Ils avaient tous vu le corps de Naruto chuter inexorablement vers sa perte.
Ils avaient tous senti la précipitation irréfutable de Naruto vers sa mort.
Mais ils l'avaient tant redouté...
Les dix-sept ninjas s'étaient tous tournés vers celui qu'ils étaient venus sauver en chœur, tel un seul homme, comme après avoir reçu un signal commun, laissant leurs ennemis prendre le dessus le temps d'une seconde.
Tous savaient qu'il ne survivrait pas à une telle chute mais personne n'était prêt à l'accepter.
D'un seul mouvement, tous voulurent accourir à son secours, laissant à leurs ennemis une ouverture pouvant leur être fatale, mais même l'Eclair Jaune de Konoha arriva trop tard.
Son frêle corps heurta alors le sol d'un bruit sec et sourd. Le temps se figea, les couleurs se ternirent, le soleil s'éteignit et les sons se turent.
Les secondes qui succédèrent le choc relevèrent du plus grand des chaos. Écumant de rage, de haine et de douleur, les dix-sept reprirent leurs dangereux combats avec ardeur, en prenant des risques inconsidérés, laissant leurs sentiments prendre le dessus.
Minato, couvert par Tsunade, se précipita vers le lieu où son fils était tombé. Tombant à genoux à ses côtés, il le prit contre lui.
- Naruto ! Naruto, je t'en supplie réponds moi ! s'égosillait le quatrième Hokage, laissant de côté son statut de Kage et se laissant envahir par ses instincts paternels.
Les traits rongés par l'inquiétude, il serra son fils contre lui, laissant éclater sa souffrance. Le Namikaze écarta des mèches de son front. Le visage de son fils semblait si paisible, si l'on omettait le sang dont il était couvert.
Du liquide vermeil s'échappait de ses lèvres entrouvertes et coulait sur ses joues couvertes de poussière. Ses cheveux blonds étaient, pour certains, écarlates, l'arrière du crâne s'étant ouvert lors de sa chute et ses mèches de devant tombant sur son front sanglant. Ses bras et jambes étaient comme lestées, ne répondant plus de rien, encore marquées par son combat contre Pain. En ce qui concernait son corps en lui-même, affirmer qu'il était fragile et blessé relevait de l'euphémisme, chacun de ses os ou presque s'étant cassé. Et sa peau... C'est avec effroi que Minato constata qu'elle était glacée.
Toute trace de vie semblait avoir quitté son corps. Et pourtant, non. Minato refusait de croire que son fils ne se réveillerait plus.
Tsunade, témoin de ce bien triste spectacle, sentit son cœur se serrer et ses yeux s'embrumer. Naruto était le dernier d'une longue suite de tragédies et de malheurs dont elle était l'origine. Son petit frère, Nawaki, son amant, Dan, son ami le plus fidèle même s'il était bien plus à ses yeux, Jiraya, et maintenant le disciple de son tant regretté camarade, celui en qui elle avait tant d'espoir et qu'elle considérait comme son petit fils, Naruto. Une longue série de drames et de catastrophes dont elle était la source avait emporté vers la mort trop de personnes. Aucun d'eux ne l'avait mérité. Tous étaient partis bien trop tôt.
La sennin se mordit la lèvre inférieure, refoulant péniblement toute la tristesse et la colère, douloureuses camarades de route qu'elle accompagnait depuis longtemps déjà, ainsi que ses pulsions destructrices. Elle aurait donné cher pour pouvoir envoyer un violent coup de poing dans la statue qui semblait les narguer.
Elle renifla. Elle devait se calmer et assurer son statut de médecin ninja. Mais lorsque ses yeux se posèrent à nouveau sur l'Hokage aux yeux ruisselants de larmes qui berçait doucement son fils inanimé dans ses bras, lui murmurant à l'oreille des mots doux que Tsunade savait qu'il n'entendrait jamais, une boule se forma dans sa gorge et elle s'apprêtait à s'abandonner aux larmes quand un lointain souvenir lui revint.
Occupe toi de ta mission Tsunade. Orochimaru et moi, on se charge du reste ! fit la voix enjouée et lointaine de Jiraya, depuis les tréfonds de son esprit.
La petite fille d'Hashirama ferma les yeux et laissa son souvenir l'envahir...
~ C'était lors de la Deuxième Grande Guerre. Son unité, Jiraya, Orochimaru et elle-même, était partie sur ordre du Hokage à la rencontre d'un groupe de Konoha en mauvaise posture. Bien qu'Orochimaru s'était montré réticent, le célèbre trio se rendit sur les lieux.
L'unité en détresse, composée de cinq membres, était en mission de reconnaissance et était tombée dans un piège de l'ennemi. Celle-ci s'était réfugiée dans une caverne protégée par de lourds arbres ployant sous le poids de leurs larges feuilles. Le crissement des feuilles mortes sous leurs pas semblait assourdissant. Jiraya grimaça.
- Avec tout ce boucan, l'ennemi va nous repérer, marmonna le jeune ermite.
- Tais-toi Jiraya, cingla Orochimaru en confirmant ses dires.
Tsunade soupira.
- Dépêchez vous au lieu de vous chamailler, soupira-t-elle en pénétrant dans la caverne prudemment.
Alors que Tsunade était attentive aux endroits où elle posait les pieds bien que la pénombre n'arrangeait rien, Jiraya glissa près de cinq fois à cause des pierres roulantes dont était jonché le sentier. Le sol accidenté et la basse voûte rocheuse semblaient s'être alliés contre l'ermite aux crapauds. En effet, le sennin à la chevelure immaculée s'était, par trois fois, cogné le crâne contre le bas plafond rocheux de la galerie souterraine, due à son imposante stature.
Jiraya frotta énergiquement la zone douloureuse en poussant un grognement auquel Orochimaru répondit par un claquement de langue agacé.
- Vous n'avez pas bientôt fini vos gamineries tous les deux ? pesta Tsunade, agacé par le comportement infantile de ses deux compagnons. Ils sont là, ajouta-t-elle en pointant du doigt une lueur.
La galerie s'élargissait sur une vaste cavité souterraine dans laquelle cinq shinobis demeuraient, aux aguets. Deux d'entre eux semblaient blessés bien qu'à cette distance Tsunade ne pouvait estimer la gravité de leur état, deux autres s'occupaient d'eux et le dernier veillait. Lorsqu'il les vit, celui-ci se précipita dans leur direction tandis que Tsunade vint secourir les blessés.
- Par tous les Kages, merci, vous êtes là.
Orochimaru soupira.
- On aurait mieux fait d'être assigné à une autre mission, bougonna le serpent.
Jiraya lui lança un violent coup de coude dans les côtes auquel le brun répondit par un regard noir. L'ermite l'ignora et s'adressa en souriant à celui qui était venu à leur rencontre.
- Ne vous en faites pas, on va vous tirer de là, lui assura-t-il en lui posant une main réconfortante sur l'épaule.
Alors que l'anxiété quittait le visage des cinq rescapés, une détonation leur ôta le sourire.
- Des ninjas d'Iwa, les informa Orochimaru, les sens en alerte. Ils sont une douzaine, je sens leur chakra. Ils ont dû nous repérer.
Il se tourna vers Jiraya, avec un petit air condescendant.
- Si tu avais fait moins de bruit, ils ne nous auraient pas repéré.
L'intéressé croisa les bras devant lui dans une moue irritée.
- C'est bon, tu vas pas remettre ça.
Puis il adressa un sourire rassurant accompagné d'un clin d'œil aux rescapés anxieux.
- Ne vous en faites pas, on s'occupe de tout, assura-t-il avant d'ajouter à l'attention de son camarade, pas vrai ?
Orochimaru soupira avant d'acquiescer. Tsunade bondit sur ses pieds.
- Je viens.
- Non, rétorqua l'ermite. On a besoin de toi ici. Un médecin ninja doit avant tout rester en arrière et ne pas s'exposer, n'est-ce pas ? En plus, ajouta-t-il en désignant les deux ninjas mal en point, ils ont besoin de toi.
- Mais... protesta la jeune femme.
- Occupe toi de ta mission Tsunade. Orochimaru et moi, on se charge du reste ! la coupa-t-il avec un sourire rayonnant tandis qu'Orochimaru hochait la tête d'un air distrait.
Tsunade rendit les armes.
- Très bien... Faites attention à vous les amis.
- Ne t'en fais pas, répondit Orochimaru. Je n'ai pas l'intention de mourir et j'ai l'impression que Jiraya non plus... soupira-t-il.
L'intéressé éclata de rire.
- Tu ne crois pas si bien dire.
Les deux compères se dirigèrent vers l'entrée de la grotte sous le regard bienveillant de Tsunade.
Merci les amis. ~
Occupe toi de ta mission Tsunade. Orochimaru et moi, on se charge du reste !
Tsunade rouvrit les yeux et ils se posèrent à nouveau sur le tableau pitoyable du père et de son fils. La Senju secoua la tête. Elle devait faire quelque chose. Oui, elle devait accomplir sa mission, la mission d'un ninja-médecin.
Elle décida d'intervenir.
- Minato, lâche-le. Étends le, je vais l'examiner. Rien... Rien n'est encore perdu, assura-t-elle d'une voix tremblante qui démentait ses propos.
L'Hokage obtempéra en ravalant ses larmes, trop heureux à l'idée de savoir que tout espoir n'était pas perdu.
La sennin se pencha sur le corps de Naruto en retroussant ses manches sous le regard anxieux du Namikaze et l'inspecta en passant au-dessus de son corps une main auréolée d'une aura verte. Après de longues secondes d'angoisse profonde, quel fut son soulagement lorsqu'elle perçut les battements, bien qu'imperceptibles, du cœur de Naruto.
Si son cœur était encore fonctionnel, ses os en revanche étaient en miettes et ses organes vitaux étaient gravement endommagés. De plus, il était complètement à bout de chakra et pourtant, Shinigami, le dieu de la mort, n'avait toujours pas voulu de lui et avait refusé de lui offrir l'accès à son royaume, au grand soulagement de Tsunade. Toutefois, il n'échappait pas à la sennin que si rien n'était fait, Naruto pourrait vraiment partir vers cette sombre contrée où il y rejoindrait Jiraya, Dan et Nawaki.
Refusant cette éventualité alors que Naruto avait une chance d'être sauvé, Tsunade posa ses mains nimbée d'un doux halo vert sur sa poitrine, afin de lui livrer les premiers soins.
- Minato, il est encore sauf pour l'instant. Naruto a encore une chance d'être sauvé. Il faut le ramener à Konoha, conclut-elle.
Minato essuya les sillons de ses larmes d'un revers de la main, avant de retrouver son habituelle attitude calme et posée.
- Très bien, je t'y renvoie tout de... ATTENTION ! s'écria-t-il en fixant la chevelure rousse qui se dressait dans le dos de Tsunade en préparant un Rasengan dans sa main droite.
Il s'élança au devant de la blonde et vint organiser la rencontre de son Rasengan luisant avec Pain, bien que celui-ci esquiva souplement l'attaque.
Les deux adversaires se toisèrent de longues secondes. Minato serrait fermement dans son poing un de ses kunai spatio-temporel, comme pour s'y raccrocher afin de ne pas succomber à ses émotions. Pain, quant à lui, serrait un bâton de chakra dans sa main, masquée par l'ample et lourde manche de son manteau, le visage impassible, ne trahissant aucune émotion. La tension entre les deux ninjas était palpable.
- Nous avons besoin de son corps, Hokage, articula d'une voix morne le pantin.
L'Hokage grinça des dents et raffermit encore un peu plus sa prise sur son kunai à s'en faire blanchir les jointures.
- Tu ne toucheras pas à un seul des cheveux de mon fils, rétorqua Minato d'une voix glaciale, ses yeux azurs tendant vers le bleu glacier au cœur desquels brillait une puissante lueur de détermination.
Alors que l'avatar de Pain s'apprêtait à riposter, une masse de sable lui tomba dessus. Le ninja qui en était la cause atterrit accroupi aux côtés de son confrère de Konoha.
- Tout va bien ?
- Je te remercie Gaara.
- Et comment va Naruto ? s'enquit le Kazekage dont le ton trahissait une véritable inquiétude.
- Mal... répondit l'Hokage, une boule coincée au fond de sa gorge. Tsunade est avec lui. Selon elle, il a une chance de s'en sortir.
Il lui tendit son kunai.
- Tiens, prends ce kunai. Établi un contact avec Tsunade et Naruto. Je vais vous ramener à Konoha.
Le jeune ninja secoua la tête, désapprobateur.
- Non, je reste, répliqua fermement le Kazekage. Kankuro s'en chargera.
Pour confirmer ses dires, il appela son frère aîné. Celui-ci croisa le regard de Gaara et comprit en une fraction de seconde. Tandis que son jeune frère lui envoyait le kunai du Yondaime, il s'élança dans les airs et le récupéra avant d'attirer Tsunade et Naruto à lui grâce à ses fils de chakra.
Mais c'était sans compter Sasuke qui, en prise avec Neji et Tenten, abandonna ses adversaires pour s'élancer vers les fils de Kankuro qui retenait Naruto qu'il trancha.
Son cœur se serra à la vue du malheureux état du corps de Naruto. Cette fois-ci, s'en était bien fini de lui. Cela semblait être un fait que Sai n'était pas prêt d'accepter puisqu'il récupéra le corps inanimé du blond sur un de ses oiseaux d'encre sur lequel il se trouvait, au détriment de Sasuke, bien qu'au fond de lui, il en était rassuré.
Kankuro et Tsunade se posèrent aux côtés de Sai. Le fils de l'ancien Kazekage tendit le kunai que lui avait confié Gaara à l'ancien membre de la Racine.
- Ramène les à Konoha, lui souffla-t-il en lui confiant l'arme.
- Compte sur moi.
Kankuro sauta de l'oiseau, retournant aux combats. Il aperçut du coin de l'œil Shikamaru et Temari, combattant dos à dos trois des avatars de Pain. Le manipulateur de marionnettes décida de leur prêter main forte.
Minato leva les yeux vers l'oiseau de Sai où il percevait les chakras de Sai, Tsunade et celui presqu'imperceptible de Naruto. Lorsqu'il sentit tout leur chakra au travers du kunai qu'il leur avait confié, il exécuta le signe rupture tandis que Gaara le protégeait des attaques de Pain, les renvoyant à Konoha.
- Nous avons accompli notre mission, glissa-t-il à son homologue des sables entre deux esquives. Il est tant de songer à se retirer.
- Je sais bien, concéda l'ancien jinchuriki en levant un mur de sable pour les protéger d'une attaque, mais cela risque d'être un peu compliqué.
- J'ai peut-être une idée, souffla le Namikaze peu après en bloquant un des bâtons de chakra avant d'envoyer un coup de pied dans le torse de Pain. Ino, tu m'entends ?
- Oui maître Hokage ? s'enquit la télépathe.
- Envoie l'ordre de repli à tous et met moi en relation avec tout le monde.
- Bien reçu.
- Ne soyez pas surpris, j'ai pris le soin de placer sur chacun de vous une balise spatio-temporelle. Cela me nécessitera une quantité colossale de chakra et je ne peux vous dire quand la technique sera prête. Tenez vous prêts.
Minato se tourna vers Gaara.
- Je serai vulnérable tout le temps où j'amasserai du chakra. Je ne maîtrise pas très bien le niveau quatre du Vol du Dieu de la Foudre, aussi cela risquera de me prendre du temps.
Gaara acquiesça.
- Ne vous en faites pas, je vous couvrirai.
Minato le remercia avec un sourire avant de s'asseoir en tailleur. Il joignit ses mains et ferma les yeux tandis que son compagnon faisait face à Pain.
Gaara tandis ses deux mains vers lui et laissa son sable envelopper son adversaire, avant de les joindre dans un claquement sonore.
- Ce petit jeu a assez duré... LE TOMBEAU DU DÉSERT !
Dans un craquement suivi d'un bruit de succion, le corps de Pain se fit broyer par la pression du sable contrôlée par Gaara.
- Un de moins, soupira le Kazekage en relâchant son sable.
Une ombre rousse, Pain Jigokudô, passa devant le Kage. Perplexe, Gaara leva un rempart de sable autour du Hokage, observant les faits et gestes de son nouvel ennemi. Celui-ci semblait ne prêtait attention qu'au corps mutilé de Tendô.
Les sens en alerte, Gaara se faisait complètement ignorer par le pantin et il en profita pour l'observer. Le nouveau venu invoqua le Roi des Enfers où il plaça dans sa bouche le corps de Tendô. Curieux, Gaara observa avec attention la curieuse invocation avant d'observer avec stupeur Pain Tendô ressortir de la bouche de la statue, intact, sans la moindre blessure. Le Kage se renfrogna.
- Je vois... Shikaku Nara avait raison. Ils ne sont pas humains, seulement manipulés, marmonna-t-il pour lui-même.
Alors qu'il se préparait à une éventuelle attaque, la voix de Minato lui parvint.
- C'est bon ! Tenez vous prêts ! prévint le Namikaze avant de s'écrier : Le Vol du Dieu de la Foudre, Niveau Quatre !
Sa voix résonna dans la caverne, couvrant tous les bruits de combats. Puis, tous les shinobis venus sauver Naruto disparurent en un chuintement sous le regard impassible de Pain.
Du côté de Tobi, seul du mépris transparaissait dans son unique pupille.
- Ils le payeront... fulmina-t-il.
~~~
Les ninjas réapparurent sur la falaise des Hokages. D'ici, ils avaient une vue dégagée sur le village, enfin, de ce qu'il en restait. Konoha gardait de profondes cicatrices de l'attaque de Pain, il y avait presque une semaine de cela. L'immense cratère dans lequel Naruto s'était battu était déjà foisonnant de nouvelles habitations de bois. Les décombres des anciens bâtiments balayés par Pain avaient été nettoyés. Les enseignes administratives étaient assurées par des petites mais robustes constructions de bois, le temps que leur véritable siège soit reconstruit. Le seul bâtiment déjà opérationnel était l'hôpital. Konoha ayant essuyé beaucoup de pertes et de dommages du point de vue humain, ils avaient été obligés de primer sa construction, en parallèle de l'opération de repérage du quartier général de l'Akatsuki qu'ils se devaient de débusquer s'ils souhaitaient retrouver Naruto à temps. Maintenant que c'était fait, Minato ne regrettait en rien la construction de l'hôpital, en vue de l'état dans lequel il avait récupéré son fils. De plus, Kushina et Kakashi s'étaient retrouvés gravement blessés après à l'attaque et le Namikaze n'ignorait en rien la profonde défaillance mentale que lui procurerait la mort de son dernier élève et de son épouse, sans compter celle de son fils. Il ne pouvait que remercier les ouvriers et Yamato qui avaient tout mis en œuvre pour achever le plus rapidement possible la reconstruction.
L'Hokage tituba en grimaçant. Il porta une main à sa tête avant de tomber à genoux. Sa technique lui avait demandé beaucoup trop de chakra.
- Maître Hokage ! s'écria Sakura en s'agenouillant à côté de lui. Vous devriez vous reposer, je vais vous examiner. Vous avez utilisé trop de chakra, tenez vous tranquille.
Minato la repoussa doucement.
- Non Sakura, cela attendra. Naruto est plus important. Viens avec moi.
Il lui attrapa délicatement le poignet et ignorant ses précédentes recommandations, il les téléporta au nouvel hôpital où Sai et Tsunade avaient amené Naruto. Le bâtiment était plus grand que le précédent, bâti sur quatre étages sous la forme d'une large et haute demi-sphère.
Arrivés devant l'établissement médical, Minato vacilla à nouveau et s'appuya contre un des murs de l'hôpital sous le regard soucieux de Sakura. Ignorant ses vertiges, l'Hokage entra en fracas dans le bâtiment imité par la jeune fille.
Il y régnait le chaos des plus désolants. Des dizaines de médecins et d'infirmières se ruaient dans tous les sens. L'hôpital étant plein à craquer, et toutes les chambres étant occupées par d'innombrables blessés rescapés de l'attaque, le personnel hospitalier était surmené.
Au fond du hall d'entrée circulaire, derrière le désordre ambiant, une hôtesse en charge de l'accueil croulait sous la paperasse. Minato et Sakura fendirent à force de coups de coude l'essaim de soignants pour parvenir à l'hôtesse. Le Namikaze ne put retenir plus longtemps ses instincts paternels et laissa cette impulsivité l'emporter sur son statut d'Hokage. Il posa violemment ses mains sur le comptoir, faisant sortir de sa torpeur la femme qui sursauta brusquemment, levant les yeux de ses innombrabres papiers. Elle se leva et exécuta une petite révérence en s'excusant.
- Toutes mes excuses, Maître Hokage, je ne vous avais pas vu. Que puis-je faire pour vous ?
- Où est Naruto ? s'écria-t-il, omettant toutes formules de politesse.
La femme feuilleta ses feuilles en remontant ses lunettes.
- Voyons voir... Naruto Uzumaki... Salle d'opération 38, les informa-t-elle en relevant la tête vers eux.
Sakura, ayant participé au réaménagement de l'hôpital, voyait à peu près où se situait cette salle. Elle attrapa le bras de l'Hokage tandis que celui-ci remerciait l'hôtesse.
- Suivez moi !
Après avoir emprunté un escalier puis une succession de couloirs qui semblaient interminables aux yeux de Minato, la pièce en question apparut sous leurs yeux. Arrivés devant sa porte, l'Hokage n'osait l'ouvrir. Sakura s'en chargea.
- Ne vous en faites pas, il est fait de fer et d'acier, le rassura-t-elle, une main sur la poignée. Ce n'est pas la première fois qu'il se trouve dans un état critique et ce ne sera surement pas la dernière. Il s'en remettra.
Minato hocha la tête, essayant de chasser ses doutes.
- Tu as sans doute raison.
La jeune ninja poussa la porte et ils entrèrent. Leur sang se figea. Etendu sur une table d'opération sous un appareil respiratoire, il était là. Une nuée de médecins en blouse blanche l'entourait sous les ordres de Tsunade. Celle-ci, le visage éclairé par un écran qui retranscrivait l'état physique de Naruto sous tous les angles, n'avait pas encore remarqué l'arrivée de sa disciple et du Hokage, ceux-ci étant obnubilés par Naruto. Ses blessures paraissaient bien plus terribles à la lueur de la lumière blanche qui s'échappait des luminaires branchés au-dessus de lui. Les yeux terriblement clos, une faible pellicule de buée recouvrait son masque respiratoire. Au travers de celui-ci, ses lèvres entrouvertes semblaient trembler et le sang qui s'en était échappé avait séché sur son menton et maculait ses joues, masquant les moustaches qui les ornaient habituellement. Ses mèches blondes, étalées autour de sa tête tel un halo de lumière, étaient tachées, pour la plupart, de l'éternel liquide écarlate. Celles qui avaient échappé à la substance vermeille semblaient ternies, comme si l'étincelle de vie de leur détenteur les avait quittées. Son visage de chérubin semblait si paisible et si proche de la mort. Son corps était enveloppé d'une blouse médicale, masquant ses blessures. Mais la couleur écarlate qui la tachait à plusieurs endroits ne mentait pas.
Sakura sentit sa vue se brouiller à la vue de l'état désolant de son meilleur ami. Ses poings se crispèrent. Qu'avait-il donc fait pour mériter ça ? Pourquoi le destin s'acharnait-il tant contre lui ? Les yeux embués de larmes, elle se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas hurler.
Minato n'était pas dans un meilleur état. Les poings serrés à s'en faire blanchir les jointures, ses yeux étincelaient de colère et de rage, lui-même brûlant de frustration et d'ire.
- Ils le payeront... fulmina-t-il, tremblant de fureur.
Tsunade releva la tête et apostropha Sakura.
- Sakura prépare-toi, nous avons besoin de tout le personnel nécessaire.
La jeune fille refoula ses larmes, hocha fermement la tête et s'éclipsa avant de réapparaître avec sa tenue de médecin. Elle vint se poster parmi les médecins tandis que sa maîtresse s'approchait de Minato, resté sur le seuil de la porte, les yeux rivés sur son fils.
Tsunade posa une main sur son épaule.
- Tout ira bien pour lui. Il est entouré des meilleurs médecins de Konoha, nous allons le ramener parmi nous, lui assura-t-elle, faisant preuve de toute l'assurance dont elle était capable, bien qu'elle-même n'était sûre de rien.
Son interlocuteur hocha la tête, la gorge nouée.
- Ne t'en fais pas, tu peux retourner à ton poste, ajouta-t-elle, Konoha a besoin de toi.
- Très bien, je vais y aller dans ce cas.
Alors qu'il s'apprêtait à tourner les talons, Tsunade précisa.
- Au fait, Kushina et Kakashi sont presque à nouveau sur pieds, si tu veux leur rendre visite...
Les yeux brillants d'espoir, Minato acquiesça.
- Où puis-je les trouver ?
La sennin légendaire sortit un papier de sa poche et le lui tendit. Le Namikaze le déplia. C'était un plan de l'hôpital.
- Kakashi est dans la chambre 263 et Kushina dans la 341.
- Merci Tsunade.
L'Hokage s'éclipsa et suivit le plan. La chambre 341 était au troisième étage. S'il en croyait la carte, il était au premier étage. Il se rendit en courant à la chambre où résidait son épouse. Lorsqu'il ouvrit la porte, celle-ci était debout devant sa fenêtre, les yeux perdus dans l'horizon. Ses longs cheveux rouges n'ayant aucunement perdu de leur superbe retombaient dans son dos. Un bandage lui entourait le front et deux autres serraient chacun de ses bras.
- Kushina ! s'écria-t-il avant de se précipiter vers elle pour la prendre dans ses bras.
Surprise, celle-ci lâcha un petit cri de surprise.
- Minato ! Tu aurais pu t'annoncer, tu m'as fichu une de ses frousses... le gronda-t-elle gentiment.
Celui-ci s'excusa en se frottant nerveusement l'arrière du crâne. Son épouse sourit avec bienveillance avant que ses sourcils ne se froncent d'inquiétude.
- Alors ? Naruto est sauf ? Vous l'avez libéré ?
Le visage de Minato s'assombrit, ce qui ne fit que renforcer l'anxiété de sa femme.
- Qu'y a-t-il ? s'enquit-elle en lui prenant les mains. Tu me fais peur...
Il s'asseya sur le lit.
- Il est dans un état critique... souffla-t-il.
Le visage de l'Uzumaki se décomposa.
- Non... nia-t-elle alors que ses yeux s'embuaient. Pitié, dis moi qu'il va s'en sortir.
- Tsunade m'a assuré que oui, mais il est si blessé... Même si c'est un miracle que l'extraction ait été interrompue à temps, il était déjà blessé par son combat contre Pain. Ses blessures n'ont pas cicatrisé, et tu sais tout comme moi que ça ne présage rien de bon. Et puis il y a eu sa chute... ajouta-t-il la voix brisée.
Elle serra doucement ses mains, l'invitant à poursuivre.
- Je ne sais pourquoi, ni même comment il a réussi, mais son corps s'est entouré d'un manteau de chakra qui lui a permit de voler jusqu'aux yeux de la statue où il les a crevé les uns après les autres, libérant le chakra des bijuus. Puis il... il est tombé. D'un côté, j'ignore comment il a pu survivre sans l'intégralité de Kyubi, même avec son patrimoine génétique. Mais de l'autre, je ne sais pas s'il survivra... murmura-t-il dans un souffle.
Les mains de Kushina se crispèrent autour de celles de son mari.
- Laisse-moi aller le voir.
Minato secoua la tête.
- Non. Pas dans ton état. Et puis, Tsunade et ses médecins ont besoin de toute leur concentration, tu comprends... argumenta-t-il avec douceur.
La femme à l'étincelante chevelure carmin ferma les yeux pour chasser ses larmes et hocha tristement la tête. Le blond lui embrassa avec douceur le front enveloppé de son bandage.
- Faisons leur confiance.
Les lèvres tremblantes de Kushina dessinèrent un pâle sourire, tandis que Minato se levait.
- Repose-toi, tu as encore besoin de repos. Je viendrais te donner de ses nouvelles.
- Merci, lui souffla-t-elle en s'étalant dans le lit pendant que Minato fermait la porte de sa chambre avec douceur.
Le poing serré sur la poignée, il serra les dents avant de se détourner de la porte. Il ressortit le plan de l'hôpital et se dirigea vers la chambre 263, au deuxième étage. Il y trouva son dernier élève assis sur le rebord de sa fenêtre, son éternel livre Le paradis du batifolage à la main. On lui avait ôté son bandeau, ses mèches argentées retombant sur son front en bataille. Il n'avait pas remis sa veste verte de ninja, ne gardant que le haut sombre raccordé à son masque ainsi que son pantalon habituel de la même couleur.
Son œil valide se détourna de son livre pour se poser sur Minato, celui-ci toujours sur le seuil de la porte. Il referma son livre et sauta sur le sol.
- Alors ? Vous avez ramené Naruto ? Il est sauf ? s'enquit le maître de l'équipe 7, soucieux.
L'Hokage entra dans la pièce de son disciple et s'adossa contre un pan de mur face au Hatake. Celui-ci s'asseya sur le lit et plongea son regard dans celui de son maître, attendant son récit.
- Nous avons ramené Naruto avant la fin de l'extraction.
Kakashi poussa un profond soupir de soulagement.
- Par tous les Kages, merci, il est sauf.
A ses mots, Minato esquissa une grimace qui n'échappa pas au ninja argenté qui haussa un sourcil. L'Hokage soupira devant le regard inquisiteur de son élève qui sentait une taupe et ferma les yeux en serrant les poings.
- Il... Il a fait une chute de plusieurs dizaines de mètres alors qu'il avait déjà de nombreuses blessures graves. Son état était critique, il était aux Portes de la Mort. Mais par je ne sais quel miracle, il était toujours vivant. Selon Tsunade, il va s'en sortir. Mais dans quel état...
Il serra ses dents tandis que l'unique prunelle de Kakashi tremblait dans son orbite. Celui-ci se prit la tête entre ses mains.
- Non... Naruto...
D'un geste rageur, il frappa le matelas de son lit avec son poing.
- J'aurai dû venir avec vous ! Naruto est mon élève, et c'est un camarade par-dessus le marché. S'il avait dû... S'il avait dû disparaître lui aussi, je... je ne m'en serai pas remis. Pas cette fois. Pas après Obito, Rin, Itachi et Sasuke... ajouta-t-il dans un souffle, la voix brisée.
Minato rouvrit tristement les yeux. Kakashi avait beau occulté cette facette avec un masque d'impassibilité, son maître savait bien qu'il avait très mal vécu le départ et la disparition d'un bon nombre de ses camarades.
- J'aurai dû venir... répéta-t-il en martelant le matelas de son poing avec rage.
Son maître s'approcha silencieusement de lui avant de lui poser une main paternelle sur l'épaule, faisant taire les tremblements de colère qui parcouraient le corps de son disciple.
- Tu n'as rien à te rapprocher, Kakashi. Rien n'est arrivé par ta faute. De plus, ta présence n'aurait sûrement rien changé à l'issue de la mission, lui souffla-t-il, tâchant de le rassurer. A cela il faut ajouter que tu ne t'es pas encore rétabli de tes blessures. Tu n'aurais pas été au meilleur de ta forme et tu aurais même peut-être pu y passer. Ne t'en veux surtout pas, c'était la meilleure chose à faire.
Kakashi desserra son poing et releva la tête vers son maître.
- Vous avez sûrement raison, comme toujours après tout. Mais je ne peux m'empêcher de...
- Dis-moi Kakashi, le coupa l'Hokage. Crois-tu que Naruto apprécierait de te voir dans cet état ?
Le ninja s'arrêta net devant la véracité des paroles de son maître. Ses épaules s'affaissèrent.
- Non c'est certain, admit-il.
Son instructeur esquissa un sourire.
- Et puis, faisons confiance à Tsunade et ses médecins, lui intima-t-il avant de se tapoter la tête. Il a la tête dure, et comme Sakura me l'avait dit avec tant de conviction, il est fait de fer et d'acier. Il en a vu d'autres et il en verra d'autres encore.
L'argenté sourit tristement.
- Vous avez raison maître, répéta-t-il pour la seconde fois.
- Allez, ne te fais pas du mouron pour lui et repose toi, ajouta-t-il avec un clin d'œil avant de se justifier. Il vaudrait mieux que tu sois en forme quand Naruto recouvrira ses esprits. Je n'imagine pas sa joie lorsqu'il verra son sensei préféré en pleine forme.
Puis, son visage se durcit brusquement. Il tourna le dos à son élève et sortit de la pièce, l'air sombre, une froide détermination qu'il ne lui avait jamais vue se lisait sur ses traits, contrastant avec l'humour qu'il avait employé juste avant, inquiétant Kakashi de la santé de son maître.
- Eux, en revanche, ils le payeront...
Acte I : Fin
Je vous achève la première partie de cette histoire avec ce petit (long) chapitre. Je me laisse une petite pause avant la publication de la suite, histoire que j'avance dans les chapitres pour pouvoir les publier au même rythme que les premiers. Cela dit, je tiens à vous informer que les chapitres de la deuxième partie seront plus longs que ceux de la première, à bon entendeur.
Et enfin, merci infiniment, déjà 79 petites étoiles et 1K de vues, c'est énorme, merci beaucoup vous êtes géniaux ❤
Et puis, je radote peut-être mais c'est pas grave, n'hésitez surtout pas à commenter et à me donner votre avis ^^
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