L'averse inattendue
Le basketteur ouvrit les yeux comme tous les matins depuis plusieurs mois. Le sourire aux lèvres, il se frotta les yeux pour remarquer le visage endormi de son petit-ami sur son torse. Les deux avaient l'habitude d'énormément bouger durant la nuit. Chaque soir, ils s'endormaient en position cuillère, sous les caresses tendres de l'un et de l'autre. Le matin, Magnus se retrouvait à moitié sur Alexander qui était comblé par ce genre de réveil.
Ils avaient cours encore aujourd'hui, et les jours s'approchaient des vacances de février. Le brun se mordilla la lèvre rien qu'en pensant qu'il passerait la St Valentin auprès de son compagnon. Son cœur battait la chamade. Alexander ne put s'empêcher de caresser les cheveux de son amoureux, attendri par ce petit visage endormi et angélique. Magnus retroussa son nez en sentant du mouvement dans ses cheveux. Il se réveilla petit à petit, en baillant.
- Évites de me baver dessus taquina de bon matin le basketteur qui reçut un coup sur son torse en réponse.
- Bonjour taquineur marmonna Magnus en s'étirant.
- Bonjour mon chéri répondit le brun en l'embrassant chastement, café et œuf brouillés ? Demanda Alec en sortant du lit.
- S'il te plaît mon amour affirma Magnus en se laissant tomber en étoile sur le lit, pourquoi se lever si tôt ? Râla l'asiatique en faisant semblant de pleurer.
- Parce que tes élèves t'attendent ricana le brun en sortant de la chambre pour réaliser le petit-déjeuner.
- Plus tard dans la journée -
Les deux amoureux donnaient tranquillement leur cours, avec le sourire et la bonne humeur. Le brun ne remarqua pas les nombreux appels manqués sur son cellulaire. Le haut-parleur du lycée grésilla signe qu'une annonce allait se faire.
- Monsieur Lightwood est attendu dans mon bureau déclara Lorenzo sévèrement.
Alexander haussa les sourcils surpris par l'ordre du directeur. Maia lui jeta un regard pleins de questionnements.
- Pourquoi Lorenzo semble en colère ? Demanda-t-elle en s'approchant de lui.
- Je n'en sais rien avoua le brun en haussant les épaules, vous pouvez retourner aux vestiaires le cours est terminé.
La métisse hocha la tête lorsqu'elle le vit se diriger vers la sortie. Il s'avança naturellement vers le bureau de la direction. La secrétaire échangea un regard désolé et inquiet avec lui, sans lui dévoiler les personnes qui l'attendaient dans la pièce. Il frappa à la porte et attendit l'autorisation d'entrer.
- Oui répondit le directeur.
Alexander passa donc la porte et sursauta en voyant trois personnes supplémentaires. Il s'attendait à simplement dialoguer avec Lorenzo, au sujet de sa relation avec Bane. Les deux ne se cachaient plus désormais, tout le monde semblait au courant et propager nombreuses rumeurs.
Cependant, il n'était maintenant plus très sûr de comprendre sa présence nécessaire ici. La mère de Lydia, sa fille et un agent de police se tenait devant le directeur. C'était quoi ce bordel ?
- Asseyez-vous monsieur Lightwood ordonna le directeur.
C'était assez étrange de l'entendre l'appeler par son nom de famille. Lorenzo avait plutôt l'habitude de l'interpeller par son prénom. Il obéit et salua les autres personnes à-côtés de lui. Madame Branwell le tuait du regard comme si elle voulait l'étrangler. Le brun était assez perdu.
- Vous allez devoir me suivre au commissariat annonça le policier qui croisa les bras.
- Et pourquoi cela ? Demanda surpris le basketteur qui haussa les sourcils.
Le directeur se dandina gêné sur sa chaise. La révélation qu'avait faite l'élève le mettait dans une situation inconfortable.
- Ne jouez pas cela avec moi répondit l'agent.
- Cet homme a harcelé ma fille sexuellement et il fait l'innocent s'énerve la mère de l'élève.
- Pardon ? Posa étonné le professeur qui reçut comme un coup au Plexus.
Il tourna son regard vers l'élève qui se fit toute petite. Alexander se demandait à quoi jouait-elle. Il ne comprenait pas pourquoi elle l'accusait d'un si gros mensonge. Jamais il ne toucherait à une elle, à une femme tout court.
- Mais je suis gay et ...
- Ça ne change en rien que vous touchiez ma fille pour lui faire du chantage coupa la mère en le menaçant de son index.
- Quoi ? Mais c'est du n'importe quoi exclama le brun qui secoua la tête, je n'ai rien fait et je ne ferais jamais une chose pareille.
- Je suis désolé monsieur mais vous allez devoir me suivre pour vous faire interroger expliqua l'agent.
- Puis-je avoir une minute avec lui ? Demanda le directeur.
Les femmes Branwell et le policier sortirent de la pièce. Lydia se faisait toute petite, se victimisant. Son plan marchait, elle jubilait à l'intérieur. Lorenzo soupira en se prenant la tête.
- Vous auriez dû répondre à votre téléphone fit remarquer le directeur.
- Je suis en cours depuis 8 heures répondit sèchement Alexander.
Le basketteur était énervé, frustré et désarmé. Il n'avait rien fait de ce qu'on l'accusait. Et encore, il ne savait pas de quel acte dégoûtant on l'accuserait encore. Le viol serait le pompon, lui qui a été victime d'agression. Ce serait le comble de l'accuser d'une telle chose.
- Je suis désolé mais vous êtes dans l'obligation de suivre l'agent aujourd'hui affirma le directeur, et je suis désolé de vous dire que vous serez ...
- Ne faites pas ça supplia le brun qui secoua la tête, je suis innocent je n'ai rien fait bordel !
- Du moment que l'enquête sera en cours je ne peux vous reprendre comme professeur intervint Lorenzo en soupirant, ça arrive même au meilleur et...
- Vous ne me croyez pas ? Demanda d'une petite voix Alec qui resta bouche bée.
Il ne comprenait pas pourquoi Lydia lui faisait ce coup. Mais elle voulait le nuire et elle commençait déjà bien.
- Écoutez ce que je pense ne compte pas soupira le directeur, la priorité est...
- La réputation de votre collège et avoir un professeur pédophile fait tâche cracha le brun avec colère, alors que portez ses couilles et soutenir son équipe ne salis pas l'image de votre direction ?
- Ne le prenez pas comme ça...
- Je le prends comme je veux hurla-t-il on m'accuse d'une chose que je n'ai pas commise et vous me virez !
- Je vous mets sur la touche précisa Lorenzo.
Alexander pouffa nerveusement de rire en secouant la tête. Il allait devenir fou. Il sortit de la pièce en rogne, et se dépêcha de reprendre ses affaires au gymnase. Maia l'intercepta inquiète en le voyant revenir aussi énervé. Elle sursauta en voyant l'agent de police le suivre comme un chien.
- Qu'est-ce qu'il se passe murmura-t-elle vraiment inquiète.
- Je dois aller au commissariat répondit le brun en soupirant, dit à Magnus que je le retrouver à l'appartement ce soir.
- Mais ... ta mère va bien ? Demanda la professeure en lui tournant le menton pour qu'il la regarde, que se passe-t-il ?
- Je suis accusé d'harcèlement sexuel répondit fébrile Alec qui secoua la tête, ce sont des ...
- anneries ! qui t'accuse de cette merde ? s'offusqua Maia en hurlant.
- Lydia ...
La métisse recula en haussant les sourcils. Cette garce savait toujours manipuler son petit monde. Maia serra ses poings et se tourna vers l'agent de police.
- Vous avez intérêt à faire correctement votre boulot, mon frère est innocent dit-elle en serrant la mâchoire.
- L'enquête nous le dira répondit sans peine le policier.
Elle leva les yeux au ciel, avant de se retourner pour prendre dans ses bras son fidèle ami.
- Tout ira bien lui murmura-t-elle.
Alexander hocha la tête en soupirant avant de suivre le policier qui évita de l'embarquer avec les menottes.
-
Magnus se dirigea vers la salle des professeurs en courant. Il n'avait pas eu des nouvelles de son petit-ami lorsqu'il l'avait textotté en cours. Il trouva le groupe de professeurs sportifs à leur table habituelle. Il se précipita vers eux en panique. Il s'était fait plusieurs scénarios et priait pour que la famille Lightwood aille bien. Il pensait que sa mère et son petit frère avaient eu un accident. Il ne s'attendait pas à entendre la suite.
- Lydia l'accuse d'harcèlement sexuel répondit Jordan qui tentait de calmer Maia qui restait en colère.
- Lorenzo l'a viré cracha avec haine la métisse qui déformait un gobelet en carton.
L'asiatique se laissa tomber contre une chaise, les yeux en orbite. Son copain était innocent, il en était certain. Il se refaisait la scène d'un après match. C'était l'élève qui draguait sans cesse son compagnon. Il l'avait rejetée de nombreuses fois.
- Elle est tordue murmura Magnus en fixant un point.
- C'est une menteuse de compétitions mais cette fois elle est allée trop loin annonça Maia comme si elle allait la confronter.
- Chérie calme-toi ça n'aidera pas Alec chuchota Jordan en lui caressant le dos.
L'indonésien entendit les nombreuses discussions autour d'eux. Il sentit les nombreux regards tournés vers lui. Il allait exploser. Magnus se leva d'un bond et fixa chaque collègue avec colère.
- Alexander est innocent hurla-t-il et vous le savez très bien vous le connaissez très bien dit-il en les pointant du doigts.
- Je n'en suis pas sûr prononça Dorothéa en haussant les épaules.
- Toi qui a manigancé pour m'empêcher de me remettre avec lui ? Toi qui a manipulé comme notre élève est en train de le faire répondit Magnus en serrant des poings, balaie devant ton paillasson ! Alec n'a rien fait, il est incapable de faire une chose pareille alors arrêtez vos chuchotements !
- On le soutiendra affirma une collègue au fond de la pièce, je le crois innocent et je le soutiendrais.
- Nous aussi répondirent bons nombres de collègues.
- Merci soupira Magnus en hochant la tête.
-
Le basketteur passa la porte de son appartement en soupirant de fatigue. Les policiers avaient passé l'après-midi à l'interroger, le réinterroger dans l'espoir qu'il craque. Alexander avait toujours tenu le même fil, la même histoire, les mêmes réponses.
"Lydia me draguait, je l'ai repoussée toujours et elle m'accuse de harcèlement"
"Qui ose proposer un verre à son professeur ? Je vous répète qu'elle me rentrait dedans"
"Je suis gay et je ne toucherai jamais à une femme ça me dégoûte !"
Il était exténué et désarmé. Il posa lourdement les clés sur le meuble, en se frottant les yeux. Le plus dur était de crier son innocence sans relâche et n'avoir aucun soutien. Alexander espérait se détendre dans les bras de son amoureux. Il soupira d'aise lorsqu'il sentit deux bras l'enveloppait avec force. Magnus avait déboulé comme un fou dans le couloir. Il s'était inquiété et avait peur qu'il passe la nuit en cellule.
- Leur café est dégueulasse lâcha le brun en grimaçant.
Il apprécierait un bon café bien chaud et bien noir. L'asiatique lui embrassa le crâne en soupirant. Il n'osait imaginer le calvaire.
- Ta sœur a appelé avoua l'indonésien, les journaux se donnent à cœur joie ...
- Quoi ? Cria étonné le brun en s'écartant, ils disent mon nom ?
- Oui ... j'ai appelé en disant qu'ils n'avaient aucun droit expliqua l'asiatique en hochant la tête, mais ... la mère Branwell dirige une grosse société de journalisme du coin ...
Le cauchemar ne se terminera jamais. Il prit son visage entre ses mains, et hurla sa rage. Son poids sur ses épaules était insoutenable. Le poids de l'accusation allait l'enterrer.
- Qu'est-ce qui s'est passé avec Lydia ? Questionna Magnus afin de savoir pour mieux le défendre.
- Tu ... quoi ? Posa le brun en secouant la tête, tu me crois coupable ?
- Bien sûr que non !
- Alors pourquoi tu demandes ? Il ne s'est rien passé hurla Alec en levant les bras en l'air lassé de répéter son innocence.
- Il y a dû forcément se passer quelque chose pour ...
- Tu ne me crois pas chuchota le brun en écarquillant les yeux.
- Où tu vas ? Demanda Magnus en se précipitant vers lui, écoute-moi je te crois innocent je veux juste comprendre tenta l'asiatique pour l'empêcher de sortir.
- J'ai besoin de prendre l'air avoua le brun en le poussant légèrement pour passer, je vais marcher un peu et je reviens ...
- S'il te plaît Alexa...
Le basketteur avait déjà fermé la porte. Il étouffait dans la pièce, il était rongé de l'intérieur. Pour lui, il n'avait rien à comprendre. Lydia l'accusait d'une chose immonde pour se venger de la carence d'affection qu'il lui portait. Maintenant que la ville entière était au courant, il sentait les regards sur lui. C'était dans la tête, forcément, mais il ne pouvait s'empêcher de le penser.
Il passa quelques minutes après la porte d'un bar. Il s'assit au comptoir et fixa un long moment le mur devant lui. Des années qu'il n'avait pas touché à cette merde, des années qu'il s'était forcé à ne pas ressentir le besoin. Et pourtant, son corps entier réclamait une simple goutte d'alcool ce soir.
- Que puis-je faire pour vous ? Demanda le nouveau barman.
Alexander se pensait chanceux de faire face à un nouvel employé. Tous ici le connaissaient, et refuseraient de lui servir un seul verre alcoolisé. La patronne s'était bien chargé de le mettre sur la liste noire.
- Un cocktail fruité entendit le basketteur qui ferma les yeux en pensant que c'était encore raté pour cette fois, comment vas-tu Alec ? Demanda Lily avec un grand sourire.
- Sers-moi juste un verre de cognac répondit-il au jeune serveur.
- Hors de question exclama sévèrement Lily qui s'approcha de son ami, qu'est-ce qui te prend ?
- Il me prend que j'ai besoin de me détendre dit-il en haussant les épaules, alors tu me sers ce verre ou je vais consommer ailleurs ?
- Je ne te servirai rien du tout comme mes voisins ne te serviront rien de tel répondit Lily en croisant les bras, parle-moi plutôt...
- Pas besoin tu as juste à lire les journaux dit Alec avant de s'en aller.
La jeune femme le regarda partir, en haussant les sourcils. La propriétaire de ce bar avait prévenu tous ses collègues patron de bar pour leur stipuler de ne jamais servir une goutte d'alcool à cet homme. Elle avait transmis la photo, s'étant attribué le rôle d'Ange protecteur pour son ami. Elle était inquiète pour lui, et se dépêcha d'attraper son téléphone pour passer un coup de fil.
-
Magnus sursauta en entendant des coups violents à sa porte. Il se rua dessus en espérant voir son amoureux mais recula lorsqu'il remarqua la présence de sa belle-soeur.
- Isabelle ?
- Mon frère est rentré ? Demanda rapidement la brune en entrant dans la pièce.
- Il est parti marcher répondit l'asiatique qui se gratta la nuque.
Magnus n'avait cessé de l'appeler pour lui supplier qu'il rentre. Il avait laissé bon nombre de messages dans l'espoir que le brun rentre plus vite. Mais celui-ci avait fini par éteindre son cellulaire. Il attendait simplement son retour, en se lamentant sur le canapé.
- Merde cracha Isabelle en se passant la main dans les cheveux, il a demandé de l'alcool à Lily avoua-t-elle inquiète.
- Il ...
- Oui j'ai compris mais il n'est pas parti marcher soupira la sœur cadette en faisant les cent pas, on doit le retrouver et l'empêcher de faire cette connerie...
- C'est ma faute ... paniqua Magnus, je voulais comprendre ce qui avait pu se passer pour que l'élève l'accuse et...
- il l'a mal pris soupira à nouveau Isabelle.
- J'aurai simplement dû être là pour lui et ...
- Magnus eh regarde moi essaya de calmer la brunette en le prenant par les épaules, on va le retrouver, et tu t'expliqueras mais je sais que tu le crois ...
- Alec n'aurait jamais pu ... pas après ce qu'il a vécu murmura l'indonésien en se mordillant la lèvre.
- Je sais ... mon frère est un homme trop bon pour ce monde affirma-t-elle avant de retenter de l'appeler, allons faire le tour des bars proposa-t-elle en tenant son téléphone contre son oreille, répondeur fais chier ...
- Il a éteint son phone ...
Le duo sortirent de l'appartement en le fermant à clé. Ils partirent à la recherche du brun, en faisant le tour des bars se trouvant dans les environs. Isabelle avait les larmes aux yeux, en se rappelant les nombreuses nuits qu'elle avait passées à chercher son frère. Elle avait prié pour ne jamais revivre cet enfer et ce soir elle se retrouvait de nouveau dans ce cauchemar. Les minutes devenaient des heures de panique intense, à s'en ronger la peau. Les heures devenaient des scénarios catastrophes à en perdre la raison. Les échecs de ne pas le trouver dans tel endroit empiraient la situation. La liste se réduisait jusqu'à qu'il n'y ait plus d'endroits en tête.
- Mais il est où exclama totalement paniquée la cadette qui s'assit sur un banc public.
Magnus n'était pas dans un meilleur état. Son cœur était détruit par la culpabilité et les remords. Il refaisait le monde avec des si, en se disant qu'il aurait dû faire plus attention, qu'il aurait dû le retenir, ou qu'il aurait dû le suivre. Isabelle actionna une nouvelle fois une application sur son téléphone pour localiser celui de son frère.
- Téléphone éteint... soupira-t-elle sachant que ça ne marchait uniquement que sur les téléphones activés.
Elle sursauta lorsqu'un numéro s'afficha sur son téléphone.
- Pourquoi papa m'appelle ? Se questionna-t-elle en arquant un sourcil.
- Il a peut-être vu les articles murmura l'asiatique en soupirant.
Ce n'était pas le moment d'entendre les remontrances de son beau-père sur son amoureux. Ce n'était pas le moment d'écouter toutes les vacheries que pourraient prononcer cet homme. Ce n'était pas le moment mais la brune accepta l'appel.
- Oh juste ciel souffla soulagée Isabelle en posant sa main sur son cœur, on arrive ... mais ... je t'assure on arrive ... papa ? PAPA ! hurla-t-elle inquiète, ne raccroche ... merde !
L'indonésien qui avait suivi la conversation que d'une seule oreille n'avait absolument rien compris. Il regarda éberlué la jeune femme qui bondit sur ses pieds.
- Il est chez mon père faut y aller dit-elle en commençant à revenir vers le logement du couple.
L'asiatique se précipita pour la rattraper, des questions plein la tête. La brune avait le curseur de la crainte au maximum.
- Isabelle calme-toi ... supplia l'excentrique qui la tira par le bras, qu'a-t-il dit ?
- Alec est chez mon père et il se sentait capable de veiller sur son fils mais après j'ai entendu un vacarme expliqua en vitesse la brune, le cri de la compagne de mon père et le juron de Robert puis il m'a dit qu'il raccrochait et voilà... j'ai peur qu'Alec fasse une connerie alors s'il te plaît on peut se dépêcher ?
Magnus et Isabelle se dépêchèrent comme ils pouvaient pour rejoindre Alexander.
- Quelques heures plus tôt -
Lily ne lui avait pas menti. Il fut refusé à tous les bars du coin qui suivait scrupuleusement l'ordre de leur collègue. Néanmoins, la jeune femme n'avait pas pensé que les supermarchés ne lui refuserait pas l'achat d'alcool. Le brun s'était donc arrêté à une supérette, et avait longtemps longé l'allée des boissons fortes. Il avait posé son choix sur une bouteille de whisky.
Pendant de longues minutes, Alec avait fixé cet objet translucide rempli de liquide âcre. Il l'avait par la suite caché avec le sac en carton donné par le vendeur. Une longue discussion avec sa raison l'avait longtemps retenu de cette connerie. Mais il avait finalement craqué.
Le liquide brûlait sa gorge, le dégoûtant presque. L'habitude était revenue au galop, l'engouffrant dans un torrent fort. Il avait encore fichu sa vie en l'air. Encore une fois, sa vie perdait pieds alors qu'il appréciait son quotidien. On venait de lui couper les ailes en plein vol. La descente fut encore violente, et rien ne pouvait le rassurer sur son avenir. Il serait catégorisé comme pervers et ne retrouverait jamais de boulot dans son domaine. Jamais il ne pourrait redevenir entraîneur après une telle histoire. Il arrivait à vivre un peu son rêve en participant à l'évolution d'une équipe. Ça comblait son manque de basket. Et on venait de tout lui arracher avec un mensonge ridicule.
Dans son désespoir, il entendit les paroles de son père. L'alcool nourrissant son sang, lui donna la force de faire face à son paternel. Il avait pris un taxi qui l'avait déposé devant le logement de Robert Lightwood et sa nouvelle compagne. Une maison dans un quartier respectable digne des séries télévisées. Il trébuche de nombreuses fois pour grimper les marches, puis il réussit à sonner.
- Drôle de sonnerie gloussa-t-il en entendant la sonnette comme un cri d'oiseau.
- Alec ? Prononça surpris Robert qui ouvrit la porte.
Le père fixa son aîné, intrigué. Jamais il ne l'avait rendu visite, même pas lorsque il l'avait invité pour la babyshower de sa fille par encore née. Son regard se posa sur ce que tenait son fils dans la main gauche. Son cœur se brisa en comprenant qu'il venait de boire à nouveau.
- Oui j'ai bu rigola le fils en montrant la bouteille à moitié pleine, content ? Nargua le brun en écartant les bras, ton fils a encore ruiné sa vie !
- Oh Alec soupira Robert en secouant la tête attristé.
- Je vais préparer des tisanes proposa la compagne en massant les épaules de Robert.
- C'est gentil à toi ricana le fils en secouant la tête.
- On doit discuter prononça le père en amenant son fils discuter sur la terrasse d'entrée.
Robert refusait que son fils entre, il avait peur qu'il tente de se blesser. Son fils était bouleversé et il se devait d'agir correctement cette fois-ci. Alec se laissa faire pour s'asseoir sur un banc en bambou.
- Le cliché de la maison parfaite marmonna le brun en buvant une nouvelle fois à la bouteille.
Robert lui arracha des mains, avant de la balancer bien loin dans son jardin. Le brun tenta de bondir sur ses pieds mais retomba directement comme un faible sur le banc.
- Je t'interdis de boire sur mon pavillon !
- Ça risque de tacher le parfait tapis blanc nacré nargua le fils en arquant un sourcil je t'emmerde !
- Je refuse que tu te fasses du mal répondit simplement le père en prenant place sur la table basse face à son aîné.
- Tu m'as toujours fais du mal alors qu'est-ce que ça peut te faire huh ? Questionna le brun, tu as eu raison sur toute la ligne je suis qu'une merde qui sera jamais capable de sauver le moindre bonheur et ...
- Je t'interdis de dire du mal sur toi-même coupa Robert en fronçant les sourcils, j'ai eu tord sur tout ...
Alexander haussa les sourcils, étonné. L'alcool le faisait déjà divaguer. Il explosa de rire en secouant la tête.
- Excuse-moi mon cerveau t'as fait dire quelque chose de gentil avoua le garçon en riant encore reprends vas-y je t'écoute...
Le père prit le visage de son fils entre ses mains et le fixa dans les yeux. Il était en colère contre la personne qui avait poussé son fils à retomber dans l'alcool. Il ferait tout pour détruire cet individu.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? Demanda Robert en détaillant la peine dans le regard de son fils, qui tenta de le cacher.
- Oh tu n'es pas au courant ton fils est un pédophile ricana le brun en se dégageant des mains de son père.
- Quoi ? N'importe quoi cria Robert en se levant, qui a osé dire une chose pareille ? Fiston regarde-moi ...
Alexander était passé des rires aux larmes. Il fondit en sanglot s'attendant à ce que son père l'accuse d'avoir provoquer la chose, d'avoir agi de manière inadéquate. D'un seul coup, il regrettait d'être venu. Il avait voulu dire les quatre vérités à son père mais avait finalement dévié de son objectif. Il n'était pas prêt à subir de nouveaux des remontrances.
- Eh fiston murmura Robert, peiné.
Le père attrapa le visage de son fils, encore, pour lui faire face. Son cœur hurlait sa rage face à la souffrance de son enfant. Son estomac se remplissait de remords d'avoir pas suffisamment agi pour lui. Son sang bouillonnait de colère contre lui-même car il n'avait jamais réussi à protéger son fils.
- Tu n'es pas ce pédophile que les gens oseront raconter rassura-t-il tu es la personne la plus courageuse et combative que j'ai vu de ma vie complimenta Robert, laissant couler quelques larmes, je m'en veux tellement de t'avoir mis toutes les mauvaises idées dans ta tête... je t'aime mon fils et j'ai toujours été fier de toi ... j'ai juste mal réagi à tes nombreuses peines ...
- Tu ... tu es fier de moi ? Demanda d'une voix déraillée le fils aîné.
Rober hocha simplement la tête, avant de lui embrasser le front. Il comptait se rattraper, même si ça ne serait pas aussi simple qu'une unique déclaration. Il allait devoir le prouver avec des actes. Demain, il appellera le meilleur avocat qu'il connaisse pour défendre son fils.
- Tu dors à la maison ce soir affirma Robert en hochant vigoureusement la tête, nous avons beaucoup de choses à nous dire ...
- Non ... je vais rentrer protesta l'aîné en secouant la tête.
Le brun ne comprenait pas tous ces retournements de situation. Il se croyait sur un manège passant d'une maison hantée à un coaster d'une hauteur immense puis des poupées mythiques de Disneyland. Sa tête ne comprenait absolument rien. Maintenant, il avait juste envie de se coucher et retrouver les bras de l'homme qu'il aime.
- Tu restes ici ce n'est pas négociable réprimanda le père en fronçant les sourcils.
- Mais ... Magnus va s'inquiéter répondit Alexander en souriant bêtement, en pensant à son copain.
Robert secoua la tête en souriant en coin. Son fils avait toujours flashé sur ce garçon. Et le voir encore amoureux malgré les épreuves, le fit sourire. Il était heureux qu'il est pu trouver quelqu'un.
- J'appelle ta sœur pour qu'elle le prévienne précisa Robert.
Anna Maria arriva avec un plateau portant deux tasses et le portable de son homme. Robert la remercia d'un baiser sur les lèvres tandis qu'Alexander fixa le ventre très rond de la femme.
- Woh souffla le brun en essayant de toucher le ventre.
- C'est une fille murmura le femme en approchant la main du basketteur, encore quelques semaines précisa-t-elle en voyant le visage fasciné du brun.
Robert leva les yeux au ciel en voyant le comportement étrange de son fils. Ça lui donnait envie de rire comme envie de pleurer. Il aurait dû le protéger de ce monde, il aurait dû le prendre plus souvent dans les bras, il aurait dû le rassurer plus souvent après ses chutes. Le père soupira honteux de son comportement, qu'il n'avait pas reproduit sur Isabelle et Max.
- Isabelle c'est ton père se présenta-t-il au téléphone, Alec est avec moi ajouta le père en regardant son fils réagir au prénom de sa sœur.
Alexander secoua la tête alarmé. Il ne voulait pas faire de la peine à sa sœur. Il ne voulait pas qu'elle s'inquiète pour lui et vienne le chercher. En buvant ce soir, il n'avait pas pensé une seule seconde qu'il pourrait faire souffrir sa sœur.
- Je le garde avec moi ce soir proposa le père en se massant une tempe, je prendrais soin de mon fils ...
Le brun se leva maladroitement, dans l'espoir de pouvoir parler à sa sœur qu'il va bien. Il ne tenait plus aussi facilement l'alcool se disait-il. Ses pieds ne réagissaient pas comme il le souhaitait. Il tomba à la renverse, sa tête heurtant violemment la rambarde en bois de la terrasse. Anna-Maria cria d'effroi en le voyant tomber, elle se leva précipitamment. Elle paniqua face au manque de réaction du basketteur, qui était inconscient.
- ALEXANDER hurla Robert, Isabelle je dois raccrocher dit-il avant de le faire.
Le père jeta son téléphone sur le plateau, avant de s'accroupir auprès de son fils inerte.
- Mon dieu Alexander murmura en larmes le père, qui toucha la tête en sang de son garçon.
-
4 596 mots pour introduire le drame.
Sujet extrêmement sensible ... je tiens à préciser que je ne dénigre en rien les femmes violentées, harcelées et violées (bien au contraire, le sujet qui me met le plus en colère...). Je souhaitais juste exposer la perversité de certaines à mentir sur un sujet aussi délicat et cruel.
Je m'inspire d'une histoire vraie, qui s'est produite dans un lycée de ma région (il y a des années). Alexander ne suivra pas le même destin tragique que ce pauvre professeur accusait à tord.
Problème de communication entre Magnus et Alec, ce sont deux idiots je vous jure aha !
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