Chapitre 11


En Egypte, dans un petit village méconnu en bord de Méditerranée, vivait un homme charmant que chacun semblait apprécier sans pour autant voir la vérité sous ses airs attendrissant. Jusqu'à aujourd'hui.

L'homme servait une clientèle étrangère, touristes souhaitant en voir toujours plus de ce pays exotique au leur. Les boissons commandées n'étaient nécessairement meilleures qu'ailleurs, elles étaient même plutôt semblables à ce que l'on pourrait trouver ailleurs dans le monde. Mais cet homme se fichait bien des détails tant qu'il continuait de se fondre dans le décor. Après tout, cet homme cachait un secret. Après plusieurs millénaires d'existence, il ne savait toujours pas ce qu'il était. Était-il ne serait-ce qu'humain ?

Sa réponse, il la retrouva bien vite...

Une étrange sensation l'envahissait. Ses pensées...

— Je me souviens...

Son sourire se satisfaisait dans la contemplation de souvenirs qu'on lui avait bridé. Oh, Lys avait bien tenté de l'arrêter. Mais rien ne pourrait jamais le stopper dans ses désirs ayant prit naissance au Commencement de sa propre vie.

— Adam ! tenta de le rappeler à l'ordre son patron tandis qu'il avait arrêté de travailler.

Mais Adam n'avait plus l'intention de se plier aux ordres de qui que ce soit. Il avait obéis aux exigences d'un divin, cela lui avait permis de prendre conscience qu'il était destiné à bien plus. Il était destiné à devenir son propre dieu.

Tout fut très rapide.

Depuis dehors, une personne attendait sagement, comme bercée par les cris de terreur. L'agonie n'avait pas le temps de s'exprimer.

— Mère, nous avons fini.

Elle rouvrit les yeux, accueillant d'un sourire ses trois fils. Ces dernières, recouverts du sang de leurs victimes, semblaient attendre quelque chose d'elle. Jusqu'à ce qu'Adam sorte du bar. La femme eut le temps de voir les clients en pièce à l'intérieur avant de se lever.

L'homme n'avait pas changé. Elle l'avait attendu durant si longtemps, sans jamais se souvenir exactement. Mais aujourd'hui...

Adam ouvrit ses bras à ses fils, laissant Eve seule. Jusqu'à ce qu'il se tourne vers elle. Elle dû se mettre à genou en respect avant de pouvoir lui faire face.

— Je vais retrouver Lys et prendre ce que je mérite depuis toujours.

Lys... Encore et toujours. Ne désirerait-il jamais qu'elle ?

***

Je connais le désir mais n'en serait jamais semblable que dans la folie de sa passion. Difficile de résister à cette tortueuse attirance. Si la Mort à su te susurrer ses délices effroyables, je saurai te murmurer quelques charmes au point de te faire tourner la tête.

Je ne suis en rien semblable au désir, mais à chaque instant vous me désirerez. Je ne suis en rien comparable à la tentation, mais chacun de mes gestes vous perdrons dans vos principes. Il n'est nul religion pouvant vous sauvez lorsque mon regard vous capture. Je deviens votre obsession.

A mes côtés, tu n'auras rien à craindre de la colère des dieux. A mes côtés, ta pureté sera conservée pour venir se mêler à ma protection éternelle. Il te suffit de m'accepter, Lys. Il te suffit de me choisir.

Sa main s'était levée, prête à se saisir de moi. Quand est-ce que tout ceci avait commencé ? Quand exactement étais-je devenue la coupable de son obsession ? La réponse était pourtant simple. Je n'étais en rien coupable de l'obsession puisqu'elle était ma nature.

« Je suis seulement coupable de continuer d'exister »

Mes paupières s'ouvrirent en grand, ma respiration haletante venant confirmer que je venais de rêver. Oui, j'avais bien rêver. Et en voyant qu'à mes côtés un individu glacial se tenait là, allongé près de moi, j'eu du mal à croire que je ne dormais plus. Gabriel, les bras étirés pour m'envelopper, avait fermé les paupières. L'ange aux expression froides et robotiques paraissaient si paisible. Tranquille.

En recouvrant la mémoire, ces derniers millénaires d'ignorance lui étaient apparus comme une trahison de ma part. Mais qu'aurais-je pu faire d'autres ?

Il était des dangers que même un ange ne pourrait combattre. Des menaces que mêmes les territoires divins craignaient. Des destins qui se tissaient pour accorder une fortune injuste aux plus justes et aux innocents de ce monde. A ça, nul amour ne saurait s'opposer.

Au final, chaque prophétie possédait une fin qui se réaliserait toujours.

— Tu as toujours eu raison, Gabriel. Ta mémoire dérobée n'a rien arraché à ton intelligence. J'ai toujours été destinée à être mauvaise.

Où était donc passé Lilith, grande garce infernale ? « Elle est tombée en Enfer et elle y est restée tandis que je suis revenue ».

— Tu n'es pas mauvaise, Lily.

Il avait ouvert les yeux, ne se tarissant pas de son expression neutre et impartiale. Ses mains se levèrent pour se saisir de mon visage.

— Tu es seulement stupide.

— Stupide...

Le temps que je comprenne la signification de ce mot, mes joues s'empourprèrent de fureur.

— Espèce d'emplumé !

Je m'écartais de lui, me levant du lit pour arborer une pose arrogante, digne de la reine que j'avais été et de l'Alfe que je redevenais aujourd'hui.

— Je suis la grande Lys, tu devrais te sentir flattée de posséder de moi un fragment d'attention. Tiens, tu devrais même t'incliner devant ma royale personne.

— Tout ce que tu as de royal est ton ego démesuré.

— Exactement... Attends, quoi ? Hé, je suis divine, le trésor des dieux et non d'un seul être divin. En tant qu'ange tu te dois de me respecter. Même Lucifer continu d'avoir l'intelligence de m'admirer.

— Ne parle pas d'un autre homme devant moi.

A ces mots, sa main se saisit de mon bras. La seconde suivante, je me retrouvais enfoncée dans un matelas, en dessous d'un ange à la jalousie effrayante dans les yeux. Et dire que Mikhael pensait Lucifer terrifiant... Les déchus connaissaient déjà ces sentiments engendrant à la violence, les anges apprenaient à seulement les réprimer. Ils en devenaient plus effrayants lorsqu'ils s'y adonnaient.

Pour autant, je ne pouvais pas affirmer que voir mon ange dans un tel état me déplaisait. Mes propres bras vinrent enlacer son cou. Les vieilles habitudes ne disparaissaient pas facilement.

— Serais-tu tenté, mon ange ?

— Lily, tu sais parfaitement qu'à ce jeu tu seras celle qui le regrettera.

Ecartant ma prise, il me laissa retomber mollement sur le lit, se contentant de parcourir son regard sur moi. Sa main se joignit dans son exploration, ses doigts effleurant mon visage, caressant ma joue pour s'attarder sur ma chevelure.

— Jolie blonde à la peau de cristal, tes yeux mauves sont des pierres précieuses que l'on souhaiterait dérober.

— M'arracherais-tu les yeux pour ça ?

— Je t'arracherai la liberté pour bien moins.

Son touché descendit, son pouce se posant sur mes lèvres pour les entrouvrir légèrement. Il jouait avec elles, les fixait comme objet d'obsession.

— Je te veux toute entière Lily, s'en est de moins en moins supportable. Tu es si resplendissante... Tel un oasis en plein désert de sable, chacun souhaite s'abreuver de ton eau. Tout comme un phare en pleine nuit, chaque être perdu en mer viendra jusqu'à toi simplement pour sauver son esprit.

— Tu te découvres l'âme d'un poète ?

— Non, je me découvre seulement être un homme désespéré, désemparé face à toi.

— D'accord, Baudelaire, j'ai compris. Tu es en proie à la passion, maintenant libère-moi.

Bien loin de me laisser partir, l'ange radieux déploya ses ailes de lumières, quelques plumes s'en détachant pour venir sur moi. Le regard surnaturel de l'ange devenait vraiment dangereux. J'aurai dû avoir peur... Pourtant je ne souhaitais qu'une chose. Retrouver ce qui m'avait été interdit depuis mon pacte avec Lucifer. Retrouver ce qui ne m'avait pas été permis jusqu'à ce que ce contrat se brise...

— Ta liberté sera mienne, Lily.

— En quel honneur ?

— Tu possèdes tout de moi, je te suis dévoué au point de pouvoir abandonner mon propre Père pour ne vénérer que toi. N'aurais-je pas le droit à une compensation ?

Oh merde, j'allais vraiment succomber s'il continuait... Son visage se rapprochait du mien, Gabriel profitant simplement de ma perdition pour mêler nos souffles ensembles. Il savait que je perdrais la tête dans son jeu. Il savait qu'il gagnerait s'il continuait...

Voilà pourquoi, lorsque des aboiements suivit de grognement vinrent briser l'enchantement, je voulus embrasser le chiot à trois têtes qui se trouvait au pied du lit. Il grognait contre Gabriel, montrant les crocs.

L'ange s'écarta de moi dans un soupir lourd de sens tandis que le pauvre Cerbère tentait de sauter pour aller sur le lit. Succès zéro. Le terrifiant gardien des Enfers perdaient le peu de dignité qui lui restait. Je le pris dans mes bras.

— Ne devrais-tu pas retourner en Enfer ?

— Il restera avec toi jusqu'à ce que toute menace soit écartée.

Un nouvel individu entrait dans la chambre que nous avait laissé Merlin la veille. Lucifer, sans son archange. Il eut un regard pour Gabriel frôlant la haine, ce que lui rendit bien ce dernier qui, aussitôt, se leva pour se poster devant moi. Il se saisit du chien par le col, le lançant à Lucifer qui le réceptionna bien vite.

— Elle n'a besoin que de moi pour faire sa protection.

— Je crois que tu ne saisis pas la gravité de la situation, Gabriel. Nous parlons d'Adam.

— Il n'est qu'un humain.

Lucifer haussa un sourcil, se tournant vers moi.

— Ne lui as-tu donc rien expliqué ?

— Je n'en ai pas eu le temps, mentais-je pour éviter d'avoir à expliquer à Gabriel pourquoi je lui avais délibérément caché certaines informations.

D'ailleurs, le déchu ne tomba pas dans le panneau.

— Je suppose que les Archanges mais également la plupart des créatures messagères des dieux vont bientôt être mit au courant. Avec ce contrat détruit, Adam a retrouvé la mémoire.

— Nous pourrions...repasser un contrat ? proposais-je à Lucifer.

— Hors de question !

Gabriel imposa aussitôt son avis. S'il savait seulement la moitié de l'histoire...

— De toute manière nous ne pouvons plus, Lily.

Comment était-ce possible ?

— Sandalphon souhaiterait te parler. Tu devrais aller lui poser toi-même la question.

Gabriel se tourna vers moi, dubitatif. Le pauvre ne comprenait rien de la situation. Pour autant, il me laissa me lever pour aller rejoindre Sandalphon qui se trouvait dehors à contempler la nature environnante.

Effectivement, ce dernier m'attendait.

Il était le plus proche de Dieu, le plus radieux des anges. Un Séraphin capable d'entendre, de voir les futurs. Sa puissance le plaçait parfois au niveau des dieux en personne.

— Lucifer ne souhaite pas refaire de pacte.

— Adam vient de recouvrer la mémoire. Penses-tu vraiment qu'il ne prendra aucune précaution cette fois-ci ? Tu sais mieux que quiconque ce qu'il a dérobé à ton jolie petit jardin.

— Qu'as-tu vu, Sandalphon ?

Il eut un sourire.

— Ne le sais-tu pas, Lily ?

Malheureusement si, je le savais.

— La fin de tout.

— Un futur possible.

— Quelles sont mes options ?

— A toi de les déterminer.

— Je suis le cadenas, n'est-ce pas ?

A cette question, il ne me confia aucune réponse. Les silences étaient parfois des révélations là où les mots ne faisaient que du bruit inutile.

Je n'avais aucun don de vision du futur, mais cela ne m'empêchait pas de pouvoir prédire l'avenir.

***

Gabriel avait laissé Lily sortir de la chambre, se retrouvant seul avec un traitre. Lucifer, ange déchu et prince en Enfer. Néanmoins, cette absence de l'Alfe lui permettrait sans doute de découvrir certains secrets que cette dernière semblait encore lui cacher. Lucifer paraissait plus ouvert aux révélations que la jolie créature.

Aussi, sans même poser de question, Gabriel interrogea le déchu qui leva les yeux au ciel.

— Adam est bien plus dangereux qu'un simple humain. Il est sans doute plus dangereux que nous deux réunis, Gabriel.

— Comment serait-ce possible ?

— Avant que le pacte n'agisse sur toi, de quoi te souviens-tu ?

Il réfléchit un instant.

Il se souvenait seulement d'avoir quitté Lily pour retrouver son ciel. Les anges étaient agités, le Paradis en effervescence. Quelque chose n'allait pas, chacun le sentait mais personne n'en comprenait la cause. Leur Père sous silence c'était tut, tout comme Sandalphon qui avait refusé de dire quoique ce soit.

— Il y avait un problème. Je supposais que tu devais en être la cause puisqu'il s'agissait d'une période où tu aimais venir tourmenter nos affaires.

— Vraiment, vous êtes incorrigible au Paradis, à toujours accuser l'Enfer pour la moindre faute sans prendre en considération le libre arbitre des humains, pouvant être souvent la source de bon nombre de maux sur Terre.

— Peu importe.

Il n'avait que faire d'entendre les plaintes de Lucifer. Il souhaitait seulement la vérité.

— Un intru venait de pénétrer la zone interdite qu'Eden conservait pour elle et ses sœurs.

Le jardin d'Eden possédait ce nom pour Eden, l'Alfe ayant créé ce jardin.

— Adam a pénétré son jardin, chargeant Eve d'arracher un fruit.

— Attends, l'arbre de vie n'était pas un arbre.

— En effet, ce n'était pas le cas.

— Il s'agissait de... d'une métaphore dont les fruits seraient justement...

— Les fées de la vie.

— Eve aurait...

Tant d'hypothèses fusaient dans son esprit. Aucune ne le satisfaisait.

— Aujourd'hui, il est un arbre dans le jardin d'Eden. Un arbre au cœur des mythes sacrés de nombreuses religions. Sais-tu ce qu'il est véritablement ?

— Nom de..., se retint-il de blasphémer en comprenant enfin. Eve a dérobé le pouvoir d'Eden.

— Pire encore, elle l'a arraché par amour sans tuer la porteuse.

Pourquoi cette idée le terrifiait-il autant ? Qu'avait-il encore oublié ?

Et cela lui revint.

— Le sortilège du chasseur de dieux.

— Il possède la puissance. Il ne lui manque qu'un attribut et une légitimité cosmique.

Gabriel blêmit. Adam souhaitait devenir un dieu. Et plus précisément, un chasseur de dieux. Connaissant l'individu, il était certain que ce dernier ne se contenterait pas de si peu. Il mènerait le monde à sa perte !

— Nous devons l'arrêter.

— Ce que nous avions tenté de faire avec Lily. Et cela fonctionna jusqu'à ce que ta stupidité brise notre contrat.

Il comprenait mieux les inquiétudes de Lily. Ses sacrifices. Si seulement il avait su...

— Le sortilège est en marche, il nous faut trouver un moyen de le briser.

— Nous ne pouvons pas, insistait le pessimisme de Lucifer.

— Nous, non. Mais je connais quelqu'un qui le pourrait. Une sorcière si puissante que le monde la vénère sous plusieurs noms venant de presque toutes les cultures confondues, chaque dieux se mettant à prier pour pouvoir un jour la posséder.

— Finalement, il t'arrive d'être intelligent, mon frère.

— Je préfère jouer intelligemment plutôt que de perdre stupidement mes ailes.

Le sarcasme sembla être apprécié par Lucifer. Les deux frères se retrouvaient enfin malgré les différents qui les opposeraient toujours.

— Allons trouver Lolita.

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