Chapitre 7 : "Tu as réussi"
Le soleil se leva paisiblement, ignorant les horreurs qui avaient agité la nuit. A son réveil, Fukasaku trouva Naruto endormi à même le sol. Curieux de savoir pourquoi son disciple adoptait cette position, le maître de Jiraya chercha à trouver un quelconque indice. En se penchant vers l'éternel genin, il trouva à ses côtés un livre ouvert. Fukasaku prit le livre et l'examina. La Volonté du Feu affichait la première page.
Qu'est-ce qui a bien pu l'intéresser dans cet ouvrage ? s'interrogea le crapaud, intrigué. Il examina son élève. Il avait l'air plutôt remué. Son tee-shirt était trempé et ses cheveux désordonnés au possible. Qu'avait-il découvert pour se mettre dans cet état ? Il délaissa ses interrogations en voyant le ninja ouvrir l'œil. Il grogna à cause de la luminosité trop élevée de la chambre, puis son visage s'illumina lorsqu'il aperçut Fukasaku. Il bondit et lui fit face.
- Sensei ! Je l'ai trouvé ! s'écria Naruto, guilleret.
- Mais... Comment ? lui demanda le crapaud, réprimant de son mieux son étonnement.
- Un affreux cauchemar, trop long à expliquer. répondit-il simplement, balayant l'énormité du sujet d'un geste de la main. Pour retourner dans mon monde, il faut que je fasse preuve de la volonté nécessaire pour rentrer et protéger mes amis et Konoha.
- La Volonté du Feu... devina l'Ermite à mi-voix.
- Exact. confirma le blond en hochant la tête.
- C'est merveilleux ! commenta le maître avant d'ajouter. Mais ne te réjouis pas trop vite. Ce n'est pas parce que l'on sait où se trouve la clé que l'on est déjà sorti de prison : se représenter la porte est une chose, l'ouvrir en est une autre.
- Je le sais bien. soupira le ninja aux yeux bleus avec un petit sourire mélancolique. Raison supplémentaire pour commencer tout de suite.
- Bonne réponse. approuva la grenouille.
~~~
- Bien, tu es prêt ?
Assis au sommet d'un pic acéré sur une dalle de pierre, Naruto poussait sa concentration à son paroxysme. Il acquiesça avant de commencer.
Il ferma ses yeux et plongea dans les profondeurs de son esprit. Il représenta sa volonté sous la forme d'un souffle de vent. Celui-ci balaya toutes les voiles parsemant sa conscience, chassant toutes les pensées futiles, n'épargnant que la porte et la pièce de son subconscient où vivait Kurama.
Il s'approcha de la porte avec satisfaction. Mais cette satisfaction, bien trop forte, brisa sa concentration, d'apparence pourtant inébranlable. Naruto émergea violemment de sa conscience et manqua de basculer dans le vide. Fukasaku le retint.
- Que s'est-il passé ? s'enquit le crapaud devant son air bougon.
- Je l'avais trouvé. J'ai été satisfait, un peu trop d'ailleurs, c'est pour quoi mon calme et ma concentration se sont envolés. grogna le jeune ninja, grimaçant.
- Recommence.
Le ninja réitéra l'opération plusieurs fois. Mais le résultat n'était guère différent ou presque, bien qu'il parvenait à maintenir la porte de plus en plus longtemps, ce que Fukasaku lui fit remarquer, dans l'espoir de le réconforter.
- Cela suffit pour aujourd'hui. Tu reprendras demain. Repose toi en attendant.
- Bien... accepta-t-il à contrecœur.
Sans un mot de plus, Naruto se laissa glisser agilement le long de son perchoir, l'air morose.
- Vexé ? supposa son démon face à cette attitude.
- Irrité. corrigea son hôte.
- Et peut-on savoir pour quelles raisons ?
- Mes amis sont peut-être aux portes de la mort et je suis quand même incapable de les aider et de sortir de ce maudit Genjutsu. s'énerva le ninja aux yeux couleur glacier.
- Calme toi. lui intima le renard. Je te ferai remarquer que de tous les ninjas piégés, tu es celui étant le plus proche de la sortie. ajouta-t-il.
- C'est censé me rassurer ?
Le kitsune poussa un long soupir désespéré.
- T'as-t'on déjà dit que tu étais désespérant, Naruto Uzumaki ?
Le reste de la journée, déjà bien avancée, se déroula dans le calme et sans l'ombre d'un souci, bien qu'il soit ironique de prétendre cela dans une telle situation. Naruto étudia et lut un grand nombre de livres du Mont dont le sujet portait sur la Volonté du Feu, espérant que cela lui apporte de l'aide, même minime.
Le lendemain, ce fut un Naruto déterminé qui grimpa le long des plus hauts pics du Mont. Mais le résultat ne différait que très peu de celui de la veille. Il y avait toujours quelque chose, aussi infime soit-elle, qui finissait par briser sa concentration. Toutefois, Naruto n'abandonnait pas. Il n'en avait pas le droit.
La nuit vint vite. Aussi quand la lune apparut, Naruto consentit à arrêter pour ce jour. Son visage vide de toutes émotions n'en était pas moins un excellent masque, et sous celui-ci, Naruto luttait pour ne pas s'abandonner à la tempête d'émotions qui se démenait en lui. La colère, la tristesse, la douleur, le regret, le ressentiment mais aussi le courage, la détermination et l'espoir. Toutes ces émotions paradoxales mêlées à sa force pure. Cette même force qui lui avait permis de lutter contre Kyubi quand celui-ci convoitait le contrôle de son corps. Que c'était dur de lutter... Qu'aurait-il donné pour s'y abandonner, pour renoncer à maintenir toutes ses émotions en ordre... Mais il n'en avait pas le droit. Il devait les dominer, peu importait les sacrifices que cela engendrait. Il se devait d'être fort. Mais que cela signifiait-il vraiment ? Il l'ignorait.
En proie à des conflits internes, il avala quelques baies sauvages en guise de dîner. C'était peu, certes. Mais il avait déjà connu pire. Et puis, s'il pouvait éviter un maximum les plats que lui préparait Shima... Avant d'aller se coucher : il devait être au meilleur de sa forme pour pouvoir ouvrir la porte...
... Ce qu'il reconnut rapidement comme étant une mauvaise idée : sans la moindre intervention extérieure, il refit exactement le même affreux cauchemar que l'autre jour par un mauvais tour de la part de son subconscient.
Il se réveilla en hurlant aux derniers mots de Sasuke. Tu aurais pu nous sauver...
L'eau de ses larmes vint se mêler à celle de sa sueur qui recouvrait son corps. Qu'avait-il fait pour en arriver là ?
Il se cacha le visage derrière ses mains, les yeux effarés. Il suffoquait, sa respiration s'affolait et devenait haletante. Naruto le sentait, il allait encore perdre le contrôle de ses émotions... Non ! Il devait se ressaisir. Il lâcha son visage et ferma les yeux. Le jeune homme inspira longuement puis souffla. Naruto recommença plusieurs fois avant que sa respiration ne commençât à s'approfondir puis à se stabiliser.
Épuisé par ce déroutant combat émotionnel, Naruto se laissa retomber sur le dos, face au plafond. Ne songeant pas une seule seconde à se rendormir, il contemplait ses mains. Celles-ci étaient couvertes de cicatrices. Certaines étaient très anciennes. Ses premières avaient été causées à ses débuts, à l'époque où il avait encore du mal à tenir un kunaï ou un shuriken sans se blesser. Le jeune homme sourit à cette pensée avant de se renfrogner. Cela lui paraissait si lointain... Une autre, bien plus large, ornait sa paume. En étant un Uzumaki, il avait une capacité de guérison innée, doublée de celle que lui procurait la possession de Kurama. Cependant cela ne l'empêchait pas de garder des cicatrices, et cela lui plaisait : chacune d'entre elles avaient une histoire et cela lui rappelait que chaque faux pas pouvait lui coûtait bien plus cher qu'une simple cicatrice... Mais aujourd'hui, elles étaient ses plus fidèles amies, ses alliées du silence. Murées dans le silence des ténèbres, elles étaient là, à l'écoute. Elles observaient, elles écoutaient en silence celui qu'elles ornaient fièrement, lui, ses douleurs et ses peines.
Cette large cicatrice était quant à elle un souvenir de sa toute première mission importante : la protection de Tazuna, ce vieil architecte qu'ils devaient, lui et ses compagnons de l'équipe 7, protéger du terrible Zabuza. Il s'était infligé cette douloureuse blessure dans la promesse de ne jamais rester en arrière et de ne plus se montrer peureux à l'avenir. Puis il en remarqua une autre entre son index et son majeur, rappel du combat qui avait réuni les trois sannins légendaires quand il avait affronté Kabuto, lors de sa première réussite du Rasengan.
Il en avait tant rien que sur ses mains... Cela le mena à se reposer cette question : que diable avait-il fait pour en arriver là ?
Il serra ses poings avec ardeur et rage. Il avait une petite idée sur la question...
Pour commencer, il était un hôte. Bien que cela lui semble être un privilège aujourd'hui, il avait tant souffert de ce statut dans le passé qu'il ne pouvait l'oublier : en tant que jinchuuriki, il ne pouvait avoir d'existence simple et ordinaire. Mais malgré cela, il avait réussi à faire de ce cauchemar une de ses forces, allant au-delà de sa situation, se faisant des amis, et outrageant l'une des règles que semblait fixer ce statut : un hôte était d'ordinaire seul, à la risée du monde. Il avait bravé cette règle, et quand il regardait aujourd'hui où cela l'avait mené, et bien il le regrettait, quitte à rester seul, car ses amis n'auraient jamais couru tant de risques et certains seraient toujours en vie à l'heure qu'il était. Il n'aurait, certes, jamais connu le bonheur, mais au moins le monde shinobi n'aurait pas sacrifié sa paix pour sauver sa vie à lui.
Ressentant l'effet néfaste de Madara sur lui, le jeune ninja extériorisa son chakra avant de replonger dans ses pensées quand une idée le traversa. C'était à cela qu'il devait penser pour se saisir de la porte. A tous les sacrifices qu'il avait causés, afin qu'ils ne soient pas vains.
Quand il se décida à mettre ses théories en pratique, les premières lueurs du jour perçaient à l'horizon. S'étant discrètement éclipsé de la maison des grenouilles, Naruto gravissait maintenant les pans de la montagne, seul, une dalle de pierre sous le bras. Il se devait de réussir. Pour ses amis encore debout, il n'avait pas le droit d'échouer.
Déterminé à réussir, il s'installa sur son pic et trouva l'équilibre avant de plonger dans ses pensées tandis que le soleil pointait à l'horizon.
Il trouva aisément la porte, désormais ce n'était plus un problème, maintenant il devait maintenir la porte. Alors qu'il s'approchait de la porte onirique, il songea à ses amis. Cela lui servait de motivation, mais sans pour autant défaire sa concentration, ce qui s'avérait être un immense progrès. Naruto ferma les yeux.
Pour eux.
Pour Neji.
Pour Shikaku et Inoichi.
Pour Konan.
Pour Nagato.
Pour Itachi.
Pour Jiraya.
Pour Asuma.
Pour Chiyo.
Pour Hiruzen.
Pour Haku et Zabuza.
Pour ses parents.
Pour les sept hôtes défunts.
Pour chacun des shinobis peuplant cette Terre.
C'est avec cet esprit qu'il toucha la poignée de la porte. Le pommeau était si lisse qu'il en était doux mais le froid du métal était mordant. Il s'agissait du premier contact physique qu'il avait avec cette porte. Paradoxalement, cela l'emplit d'une chaleur douce et agréable, allant bien au-delà du froid opéré par le métal sur sa paume. Cette vague d'ondes positives était porteuse de chaleureux souvenirs qu'il avait oubliés pour la plupart... Une onde de bonheur l'envahit. Un sourire béat aux lèvres, il aurait souhaité rester ici pour l'éternité. Mais la froide et dure réalité le rattrapa vite. Il se ressaisit. Non. Il devait avancer.
L'enfant aux yeux azur poussa la poignée, déterminé, mais à peine l'eut-il fait que celle-ci le rejeta violemment de sa conscience. Surpris, le ninja vacilla et perdit l'équilibre. Il poussa un cri de terreur avant de basculer dans le vide.
L'air sifflait dans ses oreilles. Les dents serrées, il créa un clone afin qu'il se rattache quelque part afin d'amortir sa chute mais il se fit déporter sur le côté et s'encastra dans un pic, ne lui étant d'aucune utilité. Le sol se rapprochait vite... Et dangereusement. Il s'apprêtait à utiliser le fuuton pour amortir sa chute bien qu'il avait peur que cela ne suffirait pas à stopper sa chute quand une langue visqueuse et résistante s'enroula autour de son torse, le retenant et arrêtant sa chute. Naruto se tourna vers son sauveur, soulagé et aperçut son mentor grenouille, Fukasaku, perché sur un pic non loin de celui sur lequel il se trouvait quelques instants plus tôt. Tandis que celui-ci le déposait délicatement sur le sol, Naruto crut déceler sur le visage du crapaud une expression de fierté.
- Tu as réussi. Bien joué Naruto.
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