Chapitre 22

Bonjour tout le monde ! J'ai décidé de poster ce matin même si je pense que certains d'entre vous sont en cours (?). On retrouve un long chapitre cette fois.
Bonne lecture !

Mardi.
La prof de japonais nous rend nos rédactions. Nous devions écrire un texte libre, et j'avoue avoir choisi un poème car ça me semblait plus simple qu'un texte normal (et surtout moins long !) . Je trouvais des rimes sans trop de problème, et j'ai fait plusieurs métaphores ( seule figure de style que je maîtrise à peu près, autant l'utiliser non ?)
Je stresse un peu à l'idée de recevoir ma note. J'ai envie qu'elle soit bonne, mais je redoute d'avoir au final raté mon écrit.
Jude reçoit sa copie ( Caleb n'est toujours pas revenu en cours ) et j'entends le commentaire de la prof:

- 17. C'est intéressant et assez bien tourné, bravo.

Aucune réaction de la part de mon ami. Moi j'aurai sauté de joie !

- Lyrna, j'ai trouvé ton poème très drôle.

- Euh...drôle ?

La prof est totalement sérieuse. Elle continue:

- Oui. Le ton ironique y est particulièrement bien dosé, sans exagération mais assez pour qu'on le remarque.

Euh... D'accord.

- C'est pour ça que t'ai mis 18. Très bon travail.

Je la remercie et elle me tend la feuille, puis continue de donner leur copies aux élèves. Je relis encore et encore mon poème. C'est vrai que c'est ironique. Je l'ai écrit sans trop penser au style que je voulais donner, et mon mode de pensée naturel s'est imposé de lui-même...(LOL).
Se pourrait-il que je sois un génie qui s'ignore ?
Hum...non. Définitivement pas.

- Je peux lire ce que tu as écrit ?

C'est Jude qui me demande ça.

- Oui, bien sûr.

Je lui tends ma feuille et il lit rapidement, puis hoche la tête.

- La prof a eu raison de te mettre 18.

- Ah, euh...merci...et toi, tu es content de ta note ?

- Oui.

J'ai l'impression qu'il ment. En fait, son visage ne montre aucune expression mais j'ai le pressentiment qu'il est en train de me mentir. Pourtant sa note est excellente...j'avoue ne pas bien comprendre.
Le cours se termine et je sors de la salle avec Jude. Je lui raconte que c'est la première fois que j'ai une aussi bonne note dans une discipline aussi subjective.

- Tant mieux pour toi.

Je le considère un instant, puis dis d'un ton légèrement timide ( je ne sais pas trop pourquoi ):

- Ça va, Jude ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette...

- C'est juste que je n'ai pas eu 20.

J'avoue ne pas comprendre. Il a eu 17, c'est super bien ! Et puis c'est pratiquement impossible d'avoir un 20 en expression écrite. L'art, c'est très subjectif, pas comme les maths.
J'expose ma réflexion à Jude, qui hausse les épaules et dit:

- Pour mon père, un 20 est un 20. Et un 17, ce n'est pas un 20.

J'ai un peu de mal à suivre. Son père veut uniquement qu'il obtienne des 20/20 ? Mais c'est carrément impossible ! Personne ne peut être aussi parfait.

- Enfin, oublie ça. Allons manger.

Je ne vais sûrement pas oublier ça ! Mais pour l'instant je me tais, et je vais manger avec l'équipe de foot et Haru ( qui semble socialiser de plus en plus, ce qui me fait plaisir ).
Nous sommes en face et je lui parle de mon poème.

- Je suis encore sous le choc, haha.

- Ça va t'aider à rattraper tes notes en physique, en tous cas.

- Mouais...même si je pense que tous les 18 du monde ne pourront pas rattraper la catastrophe que je suis dans cette matière.

Haru rit légèrement ( se moque-t-elle de moi ? ). Je jette un coup d'œil à Jude, qui a l'air extrêmement concentré sur son repas. Pourtant on a des épinard dégueu sûrement périmées, je ne vois pas ce que ça a d'intéressant. Non, Jude doit encore se tracasser à cause de sa note ( ce que je ne comprends pas vraiment, mais bon...)
La cloche sonne et nous devons retourner en cours. Je croise Mégane dans les couloirs, elle parle avec Bryan. Ah oui, c'est vrai, je lui ai cassé le nez...elle a un bandage.
Elle me regarde de travers avant de rejoindre sa classe. Bryan s'approche de moi et lance:

- Eh, Lyrna...

- Oui, je sais, c'est pas sympa ce que j'ai fais à Mégane, bla, bla, bla ! Mais c'est pas ma faute si les toilettes de ce lycée sont complètement pourris, non mais !

Il fronce les sourcils avec incompréhension. Je lève les yeux au ciel et rejoins Jude dans le rang.
Franchement, personne ne comprend rien ici !

~~~

Fin de la journée. Enfin, ça m'a parut teeeeeeeeellement long ! J'attends Jude en dehors du lycée. Il met du temps à se changer, dites donc...

- Hey.

Je me tourne et ai la surprise de voir Véronique. Elle est en train de fumer une cigarette, et me souffle sa fumée dans la figure ( ce qui est peu agréable...)

- T'en veux une ? Me propose-t-elle en montrant un paquet qu'elle sort de sa poche.

- Non merci. Et tu peux envoyer ta fumée ailleurs que dans mon visage, s'il-te-plait ?

- Scuze.

Elle souffle ailleurs, et je me demande pourquoi elle est venue m'aborder.

- Alors, c'est toi qui a pété le nez de Mégane ?

Ah oui. C'était un peu évident, en fin de compte.

- Oui. Mais j'ai pas...

- C'est vraiment génial, que quelqu'un puisse lui tenir tête de cette façon !

- Mais je...

- En tous cas, ça m'a donné envie de récupérer mon mec. Elle va voir ce qu'elle va voir, cette pétasse !

- Peut-être, seulement...

- Bon, je dois y aller. Ça m'a fait plaisir de discuter avec toi !

Elle me fait la bise et s'en va aussi vite qu'elle est apparue. Non mais c'est une blague ???!!!! Elle m'a pas laissée parler une seule seconde ! Ça me fait penser à Mégane, tiens.
Jude arrive alors, et lance:

- Tu sens la cigarette...

Ok, super. Merci Jude. Tu m'es d'une grande utilité aujourd'hui !
Il ne semble pas se rendre compte de mon énervement et rajoute:

- Je ne peux pas aller donner les devoirs à Caleb, ce soir.

- Pourquoi ?

- Mon père est là.

Apparemment je n'ai pas droit à d'autres explications. Il s'excuse et dit qu'il ne peut pas m'accompagner jusque chez moi aujourd'hui.
Je reste donc plantée comme une idiote dans la rue en le voyant s'éloigner d'un pas rapide.
Je décide alors d'aller donner les devoirs à Caleb, mais toute seule. Jude n'avait pas envisagé cette option, apparemment ( et il est censé être hyper intelligent ? )
Pendant que je marche, je me demande si Caleb va réagir exactement comme hier. Ou s'il va enfin accepter de me parler deux secondes.
J'arrive enfin devant sa porte alors que la nuit vient juste de tomber. Je sonne, m'attendant à voir la mère de Caleb ouvrir.
C'est pourquoi j'ai limite une crise cardiaque quand c'est lui qui apparaît sur le seuil. Il est pâle et a l'air un peu fatigué.

- Qu'est-ce que tu fous là ?

- Je viens t'apporter les devoirs. Je peux entrer deux minutes ?

Il réfléchit approximativement cinq secondes avant de me laisser rentrer.

- Ta mère n'est pas là ?

- Nan, elle travaille.

Je lui tends les leçons qu'il a raté et ce qu'il a à faire pour la semaine.

- Tu reviens en cours demain ?

- Oui.

Quelle conversation. Je m'assois sur son canapé en soupirant et il me regarde comme s'il allait m'égorger sur place. Peut-être que j'aurai dû lui demander avant de m'assoir ? Bah, trop tard.

- Alors comme ça, Sharp t'as laissée venir ici toute seule ? Il a enfin réalisé que tu peux te débrouiller sans lui ?

- Ah, ah, ah. Très drôle.

Caleb finit pas s'assoir à côté de moi, mais pas trop près parce que je risque d'attraper ses microbes (c'est très sympa de sa part, ça.  )

- Plus sérieusement, son père était là ce soir alors il ne pouvait pas...

- Ah, le fameux Monsieur Sharp.

- Tu le connais ?

- C'est un des plus grands entrepreneurs du pays. Je sais que Jude ne le voit pas très souvent, et qu'il est très exigeant au sujet des notes. Si ça peut t'intéresser...

Ah, tout s'explique. Enfin je crois. Le père de Jude veut tout le temps qu'il ait des 20/20 ( si mon propre père voulait ça, je crois qu'il ferait une dépression nerveuse en voyant mes notes en physique...et partout ailleurs en fait, car je n'ai pratiquement jamais de 20 ).
Et du coup, Jude sait qu'il va se faire engueuler en ramenant un 17. C'est assez absurde...
Caleb et moi, nous parlons encore un peu. Je lui raconte comment j'ai défoncé le nez de Mégane.
Il éclate de rire.

- T'en rate vraiment pas une...

- Mais c'est pas ma faute !

Je me demande pourquoi j'essaie de me justifier. Ça ne sert à rien, Caleb ne me croira jamais de toute façon !
Au bout d'un moment, je regarde l'heure et m'exclame:

- Aaah ! Il est 21h, je vais me faire dé-fon-cer par mon père !

Je me lève et avance vers la porte, alors que Caleb me suit.

- À demain. Et si t'as un problème sur le chemin, hésite pas à m'appeler, espèce de cruche.

Je me demande pourquoi je me fais insulter totalement gratuitement. Peut-être qu'il essaie de camoufler la partie sympa de sa phrase ? Caleb veut rester désagréable malgré mes efforts. Je suis très déçue.

Je marche sous la lueur des lampadaires, mais certains sont cassés du coup je vois pas grand-chose. Faut dire que je regarde également mon portable, hésitant à envoyer un message à Jude.
Qu'est-ce que je pourrais lui dire ? Aucune idée, mais j'ai envie de lui parler. Vraiment envie.
Alors que mon cerveau était occupé à écrire un message mental à Jude, je me heurte à un lampadaire.
Ah non...c'est pas un lampadaire, en fait, mais une personne. Un homme de grande taille, emmitouflé dans un vieux manteau marron.

- Ça va, pti'te ?

Je le regarde attentivement, et le reconnais enfin.

- Monsieur Smith ! Vous êtes le policier qui était au restaurant de nouilles, non ?

Il me considère un instant, puis lui aussi semble se rappeler qui je suis.

- La fille qui a espionné notre conversation !

Super. Si je mourrais maintenant, on ne se rappelait de moi que de deux manières: "la fille qui espionne les gens" et "la fille qui a pété le nez de Mégane". Fan-tas-tique.

- C'est Lyrna Neiren, mon nom.

- Qu'est-ce que tu fais là à cette heure-ci ? Ce quartier est dangereux!

Merci, je sais. Tout le monde me le répète depuis deux jours ( quand je dis "tout le monde", je fais uniquement référence à Jude. Mais il me l'a dit tellement de fois que ça a fini par me soûler...)

- Je rendais visite à un ami.

- Tu n'as vraiment personne pour te raccompagner ?

- Non, mais ça ira. J'ai déjà fait la moitié du chemin !

Il me regarde sans être convaincu. J'aimerais hurler: "MAIS LAISSEZ-MOI VIVRE MA VIE !"

- Je vais t'appeler un taxi.

- Dans les séries policières, les chauffeurs de taxi sont souvent des tueurs psychopathes.

- On ne vit pas dans une série. Et dans ces histoires, les filles qui se baladent seules la nuit se font tuer automatiquement. 

- Vous venez de dire qu'on n'est pas dans une série.

Il me jette un coup d'œil désabusé et/ou découragé, j'en sais rien. Mais il en a clairement marre de moi (à moins que cela ne cache un peu d'amusement ?)
Il finit par appeler un taxi, sans plus me demander mon avis ( c'est bien un truc d'adultes, ça...)

- Au fait, ça va bien dans ton équipe de foot ? Tu n'as pas de problème avec Ray Dark ?

- Pas en ce moment.

J'ai juste cassé le nez de sa nièce, mais ce n'est qu'un mini détail. Mini-mini détail.
Le policier sort un petit carnet et un crayon de sa poche, griffonne quelque chose sur un bout de la feuille puis l'arrache et me la donne.

- Bien. Si tu as un problème avec lui, appelle-moi, d'accord ?

Qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir que je les appelle en cas de problème ? Laissez-moi appeler qui je veux !
Le taxi arrive, ce qui m'évite de répondre. Je mets tout de même le morceau de papier dans ma poche, car avoir le numéro d'un flic peut toujours s'avérer utile.
C'est un homme qui conduit le taxi, et plus je l'observe puis je me dit que c'est un tueur en série, comme ceux dans Esprit Criminels.
Il va sûrement me séquestrer dans une cave pour me violer et/ou me torturer avant de me tuer et même peut-être de me manger ! Tout ça à cause de l'inspecteur Smith qui ne voulait pas me laisser marcher seule! Ou à cause de Jude, qui m'a lâchement abandonnée. Ou de Caleb qui est carrément tombé malade ! Ou de mes parent qui m'ont conçue...hum...je pars très très loin.
Le taxi arrive enfin devant chez moi sans que je me sois faite agressée par le chauffeur. Il est 21h37, heure officielle de ma mort.
J'entre dans la maison ultra discrètement. Mais ça ne sert à rien, car dès que je passe la porte, mon père se rue sur moi et se met à me crier dans les oreilles. J'avoue ne pas bien comprendre ce qu'il dit, alors je réponds:

- Articule, je comprends rien !

Ce n'était apparemment pas la bonne chose à dire. Mon père a l'air encore plus fou de rage.

- Tu es rentrée beaucoup trop tard, sans me prévenir, et en plus tu te permets d'être insolente ?! J'étais à deux doigt d'appeler la police, Lyrna. La police !

C'est le mauvais moment pour faire une blague sur le fait que j'ai le numéro d'un inspecteur. Surtout que mon père ne comprendrais sûrement pas pourquoi un homme adulte me donnerai son numéro de téléphone...

- Je suis désolée, mais...

- Il n'y a pas de "mais". Tu es privée de sortie jusqu'à nouvel ordre !

- J'ai seulement pas vu l'heure ! Et je pensais que tu serais pas à la maison, vu que tu rentres toujours ultra tard...

Opération culpabilisation parentale activée ! Je sais que ce n'est pas bien, mais je ne voit vraiment pas d'autres solutions pour ne pas rester punie à vie. Mon père serre les dents avant de déclarer:

- Ce n'est pas le sujet. Monte dans ta chambre, tu es privée de dîner.

- Mais...

- TOUT DE SUITE !

En le voyant si énervé, je n'ai d'autre choix que de monter l'escalier pour me réfugier dans ma chambre.
Je commence à avoir faim.

~~~

Le lendemain, mercredi, une sorte de distance froide s'est installée entre mon père et moi. Il est scotché à son téléphone, sois pour son travail ou pour parler à Marianne.
Je mange en vitesse mon petit déjeuner, voracement. Je n'ai pas mangé hier, après tout.
Je sors de chez moi sans même dire "au revoir". Manquerai plus que je me fasse engueuler parce que je l'ai dérangé dans sa conversation !
Résultat, je ne lui ai pas parlé de ma note.
Jude est juste devant la salle de cours, en avance, comme d'habitude.

- Salut, dis-je en m'approchant.

Il me salue à son tour et un étrange silence s'installe. Je le scrute attentivement, voulant savoir s'il va un peu mieux qu'hier.

- Lyrna, tu as un air un peu bizarre.

Pfff, j'essaie juste de l'aider, et je me fais insulter ! Comme hier avec Caleb.

- Franchement, je veux être sympa et vous m'insultez !

- Je ne t'insulte pas ! Et comment ça, "vous" ?

- Hier, Caleb m'a traitée de cruche alors que j'étais venue lui apporter les devoirs.

- Attends...tu es venue chez lui hier ?

Hum, Jude a l'air un peu fâché. Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fais encore ?

- Ben oui. Sans toi, du coup. Mais j'y suis allée quand même.

- Mais ce quartier est vraiment dangereux, surtout la nuit ! Tu n'aurais pas dû y aller toute seule !

Ça commence vraiment à m'énerver, que tout le monde me dise ce que je dois faire et me prenne pour une petite chose fragile. Mais je contiens ma rage parce que je n'ai pas envie de me disputer  encore une fois avec Jude.

- Mais sur le chemin du retour, j'ai croisé l'inspecteur Smith ! Et il m'a appelé un taxi.

Jude semble se mettre soudainement à paniquer, et à regarder partout autour de lui.

- Ne prononce pas ce nom ici !

- Hein ? Pourquoi ?

Il finit par se rapprocher et me dire à voix basse:

- C'est un policier qui combat Ray Dark depuis des années. Le commandant a déjà essayé de le faire tuer, et depuis il évite de trop se montrer.

Je ne pensais vraiment pas que l'inspecteur Smith menait cette enquête au péril de sa vie. À vrai dire, je ne m'étais jamais posé la question...

- Mais Dark est si puissant que ça ?

- Tu as déjà eu l'occasion de t'en rendre compte.

Notre conversation est interrompue par l'arrivée de Caleb, tel un revenant.

- Whaou, vous avez l'air de déterrés. Il était temps que je revienne !

Jude semble alors se rappeler de pourquoi il était énervé il y a une seconde, et en fait le reproche à notre ami, pour mon grand malheur.

- Caleb, tu as laissé rentrer Lyrna toute seule hier ? Tu aurais pu la raccompagner !

- Oh, franchement ! C'est pas une petite fille, elle sait se débrouiller toute seule.

- Ce n'est pas ça le problème.

Oh non, ils vont pas se disputer à cause de ça tout de même ? À cause d'un truc aussi débile...

- Tu sais bien que ton quartier est dangereux !

- Si tu sortais un peu de ton quartier de riches, tu saurais qu'il n'est pas si dangereux que ça !

Ils commencent à s'aventurer sur un terrain que je n'apprécie pas du tout. Mais alors, vraiment pas.

- Fais attention à ce que tu dis, Caleb, grogne Jude.

- Pourquoi devrais-je écouter un fils à papa qui n'a d'autre préoccupation que...

Je ne saurais jamais ce que Caleb allait lancer comme punchline, car Jude l'attrape soudainement par le col pour le faire taire.
Voyant que la situation dégénère et qu'ils sont à deux doigt de se frapper, je décide d'intervenir.
Je saisis le bras de Jude pour le tirer vers l'arrière.

- Non mais vous êtes complètement malades, hein ! Vous allez pas vous battre pour un truc aussi stupide quand même ?!

Il y a une seconde de flottement durant laquelle Caleb défie Jude du regard. Mais ce dernier finit par lâcher son coéquipier, et reculer de quelques pas.
Je soupire de soulagement et lâche le bras de mon ami. J'ai vraiment cru qu'il allaient se tabasser.
Caleb tourne les talons et part au fond du rang avec un "Tch" bien senti. Je le regarde s'éloigner avec tristesse. Je n'aime vraiment pas que mes seuls amis se disputent de cette façon...
Jude soupire puis se tourne vers moi pour dire:

- Je suis désolé...je ne sais pas ce qui m'arrive en ce moment, je suis à cran.

Il y a un moment de silence durant lequel je cherche mes mots, puis je déclare un peu timidement:

- Comment ça s'est passé...pour ta note ?

Jude baisse très légèrement les épaules et répond d'un ton morne, regardant dans le vide.

- On m'a juste rappelé que je dois être le meilleur.

Par "on", je suppose qu'il parle de son père.

- Euh...pourquoi tu dois "être le meilleur", au juste ?

- Parce que je suis un Sharp.

Après cette fabuleuse explication qui n'en est pas une, la prof de maths arrive et nous fait entrer en classe.
Réfléchissons un peu. Sharp, c'est le nom de famille de Jude ( oh, ça veut dire "aiguisé" en anglais, ça lui va bien...bref ). Son père est un géant de l'économie, d'après Caleb. Peut-être que M.Sharp veut que Jude soit l'héritier qu'il attendait, le garçon parfait et bon partout, celui qui reprendrait l'affaire familiale.
Mais ce qu'il a légèrement oublié, c'est que PERSONNE ne peut être parfait ( sauf moi. Non, je rigole, je ne suis pas si narcissique ! )
Si ma théorie est exacte, Jude a plusieurs raisons d'être déprimé. Surtout que si je me rappelle bien, c'est ce même homme qui n'a pas voulu que Jude voit sa sœur pendant des années. Je doute sincèrement de ses capacités à être un bon père ( le mien est peut-être un peu bizarre sur les bords, mais au moins il n'attends pas de moi que j'ai 20 à tous mes contrôles...)
Je culpabilise soudainement de ne pas être agréable avec mon père. Hier j'étais clairement en tort, et j'ai continué de lui tenir tête tout de même. J'ai même essayé de lui faire croire que c'était sa faute ! Je suis vraiment très égoïste, et dans ce cas ça me dérange. Mon père fait peut-être des erreurs, mais ce n'est pas facile d'élever un enfant tout seul, surtout que je suis vraiment insupportable parfois ( souvent ? ). Je me sens très mal, maintenant...je voudrais rentrer chez moi et supplier Papa de me pardonner, puis lui faire un câlin. Juste...être gentille.

- Lyrna, quel est le résultat de (x-2) au carré ?

Euh...identité remarquable, pas de panique, c'est facile, je connais ça pas cœur. Merde, le moins se met où déjà ? Ah oui, c'est bon, je me rappelle.

- Ça fait x^2-4x+4.

- C'est ça, merci.

Et elle continue le cours comme si de rien n'était. Pff ! Les profs ne comprennent vraiment rien aux états d'âmes !
À la fin du cours de maths, je me sens fatiguée psychologiquement. Et encore, ce n'est que le début de la journée ! J'ai encore plein d'heures épuisantes en perspective. Youpi.
Véronique arrive soudain et me dis:

- Lyrna, aujourd'hui, attends-toi à voir Mégane pleurer sur autre chose que son nez cassé.

Puis elle me fait un clin d'œil et pars rejoindre une de ses amies ( autre que Jessica, elles ne se parlent plus depuis l'affaire de la cantine ).
Je me demande si Véronique pense que je suis son amie, ou même son alliée. Franchement, je n'en ai absolument rien à faire.
Jude sors à son tour de la salle et me demande ce que Véronique me voulait.

- Rien.

Ça ne ferait qu'inquiéter Jude davantage si je lui parlait de ça, et il est déjà assez tourmenté. Je pense également que Véronique a exagéré avec sa menace.
Après tout, qu'est-ce qui pourrait mal se passer ?

- Au fait, Lyrna, ton père vient à la réunion parents professeurs ce soir ? Me demande Jude.

La réunion parents-professeurs ?
Oh merde.

Ben bravo Lyrna, ça oublie les réunions. Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Les gars j'ai mon épreuve de français de 4h cet aprem, souhaitez-moi de tomber sur le roman, sinon je serai clairement dans la mouise (mais je commence à avoir l'habitude de ça donc...)
Bref, à bientôt !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top