Chapitre 6
Bonjour/bonsoir ! J'ai enfin trouvé le courage de relire ce loooong chapitre.
J'ai pas grand-chose à dire, donc bonne lecture !
On est samedi, et la semaine s'est passée plutôt tranquillement. Mme Palima m'a parlé plusieurs fois de son projet et nous organisons pas mal de choses ensemble (je ne comprends toujours pas pourquoi elle ne parle pas à Jude...mais passons).
Barbara (Marie-Christine ?) n'est pas revenue vers nous, mais notre coach n'est pas hostile à la venue d'une nouvelle dans l'équipe (et je ne serais plus la seule fille !).
Mon père a perdu son obsession pour le jardinage, et il est presque redevenu normal (bonne nouvelle pour moi). Je crois qu'il se remet bien de sa rupture avec Marianne !
J'ai dit à Caleb que nous n'avions pas besoin de participer financièrement, et il a eu l'air soulagé. J'ai alors voulu lui dire qu'on était amis et que s'il avait des problèmes il pouvait m'en parler, mais il m'a coupé la parole en disant (et je cite) '' Pas la peine de me servir un discours cul-cul sur le pouvoir de l'amitié''. J'ai rit (alors qu'il m'avait coupé la parole, ce qui montre les réactions peu adéquates de mon cerveau).
Maintenant je fais mes devoirs en attendant l'heure de mon rendez-vous avec Jude et sa sœur. J'ai décidé de bien travailler pour avoir des meilleures notes, dans toutes les matières surtout en physique, histoire de ne plus jamais revivre une humiliation de ce genre. Sakamoto va bien voir de quoi je suis capable ! C'est vrai que depuis l'arrestation de Ray Dark je me suis laissée un peu aller, mais je suis bien déterminée à me reprendre en main avant les vacances d'été.
Mon père entre dans ma chambre sans frapper avant et dit:
- Est-ce que cette chemise me va bien ?
Je lui jette un coup d'œil plein du jugement.
- T'as un rendez-vous avec une femme ?
- Ouais.
J'ai très envie de lui dire qu'on dit ''oui'' et pas ''ouais'' mais j'opte pour:
- Tu t'es remis vachement vite de ta rupture, dis donc.
- C'est pas moi qui l'ai invitée, c'est elle.
J'hausse les épaule, c'est pas tellement mes affaires de toutes façons. Je considère plus longuement la chemise qu'il a décidé de mettre et marmonne un vague compliment.
- Tu vas manger avec qui, au fait ? Me demande-t-il.
- Un pote et sa sœur.
- Je le connais, ce pote ?
- Oui, c'est Jude.
Je regarde l'heure: 11h55. On a rendez-vous à 12h30 au restaurant de nouilles, je vais bientôt y aller.
- Tu passes beaucoup de temps avec lui, non ?
- Ben... C'est mon meilleur ami.
Et plus.
Je range vaguement mes affaires de cours alors que mon père me fixe, les bras ballants. Je me tourne vers lui et demande:
- Quoi ?
- Arrête de dire ''quoi''.
Puis il tourne les talons et descends l'escalier. Whaou, mon père est aussi compliqué qu'un adolescent. Je comprends jamais rien à son comportement !
Bref, j'ai pas le temps d'essayer de jouer les psychologues du dimanche. S'il veut encore sortir avec une femme, grand bien lui fasse. Ça ne durera jamais longtemps de toutes façons.
Essayant tant bien que mal de me complaire dans cette certitude (peu certaine finalement), j'enfile mes chaussures (que j'ai pris soin de ranger dans ma chambre) et je descends pour partir. Il fait beau et chaud, comme les jours précédents, donc je n'ai pas besoin de mettre de manteau.
Je marche gaiement vers les restaurant de nouilles, assez contente de revoir Célia. Ses relations avec Jude se sont grandement améliorées depuis que je les ai '' réunis'' (oui, c'est moi qui ai fait ça hihi). Même si je n'ai pas beaucoup parlé avec la jeune fille, elle m'a semblé très sympathique. J'espère que je m'entendrais bien avec elle.
J'arrive devant le restaurant avec une dizaine de minutes d'avance, alors j'entre à l'intérieur pour prendre une table.
- Bonjour, je lance au gérant.
Il me salut à son tour. Je remarque qu'est installé au bar Axel Blaze, celui dont la petite sœur a été...assassinée par Ray Dark. Alors que je pensais qu'il allait m'ignorer ou simplement me regarder d'un air colérique, il se lève et s'approche de moi.
- Lyrna, c'est ça ?
- Euh... Ouais.
- Désolé de t'avoir mal jugé. Et... Merci.
Je croise son regard pendant une demi-seconde, et j'y vois une sorte d'apaisement. Il ne semble pas en colère, ni fou de chagrin, mais est plutôt envahi d'un calme triste.
Puis il commence à se détourner, mais je le retiens I
par le bras et dit:
- On pourrait se faire un foot un de ces jours, non ?
Il me regarde avec surprise, puis sourit très légèrement.
- Et comment tu comptes faire ? On est deux attaquants.
- J'pourrais inviter mon pote gardien. J'suis sûre que vous vous entendrez bien.
La sonnette de la porte résonne, ce qui signifie que quelqu'un vient d'entrer. Je tourne la tête et voit que c'est Jude et Célia, comme je le pensais. Ils s'approchent de moi, et je remarque que la plus jeune semble surexcitée.
- À un de ces quatre, lance Axel avant de s'éloigner.
Il passe devant le frère et la sœur en les regardant rapidement d'un air un peu étrange, et je crois qu'ils ne le remarquent même pas.
- À un de ces quatre, je murmure en pensant que je ne le reverrais pas de sitôt.
Puis Jude et Célia s'approchent de moi, et avant même qu'il ait pu me saluer, la collégienne se rue vers moi et s'exclame:
- Lyrna, je suis trop contente de te revoir ! Comment ça va ? Est-ce que...
- Célia, attends au moins qu'on ait trouvé une table avant de la bombarder de questions.
La jeune fille hoche vigoureusement la tête et marche gaiement vers une table de quatre. Je m'approche de Jude et l'embrasse rapidement (très rapidement) sur les lèvres.
Puis on se dirige vers l'endroit qu'à choisit Célia et on s'assoit avec elle. Elle trépigne et me regarde avec un grand sourire, ce qui j'avoue me met un peu mal à l'aise.
- Qu'est-ce que vous voulez, les enfants ? Demande le chef.
On commande chacun un bol de nouilles, et quand il s'éloigne Célia recommence à parler.
- Tu sais Lyrna, j'ai même pas eu besoin de mener une enquête sur toi car mon frère parle teeeeellement de toi que...
- Célia, arrête ! S'exclame Jude, gêné.
Je laisse échapper un petit rire avant de tenter de manger mes nouilles avec des baguettes (ce qui n'est pas très facile quand on a utilisé des fourchettes toute sa vie).
- Alors comme ça, tu es une européenne ? Demande la jeune fille.
- Oui, j'suis française.
- Trop cool ! Ça ressemble à quoi, la France ? T'habitais à Paris ?
- Je crois que ce pays est impossible à décrire tellement les régions n'ont rien à voir entre elles...et oui, j'habitais à Paris.
- Oooooh ! Et tu voyais la tour Eiffel de là où t'habitais ?
J'essaie tant bien que mal d'expliquer à Célia qu'on ne voit pas la tour Eiffel de partout quand on habite à Paris, loin de là. Puis je raconte quelques anecdotes sur mon quartier, mes amies et mon collège.
- Et une fois, y avait une araignée sous ma chaise et le mec à côté de moi l'a prise dans sa main et l'a jeté par la fenêtre. C'était mon héros pendant une demi-seconde !
Mes anecdotes semblent les intéresser, surtout Célia qui pose des questions de plus en plus précises sur moi, tellement que parfois je ne sais pas répondre (je viens de me rendre compte que je n'ai pas de plat préféré).
- Et tu n'as pas de frères et sœurs ? Demande-t-elle finalement.
- Non. J'habite juste avec mon père.
Et parfois ses copines, mais c'est seulement temporaire.
- Ah bon ? Et ta mère, elle est où ?
Jude donne un coup de coude à Célia. Je n'ai jamais dit explicitement que ma mère était morte (personne ne m'a jamais demandé), mais Jude doit l'avoir compris. Ou alors il pense qu'elle n'est plus dans ma vie d'une façon ou d'une autre et trouve la question de sa sœur inappropriée.
- Elle est morte quand j'étais petite, je réponds de la manière la plus détendue possible.
C'est dur de ne pas niquer l'ambiance après ça.
Même si je n'ai pas vraiment de problème pour en parler, les gens réagissent plutôt de façon négative. Soit ils me jettent un regard de pitié (ce que je déteste) soit ils baissent les yeux et changent de sujet (ce qui est déjà mieux).
Je les comprends d'une certaine façon, je suis moi-même une grosse nouille quand il s'agit de ce genre de choses.
Célia, elle, se contente de sourire et de dire:
- Je pense que Jude t'as déjà dit, mais nos parents aussi sont décédés quand on était jeunes.
Il y a un petit moment où elle me regarde droit dans les yeux, et je sens la force de caractère de cette fille à travers ce simple contact visuel. Comme si elle me disait ''Mon frère a déjà pas mal souffert par le passé, alors fais gaffe à ce que tu fais''. Puis elle change totalement de sujet, et je tente tant bien que mal de me remettre dans la conversation. Célia n'est pas à prendre à la légère, ça non.
Le repas s'est vraiment bien passé au final, même si j'ai parfois eu l'impression de passer un interrogatoire (énergique et bienveillant). Célia n'habite pas loin du tout du restaurant, et doit rentrer chez elle juste après le déjeuner pour ''travailler sur un article''. J'avais presque oublié qu'elle était au club de journalisme !
Elle nous fait un petit signe de la main en partant dans la rue, et je suppose qu'elle va faire part de son opinion (positive ?) sur moi à Jude ce soir. En attendant, je me tourne vers lui et dit:
- Ta sœur est vraiment cool !
- Je suis content que vous vous entendiez bien, dit-il avec un sourire.
Puis il semble se rappeler de quelque chose et commence à fouiller dans sa poche.
- Ça m'a fait penser à un truc. Tu sais, avant le match contre Raimon, je t'avais... Énervée.
- Moui ?
- Et tu m'as rendu le bracelet que je t'avais offert.
Argh, je m'en rappelle maintenant ! J'étais tellement énervée que je l'ai presque arraché de mon poignet pour le lui rendre. Et avec Ray Dark et tout le bordel, j'ai totalement oublié ce moment !
Alors que j'allais m'excuser, Jude sort ledit bracelet de sa poche et me le tend avec un air un peu hésitant:
- Du coup, tu le veux encore ?
- Bien sûr ! Même si je tiens à dire que ça doit valoir beauuuuucoup trop cher pour moi.
- Tais-toi donc et prends-le, soupire mon copain en attachant le bijou à mon poignet.
- Eh, tu commences à parler comme Caleb ! Et il est super méchant avec moi alors devient pas co...
Jude me prend dans ses bras et me serre contre lui, histoire que je me taise (enfin). Et ça marche (car tout le monde le sait, je ferme ma gueule uniquement quand j'ai un contact physique avec Jude). Puis il ajoute:
- J'ai hâte que tu viennes dîner chez moi et mon père.
Je recule un peu pour le regarder en haussant un sourcil, peu convaincue.
- Hum...je n'arrive pas à savoir si c'est ironique ou pas.
- Un peu des deux, je te l'avoue, répond-il avec un sourire en coin.
Son père me prend pour une pauvre demeurée (et voleuse par-dessus le marché) juste à cause d'une histoire complètement stupide avec le prof de physique. Argh, les seuls problèmes restant de ma vie sont à cause de Sakamoto ! Je le déteste !
Mon téléphone émet un bip sonore, signe que quelqu'un m'a envoyé un message.
- Oh, c'est mon père qui me demande de rentrer. Je vais devoir y aller, désolée.
- Pas de soucis. Eh, Lyrna...
- Oui ?
Je tourne la tête vers lui et il m'embrasse. Je commence à émettre un '' hihi'' intérieur alors que les papillons (qui sont toujours là, ces imbéciles) semblent faire exploser des feux d'artifices dans mon ventre (mon dieu, que suis-je devenue ?). Je m'éloigne ensuite en disant:
- À demain !
Après ce bref moment de joie, je rentre gaiement chez moi. Malgré ce débile de Sakamoto, tout est vraiment génial. Ma vie a-t-elle été plus parfaite ? Je ne pense paaaas !
Me satisfaisant de mon allégresse intérieure, je gambade presque jusqu'à la porte de ma maison. Qu'est-ce va donc me dire mon père comme bizzarerie ? Bah, peu importe, je ne laisserai rien gâcher ma bonne humeur !
Dès que j'ouvre la porte, je tombe nez-à-nez avec mon père, qui devait m'attendre dans l'entrée (flippant).
Il a un grand sourire niai et les yeux brillants (ça devait être mon expression il y a 5 minutes, donc on va éviter de juger).
- Lyrna, je sais que ça doit te sembler bizarre que je te dises ça mais... J'ai eu un coup de foudre, aujourd'hui.
- Ah ?
J'ai l'impression qu'il en a un peu toutes les semaines, mais d'accord (j'ai dit:rien ne peut gâcher mon bonheur !)
- C'est pour ça que j'ai décidé de l'inviter à la maison pour te la présenter ! Aaah, elle est tellement géniale...viens vite, j'ai hâte qu'elle te rencontre !
Il me saisis par le bras et m'entraîne joyeusement vers le salon. J'essaie de le suivre avec entrain, car RIEN NE PEUT GÂCHER MA BONNE HUMEUR. Pas aujourd'hui, pas maintenant.
La femme qui attend dans le salon assise sur un fauteuil, est vraiment belle. Elle a de longs et brillants cheveux noirs attachés en un chignon compliqué qui a dû lui prendre des heures à faire, une peau de porcelaine pratiquement sans défaut (fond de teint ?) et a un maintien plus qu'élegant.
Je m'apprête à lui dire bonjour (politesse avant tout), quand elle se tourne totalement vers moi et plante son regard dans le mien. Alors que ses yeux d'un bleu si foncé qu'ils en deviennent presque violets semblent me transpercer, je sens un frisson me parcourir le dos. Ses lèvres rouges s'étirent en un sourire assez étrange qui ne fait qu'augmenter mon malaise, et elle prononce d'une voix où je crois entendre un soupçon de moquerie:
- Bonjour Lyrna, je m'appelle Dinaë.
J'ai l'impression d'entendre un lointain écho me murmurer qu'elle va devenir mon pire cauchemar, mais mon délire est stopé par la voix de mon père.
- Voyons, dis-lui bonjour ! Désolé, je ne sais pas ce qui lui prend.
Je me rends compte que ça doit faire bien cinq minutes que je suis restée prostrée au milieu du salon, et donc que je n'ai pas répondu à la salutation de la femme. Mon père s'excuse de mon comportement alors que Dinaë continue de me regarder de la même manière, ce qui me met profondément mal à l'aise. On dirait qu'elle est en train de sonder mon âme. Puis elle reporte son attention sur mon père et lui dit que c'est pas grave du tout, qu'elle comprends, et gna gna gna.
Je finis par la saluer du bout des lèvres, toujours un peu perturbée par l'attitude de cette femme. Je me demande ce qui a attiré mon père chez elle. Son air de tueuse en série ?
Mon téléphone vibre de nouveau (mais que me veulent tous ces gens ?!).
Reçu à 14h34, de Véro
Hey, je vais chez le coiffeur, tu veux m'accompagner ?
Je lève les yeux vers mon père et sa (je suppose) nouvelle copine, qui parlent de l'éducation des enfants (yeah). Elle est en train de raconter qu'elle a reçu une éducation sévère et qu'elle remercie ses parents tous les jours pour ça. Ben... Tant mieux pour elle ?
- Papa, je peux aller voir une amie ? Elle veut que je l'accompagne chez le coiffeur.
- Si j'avais interrompu mes parents de cette façon, je me serai prit une gifle, murmure Dinaë.
Je ne sais pas si le but était que j'entende, mais dans tous les cas en quoi ce sont ses affaires ? Mon père l'élève comme il veut, non ? Et puis ça fait à peine deux heures qu'ils se connaissent, qu'est-ce qu'elle fout ici ? D'habitude mon père attend au moins une semaine avant de me présenter ses conquêtes du moment ! Si c'est vraiment ça, son '' coup de foudre'', j'aurai préféré qu'il le garde pour lui.
- Mais tu viens juste d'arriver, répond mon père d'un air un peu déçu.
Ça me fait me sentir un peu mal, mais ce sentiment disparaît avec la réponse de la brune:
- Bah, je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'on se retrouve seuls tous les deux ici...
Et elle lui jette un regard qui ne permet aucune ambiguïté. Elle vient vraiment de dire cette phrase devant moi ? Dans ma maison ?
Pitié, que Marianne revienne. C'est peut-être ma punition karmique pour avoir mangé du poulet alors que le destin m'envoyait une végétarienne pour sauver la planète. Maintenant que j'ai raté, je me retrouve avec un démon chez moi. Il faut à tout prix que j'inverse la malédiction !
- Du coup, tu vas accompagner ton amie ? Glousse mon père.
Oui, j'ai bien dit '' Glousse''. La phrase de Dinaë semble l'avoir mit dans un état second.
- Euh... Oui. À plus.
Je m'en vais rapidement pour ne pas entendre la phrase de la brune à propos de l'éducation et machin-truc. Non mais je rêve, pour qui elle se prend ?
J'avais dit quoi y a à peine dix minutes ? Ah oui, rester positive. Ne pas gâcher ma bonne humeur, tout ça tout ça. Hum.
JE SUIS PAS NÉE DANS UNE COMÉDIE MUSICALE OKAY ? JE SUIS PAS DANS UN MONDE OÙ IL SUFFIT DE CHANTER EN SAUTILLANT POUR AVOIR CE QU'ON VEUT ! Alors j'ai le droit de m'énerver ! Non mais oh, c'est quoi cet auto-jugement tout pourri ?
J'envoie un SMS à Véronique pour lui demander où est son putain de coiffeur. Mon ton doit être un peu agressif car elle me demande si je vais bien tout en me donnant l'adresse. Mais bien sûr que tout va bien, si ce n'est la nouvelle folie de mon père de tomber amoureux d'une inconnue clairement bizarre en à peine deux secondes. Il m'énerve lui aussi, pas capable d'avoir des critères fixes en matière de femmes ! POURQUOI ELLES SE RESSEMBLENT JAMAIS ? Je pourrais m'habituer au moins ! Alors que là il passe de la végétarienne à lunettes à la donneuse de leçons bonne au lit. ÇA N'A AUCUN SENS !
En attendant, je suis arrivée devant le coiffeur de Véronique, qui est déjà à l'intérieur. J'ouvre la porte un peu trop violemment, ce qui fait que tous les clients se tournent vers moi avec un air surpris ou courroucé.
Véronique me fait un signe pour que je la rejoigne. Elle attends apparemment de se faire prendre en charge sur un siège au beau milieu du salon, lisant un magazine.
- Ben dis donc, quelqu'un s'est levé du mauvais pied ce matin !
Je me laisse tomber sur le siège à côté d'elle en soupirant. Elle ferme et repose le magazine, puis croise les bras.
- Vas-y, raconte tout à tata Véronique !
- C'est vraiment ringard, ce que tu viens de dire.
- Sérieux, qu'est-ce qui t'arrives ?
J'hausse les épaules, n'ayant pas forcément envie de lui raconter.
- Juste une connerie avec mon père.
- J'comprends, j'ai la même.
Puis elle commence à me raconter que depuis le divorce de ses parents, son père la fait tout le temps '' chier'' et ne la laisse jamais respirer. Tout le contraire de sa mère, qui a l'air de s'en foutre complètement. Elle finit par un ''Bref ça me soûle'' en voyant une coiffeuse arriver. Elle est jeune et semble franchement ennuyée, comme si ça la soûlait de travailler ici plutôt que dans un grand salon de coiffure.
- Bonjour, que voulez-vous ?
- J'aimerais essayer de me faire des mèches, répond Véronique. Bleues ou rouge, je sais pas trop encore... Et toi Lyrna ?
- Euh... Je suis juste venue pour t'accompagner, moi.
- Alleeeez, essaie quelque chose !
Je baisse les yeux vers mes cheveux. Je ne m'en occupe presque jamais, juste un shampoing, trois coups de brosses et basta. Si je les coupais ils ne me causeraient pas autant de soucis, non ?
- Ah mais...j'ai pas d'argent, je peux pas.
Elle attrape son sac et en sort un porte-monnaie, l'air déterminé.
- Je te paie une coupe et tu me rembourses.
- Non mais c'est pas grave, je...
- T-t-t, tu m'écoute et tu fais quelque chose pour tes pauvres cheveux.
J'ai l'impression que cette invitation n'était en réalité qu'un piège pour me forcer à prendre soin de mes cheveux. Je ne pensais pas Véronique aussi diabolique (en plus ça rime).
- Du coup ? S'impatiente la coiffeuse.
- Lyrna va se faire couper les cheveux. Et moi, je voudrais des mèches... Bleues.
Elle hoche la tête et appelle son collègue, puis nous demande d'aller nous installer aux lavabos. C'est elle qui me lave les cheveux, puis les démêle. Elle tire comme une forcenée pour venir à bout des noeuds, et je serre les dents (ça fait mal cette merde).
- Tu ne dois pas brosser tes cheveux très souvent, dit-elle d'un air pincé.
Je marmonne un '' gna gna gna'' qu'elle n'entend sûrement pas et la laisse continuer à torturer mon pauvre cuir chevelu.
Au bout d'un long moment, elle appelle un de ses collègues et dit qu'elle prend sa pause. Quel manque de professionalisme !
Heureusement, le coiffeur qui s'occupe maintenant de moi est bien plus sympa. Il me fait des blagues (je ne les comprends pas toutes mais je rigole quand même) et au moins, il m'engueule pas sur la qualité de mes cheveux (je fais quand même ce que je veux !)
Arrive le moment fatidique où il m'amène devant le miroir, et me demande ce que je veux comme coupe. Juste les pointes ? Un carré ? Dégradé ?
Je me regarde dans les yeux pour savoir ce que je veux vraiment, et ça ne marche pas car je ne sais toujours pas quoi faire.
- Hum... J'aimerais avoir les cheveux plus courts.
- C'est le principe de couper ! S'exclame Véronique du fauteuil voisin.
Je sais bien, merci ! Mais c'est pas très facile de prendre cette décision.
- Je voudrais les avoir ici, je déclare au bout d'un moment.
Je montre au coiffeur avec ma main que je voudrais que mes cheveux terminent un tout petit peu après l'épaule.
- Dégradé ?
- D'accord, mais léger.
Allez, un peu de folie dans ce bas-monde (Véronique se fait des mèches bleues après tout).
Je vois du coin de l'œil mes mèches mouillées tomber de façon presque dramatique sur le carrelage, aux pieds du coiffeur. Au bout d'un moment, il me demande si ça me va. Je regarde dans le miroir et voit mes cheveux mouillés bien plus courts qu'avant, même un tout petit plus que ce que j'avais demandé. Je finis par hocher la tête, au pire si c'est moche ben ça repoussera.
Commence le temps du séchage, passage qui m'exaspère quand je me lave les cheveux moi-même tant il prend du temps. Cependant comme je ne fournis aucun effort ici, je peux réfléchir à ma vie pas intéressante. Je décide de faire une liste des points positifs et des ponts négatifs.
Points positifs:
. Jude (ai-je besoin de développer ?)
. On peut jouer au foot comme on veut car Ray Dark est en prison
. La nouvelle directrice est super sympa
. ... J'ai des amis?
Y en a pas beaucoup mais au moins ils sont importants. Passons aux points négatifs maintenant:
. Je suis nulle en physique
. Le prof de physique me hais et se moque de ma nullité dans ladite matière
. Mégane est chiante (à essayer de draguer mon mec)
. Mon père est bizarre
. MON PÈRE EST TOMBÉ AMOUREUX D'UNE CONNASSE QUE JE HAIS DÉJÀ ALORS QUE JE NE L'AI VUE QUE 5 MINUTES
- Oh, c'est peut-être trop chaud? Demande le coiffeur.
- Non, pourquoi ?
- Vous faisiez une tête un peu étrange.
Mon visage devait être déformé par la RAGE.
Au bout d'un moment mes cheveux sont totalement secs, et je peux admirer ma nouvelle coupe dans le miroir. C'est plus court que ce à quoi je m'attendais, mais je dois dire que j'aime bien.
- J'ai eu raison de t'emmener ici ! S'exclame Véronique depuis son fauteuil.
Je vérifie si je peux faire une queue de cheval, et heureusement j'y arrive (même si elle est complètement ridicule). Ça fait du bien d'avoir les cheveux plus courts (et totalement démêlés).
J'attends que le coiffeur de Véronique termine sa coupe, puis elle va payer pour nous deux. Elle me tend le ticket de caisse en disant que je la rembourserai plus tard.
- Alors ? Dit-elle en tournant sur elle-même en sortant du salon de coiffure. J'ai la classe, non ?
- Ouais, c'est cool.
Elle arrête de passer la main dans ses cheveux parsemés de traits bleus, et me regarde fixement.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Je demande en voyant son expression étrange.
- J'viens de me rappeler que tu m'as toujours pas raconté ce qui s'est passé avec mon voisin.
- Ah oui...
Pourquoi je ne peux tout simplement pas effacer Damien de ma vie ? Comme si on devait me rappeler ce souvenir éternellement.
- Alors ? Questionne la brune et se rapprochant de moi avec un air curieux.
Haru m'aurait laissé tranquille, elle. Elle aurait attendu que je lui en parle. Mais la curiosité de Véronique semble être bien plus forte que celle de notre amie.
-C'est juste un truc débile.
- Oh, arrête ! Ton mec l'a frappé, c'est pas pour rien !
- Jude est même pas au courant !
- Donc, il s'est bien passé quelque chose.
Je marmonne vaguement quelque chose alors qu'elle attend en croisant les bras que je lui offre une histoire satisfaisante.
- Il m'a embrassée pendant la soirée, c'est tout.
- C'est tout ?! Tu plaisantes ?
Elle a l'air vraiment choquée.
- Mais t'as eu un crush sur lui ou quoi ?
- Même pas ! Pour être franche, je sais pas ce qui m'a pris. Il était sympa et j'étais... Pas dans mon état normal. Mais c'est du passé, il s'est même excusé par message.
- Ah oui, il m'avait demandé ton numéro de téléphone... J'ai hésité à lui donner mais il avait l'air sincèrement désolé. Je crois qu'il avait vraiment trop bu ce soir-là. Donc tu l'as pas dit à Jude ?
- Non, je viens de te le dire !
J'ai vraiment envie de rentrer chez moi, mais je viens de me rappeler que mon père et sa nouvelle copine sont sûrement en train de... Faire crac-crac dans ma maison, et je n'ai pas vraiment envie de les surprendre.
- Hum, t'as bien fait. Ça sert à rien, surtout que tu t'en fous de Damien, non ?
- Ouais. Je te le disais, c'est vraiment PAS important.
Elle semble vouloir me contredire, mais finit par hausser les épaules. Puis elle change totalement de sujet en me racontant que Jessica est venue lui parler.
- Elle m'a dit que je lui manquais. Tu penses que je devrais redevenir son amie ?
- Euh...comme tu veux.
Elle sort son paquet de cigarettes et un briquet.
- T'en veux une ?
Je fais '' non'' de la tête alors qu'elle fume sa clope.
- Je vais voir. Je crois que je trouve une certaine satisfaction à la voir me supplier de redevenir mon amie... Je vais la faire languir un peu.
Elle ricane et s'attend à ce que je ricane moi aussi, mais je ne trouve pas ça particulièrement drôle. Je n'aime pas trop Jessica, c'est clairement une connasse parfois, mais ce n'est pas non plus mon ennemie jurée et je ne lui veux pas spécialement de mal. Véronique veut se venger, grand bien lui fasse, mais je préfère ne rien avoir avec ça.
- Si j'étais toi je lui dirais clairement que je ne veux plus être sa pote.
- Peut-être, mais je ne supporte pas qu'on se moque de moi de cette façon. Mégane a déjà payé, Alan aussi, mais pas elle.
- Comment ça, Alan a payé?
- Mégane l'a largué misérablement, et maintenant il connaît enfin ce que j'ai vécu. Ah, pour une fois qu'elle m'est utile !
Elle rit de façon presque diabolique pour appuyer son propos. J'avoue que je ne sais pas trop quoi penser de cette histoire, mais passons. Véronique a bien le droit de penser ce qu'elle veut (j'ai pas non plus les idées les plus sympathiques du monde en général).
- Bon, c'était cool mais il faut que je rentre chez moi et mon bus va bientôt passer.
Elle me fait la bise rapidement puis s'éloigne en répondant à un appel sur son téléphone. Je la regarde partir en me disant que j'aurais pu rester avec Jude toute l'après-midi finalement, plutôt que de rencontrer Dinaë (ce qui était très inutile et perturbant).
Je me condamne à rentrer chez moi, espérant trouver mon père seul et la femme loin d'ici.
Même si franchement, j'ai le pressentiment qu'elle va rester pour longtemps.
Hahahaha.
Que serait la vie de Lyrna sans Dinaë (une vie paisible)?
C'est plus fort que moi, j'adore torturer mon cher personnage principal. Et puis Dinaë on la voit pas tant que ça dans la fiction originale après tout ! Vous allez découvrir à quel point elle est détestable. Youpi.
J'espère que ça vous a plus, à bientôt !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top