Est-ce que j'avais oublié cette histoire ?? Totalement x) Heureusement qu'une personne a laissé un ou deux commentaires sinon je n'aurai pas posté la suite avant longtemps ^^'

Bref, bonne lecture ^^

***

Beaucoup pensait que courir était une évasion, une manière de fuir. Ils avaient raison.

J'avais conscience qu'en cet instant je fuyais seulement les problèmes qu'un jour je devrais affronter. Je ne voulais pas. En aurais-je seulement la force ? Alors même que les mots de Gabriel ne cessaient de résonner dans ma tête, que son toucher ne partait pas.

Je n'étais pas particulièrement timide. Après tout, je faisais preuve d'une certaine imagination lorsqu'il me fallait créer des illusions pour faire croire à mes partenaires qu'ils profitaient de moi. Et même s'il arrivait que je me fasse un peu tripoter – Enfer oblige – cela n'allait jamais très loin. Avec Gabriel, ça avait semblé si différent. J'avais eu peur. Peur de ce que je ressentais, peur de ce qu'il voulait me faire.

Certains pensaient que conserver sa virginité était difficile sur moins d'un siècle, impossible au-delà de trois siècles. Ce n'était pas le manque d'occasion ou la peur qui m'avait obligé à serrer la ceinture, mais une promesse. Ma toute première promesse.

Je ralentissais, un sourire idiot apparaissant sur mes lèvres malgré moi alors qu'un souvenir remontait en moi.

Je n'eu pas le temps d'en profiter. Un chant s'élevait au loin, comme un chœur. La forêt s'animait, les créatures féeriques du Tir Na Nog créait une mélodie enchanteresse, invitant à la danse éternelle autour d'une ronde de fées. Cette chanson, chacun la connaissait ici, moi compris.

Une femme arrivait, accompagné de son homme.

Entre vents et marées

Entre feux et forêts

Entre temps et espace

Le roi fait place.

Au songe d'une nuit d'été

Au cœur d'une femme de piété

Au chagrin d'une tragique anxiété

La Reine Titania aux cheveux filasses.

Et lorsque la femme à la longue chevelure blanche apparue devant moi, son sourire radieux et maternelle m'éblouit. Sa peau était aussi blanche que sa longue robe élégante et révélatrice de ses nombreuses ouvertures.

Le chant s'était arrêté au moment où sa marche avait cessé.

Un homme magnifique se tenait à ses côtés. Des oreilles pointues et des cornes de cerfs sur la tête, il était Obéron, roi du peuple féerique. Et la femme était son épouse Titania.

Cette dernière couru vers moi, aussi heureuse qu'une enfant tandis qu'elle me sautait dessus. Etant plus grande que moi, ma tête fut prise en otage dans sa poitrine voluptueuse.

— Lily, tu m'as tellement manqué ! Cela fait plus d'une année que tu es partie.

— Alors techniquement, en sachant qu'une journée ici équivaut à presque un an sur Terre et qu'en Enfer le temps aussi passe différemment, je dirai que de mon point de vue je ne t'ai pas revu depuis bien plus qu'un an.

— Peu importe. Aujourd'hui tu es de retour. Cela signifie que tu vas rester ? Est-ce que tu reprendras ta véritable apparence ? J'aime la couleur de tes vrais yeux.

— Titania, je pense que tu l'étouffes, intervint Obéron.

Titania, boudeuse, fut contrainte de me relâcher. Quant à Obéron, il s'inclina respectueusement devant moi et j'en fis de même.

— Pourquoi es-tu de retour ?

— Je...J'avais besoin de fuir les territoires de Dieu.

— Je comprends.

— Oh, Lily, en parlant de dieux tu ne sais pas la dernière ? On dit que les dieux se remettent en quête. Apparemment les humains s'intéressent de plus en plus aux anciennes religions et anciens dieux. Peut-être en ont-ils assez des religions monothéistes ? Ce n'aurait rien de surprenant avec tout ce que cela a provoqué sur Terre.

— Titania, sans vouloir te vexer, je m'en fiche dans l'immédiat. J'ai un ange blessé chez moi et une fée qui se prend à la fois pour ma mère, ma sœur et ma meilleure amie. Et j'ai aussi mon contrat...que je ne sais pas où il est ! Mais quelle débile je fais ! J'ai oublié mon contrat !

Bon, dans l'immédiat il y avait de forte chance pour que Lucifer ait été celui qui s'en soit emparé. Après tout, j'étais encore une démone. Sinon, Lezia le gardait avec elle.

— Un ange ici ? Renvoie-le Lily. Si le Paradis l'apprend...

— Les anges n'oseraient jamais entré ici pour vous déclarer la guerre, Roi Obéron. Pour me tuer, ce serait une autre histoire. Et en sachant que je suis une démone, je ne fais pas partie du peuple des fées. Ils pourront le faire.

— Pas tant que je serais là, affirmait Titania.

Obéron lâcha un soupire.

— Laisse-nous te ramener chez toi, Lily.

***

Disparu. Comment était-ce possible ?

Furieux, Lucifer s'empara du bureau d'une main, le faisant valser à l'autre bout de pièce dans un grondement bestiale. Belzébuth soupira.

— Tu es au courant qu'il s'agit de mon bureau, n'est-ce pas ?

— Comment cela a-t-il pu arriver !?

Le démon continuait de feuilleter un livre, installé sur un fauteuil tandis que Lucifer laissait une partie de son apparence de déchu apparaître. Mickael posa ses mains sur les cornes du prince infernal qui n'eu d'autres choix que de se tourner vers elle. Elle était si belle, si pure dans ce blanc qui l'enveloppait toujours.

— Lucifer, calme-toi.

— Que je me calme !?

Il allait la repousser mais lorsque cette dernière plongea un regard sombre dans le sien, il préféra pester et s'asseoir sur le fauteuil qui ne possédait plus de bureau. Ses mains quittèrent les cornes qui disparaissaient.

— Un contrat a disparu. Je ne vois pas de problème.

— Il s'agit du contrat de Lilith, intervint Belzébuth.

— Encore mieux. S'il est déchiré, elle redevient la première femme d'Adam, une humaine, et la Terre est débarrassé de la pire des démones que le monde ait connu.

— Tu ne comprends rien, cracha Lucifer.

Ah, Mickael était énervée.

—Je vois. Donc maintenant tu défends la nana qui, à chaque fois, manque de détruire le monde pour des magouilles. Oh, et il s'agit aussi de ce succube qui ne cesse de te draguer et de t'embrasser ouvertement, surtout lorsque je suis là.

Belzébuth se mit à rire alors que Lucifer écarquillait en grand les yeux.

— Mickeal, serais-tu jalouse ?

— La ferme ! J'en ai juste marre. On était sur une île, sous le soleil et entourés par la mer. Et parce que Lilith t'ordonnait de revenir, nous sommes retournés en Enfer. Eh bien tu sais quoi ? Si Lilith est plus importante, je retourne au Paradis. D'autant que tu as blessé Gabriel, et ça je ne te le...

Il se leva aussitôt, posant sa main contre la bouche de Mickael pour l'empêcher d'en dire plus.

— Tu veux me quitter, Mickael ?

Elle se crispa, il plaça un bras autour d'elle. Il ne voulait pas qu'elle parte.

« Tout ça c'est encore à cause de Lilith »

S'il apprenait qu'elle avait orchestré tout ce chaos...Non, c'était impossible. Lilith était loin d'être stupide. Et la terreur qu'il avait vu dans son regard alors qu'elle lui avouait qu'on allait voler son contrat était bien réelle.

— Ange Mickael, il y a une explication, commença Belzébuth.

Le démon se leva, fermant son livre.

— Lilith est la première démone créée sous contrat. Elle est le premier contrat de Lucifer.

— Belzébuth, tu ne m'aides pas là.

Mickael tremblait de rage. Elle chassa la main de Lucifer.

— La première de Lucifer.

— Lilith n'aime pas Lucifer, et Lucifer n'aime pas Lilith, continuait-il. Ce qu'il se passe entre eux deux n'est qu'un jeu, une comédie dans le but de protéger Lilith. D'ailleurs, la Reine cruelle que tu vois en elle, que chacun voit et redoute, n'est en soit qu'un rôle.

— Belzébuth, je vais prendre la suite.

Il se tourna vers Mickael.

— Ce que je vais te dire, Mickael, est un secret. Je suis le seul avec Belzébuth et Lilith à le connaitre. Enfin, Lilith ne sait même pas que Belzébuth est dans la confidence.

— Crache le morceau, déchu de malheur.

— Lorsque Lilith a quitté l'Eden, ce n'était pas pour se venger d'Adam ou autre. La vérité c'est qu'elle n'était pas humaine. Dieu a créé Adam pour être gardien de l'Eden, et gardien des créatures telles que Lilith. Mais une prédiction a tout changé, prédisant que l'Homme aurait le pouvoir de les détruire.

— Je ne comprends pas. Qui a fait une pareille prédiction ?

— L'Ange Sandalphon.

Mickael acquiesça de la tête.

— Il y a tout de même quelque chose qui ne tient pas la route.

— Je t'écoute.

— Lucifer, j'ai assisté à la création du monde, à la naissance d'Adam, d'Eve mais aussi de Lilith, la femme créé de la même terre qu'Adam.

— Non Mickael, tu as assisté à ce que le contrat entre moi et Lilith voulait que tu assistes. Tu as assisté à la création, c'est vrai. Mais ce que tu sais de Lilith, tous les souvenirs que tu as d'elle du commencement jusqu'à son contrat avec moi, tout a été créé. Je suis le seul avec Lilith à me souvenir.

Mickael se tourna vers Belzébuth qui lui fit bien comprendre que lui non plus ne se souvenait pas, même s'il connaissait la vérité.

Au moins, son ange était plus calme. Mais maintenant elle semblait curieuse. Il se demanda si lui faire apporter des pâtisseries ne la calmerait pas un peu ?

— Lucifer, qui est Lilith dans ce cas ?

La question qui fâche.

— Je ne peux rien te dire là-dessus, Mickael. Le contrat l'interdit. Mais sache seulement que si le contrat est détruit, ce n'est pas seulement Lilith qui pourrait être en danger mais la Terre des Hommes. Et en tant qu'Archange, je suis certain que l'Apocalypse n'est pas vraiment un projet d'avenir réjouissant pour toi.

***

La poignée ne bougeait pas. Aussi immobile que la porte de bois, fermée. Et ma main levée, prête à s'en saisir, demeurait paralysée dans son mouvement. Je n'y parvenais pas.

Titania et Obéron m'avaient raccompagné pour aussitôt s'en aller, me laissant devant une porte impossible à ouvrir. Il aurait simplement suffit que mes doigts prennent la poignée pour dévoiler un passage. Pour que je puisse rentrer chez moi.

« Attends-toi à te briser dans mes bras, et si tu survies prépare ton âme à ce qui l'attendra », c'était ce qu'il m'avait dit. C'était ce que Gabriel m'avait affirmé comme une promesse terrible.

Je n'y arriverai pas.

Soudain, la porte s'ouvrit devant moi, laissant apparaître celui que j'avais poursuivi des siècles durant mais qu'aujourd'hui je voulais presque fuir. Gabriel.

Son regard se posa sur moi.

— J'allais te chercher.

— Me chercher ?

— On s'en va.

Prenant ma main pour l'envelopper dans sa paume, Gabriel m'entraina avec lui dehors, suivi de près par Viviane.

— Attends Gabriel !

— Non, je n'attendrais pas. Nous retournons au Paradis.

— Non !

Il s'arrêta net, se tournant vers moi pour me saisir par le col.

— Je ne te demande pas ton avis, démone. Non seulement tu arrives à souiller la terre sans que personne n'en connaisse la raison, mais en plus tu es vierge. Hors de question que je te lâche d'une semelle. Un succube vierge, non mais franchement.

— Tu n'aurais jamais dû le découvrir. Et puis ça ne te regarde pas.

— Ah non ? Alors même que tu m'as avoué les yeux larmoyants tes sentiments ?

Un sourire s'était dessiné sur ses lèvres. Il se moquait de moi. J'aurai pu m'énerver mais Lilith ne s'énervait pas. Encore moins lorsque quelqu'un voulait la voir se mettre en colère. Non, Lilith énervait les gens, c'était sa spécialité.

Alors mes bras s'enroulèrent autour de ses épaules tandis que, sur la pointe des pieds, je me rapprochais de lui, poitrine contre poitrine.

— Tu as raison. Mais je me suis aussi déclarée de très nombreuses fois à Lucifer. Et à Cerbère, le toutou à trois têtes préférés de l'Enfer.

— Lucifer aime Mickael et Cerbère ne reste qu'un animal. Je n'ai plus de concurrents.

Sa main se posa dans le creux de mon dos, me poussant davantage contre lui. Ce jeu devenait dangereux.

— Je te l'ai dit, Lilith. Tiens-toi prête parce que j'ai cédé à la tentation.

Son visage impassible, sans expression alors qu'il me déclarait ces mots me firent rougir. Comment pouvait-il être si calme avec une pareille phrase sur les lèvres ?

Ne me laissant pas le temps de répondre, il me lâcha aussitôt pour de nouveau m'entrainer avec lui.

— Pas le Paradis, Gabriel. Je dois d'abord...Je dois d'abord récupérer mon contrat.

— Très bien. Je suppose que Lezia est celle qui le possède.

Viviane passa devant nous, entrant dans le cercle de pierre. Nous la rejoignions.

— Mais lorsque nous aurons retrouvé ton contrat, Lilith, je te ramène au Paradis.

— Si tu me ramènes mon contrat, Gabriel, je te laisserai me ramener au Paradis. Mais je ne suis pas certaine d'y rester. Après tout, je suis une Reine en Enfer.

« Mais si je retourne en Enfer et que les démons savent que j'ai aidé un ange, je serai morte avant même d'avoir pu dire un mot. »