Credit image : OlympeDeam12
Je m'excuse pour le dessin et pour sa faible qualité mais il date un peu (je l'ai fait peu après avoir écrit ce chapitre, soit en Septembre dernier, et mon style de dessin a pas mal évolué depuis) mais je le trouvais très représentatif.
En ce qui concerne ce chapitre, il m'a donné pas mal de fil à retordre... J'ai pas mal modifié ma version originale mais je suis plutôt satisfaite du résultat. J'espère qu'il vous plaira autant qu'à moi !
Bonne lecture !
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Le jeune renégat de Kiri sifflotait nonchalamment, les mains dans les poches auprès de sa camarade, les deux suivant un long couloir faiblement éclairé des souterrains du quartier général de l'Akatsuki.

- Karin, tu es sûre de ce que tu avances ? s'enquit le jeune Hozuki d'un ton traduisant un profond ennui.

La jeune rousse remonta ses lunettes avec impatience de sa main droite tandis qu'elle tenait un flambeau à la flamme vacillante de l'autre.

- Bien sûr, pauvre imbécile, pesta l'Uzumaki en levant les yeux au ciel. Si le boss dit qu'ils l'ont capturé, c'est qu'il l'est vraiment.

Le bruissement de leur long manteau noir était le seul bruit trahissant le silence qui s'était installé entre eux que Suigetsu ne tarda pas à rompre, agacé.

- Et tu peux m'expliquer ce qu'on fait là alors ? Pourquoi veux-tu tant le voir, si tu crois Pain sur parole ? Attends, je suis sûr que c'est Sasuke qui t'as demandé de jeter un œil, pas vrai ? la taquina-t-il en lui donnant un coup de coude dans les côtes.

La jeune fille se tourna brusquement vers lui et lui envoya un grand coup de poing dans son visage railleur qui se liquéfia à son impact.

- Mais qu'est-ce que tu raconte face de poiscaille ! s'égosilla Karin en niant parfaitement les faits bien qu'une belle teinte écarlate colorait ses joues. Je... Je veux juste voir à quoi il ressemble, voilà tout ! Depuis le temps qu'on entend parler de lui... bougonna-t-elle pleine de mauvaise foi.

Suigetsu se tordit de rire.

- A qui vas-tu faire croire ça, sérieusement , hoqueta-t-il, hilare.

- Tais-toi ! vociféra la féroce jeune fille en lui administrant un second coup au même endroit que le précédent s'en pour autant faire taire le rire de l'ancien élève de Zabuza Momochi.

- On y est, constata-t-elle en s'arrêtant devant une grande porte de barreaux.

Suigetsu se rematérialisa, sa curiosité dépassant sa fierté. Il s'approcha des barreaux pour scruter du regard l'intérieur de la cellule tandis que Karin l'éclairait de sa torche.

Un jeune homme semblant gravement blessé s'y trouvait. Le déserteur plissa les yeux pour le détailler davantage.

On lui avait attaché ses mains par des menottes fixées au mur un peu au-dessus de sa tête, chacune des menottes étant séparée de l'autre par près d'un mètre d'écart. Ses chevilles étaient rattachées au sol par des chaînes, limitant les mouvements de ses jambes.

Le sujet d'expérience d'Orochimaru distingua la tête blonde du prisonnier inconscient tournée vers le sol, comme si tout son être se faisait aspirer par la gravité. Il portait un survêtement orange déchiré, troué, ainsi qu'un tee-shirt de mailles en lambeau, écarlate de son propre sang. Il semblait avoir perdu sa veste orangée. Son bandeau voyait sa plaque de métal avec le symbole de Konoha rayée de partout et son tissu déchiré au possible. Puis ses yeux s'attardèrent sur ses blessures. Ses mains semblaient trouées. Et son torse semblait avoir été transpercé plusieurs fois par la même arme ayant causé les blessures de ses mains tout comme ses jambes. Il n'apercevait pas son visage mais il y voyait du sang séché. Une grimace déforma son visage.

- Ils ne l'ont pas loupé celui-là... C'est quoi déjà son nom ? Naruto ? Et bien...Il est salement amoché, ils auraient pu moins l'abîmer tout de même, tu ne penses pas ? commenta-t-il en se tournant vers son acolyte. Euh... Karin ?

Cette dernière dévorait le prisonnier du regard, l'air stupéfait.

- Son chakra... C'est impressionnant. Il en possède une quantité phénoménale et pas seulement grâce à Kyubi. Sasuke ne fait pas le poids à côté, souffla-t-elle.

- Mouais, si tu le dis, admit-il avec une moue dubitative en haussant les épaules. Toujours est-il qu'il n'a pas fait le poids face à Pain. Bon, admire-le, si tu veux, moi je remonte.

A ses mots, il tourna les talons. Karin jeta un dernier regard au blond avant de suivre son camarade à contrecoeur, un nom hantait son esprit.

Naruto Uzumaki...

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Naruto repris lentement conscience quelque temps plus tard, les paupières aussi lourdes que des enclumes. Du sang séché maculait son visage, s'échappant d'une plaie sous son bandeau. Alors que la douleur vibrait toujours dans son corps, il prenait doucement conscience de l'endroit où il se trouvait.

Il sentait la rugosité du sol sous ses jambes et la froideur du mur contre son dos. Naruto percevait le froid mordant qui enserrait ses poignets et ses chevilles, qu'il devina être des chaînes, ou des menottes. Il tira sur ses menottes frénétiquement avant de s'adonner à la douleur que cela lui procurait, toutes ses blessures étant restées ouvertes. Il poussa une longue complainte, n'ayant pas la force d'hurler. Il n'avait même plus la force de réfléchir. Le prisonnier posa sa tête contre le mur et ferma les yeux, essayant de chasser la migraine qui s'était installée. Ses bras commençaient à lui faire mal et il avait l'impression qu'on lui avait appliqué de la soude sur ses mains.

Grimaçant de douleur, tout lui revenait. Son combat, sa défaite, son incompétence. Serrant les dents, il cogna sa tête contre le mur dans une rage muette. Ne faisant qu'accentuer le mal de tête, il le regretta aussitôt. Un épais filet de sang s'échappait du derrière de son crâne et coulait dans son dos, lui procurant un désagréable frisson. Il mordit sa lèvre inférieure. Quel en était l'intérêt ? Il n'y en avait aucun, cela ne lui ajoutant qu'une source de douleur supplémentaire. Les perforations sur son torse dues aux bâtons de chakra de Pain lui tiraillaient toujours, leur douleur se mêlant à l'ensemble de souffrance qu'était son corps.

Il ne ressentait même plus de colère contre Madara. Sa seule source de rage c'était lui-même.

Un bruit de pas s'approchant se fit entendre. Naruto souleva une paupière. La lumière tremblante qui s'approchait lui permit de détailler davantage sa cellule. Aucun meuble ne se trouvait dans cette pièce, seules les chaînes jonchant le sol tout autour de lui, lui tenaient compagnie. En face, des barreaux semblaient le toiser et derrière eux, la lueur fébrile mais grandissante d'une torche dont on s'empare pour s'aventurer dans le noir. L'individu se rapprochait au rythme où le son de ses pas augmentait et où la lueur de sa torche s'éclaircissait.

Une ombre se dessina bientôt, et bien qu'un long manteau entravait le moindre de ses mouvements, ce regard glacial, cette démarche posée, et cette chevelure corbeau étaient reconnaissables entre mille.

Sasuke.

En effet, l'Uchiha, de l'autre côté des barreaux, toisait avec dédain et mépris celui qui avait été autrefois son compagnon, une torche dressée dans sa main droite.

Il y a quelques semaines, son cœur aurait bondi dans sa poitrine, brûlant de hâte et de détermination. Mais ces dernières semaines avaient été éreintantes et son état de souffrance et d'épuisement lui ôtèrent toute réaction.

Sasuke...

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Ainsi, Karin et Suigetsu avaient raison, Naruto avait bel et bien été capturé. Ne pouvant placer de mot sur ce qu'il éprouvait face à cette situation, Sasuke se contenta de poser son flambeau dans l'encoche murale prévue à cet effet avant de s'approcher des barreaux qui le séparait de son antithèse, son long manteau aux couleurs de l'Akatsuki lui donnant une allure presque divine bruissant à chacun de ses pas.

Les yeux azurs perçant de Naruto capturèrent les siens et il ne put s'empêcher de s'y noyer. Ces pupilles saphirs le troublaient profondément. Brillant dans la pénombre de la cellule, il les sentait s'immiscer dans son esprit et lire dans son âme. Il se détacha à regret de ses yeux et l'examina.

Ainsi entravé, Naruto paraissait si faible... si insignifiant. Son corps était recouvert de plaies, son visage était maculé de sang et de profondes cernes violettes marquaient ses yeux, ce qui ne faisait que renchérir cette idée de faiblesse, au regard de Sasuke.

Toutefois, hormis la lueur de défi qui habitait son regard, une grande impassibilité se dégageait de son visage et de son être tout entier, ce qui le perturba profondément. Ce n'était pas le Naruto qu'il connaissait. De plus, il lui semblait distinguer une aura de puissance tout autour de lui, une puissance qu'il ne lui connaissait pas.

Les deux anciens compagnons se jaugèrent longuement, puis Sasuke se dévoua à engager la conversation.

- Je dois t'admettre que je ne m'attendais pas à cet accueil de ta part, Naruto, avoua le cadet d'Itachi.

L'utilisateur du Sharingan vit ses lèvres se retrousser, esquissant un sourire qui n'atteignit pas ses yeux.

- Que croyais-tu ? Que je t'implore de me libérer et de retourner à Konoha ? railla son interlocuteur d'une voix sourde et erraillée.

Un rire froid l'agita, ce qui troubla un peu plus Sasuke.

- Je sais de quel côté tu t'es rangé, Sasuke, continua-t-il d'une voix faible, comme si le moindre de ses mots lui demandait un effort surhumain. La seule libération que je dois attendre de toi ici, c'est la mort, pas vrai ?

Une toux le secoua et du sang remonta dans sa gorge, s'écoulant de la commissure de ses lèvres.

- Tu t'es rangé du côté qu'avait choisi ton frère pour te protéger, quelle ironie...

Sasuke serra les dents. De quel droit se permettait-il de dire cela ?

- Quant à Konoha, poursuivit-il dans un murmure, je n'ai pas renoncé. Mais je préfère économiser ma salive plutôt que de la gaspiller pour un garnement qui n'en fait qu'à sa tête.

La mâchoire du survivant Uchiha se contracta à ses mots. Mais plaçant sa fierté de côté, il était estomaqué par ses dires. Il l'avait cherché en vain pendant des semaines pour le ramener à Konoha. Et maintenant ?

- Que t'est-il arrivé Naruto ?

Celui-ci haussa un sourcil.

- Que veux-tu dire ?

- Qu'as-tu vécu pour tant changer ?

- Depuis quand t'intéresses-tu à moi ? Depuis quand le grand Sasuke Uchiha s'intéresse-t-il au faible Naruto Uzumaki ? rétorqua sèchement le blond, d'un ton frôlant l'hystérie, en tirant instinctivement sur ses chaînes.

Un amer rire s'échappa de ses lèvres mais une quinte de toux violente le secoua et l'obligea à se calmer. Sa respiration obstruée s'allongea difficilement puis il reprit gravement, ses yeux clairs ayant pris une teinte glaciale plongé dans ceux de son interlocuteur.

- Si tu tiens tant à le savoir, j'ai vécu bien plus de choses que tu ne vivras avant longtemps.

Sasuke crut sentir la température chuter. Comment une telle froideur pouvait-elle émaner de lui ? Ses yeux de glace le transperçaient de part en part, avec une telle aversion qu'il en frissonna. De plus ses paroles lui semblaient si... si étranges. Si froides. Celles-ci avaient attisé sa curiosité. Qu'entendait-il par là ?

Sa curiosité l'emporta et il activa son Sharingan. Les iris de Naruto s'écarquillèrent de surprise et il ne put empêcher l'Uchiha de pénétrer dans son âme.

Celui-ci nageait au milieu de ses souvenirs et de ses sentiments. Sasuke ressentit avec stupeur tout ce qu'avait pu éprouver Naruto ce dernier mois, et il en était effrayé. C'était plus fort que lui. Comment tant de souffrance et de remords étaient humainement possible ? Il l'ignorait. Le fils de Fugaku constata avec effroi que Naruto était devenu extrêmement fort pour avoir pu endurer tout cela sans aucune séquelle. En fait non, se rectifia-t-il, en analysant les tréfonds de son âme. Son âme était mutilée par un regret profond. Mais pourquoi ?

Il retraça son mois à Myoboku avec une profonde incompréhension. Que signifiait cet entraînement ? Ce n'en était d'ailleurs pas un. Mais qu'est-ce que cela cachait vraiment ? Qui était cet homme qui lui voulait tant de mal ? Madara Uchiha ? Mais alors qui était l'homme masqué ? Ne comprenant rien, Sasuke remonta à l'endroit où convergeaient toutes ses pensées. Ce point précédait son départ pour Myoboku et représentait une porte. L'Uchiha la poussa mais une vive lumière l'aveugla et l'éjecta de sa conscience.

Naruto lui jetait un regard noir et furibond mais Sasuke ne prit pas la peine de le relever.

- Que caches-tu derrière cette porte ?

Le regard du captif perdit toute trace d'animosité et celui-ci éclata de rire. Un rire froid et hystérique qui lui glaça le sang. Sasuke était abasourdi. Qui était ce Naruto ? Qu'avait-il donc vécu pour être ainsi transformé ?

Alors que son rire strident était dénué de la moindre joie, il était plein de nervosité, de terreur et de douleur, ce qui n'échappa pas à l'Uchiha. Puis son rire se mua en quinte de toux. Du sang remonta dans sa bouche, qu'il recracha avant de lui répondre, la tristesse ayant surpassé l'hystérie se peignant sur ses traits.

- Crois moi, si tu souhaites rester sain d'esprit, tu ne préférerais pas le savoir... souffla-t-il dans un murmure.

Sasuke était plus que perplexe.

- C'était si terrible que ça ? s'enquit-il, ignorant que penser.

De la nostalgie survola le visage du prisonnier, comme si un flot de souvenirs envahissait sa mémoire.

- Bien pire que tu ne puisses l'imaginer...

Naruto appuya sa tête contre le mur et ferma les yeux en grimaçant. Un lourd silence suivit ses paroles. Sasuke ressentit un pincement de pitié envers celui qui avait été son meilleur ami. Il semblait si malheureux, si las, si détruit...

Le porteur du Sharingan cherchait le mot adéquat. Si...

Si...ANÉANTI...

Le temps d'une seconde, il souhaitait mieux le connaître, connaître tous ses maux et l'aider à les surmonter, tout comme ses obstacles et ses ennemis. Il souhaitait... Oui voilà, il souhaitait marcher à ses côtés. Et s'il était resté à ses côtés ? Et s'il était resté à Konoha ?

Non. Il s'ébroua et reprit ses esprits.

Si j'ai quitté Konoha, c'est pour une excellente raison ! Ce n'était pas avec cet abruti de blond que j'allais vaincre Itachi !

Une voix doucereuse de son esprit lui susurra à l'oreille. Mais tu regrettes d'avoir tué Itachi maintenant, n'est-ce pas ?

Sasuke vit rouge. Il serra ses poings tandis que ses prunelles écarlates tremblaient de rage.

- TAIS-TOI ! fulmina-t-il contre la voix malicieuse.

Naruto ouvrit les yeux, surpris. Le masque d'impassibilité qu'avait réussi à porter Sasuke jusqu'ici avait fait place à une haine si violente qu'elle lui déformait les traits.

L'Uchiha se calma en inspirant profondément sous le regard inquisiteur du prisonnier, puis il reprit consistance en retrouvant son air hautain et méprisant mais il constata avec effroi que cela lui coûtait un effort conséquent, ce qui attisa davantage sa rage qu'il s'efforça d'occulter.

- Tu sais Naruto, je serai de ceux qui ôteront Kyubi de tes chairs, lança-t-il sèchement, et tu mourras, tout simplement. Et rien ne t'y fera échapper.

Considérant la conversation comme close, il se détourna de son captif et récupéra sa torche.

- Sasuke, une dernière chose...

L'intéressé se retourna vers lui. Son cœur se serra.

Bon sang, qu'est-ce qu'il fait peine à voir...

Il se ressaisit et redressa le menton.

- Quoi encore ? soupira-t-il en feintant l'agacement.

Naruto semblait hésitant puis il inspira une grande goulée d'air.

- Je ne te le demanderai qu'une seule fois, murmura-t-il. Tu as encore une chance. Sauve-moi, sauve-nous ! Retournons à Konoha. Si tu me sauve, moi et ma misérable vie, tu en sauverais des milliards d'autres. Est-ce vraiment ce que tu veux ? Veux-tu vraiment causer le chaos et la fin de notre monde ?

Naruto avait insufflé tant de volonté dans ses paroles que Sasuke hésita. Il hésita le temps d'une seconde, prêt à ouvrir la porte de sa cellule et à le libérer de ses chaînes, ce qui n'échappa pas à Naruto.

Sasuke lui tourna le dos.

- Quand ancreras-tu dans ta cervelle de moineau que je suis un membre de l'Akatsuki au même titre que les autres ? Tu sais ce que cela signifie ? J'approuve pleinement leurs actions. Aussi, la seule chose que je peux te conseiller en attendant ton heure, c'est de prier. L'extraction ne saurait tarder. Et tu mourras.

Naruto esquissa un triste sourire.

- Je vois... Au moins j'aurais essayé.

Il ferma les yeux.

- Je suis heureux d'avoir pu te parler une dernière fois, ajouta-t-il avant de murmurer dans un souffle, adieu Sasuke.

Celui-ci lui jeta un dernier regard avant de s'éloigner.

- Adieu Naruto.

C'était bien mieux comme ça. Il devenait trop puissant pour être maintenu en vie. Lui-même avait failli fléchir face à ses paroles, alors qu'en aurait-il été pour quelqu'un d'autre ? Oui, c'était parfait. Faisant ainsi d'une pierre deux coups, le lien qu'il s'acharnait depuis tant de temps à rompre allait enfin céder. Oui, c'était parfait.

Alors...

Pourquoi quelque chose de chaud et d'humide coulait le long de sa joue, si c'était si parfait ? Il toucha sa joue avec surprise et étonnement.

Je pleure...?