplement la tête et chuchota quelques mots.

- Ne soit pas trop dur ...

L'indonésien soupira simplement en prenant place au bout du lit du garçon. Il n'était pas en colère, il était plutôt attristé. Le professeur souhaitait comprendre les paroles dites par l'enfant. Il n'arrivait pas à croire qu'il ait pu dire une chose pareille. Mais voir la tristesse dans le regard de son époux lui revint à l'esprit. Et il ne pouvait supporter l'abattement sur l'ame si douce de son compagnon.

- Tu m'expliques... prononça, d'une voix grave et à la fois douce, le professeur.

- Je ne vois pas de quoi tu parles se renfrogna l'enfant qui croisa les bras.

- Écoute on va faire un contrat oral proposa Magnus en se tournant face au garçon, celui de se parler avec franchise, avec sincérité et avec vérité...

Raphaël se mordilla l'intérieur des joues, anxieux de se faire gronder. Il ne souhaitait pas faire de mal ...

- On a tout entendu avoua l'asiatique, et les mots ont blessé mon mari ... Alec est très triste et

- Je ne voulais pas lâcha l'enfant qui était accablé, je ne voulais pas être si méchant... je ne vous déteste pas mais ... j'ai peur et je ne sais pas comment l'expliquer alors j'ai dis ça... mais je jure que je ne voulais pas être méchant justifia en pleurant Raphaël, la maladie ça me fait peur et

- Alec n'est pas malade coupa l'homme en s'approchant de l'enfant, Alec a eu un accident très grave et ça a affaibli son cerveau ...

- Il n'est pas malade ? Répéta surpris le garçon qui essuya ses joues.

L'indonésien sourit faiblement en secouant négativement la tête. Il en profita pour caresser les cheveux de l'enfant, dans un geste rassurant. Maintenant qu'il comprenait le nœud psychique que s'était fait Raphe, il pouvait arranger les choses. Ça le rassura lui aussi par la même occasion, car ça le confortait dans le fait que ces deux petits bonshommes étaient deux gentils garçons. Raphaël n'avait pas un mauvais fond et souhaitait juste se protéger, puisque après tout la vie l'avait déjà peu gâté.

- Le cerveau de Alec rencontre des difficultés à réaliser certaines tâches expliqua, comme il le pouvait, l'asiatique.

- comme la marche ? Supposa Raphaël en se frottant le nez.

- Tu vois que tu comprends vite taquina l'excentrique en lui caressant l'épaule.

- il n'a pas une maladie qui empêche ses os de ... questionna-t-il, sans pouvoir finir sa question.

- Pas du tout mon loulou répondit rapidement Magnus qui secoua la tête, Alec va bien, il a juste des difficultés mais il va bien je t'assure.

- Ce n'est pas un handicapé alors ... murmura l'enfant qui se frappa le front.

- Pour t'éclairer, être malade ne signifie pas être handicapé rectifia l'indonésien en attrapant le menton afin qu'ils puissent se regarder, une personne en situation de handicap est une personne qui par sa difficulté ne peut faire des activités en société comme une personne sans les difficultés expliqua-t-il, donc oui Alexander a un handicap mais une personne handicapé ne signifie pas être malade.

- Oh ... je suis désolé murmura Raphaël en mordillant sa lèvre, je ... je promets je ne voulais pas être méchant... je je veux pas blesser Alec ... il ... il paraît si fort que je ... et je

- Calme-toi mon loulou chuchota Magnus en le serrant dans ses bras, Alec est quelqu'un de très fort et au fond de lui ... il t'apprécie déjà c'est sûrement pour ça que ça l'a blessé.

- Tu sens bon marmonna Raphaël en expirant calmement.

L'odeur douce et ambré de l'indonésien apaisa immédiatement le garçon, qui écouta tout de même les mots prononcés par l'adulte. Magnus gloussa en lui caressant les cheveux. Il était ravi que son parfum face effet sur une autre personne, que son mari.

- Maman sentait bon aussi ...

L'indonésien arrêta son geste face à cet aveu si précieux. Il remarqua le changement de sujet du garçon, mais trouva que la conversation était déjà close. Si Raphaël devait se livrer, il décida de le laisser faire car c'était très rare.

- Ni Alec, ni moi ne voulons remplacer vos parents tu le sais ça ? Demanda l'asiatique en baissant sa tête vers le petit bonhomme se trouvant contre lui.

- Mais on les oubliera ... dit le garçon en cachant son visage, je refuse ...

L'excentrique resserra son emprise lorsque l'enfant se mit à pleurer. Il constata que le garçon était dans un état émotionnel si mélangé que ça pouvait expliquer son comportement frustré et explosif de tout à l'heure.

- Tu ne les oublieras pas rassura-t-il tu sais pourquoi ?

Raphaël secoua la tête en relevant les yeux vers lui. Magnus lui sourit en lui essuyant les joues.

- Parce que tu as la tête remplie de souvenirs que tu vas nous raconter, pour ça on les retiendra si tu as un trou de mémoire argumenta l'asiatique avec un sourire sincère, et dans votre maison vous avez pleins de photos ?

- Oui papa adorait faire des albums photos on en a beaucoup ! Affirma l'enfant en hochant la tête.

- Et bien on les ramènera chez moi pour ça on gardera ces souvenirs précieux proposa l'adulte en lui embrassant le front, ton papa et ta maman ne t'en voudront pas, ils souhaiteront que Max et toi soyiez heureux ... et avec Alec on voudrait beaucoup vous aider à être heureux.

Raphaël expira, comme si son corps était rassuré. Il laissa sa tête se poser sur le torse de l'indonésien. Magnus sourit faiblement en coin, se félicitant intérieurement pour avoir créer un premier lien solide avec ce petit garçon.

- Pour que ça marche, vous et nous ... on doit tous faire des efforts d'accord ? Expliqua-t-il par la suite.

- Je dois m'excuser pour Alec avoua l'enfant en se redressant sur son lit, je ne veux pas qu'il soit triste encore moins à cause de moi ... et je dois dire pardon à Katie j'ai très mal parlé...

- Je savais que tu étais en gentil garçon mon loulou taquina l'indonésien en lui secouant les cheveux.

Après les hurlements, la pièce finit par être envahie par les rires de l'aîné des garçons.

-

Alexander venait tout juste de s'asseoir sur un banc à l'entrée de l'hôpital. La vue sur le parking n'avait rien de relaxant mais il voulait juste souffler. Il pencha sa tête vers l'arrière en grognant sa frustration. Pourquoi tout devait être si compliqué dans la vie ?

- Alec cria une petite voix d'un garçon.

Le brun reconnut Max qui arrivait dans les bras de Catarina. L'enfant semblait inquiet et avait dû pleurer. L'infirmière déposa le petit sur le banc.

- Je te le laisse je dois retourner travailler expliqua Cat en fixant son ami qui hocha positivement la tête, sois sage petit lustucru ! Ordonna-t-elle gentiment en lui touchant le bout du nez.

Le petit garçon acquiesça de la tête en s'accrochant comme un koala au bras du brun. Cat sourit faiblement, n'ayant aucun doute que le garçonnet se trouvait entre de bonnes mains.

Une fois en tête à tête, le petit se tourna vers l'adulte qui le regarda avec un sourcil haussé.

- Que fais-tu ici Max ?

- Je peux me mettre sur tes genoux ? Demanda l'enfant en grignotant nerveusement ses ongles.

Alec attrapa l'enfant pour le positionner sur ses genoux, de manière confortable pour les deux. Le plus jeune se précipita par la suite pour réaliser un câlin au brun.

- Câlin magique, tu connais ? Justifia l'enfant en frottant son visage contre le torse de l'adulte.

Alexander gloussa légèrement, il était impossible de ne pas fondre devant autant de tendresse et d'attention. L'ancien basketteur passa sa main dans les cheveux malcoiffés du plus petit.

- Non explique-moi mentit le brun, souhaitant juste divertir l'enfant et soi-même.

Le garçon surpris se recula légèrement en ouvrant grand les yeux.

- Les câlins magiques soignent les bobos de là définit-il en pointant le cœur de l'adulte.

- Recommence pour voir prononça, amusé, Alec en souriant faiblement en coin.

Le petit se lança sur lui, l'encerclant de ses petits bras avec force. L'ancien sportif fit de même en lui frottant le dos.

- Ça marche affirma le brun en gloussant.

- Tant mieux parce que je ne veux pas que toi tu sois triste marmonna Max en restant blottit contre lui.

Les deux restèrent un petit moment silencieux, avant que le plus jeune ne brise le silence.

- J'ai été méchant avec Raphe et ... et je ... je ne veux plus pleurnicha-t-il, détestant être un vilain garçon.

- Eh bonhomme chuchota le brun en l'attrapant sous les bras.

Alec positionna debout et droit devant lui le petit garçon qui cacha ses yeux avec ses mains. Max avait le coeur lourd. Il n'aimait pas détester les personnes et il avait détesté son frère qu'il aime pourtant beaucoup.

- J'ai été méchant méchant méchant... je n'aime pas ça

- Tu le regrettes ça arrive rassura Alec en lui chatouillant tendrement le ventre, regarde-moi bonhomme...

- Ça veut dire quoi recrette ? Questionna-t-il en penchant la tête.

Le brun ne put se retenir de rire. Il fit sautiller le garçon qui essaya de se stabiliser sur ses jambes.

- Regretter c'est quand tu fais quelque chose dont finalement tu n'aimes pas faire expliqua Alec en le recoiffant.

- Alors oui je regrette d'avoir été méchant avec Raphaël... avoua Max en sortant sa lèvre inférieure, je sais que mon frère aussi regrette les gros mots qu'il a dit ...

L'ancien basketteur lui frotta les joues avec son pouce en fronçant les sourcils. Ce petit bout devant lui avait vraiment les neurones en fusion pour réfléchir aussi vite. Il sourit faiblement, fier d'avoir pu le rendre plus présentable.

- Il n'a pas dit de gros mots rectifia-t-il.

Alexander n'en voulait pas à l'aîné. Après tout, on appelle bien un chat un chat ? Alors, effectivement il était un handicapé. Ce qui l'avait le plus attristé, fut le fait que Raphaël ne voulait pas de lui. Il ne savait pas si l'enfant le refusait pour son handicap par honte ou le refusait car il ne le supportait pas. Ça le chagrinait de savoir que l'enfant ne l'appréciait pas forcément.

- Handicapé c'est un mot méchant non ?

- Ça dépend... certaines personnes ne supportent pas qu'on les appelle comme ça mais pour moi ça ne me dérange pas répondit le brun sincèrement, je suis une personne avec un handicap donc oui je suis handicapé.

- Mais il faut un fauteuil pour

Alexander pouffa de rire face à l'innocence de l'enfant. Max pencha sa tête sur le côté en fronçant les sourcils. Finalement, le brun fit asseoir le garçon sur ses genoux, tout en le gardant de face.

- Pas forcément répondit calmement l'ancien sportif, un handicapé a une différence qui l'empêche d'effectuer comme les autres une tâche.

L'enfant était en pleine réflexion, essayant de trouver une différence tout en comprenant pourquoi celle-ci gênerait.

- Par exemple, je marche avec une canne parce que ma différence est que j'ai du mal à marcher d'accord ? Tenta d'expliciter le brun.

- Hum ...

- Et bien Magnus va pouvoir courir plus vite que moi pour rattraper notre chat parce qu'il marche sans canne et mieux que moi ... du coup j'ai un handicap car je ne peux pas faire les mêmes tâches qu'une personne sans handicap justifia le brun en haussant les épaules.

- Oh je vois ... affirma Max en hochant la tête, en fait comme tu as un problème et bien tu ne peux pas faire comme tout le monde qui n'a pas le problème comme toi ?

- Tu as tout compris bonhomme confirma le brun en lui embrassant le front.

- Et tu es triste d'avoir ce problème ? Tu vas en mourir ? Je ne veux pas que tu meurs moi je veux que ... précipita, alarmé, Max qui écarquilla les yeux et gesticula dans tous les sens.

- Woh woh woh calme-toi ricana le brun, non ce problème ne me fera pas mourir.

L'enfant expira soulagé avant de se reblottir contre l'adulte. Il était content de savoir ça. Son héros était finalement peut-être invincible.

- Moi je crois que tu caches tes super-pouvoirs murmura le garçon en jouant avec le bouton de chemise.

- Mes super-pouvoirs ? Exclama, hilare, Alec.

- Hum hum comme Superman !

- Tu es peut-être sur la bonne piste ...

- C'EST VRAI ? Hurla Max en s'éloignant de surprise.

Le brun explosa de rire et tapota sur la tête du petit. Celui-ci avait réussi à alléger sa peine, et inconsciemment l'avait rassuré sur la décision. Ça n'allait pas être facile tous les jours, mais à quatre ils seront heureux.

- Oh wow je vais vivre avec un super héros...

- N'importe quoi moustique dit l'ancien sportif en essuyant ses yeux larmoyant de rire.

Max gloussa avant de se blottir à nouveau contre le brun. Il aimait être tout prêt de lui, car l'aura de l'adulte le rassurait.

- Raphaël regrette aussi avoua pensif le plus jeune, parce que ... parce qu'il est content de vivre avec vous.

- Ah bon ? Posa, surpris, Alexander.

Le petit garçon se rappela d'une conversation avec son grand-frère quand il n'arrivait pas à dormir car il était trop excité d'aller vivre avec Magnus et Alec. C'était il y a deux jours. Le plus jeune imaginait à quoi pouvait ressembler la future maison. Les deux frères fixaient le plafond blanc et décrivaient à haute voix leurs pensées. Lorsque Max partait dans des couleurs farfelues remplies de paillettes et de lumières fluorescentes, l'aîné les décrivait contents et bien entourés avec les deux hommes charmants.

- Oui je crois qu'il a peur ... mais Magnus a des super-pouvoirs aussi alors Raphaël n'aura plus peur et redeviendra gentil comme je le connais expliqua avec enthousiasme le petit garçon qui sourit de toutes ses dents.

- Magnus est un super héros aussi ? Plaisanta le brun en se retenant de rire.

- Mais non voyons ... Magnus lui c'est un sorcier parce qu'à chaque fois qu'il me fait le bisou sur le front raconta le plus jeune, il y a une pluie de paillettes après !

Alexander explosa de rire en venant serrer très fort l'enfant. Maintenant, il en était persuadé. Accepter la garde de ces enfants était leur meilleure idée. Max rit contre le brun avant que celui-ci ne décide de retourner voir les deux autres zigotos. L'enfant avait ri et avait su retenir ce mot étrange et drôle.

En retournant dans la chambre, Raphaël s'était excusé et restait timidement en retrait. Il ne savait toujours pas comment se comporter avec le brun. Mais ils finiront par se trouver. Les quatre feuilletèrent les magazines pour trouver et comprendre les goûts des deux garçons. Quand quelque chose plaisait énormément les deux hommes entouraient l'objet. Ils échangèrent aussi en essayant d'inculquer aux enfants l'importance de l'argent. Certains objets étaient bien trop chers, et ils expliquèrent avec tendresse qu'il n'était pas possible de l'avoir. Les deux petits acceptaient facilement l'excuse, très compréhensifs.

Le couple partit en milieu d'après-midi espérant faire le plein de meubles pour la chambre de leurs deux petits loustiques. Max et Raphaël les saluèrent avec joie, attendant avec impatience leur visite du lendemain.

Magnus et Alec allaient y arriver. Rien n'était simple dans leur vie, mais ensemble ils réussiront à créer un environnement stable, chaleureux et agréable pour leur nouvelle petite famille.

-

5 086 mots passant par toutes les émotions.

J'espère que ça vous plaît toujours. Merci à la fameuse poule shane03x qui m'a aidée dans certains de mes doutes.

Je tiens à dire que niveau procédure pour l'accueil et l'adoption... je n'ai pas trouvé d'informations très précises donc je laisse par moment l'imagination faire...

Petite précision : on dit "une personne en situation de handicap" et non plus "une personne handicapé". Car finalement, ces personnes-là sont pénalisées à cause de la société qui ne s'adapte pas suffisamment aux différences. Donc il y a la notion d'être pénalisé, handicapé, gêné par un fait extérieur pour vivre "comme tout le monde". Voilà c'est tout ... et cette explication pour Max et Raphaël n'était pas forcément prévue mais voilà aha.

J'ai relu rapidement donc je m'excuse pour les fautes ...

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