Chapitre 20


Bonjour tout le monde !

Je tiens à m'excuser pour ce très long retard. Je publie la suite aujourd'hui mais il faudra sans doute attendre encore deux semaines pour avoir le chapitre suivant (je suis en période d'examens). J'ai presque fini la rédaction de cette histoire, ce qui signifie également que cette dernière est presque terminée.

Je vous remercie pour votre patience, vous êtes formidables. 

Le chapitre n'a pas été relu, pas même une seule fois. Une relecture s'imposera dans tous les cas sur tous mes livres, et cette histoire n'en fera pas exception.

Sur ce, je vous laisse. Bonne lecture ^^


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Au village des Dames des Neiges, les cœurs glacés ne savaient aimer. Les émotions désertaient ce lieu éclatant des neiges éternelles. Le silence était un quotidien obligé. On ne savait pleurer, les larmes se cristallisaient. On ne pouvait crier, la fureur enflammait les cœurs.

Voici à quoi était censé ressembler un village habité seulement de femmes frigides par obligation.

Seulement, le village auquel fit face Gabriel ne présentait rien de tel.

De la neige, il y en avait. , des demoiselles en kimono éclatant également. Mais du silence ?

L'Archange dû éviter une attaque de justesse. Des boules de neiges d'une taille gigantesque avait raté de peu son visage, voire tout son être finalement. Les Dames s'amusaient dans une bataille magique, alimentant le tout de tempête de neige et riant aux éclats, se menaçant en japonais, insistant pour faire ressembler toute la scène en un combat de manga de sport. Les attaques eurent des noms étranges, les mouvements devenaient aussi sérieux qu'une guerre.

Il ne comprenait rien à cette ambiance. D'autant que des hommes se trouvaient également ici. Pas des « hommes des neiges », mais des yokais d'autres clans. Des tengus s'envolaient pour lancer à plusieurs des boules de neiges créées depuis les cieux.

Lorsque Gabriel parvint à s'écarter du champ de bataille, il n'eut pas la possibilité d'un court répit. Des éclats de voix s'élevaient. Non loin de ce qui lui semblait être le bâtiment principal.

— Aller bébé, tu sais bien que je n'aime que toi.

En contrepartie d'une telle excuse, un vent de glaciation surgit pour expulser...

— Azraël.

Azraël, à terre, le salua d'un geste de la main.

— Si tu souhaites parler à Fubuki, elle n'est pas d'humeur. J'ai parlé avec des succubes et elle pense que je les draguais. Sérieux, me regarde pas comme ça toi aussi, soupira-t-il en observant le dégoût sur le visage de Gabriel. Attends, depuis quand tu as des émotions toi ?

Il se leva aussitôt, observant Gabriel comme une étrangeté.

— Tu sors avec Lilith.

— Comment tu... ? Les succubes, devina-t-il sans trop de difficulté.

— Comme je te l'expliquais, j'ai parlé avec des succubes. J'ai pu me mettre à la page de pas mal de chose.

Mais leur discussion cessa lorsque les portes s'ouvrirent, coulissant pour laisser une jambe dénudée sortir. Une jambe dont le pied écarta brusquement cette entrée, laissant apparaitre une demi-divinité furieuse et au kimono défait.

— Je t'assure Fubuki, il ne s'est rein passé entre elles et moi. Nous avons juste discuté.

— Tu « discutes » aussi beaucoup avec moi, stupide ange de la dépravation.

— Bon, maintenant sa suffit les conneries, bougonna d'agacement Azraël.

Au moment où la dame de neiges s'apprêta à lui lancer une nouvelle offensive, Azraël arriva face à elle. Elle s'arrêta. Même ses émotions se fermèrent.

— Tu m'en veux parce que je t'ai empêché d'aller à Monaco, c'est ça ?

Apparemment, c'était le cas.

— Tu supportes à peine la chaleur de mon propre corps, comment vas-tu pouvoir survivre à Monaco ?

— Je suis à demi une divinité.

— Et à demi une yuki-onna. Lorsque tu arriveras à faire en sorte que ton anatomie divine domine, je paierai moi-même toutes tes dépenses dans chacun de tes voyages. En attendant, reste là où il fait suffisamment froid pour te protéger.

En assistant à la scène, Gabriel trouva tout ceci stupide. Si elle souhaitait aller dans des endroits brûlants, elle devait sans doute se sentir capable de supporter le tout. Ou avoir suffisamment confiance en son compagnon pour l'aider en cas d'écart.

Peu importe, il avait besoin que Fubuki l'aide.

— Fubuki, l'appela-t-il pour mettre fin à cette querelle d'amoureux qui le retardait dans ses plans.

— Je sais, chassa-t-elle d'un geste de la main. Azraël n'a cessé de m'expliquer la situation pour justifier son entrevu avec des démones de la lubricité.

Elle le pointa ensuite du doigt avant de lui mimer de la suivre.

Ils entrèrent ensemble, Fubuki prenant le temps de se rhabiller correctement sur le chemin. Une fois dans ce qui semblait être le salon, ils s'installèrent.

— De quoi as-tu besoin, Gabriel ? Lui autorisa-t-elle à s'exprimait tandis qu'une dame apportait du thé.

— De ton baiser.

— Tu...

Devant la fureur montante de son amant, Fubuki leva la main comme pour le tenir en laisse. Elle but une gorgée de son thé.

— Lily... Lilith, rectifia-t-il en se souvenant que ce nom ne devait pas leur être connu. Elle risque de mourir et de perdre son âme. Ton baiser pourrait la sauver au moment venu.

— Je ne suis pas un prince charmant réveillant les Belles au bois dormant, Gabriel.

— Ton baiser permet d'empêcher quelqu'un de mourir lorsqu'il est sur le point de rendre l'âme.

— Mais son mécanisme est dangereux. Mon baiser tue pour ensuite ramener à la vie. Personne n'en ressort indemne. Si Azraël l'a aussi bien supporté, ce n'est que parce qu'il est un ange de la Mort, Gabriel. Ta démone n'aura pas cette chance.

Mais Lilith était déjà détraquée... Alors finalement, ça ne ferait aucune différence. Tout ce qui importait dans l'immédiat était de la sauver. Pour la suite, il aviserait.

— Fubuki, je te supplie.

A genoux, il posa la tête face à sol, soumettant sa demande en désespéré. Là où Gabriel aurait dû, en tant qu'ange, prier son Père de l'aider, d'aider Lily, il suppliait une demi-déesse appartenant à une religion différente... Il ne valait guère mieux que Lucifer. Mais pour Lily, la damnation ne serait pas une lourde épreuve.

— Ne risque pas tes ailes pour si peu, soupira-t-elle. Je vais t'aider.

Il devait l'emmener voir Lily au plus vite. Cette dernière avait sans aucun doute trouver Adam. Gabriel pouvait aussi en faire autant.

Et pour ça, il avait simplement besoin du seul capable de toujours la retrouver : son Alter Ego.


***


Comment trouver un être saisit d'une fureur folle de devenir Dieu ? Les plus terre à terre répondraient « en politique », les scientifiques se contenteraient d'un « en hôpital psychiatrique ». Un croyant cacherait ses oreilles indignées par de tel propos.

Mais lorsqu'on connaissait la réalité du monde, que l'on était une Alfe et qu'en plus de tout ça il s'avérait que l'identité et la personnalité de l'excentrique en question n'était pas inconnu, il devenait aisé de deviner la prochaine destination de mon voyage. Adam aimait les mélodrames, et il était persuadé de pouvoir devenir aujourd'hui même un dieu. Bien sûr, il se trouverait dans un lieu qui ferait sens pour lui. Le jardin d'Eden ne lui étant pas possible, il ne pourrait qu'être .

— Mais qu'est-ce qu'il fout là ?

Bon, en vérité je n'avais eu aucune idée d'où le chercher. Mais le message laissé par Adam en kidnappant ma sœur avait suffi. Il s'agissait d'une invitation de sorcière.

Le genre de sort dont était capable Lolita.

La forêt d'Allogny, perdue au fin fond du Berry, en France. Après avoir traversé des broussailles et m'être perdue volontairement, je me trouvais devant ce qui semblait avoir été une église. Au milieu d'une plaine qui formait comme un trou dans la densité de cette immense forêt, les ruines se dressaient sous la lumière du Soleil. Le ciel ne laissait aucun nuage faire obstacle à l'astre brûlant. Et moi, cachée derrière mes grands arbres protecteurs, j'observais en attendant de savoir quoi faire pour sauver ma tarée de sœur.

— De toute manière, jusqu'à présent jamais aucun de mes plans n'a fonctionné.

Alors foutu pour foutu...

Je sortis de la forêt, entrant dans le lieu sacré mais abandonné depuis bien longtemps.

Adam se trouvait là, près de l'autel. Une coupe y était posée, ma sœur se trouvant inconsciente et enchainée dans un coin.

— Te voilà enfin.

— Désolé pour le retard, il y avait des bouchon sur la route.

— De l'humour, tu en avais si peu autrefois.

— Libère ma sœur.

— Pour que tu puisses tenter de fuir à nouveau ? Je te connais suffisamment intelligente pour avoir réfléchie à plusieurs plans en ce sens.

Il glissa ses doigts sur la coupe, sur Lolita figée dans cette forme limitée.

Soudain, je me retrouvais mise à genou, une lame sous la gorge. Eve obéissait toujours à Adam. Comment faisait-elle alors même que le désir de son mari, de son seul amour, se trouvait à sa portée ? Adam ne voulait que moi. Ça avait toujours été ainsi, mais l'humaine s'aveuglait dans le déni. A moins qu'elle n'ait abandonné l'idée d'avoir l'amour de son mari de toujours...

— Toute une vie de peur, à me fuir pour me voir dans chaque recoin, terrifiée à l'idée que j'apparaisse pour de nouveau poser mes mains sur toi. N'es-tu pas fatiguée, Lily ?

Un désespoir qui m'avait donné plusieurs fois envie de mettre fin à tout ceci par moi-même. Mais Gabriel... Sa simple présence m'avait toujours apaisé. S'en était devenu d'autant plus douloureux que ses bras ne m'avaient plus jamais enlacé durant des siècles.

Tant de sacrifice pour en arriver au même dénouement. Moi, Adam, dans une église à lutter l'un contre l'autre. Ça ne finirait jamais. Mais dans ma chute, je ne sombrerai pas seule et ne cèderai pas la victoire à cet humain ayant hanté mon existence de son ombre menaçante.

Si le bonheur ne m'était pas accordé, je ne le lui délivrerai jamais.

— Finissons-en.

— Tu as raison, acquiesçais-je d'un sourire. Finissons-en.


***


Les incubes et les succubes possédaient cette capacité à dérober de l'énergie par le rêve, pénétrant l'inconscient des humains. Pour y parvenir, tout leur venait d'un savoir que possédait Gabriel et de nombreux autres anges. Celui de pouvoir entrer dans le Songe, ce domaine ne possédant aucune loi ni aucune réalité.

Gabriel avait toujours aimé ce lieu, et aujourd'hui plus jamais. Il s'agissait du lieu de sa rencontre avec Lili. Au beau milieu d'un rêve...

— Gabriel, rappelle-moi pourquoi je me trouve ici avec toi ?

Amarok, lycan lié à la sorcière Lolita, observait autour de lui à la manière d'un enfant curieux, ou d'un louveteau apeuré. Gabriel ne savait où trouver Lili, cette dernière ayant réussi à se cacher de lui. Mais là où se trouvait Lili, Lolita y était également. Et Amarok pouvait la retrouver.

— Sur Terre, tu ne parviens pas à retrouver ton amante. Je t'aide à mettre la main dessus, tout simplement.

S'ils retrouvaient Lolita, ils retrouvaient Adam et Lili.

— Ce lieu, quel est-il ?

— Le lien entre toutes choses de la création. Le Songe.

Amarok sembla comprendre, évitant à Gabriel d'en expliquer davantage. Le temps était compté, il ne fallait pas se ralentir à des bavardages inutiles.

Gabriel fronça des sourcils.

— Que se passe-t-il ?

Il n'en était pas sur lui-même. Une impression étrange, semblable à celle que l'on pouvait ressentir lorsque les oiseaux se taisaient en plein jour. Dans une ville bondée, rien d'inquiétant en sachant que de nombreux autres bruits pouvaient simplement les recouvrir. Mais lorsqu'en campagne la nature se rendait muette, l'inquiétude gagnait les cœurs.

— Je ne suis pas sûr.

Il chassa ce sentiment d'un geste de la main.

— Amarok, concentre-toi simplement sur Lolita. Si tu ne la trouves pas sur Terre, elle se trouvera tout de même ici.

Docile, Amarok se concentra. Pour retrouver celle qu'il aimait, bien sûr qu'il était prêt à écouter un ange sans émettre aucune plainte.

L'instant d'après, une présence se dessinait devant eux. La silhouette d'une femme.

Grande, élégante et fine, ses longs cheveux sanguinaires suivirent ses mouvements lorsqu'elle se tourna vers eux. Lolita, sous sa véritable apparence...

— Amarok...

Tremblante, elle accouru dans ses bras. Les deux amants s'embrassèrent, obligeant Gabriel à détourner les yeux pour leur accorder ce moment.

— Tu as peur. Que t'as fait Adam ? grogna Amarok.

— Ce n'est pas...

Elle tourna son visage vers l'archange, inquiète.

— Une porte s'est ouverte. Je n'ai pas pu l'empêcher de fuir.

La porte...

Cela faisait sens pour un ange tel que Gabriel, qui blêmit d'effroi. La dernière fois que la porte s'était ouverte...

Cela expliquait ce malaise qu'il ressentait. Le danger rendait tout silencieux.

— Où te trouves-tu, Lolita ?


***


La vie fuyait le monde, sa désolation remplaçant petit à petit les cœurs pétrifiés de battements inquiétants. Les croyants supposeraient avoir une réponse au sentiment, à cette émotion qui les obligeait à joindre les mains. Mais ceux de peu de foi ne pourraient que connaitre l'inquiétude. Leur âme ne serait pas pour autant damné de ne pas avoir su croire, mais leur peur ne connaitrait aucun soutien, aucune étreinte rassurante, aucun murmure incertain pour les apaiser.

— Qu'as-tu fait ? s'inquiéta enfin Adam.

— Ce que je fais toujours.

« Semer le chaos et la pagaille »

Conquête s'avançait sur sa fière monture pour venir se tenir à mes côtés. Couronne sur la tête, arc en main, il savait l'heure être venue. En roi des rois, il serait seulement un vainqueur. Bien plus écarlate arriva à ses côtés un être incapable d'accorder la paix. Sa grande épée n'était là que pour pousser les vivants à s'entretuer. Guerre m'accorda un sourire.

— C'est l'heure, n'est-ce pas ?

Le son d'une chaine... Une ombre apparaissait au dehors. La végétation se mourrait tragiquement tandis qu'un être se révélait sur son cheval noir, une balance à la main pour peser les grains. Famine venait d'être invoqué.

Mais celui qui tous craignait, ce n'était ni Guerre ni Famine. Pas même la Conquête.

Les bruits de sabots résonnèrent dans la brume, inquiétant, presque menaçant.

La Mort entrait en scène sur son bien pâle destrier, prêt à fermer la marche de ses frères de monture.

Les quatre cavaliers se tenaient derrière moi et à mes côtés, prêts à donner au monde un point final. Et dans mon cas, cela me donnait accès à un tout autre pouvoir. Un pouvoir capable de vaincre Adam sans demander la permission.

Le pouvoir de la parole. Ce que Conquête possédait en outre, ce qu'il ne me serait jamais accordé autrement.

— Je suis l'être qui se sacrifie pour l'Apocalypse. Je suis le sacrifice qui brise un à un les Sceaux.

Ma main se leva, terrifiant Adam. Cet humain n'avait encore rien d'un dieu, il ne saurait arrêter un tel dénouement. Ma fin heureuse. Celle qui ne le laisserait pas en vie, celle qui m'emporterait paisiblement sans détruire mon souffle.

Mais rien ne se produisit. Je regardais ma main et la secoua à la manière d'un objet n'acceptant plus de fonctionner.

— C'est quoi cette magie de merde qui veut pas marcher ?

Les cavaliers poussèrent un soupir à l'unisson. Était-ce de ma faute si leur délire de paraitre trop classe avec en arrière-plan un monde détruit venait de s'effondrer ?

Puis soudain, baigner dans une lumière venue transpercer le ciel nuageux, un être éclatant apparu. Ses grandes ailes n'avaient rien d'un plumage animal. Le cercle iconique formait une auréole derrière son crâne. Celui que l'on connaissait aujourd'hui sous une apparence féminine, se révélait comme dépourvu de caractéristique sexué. Un ange guerrier qui tenait dans sa main un livre. L'objet de mes désirs.

— Mikha'el ?

Il regarda dans ma direction. Ses pieds foulèrent le sol avec délicatesse tandis que ses yeux pleins d'arrogance me jugeaient de la tête aux pieds. Le livre se referma dans sa main.

— Te pensais-tu réellement en être digne ?

Le Livre... Je ne l'obtiendrai jamais. 

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