Chapitre 12

Bonjour tout le monde ! J'ai soudainement décidé de publier ce chapitre écrit depuis longtemps avant d'oublier. Plus que deux à écrire et c'est la fin de ce petit tome haha ! Et puis Mii Inazuma est vraiment tout pourri comme seule publication de la rentrée.
Bonne lecture !

Memo pour ceux qui auraient oublié: Dinaë a ramené chez Lyrna ses deux araignées de compagnie, Pipper et Sandrine. Notre héroïne doit désormais vivre en cohabitation avec elles, et son père qui semble être devenu complètement aveugle.

Cette semaine était sûrement l'une des plus épouvantables de toute ma vie. J'ai l'impression que chaque jour, Dinaë trouve autre chose pour me pourrir la vie. Elle et ses foutues araignées.
Ce soir, on est vendredi soir. Demain, c'est le bal d'été de Mme Palima. Je ne suis même pas excitée par ça ni par les vacances.
Je rentre chez moi seule, car le père de Jude est chez lui pour le dîner. Il doit donc se dépêcher de rentrer. Depuis deux jours, il n'arrête pas de me demander ce que j'ai. Ce matin j'étais à deux doigts de tout lui raconter, mais Véronique nous a interrompus. Et tant mieux ! Je préfère ne pas le mêler à ça. Et puis, qu'est-ce qu'il pourrait faire après tout ?
J'ouvre la porte, accueillie par le silence.

- Y a quelqu'un ?

Personne ne répond. Je remarque alors un bout de papier sur le sol, avec quelque chose écrit dessus.
''Partis au restau, on rentrera tard.'' C'est l'écriture de mon père. Même pas de ''bisous''? Ok, j'ai l'impression d'être devenue totalement invisible.
J'entre dans la cuisine pour me servir un verre d'eau, et puis manger un petit goûter tiens. Ensuite je ferais mieux d'aller voir si j'ai des chaussures adéquate pour la soirée.
Je passe devant le salon pour monter dans ma chambre, et je remarque quelque chose du coin de l'œil. Je tourne la tête pour être sûre de ce que j'ai vu. Et oui.
Les araignées ne sont plus dans leur boîte, qui est ouverte.
Je regarde tout autour de moi en sentant la panique me submerger. Elles pourraient être en train de me monter dessus. Ou de se balader dans ma chambre. Ou n'importe où !
Je saisis mon portable, essayant de les chercher du regard. J'appelle mon père.

- Allô ? Me répond la voix de Dinaë.

- Passez-moi mon père !

Je sens la colère m'envahir. Elle utilise le portable de mon père maintenant ?

- Oh, Lyrna. Tu apprécies ta soirée seule à la maison ? Continue-t-elle comme si de rien n'était.

- Vous avez laissé la cage ouverte. Je ne peux pas rester dans cette maison avec vos deux créatures en liberté !

- Allons, ce ne sont que des animaux inoffensifs. Si tu as aussi peur, tu n'as qu'à t'en aller.

J'ai envie de hurler de rage.

- Passe-moi mon père espèce de salope ! Je crie à travers le combiné.

Mais c'est trop tard, elle a déjà raccroché. J'ai envie de balancer mon téléphone à travers la pièce, mais je me retiens. Ils veulent que je m'en aille ? Alors d'accord. Je vais m'en aller.
Je monte les escaliers quatre à quatre et me rue dans ma chambre, où je jette des affairs sur mon lit (après avoir vérifié que ni Sandrine ni Pepper n'étaient dans les parages). Mon pyjama, mon chargeur de téléphone, des vêtements de rechange. Une photo de ma mère, histoire que Dinaë ne les brûles pas toutes. Je prends aussi ma robe pour le bal, car je ne sais pas si je reviendrai ici avant demain. Je prends le reste de l'argent que j'ai, puis ferme mon sac.
J'en ai plus qu'assez. Puisque mon père ne veut pas voir la vérité en face, je vais la laisser lui exploser dans la figure. Ça suffit maintenant.
Je sors de la maison le plus vite possible, refermant la porte à clé derrière moi. Les araignées sont toujours portées disparues.
Il commence à faire nuit, et je ne sais toujours pas où aller. Mais hors de question que je retourne chez moi.
Je fixe mon portable, pensant à rappeler mon père. Mais c'est soit Dinaë qui répondra, soit il me racrochera au nez. Ça ne servira à rien.
Je continue de marcher dans la rue, regardant les lampadaires s'allumer. J'ai envie d'appeler Jude. Mais son père était là ce soir, il ne pourra pas m'héberger... J'ai quand même envie de l'appeler. Juste pour me remonter le moral.
Il répond au bout d'une seule sonnerie.

- Lyrna ? Ça va ?

Je pourrais mentir encore, mais où est-ce que ça me mènerait ?

- Non, je réponds simplement. Ça va pas du tout.

- Qu'est-ce qui t'arrives ? Je peux t'aider ? Dit-il aussitôt.

- Je me suis barrée de chez moi. Mon père est pas là, Dinaë non plus, mais je...

Il m'écoute, mais je ne sais pas comment expliquer ce qui m'arrive.

- Tu es où, exactement ? Me demande-t-il finalement d'un ton pragmatique.

Je regarde autour de moi.

- Euh, à côté d'un parc... À quelques rues de chez moi.

- Tu as quelque part où dormir ce soir ?

Je me mords la lèvre.

- Non.

- Alors viens chez moi. Tu pourras tout m'expliquer en personne, déjà.

- Mais et ton père...?

-Il est reparti après le dîner. Tu veux que je vienne te chercher ?

- Non, ça ira. Merci Jude...euh...j'arrive, du coup.

Je raccroche, et commence à aller dans la direction de la maison de Jude. Soudain, une goutte de pluie s'écrase sur mon nez. Suivie par des centaines d'autres.
Génial. Il pleut, et je suis en tee-shirt. Je décide de courir pour arriver plus vite, et éviter que mes affaires soient trop mouillées.
Alors que je ne suis qu'à deux rues de chez Jude, mon pied glisse sur une plaque d'égout mouillée et je me ratatine la figure par terre.

- Putain ! Je crie en sentant mes genoux et mes mains me brûler.

Je regarde mes mains, elles ne sont pas trop abîmées. Elles se sont juste frottées sur le béton. Je me relève et examine mes genoux. Le droit saigne, mais je n'arrive pas à voir si la blessure est profonde ou si c'est juste une égratignure. Le gauche a été un peu brûlé par le bitume. Mais ça aurait pu être pire.
Comme il pleut encore, je me remet à courir (mais en faisant plus attention, cette fois).
J'approche du portail de Jude en me disant que les majordomes ne vont jamais m'ouvrir car j'ai juste l'air d'une SDF.
Cependant, Jude semblait m'attendre à la porte car le portail s'ouvre aussitôt. Je marche rapidement jusqu'à la porte d'entrée, que mon copain est en train d'ouvrir.
Je cherche un paillasson du regard, mais il n'y en a pas. Jude semble se demander ce que j'attend pour entrer.

- Mais tu saignes ? S'exclame-t-il. C'est Dinaë qui t'a fait ça ?

- Oh, non, je suis tombée en glissant sur une bouche d'égout. Et t'as pas un paillasson...? Mes chaussures sont pleines de flotte.

Il me fixe de haut en bas avant de me prendre par la main pour me faire entrer.

- Viens, tu vas aller te changer et je vais regarder ton genou. Tu veux quelque chose à boire ? À manger ?

- Euh... Je veux bien à manger. Genre un gâteau. Bien sucré. Si c'était un fraisier, ce serait parfait. Et pour la boisson, juste de l'eau.

- C'est comme si c'était fait.

Il me sourit gentiment et appelle son majordome et lui commande mon fraisier. Puis il me conduit vers ce que je suppose est la chambre d'amis. Ou l'une des nombreuses chambres d'amis de cette maison.
La chambre est jaune. Voilà, c'est mon observation. Le lit est jaune, les murs sont jaunes, tout est jaune. Il y a une petite salle de bain intégrée. Jaune aussi.

- Je vais chercher un produit désynfectant, déclare Jude. Fais comme chez toi en attendant.

J'entre dans la salle de bain pour enlever mes vêtements mouillés. Heureusement, les affaires de mon sac sont sèches. J'ai au moins réussi ça. Yeah.
Je mets un autre tee-shirt et un short sec en prenant soin de ne pas abîmer mon genou encore plus.
Je reviens dans la chambre où Jude m'attend avec du coton et du désynfectant. Je m'assois sur le lit.

- Je peux le faire moi-même hein, je lance en voyant qu'il s'apprête à nettoyer ma blessure (qui est franchement ridicule, ça ne me fait même plus mal).

- Toi, tu vas me raconter pourquoi tu t'es enfuie de chez toi, répond-il en me regardant dans les yeux. Une chose à la fois.

Et merde, il a enlevé ses lunettes. Je vais faire comme il dit du coup.

- Il y a une semaine, Dinaë a ramené deux araignées domestiques chez moi. Dans une cage.

Jude ne bronche pas et semble être concentré sur mon genou. Pourtant, je sais qu'il m'écoute attentivement.

- Elle a dit qu'elle ne les laisserai pas sortir quand je serais là. Mais elle a menti. Je crois même qu'elle fait exprès de les sortir quand je suis là !

Le désynfectant pique un peu, mais ce n'est rien par rapport à ma rage et à mon désespoir.
Soudain, on toque à la porte. C'est le domestique qui amène ma part de gâteau, qui a l'air délicieuse. Jude la pose sur la table de chevet, puis vient s'assoir à côté de moi. Je vois qu'il a posé un pansement sur mon genou, mais je ne l'avais même pas remarqué. Il me fait signe de continuer mon récit.

- Je l'ai dit à mon père, mais il ne me croit pas. Il pense que je veux juste ruiner son couple. Mais Dinaë, elle... Elle est horrible ! Elle a enlevé une photo de ma mère pour poser sa cage d'araignée. Et aujourd'hui elle a... Ils sont partis dîner, et elle a laissé la cage ouverte ! Je ne pouvais pas savoir où elles étaient, alors je suis partie.

Je soupire, consciente du pathétique de cette situation.

- Je sais que j'ai agi sur un coup de tête, je marmonne en tortillant le tissu de mon tee-shirt. Mais je ne pouvais vraiment pas rester là-bas.

- Tu as bien fait de partir, commente Jude. Cette femme n'a pas le droit de te faire du mal comme ça.

- Mais le truc, c'est qu'en soit elle n'a rien fait.

Elle ne m'a pas frappée ou quoi, elle a juste ramené ses araignées et a prit le contrôle total de mon père. Mon père... Comment il va réagir quand il verra que je suis partie ? Argh, il va être furieux. Ou pire encore, il va en avoir rien à foutre.

- Qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Je demande en levant les yeux vers Jude.

- Je pense que tu devrais te reposer un peu. Et si tu commençais par manger ton gâteau ? Dit-il gentiment en poussant l'assiette vers moi.

J'avoue que ça me fait plutôt envie. Je mange le fraisier, qui est vraiment... Frais.

- Est-ce que ton... Chef cuisiner ou je ne sais qui vient de le faire ?

- Oui, pourquoi ? Tu ne l'aimes pas ?

- Ah si, c'est super bon. Mais tu peux vraiment demander des trucs comme ça ? Genre si à trois heures du mat tu veux des cupcakes tu peux en avoir ?

Jude me considère un instant, sans doute pour vérifier si je suis sérieuse, avant de rire légèrement.

- Quoi, qu'est-ce que j'ai dit de drôle ?

- Non, rien, c'est juste... Toi. Et je ne vais pas déranger le chef cuisiner à trois heures du matin pour des cupcakes.

- Ah oui, c'est logique...

Je finis la part de gâteau en deux trois bouchées. Il est délicieux, mais ça ne me fait pas oublier que j'ai fugué de chez moi. Oh mon dieu ! J'ai fugué de chez moi ! Mon père va me tuer. Je suis partie à cause d'araignées. Il ne va pas comprendre du tout, il comprend jamais rien de toutes façons, je vais être obligée de rentrer !

- Eh, Lyrna? Lyrna !

Jude me secoue légèrement l'épaule, une expression très inquiète rivée sur le visage.

- Hein ? Quoi ?

- Tu avais l'air de... Paniquer.

- Bien sûr que je paniques ! J'ai fugué de chez moi ! Tu te rends compte de ce que ça signifie ?

Je me cache le visage dans les mains alors que Jude ne sait visiblement pas quoi dire. Il n'y a rien à dire: j'ai tout foiré. Sans pouvoir le contrôler, je me mets à sangloter. Peu importe si Jude voit à quel point j'ai l'air pathétique et stupide en ce moment-même, je me sens vraiment trop mal.

- L-Lyrna ? Dit la voix hésitante de Jude.

- Quoi ? Je réponds d'une voix étouffée (et pathétique).

- Est-ce que tu veux être ma cavalière pour le bal d'été ?

Je relève la tête, abasourdie. Mon copain me regarde avec un sourire mi-desolé mi-rassurant, et j'émets un rire étranglé.

- T'es vraiment con... C'est quoi cette demande toute pourrie ?

- Tu aurais voulu des fleurs, peut-être ? Je pense plutôt que tu aurais trouvé ça romantiquement ridicule.

- Pas faux.

J'essuie mes joues d'un grand revers de main, alors que Jude continue de me fixer bizarrement.

- Arrête de me regarder comme ça, on dirait Edward dans Twilight. Trop flippant.

- Attends... Tu as déjà regardé Twilight? Ça m'étonne de toi.

- Juge pas, une amie m'a obligée.

Il rit légèrement, avant de secouer le tête.

- J'attendais juste ta réponse.

- Hein ? Bah bien sûr que oui je vais aller au bal avec toi, c'était pas évident ? T'es censé être un génie Jude, ressaisis-toi.

- Oh, tais-toi, répond-il avec un sourire.

Je me sens un peu mieux qu'il y a quelques instants, grâce à Jude. Quand je repense à ma vie en France, je me dis que si je n'étais pas allée au Japon j'aurai loupé pas mal de trucs quand même. Ça me rend moins mélancolique.

- Merci, Jude. Je ne sais pas ce que j'aurai fait sans toi. En fait si, je serais restée dehors comme une grosse débile.

Il s'approche encore de moi et me prend dans ses bras, ce que j'accepte volontiers.

- Je n'ai pas vraiment de solution à te proposer, Lyrna... Je ne peux pas non plus te promettre que tout va s'arranger, je sais que tu n'y croirais pas de toute façon. Mais sache que je suis là pour toi, d'accord ?

- Je sais, je réponds avec gratitude. Et ça vaut pour moi aussi... Même si là je sers pas à grand-chose.

On reste silencieux pendant un moment, et je sens que je vais devoir dormir dans pas longtemps. J'ai pas arrêté d'enchaîner les nuits blanches depuis les araignées, j'ai juste envie de m'allonger dans un lit moelleux et de dormir pendant dix ans. Cette émotion se manifeste par un baillement qui manque de me décrocher la mâchoire.

- Tu veux aller te coucher ? Propose Jude gentiment.

- Ce serait une bonne idée, oui.

Cela dit, je n'ai pas très envie de rester toute seule. Ça fait du bien de se faire réconforter... Surtout par Jude.

- Tu... Tu peux rester avec moi, s'il-te-plaît ?

Je le vois rougir légèrement, mais il accepte aussitôt.

- Oui, bien sûr. Si ça peut te faire sentir un peu mieux.

Pour l'instant, je suis un peu apaisée. Mais je sens que dès demain, quand mon père va découvrir que je ne suis pas à la maison, la tempête va recommencer. Et je ne parle pas de la pluie dehors.

Chapitre un peu plus court que d'habitude, mais c'est pour vous préparer au gros bordel qui va suivre. Je sais même pas comment je vais m'en sortir moi-même.

En tous cas j'espère que ça vous a plu ! À bientôt pour l'avant-dernier chapitre de cette histoire !

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