Chapitre 1


Chacun en ce monde avait un rôle bien définit qui lui avait été attribué dès la naissance. Peut-être même bien avant. Ainsi les humains vivaient en faisant des choix, les anges suivaient les ordres du vieux barbus et agissaient pour le Bien. Quant aux démons...eh bien ils devaient seulement être démoniaques, se comporter comme des enfoirés de première.

Pourtant je ne possédais pas assez de doigts pour pouvoir compter le nombre de créatures de l'Enfer nourrissant secrètement le désir stupide de sortir de ces bas-mondes pour rejoindre la Terre afin d'y ouvrir un commerce. De faire des choix. De vivre. Torturer des âmes mauvaises n'avaient rien d'amusant après tout. C'était même plutôt ennuyeux. Mais avec le temps nous pouvions nous y habituer. Le sadisme n'était dès lors plus un trait « naturel » que chaque démon possédait dès la naissance. Il s'agissait d'un acquis utile à notre survie. Nous n'étions pas démoniaque par instinct mais par nécessité. Parce que notre milieu nous y obligeait sans nous demander notre avis.

Pourtant il y a quelques temps un espoir nouveau avait animé l'Enfer. Un espoir qui nous avait fait croire que nous avions le choix. Puisque Mikhael, l'Archange le plus saint, le plus merveilleux du Paradis avait laissé ses frères pour rejoindre Lucifer. Et l'être céleste avait apporté avec lui une lumière, une grâce qui infecta les souterrains d'une contaminatrice émotion. Un émotion indescriptible.

Je suis tombée malade de cette lumière. La fatalité n'existait pas, il n'y avait que moi seule. Moi et mes choix. Je l'avais compris en voyant l'amour de l'ange et du déchu. L'Archange était venu comme un messager répandre cet espoir idyllique. Un espoir qui m'avait fait croire que peut-être tout n'était pas perdu. Peut-être que moi aussi je...

« Je t'aime »

C'était ce que je lui avais dit. Et sa réponse avait été on ne peut plus claire lorsque sa lame m'avait alors traversée le corps.

Et malgré tout je ne semblais pas être morte. Comment était-ce possible ?

Et dire que j'avais cru qu'être blessée par Gabriel aurait été la sensation la plus merveilleuse qu'il pourrait me procurer. « Tu parles, comme si être transpercée par une épée était agréable ». Enfin, cela ne m'avait pas réellement déplut. Lorsque mon ange m'avait blessé il s'était de lui-même rapproché de moi. Jamais il ne l'avait fait volontairement depuis que nous nous connaissions.

Avoir été aussi proche de lui, alors que mon sang s'échappait avec perfidie de mon corps...Un rêve, un fantasme merveilleux et douloureux.

Mes paupières s'ouvrirent dans une lenteur témoignant d'un épuisement physique. La première image qui obscurcit ma vision fut celle d'une silhouette. Celle d'une femme à en juger par sa chevelure resplendissante. Des rayons de soleil filtraient au travers, comme pour mettre en évidence la blondeur de ces derniers.

Plissant les yeux à la vision de la luminosité trop forte, je levais la main comme pour me saisir de cette lumière.

—Suis-je morte ?

—Ce n'est pas parce que mon apparence est parfaite qu'elle n'est pas réelle.

—Quoi ?

Le temps que je m'habitue à la lumière aveuglante, je pus commencer à décrire la personne au-dessus de moi. Une jolie blonde aux yeux bleus, pour ne pas faire plus typique.

—Eh bien quoi ? Tu me vois et tu penses être morte. Je dois en déduire que ma beauté t'as tellement éblouis que tu t'es demandée s'il était possible qu'une créature telle que moi puisse exister de ton vivant. Donc oui, j'existe et tu es vivante. Quoique, ce n'est pas passé loin avec ta blessure. Et dire que j'ai été dérangée pour si peu...

Elle soupira.

—Je suis habituée à la beauté, mon reflet me renvoie toujours à cette difficile réalité que je ne peux être pourvue de défaut. Donc ce n'est pas ton apparence qui va m'impressionner.

Voyant qu'elle haussait un sourcil d'étonnement, je m'assis, passant une main dans mes cheveux d'or, la poitrine bombée de fierté.

—Je suis Lilith, Reine des Succubes. Ma beauté est fatale.

Ma réponse semblait presque l'amuser.

Elle m'aida à m'asseoir alors que je me rendais compte que j'étais allongée sur le sofa d'une pièce immense et étrange. Il ne s'agissait d'ailleurs pas d'une pièce, mais d'un genre de square. Le carré, ou la terrasse peut-être, était abrité par des arcs enveloppés de fleurs diverses dont les senteurs me faisaient pencher entre étourdissement et bien-être.

Le square se trouvait au beau milieu d'un immense jardin, de ce que j'en voyais.

Couleur ambre, le sol était luisant et fantaisiste. Lorsque j'y posais les pieds, des pieds dénudés, la fraîcheur de celui-ci m'arracha un frisson.

—Doucement, tu n'es pas totalement sur pied, me prévint la femme.

De son apparence angélique, elle me tendait la main avec un grand sourire chaleureux. Un sourire qui me dégoûtait alors que je commençais à regretter l'Enfer. D'ailleurs, où étais-je exactement ?

—Au Paradis.

—Tu lis dans les pensées ?

—On peut dire ça.

Debout, un vertige me prit et ma main se posa sur ma poitrine tandis que de l'autre je me rattrapais en acceptant la main de la femme. Je remarquais alors les vêtements. Une tunique blanche, simple. Un style vestimentaire que je connaissais très bien. Des vêtements d'anges.

J'étais vraiment de retour au Paradis, comme la femme venait de me l'avouer. Et de ses paroles prononcées, je compris que Gabriel me haïssait véritablement.

Je le savais pourtant, mais me taire plus longtemps avait été trop difficile. Les mots sincères provenant de mon cœur ne l'avaient pas atteint lorsque d'une voix timide et terrifiée je lui avais clamé mon amour le plus pur. Un amour qui n'avait rien de lubrique comme ma réputation aurait sans doute pu le faire croire.

Mais bon, je ne pouvais pas dire que je ne m'étais pas attendue à un rejet de sa part. Gabriel était un ange, je ne l'étais pas. Et le fait que je me sois amusée à tourmenter Mikhael, son frère, n'avait pas dû m'aider.

Si je regrettais mon geste ? Et puis quoi encore ? Mikhael était vraiment marrant à tourmenter. Ou plutôt « marrante » étant donné qu'elle avait préféré garder une forme féminine plutôt que masculine. Cet Archange explosait très facilement, devenant rapidement plus jalouse que Lucifer voire même plus possessive que lui. Ce qui était un exploit en soi.

Alors dès que j'en avais l'occasion, je n'avais qu'à prendre Lucifer dans mes bras pour énerver Mikhael. Elle pensait vraiment que j'étais intéressée par le déchu. Si stupide. J'avais déjà de l'influence en Enfer, pourquoi aurais-je désiré sa place alors que mon titre de Reine des Succubes me procurait tout ce que je désirais ?

Relâchant la jeune femme, je tentais de devenir indépendante de mes mouvements, malgré mes jambes un peu tremblantes.

—Doucement. Une arme angélique t'a tout de même blessée. Il te faudra un certain temps pour te remettre. Surtout que cela fait environ quatre cent vingt-six heures que tu dors.

—Plus d'une semaine !? Et je ne suis toujours pas guérie ?

—Les armes de ces anges sont plutôt redoutables.

Ce n'était pas totalement faux. Le simple fait que je sois encore en vie témoignait d'un miracle. Ou bien que Gabriel m'avait délibérément épargné la vie. Ce qui relèverait également du miracle.

« Peut-être qu'il a compris que j'étais la plus merveilleuse des créatures que le monde ait confectionné ? »

Ceci était vraiment peu probable puisque dans ce cas précis il ne m'aurait s'en doute pas laissée moisir ici, seule avec une femme étrange.

—Qui êtes-vous ? demandais-je alors à la femme.

—Lezia.

—Et où sommes-nous exactement dans le Paradis ?

—Regarde par toi-même, tu comprendras très rapidement.

Alors elle me pointa un endroit du doigt. Le centre du square. Et je grinçais des dents. Non seulement j'étais de retour au Paradis, mais en plus je me trouvais dans un lieu que je pensais ne jamais revoir. Un endroit que j'avais fui au Commencement.

Puisque dressé en plein milieu du jardin se trouvait un arbre. Immense, fier, il s'agissait d'un pommier.

—Bon, il est vrai qu'il s'agissait d'un figuier à la base mais que veux-tu ? Je n'aime pas les figues, expliqua Lezia.

L'Arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Nous étions dans le Jardin d'Eden.

—Attends, tu es celle qui l'a transformé en pommier ?

—Bien sûr ! Qui d'autre pourrait le faire ? Bon, le Padre ne compte pas.

—Mais qui es-tu exactement ?

—Une simple jeune femme innocente et parfaite jusque dans les tréfonds de son âme.

Son sourire chaleureux empestait l'arnaque mais au lieu de me méfier, Lezia me mit en confiance. Je préférais les gens malhonnêtes, au moins nous savions à quoi nous attendre avec eux. Ou plutôt nous savions à quoi ne pas s'attendre.

—Et toi, qui es-tu ?

—Je suis la Reine des Succubes, Lilith.

Mon torse se bomba de nouveau tandis que je soulevais mon élégante chevelure pour les repousser en arrière, dévoilant ma nuque blanche, légèrement cuivrée d'ailleurs.

—Je pensais te l'avoir dit pourtant.

—Peut-être, j'ai une très mauvaise mémoire.

A ce niveau, ce n'était plus simplement une mauvaise mémoire.

Lezia sortit un petit carnet de sa toge, y écrivant quelque chose avant de se tourner de nouveau vers moi avec son sourire si particulier. Un sourire à la fois sincère et faux.

—Enchanté Lili.

—Lilith, pas Lili, me mis-je à le corriger.

—Très bien Lili.

Et en plus elle était sourde ! Ou bien elle le faisait exprès.

—Non, c'est Lilith.

—Oui, c'est ce que je dis. Lili.

Je levais les yeux au ciel, abandonnant rapidement. Elle était blonde de toute manière, donc elle ne devait pas comprendre ce que je lui disais. Ajouté à cela le fait qu'elle était certainement un ange, autant dire qu'elle ne devait pas être une lumière. Enfin si, mais... Bon, voilà.

—Bon, comment est-ce qu'on sort d'ici ? demandais-je à Lezia.

—Tu veux déjà partir ?

—Disons que le Paradis et moi ne sommes pas très amis.

—Ah oui, il est vrai que tu l'as fui. Les anges n'aiment pas vraiment la « Première femme d'Adam » en plus.

Un frisson me parcouru le dos alors que le nom d'Adam se faisait entendre. De base j'avais en horreur les hommes, mais alors là, avec un cas pareil ce n'était même pas la peine. J'étais bien contente de ne pas être restée la « Première femme d'Adam ». Et si en bonus je m'attirai la haine du Paradis – ce qui était le cas en fait – je faisais d'une pierre deux coups.

—Heureusement qu'Adam est mort, tout comme sa pouffe d'Eve.

—Tu es jalouse de t'être fait dérober ton ex par une humaine ?

—Moi ? Jalouse de...ça ? C'est évident que oui.

Et puis quoi encore ? Ce mec ne savait rien faire à part se plaindre et mentir. Bon, je n'étais pas très différente mais au moins je n'étais pas lâche contrairement à lui qui n'avait même pas hésité à accuser Eve alors qu'il était le seul à avoir accepté cette figue.

—Ah les hommes, s'exclama Lezia avec un soupir.

—Bon, je suppose que nous sommes dans l'Eden du coup ?

—Oui. Comme tu peux le remarquer, le jardin a été remonté au Paradis depuis que les Hommes en ont été exclus. A présent ce sont les anges qui y veillent.

Les anges. Encore autre chose dont j'avais horreur dans ce lieu.

—Comment je sors de là ?

Oui parce que je ne comptais pas rester dans ce maudit lieu paradisiaque. Je ne savais même pas vraiment ce que je faisais ici d'ailleurs.

—On ne sort pas, on attend.

—On attend ?

—Oui. Gabriel t'a déposé ici et t'a confié à moi. Alors on attend qu'il revienne te chercher.

—Me chercher ? Et puis quoi encore ? J'ai d'autres âmes à fouetter.

—Tu parles de Viv...

Ma main se posa précipitamment sur la bouche de Lezia, l'empêchant d'en révéler plus.

—Comment es-tu au courant ?

Elle prit ma main, la retirant. Son regard devint froid, sérieux et dénué d'émotions. Même en Enfer j'avais rarement pu observer une telle expression.

—Ecoute, ici tu n'es pas la bienvenue. Si aucun ange n'est venu pour t'enfermer dans l'une des cages de la prison du Paradis, c'est seulement parce que je suis là. Alors soit tu restes ici avec moi et tu attends, soit tu t'en vas sans moi et tu prends le risque de te faire attraper par des anges rancuniers du passé.

Vu comme ça, je n'avais pas beaucoup de choix. Seulement ce n'était pas la première fois que je devais me débrouiller par moi-même.

—Lili, tous les anges ne sont pas aussi intelligents que Gabriel. Ils ne te laisseront pas en vie s'ils te croisent.

—Donc pour toi le fait que Gabriel ne m'ait pas tué était non seulement volontaire de sa part mais en plus il s'agissait d'un acte intelligent.

-Bien sûr. Nous savons toutes les deux ce qu'il se serait passé si tu avais été tuée, n'est-ce pas Lili ?

Une grimace apparue sur son visage. A quel point Lezia était-elle au courant pour moi ?

-Dois-je te rappeler que je lis dans les pensées, Lili ?


***


—Que dis-tu ?

La surprise de Raphaël était légitime. Gabriel lui-même demeurait sceptique malgré le fait qu'il ait été témoin de la scène. Alors comment en vouloir à ses frères lorsque ceux-ci semblaient avoir du mal à le croire ?

—Je peux te le jurer mon frère. Lilith a..., commença Gabriel.

L'Archange ne savait pas comment l'annoncer convenablement. Quels mots choisir pour expliquer l'inexplicable ?

—La nature se détériorait. Son sang empoisonnait le sol, sa vie fuyait en même temps que les arbres périssaient. C'était une vision horrifique. Un avant-goût de l'Apocalypse.

Raphaël semblait réfléchir. Il devait penser comme Gabriel, que tout cela devait être un genre d'hallucination. Que Gabriel avait mal observé ou que cela n'était en rien lié à ce succube, cette abomination. Cette traîtresse qui avait trahi son premier mari, Adam, pour rejoindre Lucifer et son Enfer afin d'y pactiser son existence pour devenir une démone infertile et lubrique.

Pourtant maintenant Gabriel était certain de ce qu'il avait vu.

—Elle est enfermée à présent, n'est-ce pas ?

Gabriel affirma d'un mouvement lent de la tête.

—Plus ou moins. Je l'ai confié à Lezia.

—Ce maudite créature ? Même l'Enfer peut s'avérer sympathique comparer à la compagnie de cette femme irritante.

—Dois-je te rappeler qui elle est, mon frère ? Lui manquer de respect revient à manquer de respect à notre Père.

—Cesse de me faire ainsi la morale. Nous savons tous qu'elle est une femme détraquée et ennuyante qui n'est même pas un ange.

Gabriel ne dit rien de plus. Son frère avait en partie raison mais il avait plus confiance en Lezia qu'en la plupart des anges du Paradis. Au moins Lezia ne tuerait pas Lilith en son absence, au contraire de beaucoup de personne ici.

—Nous devons savoir comment elle s'y est prise pour détériorer ainsi la vie.

Lilith devait être maintenue en vie.

—Lorsqu'elle aura reprit des forces je la ferai garder dans mes quartiers, déclara Gabriel.

L'Archange était nerveux par le simple fait que la démone s'échappe de l'Eden où résidait Lezia. Puisqu'à son réveil, c'était très certainement ce qu'elle ferait. Et elle se ferait tuer par des anges qui n'attendaient que ça. L'image du succube dont le magnifique cou blanc serait brisé par les mains de ses frères le faisait blêmir d'angoisse.

Gabriel plaça sa main contre sa poitrine, son cœur ayant cessé de battre un instant. Il avait été...terrifié par une hypothèse. Comment était-ce possible ?

—Gabriel ? s'inquiéta Raphaël en voyant son frère tourmenté.

—Ce n'est rien. Je suis simplement fatigué.

—Va te reposer. Tu as passé ta semaine à surveiller cette prisonnière, nous prendrons la relève.

—Hors de question. Elle est ma captive, c'est à moi de la surveiller.

Gabriel était tout aussi déconcerté que ses frères. Il ne voulait pas laisser la surveillance de Lilith à un autre que lui.

Depuis son arrivée ici, il n'avait cessé de faire des allées et venues auprès de Lezia qui lui autorisait ces visites régulières.

—Je vois, tu prends ta mission très au sérieux Gabriel, le félicitait Raphaël.

Oui, ce devait être ça. Gabriel était un ange exemplaire qui aimait mener ses missions jusqu'au bout. Et en ce moment sa mission était de maintenir Lilith en vie jusqu'à découvrir ce qui lui avait permis de détruire la nature environnante.

Voilà pourquoi l'Archange se détournait de son frère pour marcher hors du ciel paisible afin de rejoindre un tout autre niveau du Paradis.

Traversant divers couloirs éclatants et baignant dans la lumière apaisante, Gabriel se dirigeait d'un pas assuré et pressé vers les jardins du Paradis. Il devait retourner voir Lilith. Aurait-elle enfin ouvert les yeux et reprit connaissance ?


***


« Que faisait-il ? »

Allongée sur un tapis de fleurs parfumées, mes yeux se perdaient dans le bleu du ciel. Pourtant le soleil semblait se coucher à l'horizon, comme si le Grand Barbu avait décidé d'aller se coucher. Mais l'expérience m'avait appris à ne pas me fier aux apparences. Et contrairement à ce que beaucoup suggéraient, le soleil n'était pas « Dieu ». Même dans la nuit, ce stalkeur demeurait actif.

—Tout va bien, Lili ?

Lezia s'amusait à monter sur l'arbre de la connaissance, tournant autour des branches épaisses comme si ces dernières étaient des barres de gymnastique. Elle pouvait parfois danser sur la pointe des pieds avec un agilité peu commune que je possédais également.

—Tu connais la réponse, n'est-ce pas ?

Lezia souriait, me tournant le dos pour se laisser tomber en arrière, prenant une posture pendue. Ses jambes étaient repliées sur la branche mais le reste de son corps, tête en bas, me faisant face.

J'avais appris beaucoup de choses sur la femme en quelques minutes. Notamment qu'elle était un genre de « télépathe ». Excepté qu'elle ne lisait pas exactement dans les pensées mais plutôt dans les âmes.

Aussi, cela faisait de nombreux siècles qu'elle était coincée ici, dans l'Eden, et que Dieu l'y avait enfermée. Aujourd'hui encore elle y demeurait et s'y amusait comme elle le pouvait. Certains anges lui rendaient visites, en particuliers lorsqu'ils avaient besoin d'aide du genre guérison ou prédiction. D'autres venaient également mais pour des raisons plus philosophiques. On venait à elle lorsque l'on avait besoin de réconfort.

C'était ce qu'elle m'avait confié. Après que cela soit vrai ou non...

—Je ne mens jamais, Lili.

—Même si c'était vrai, ce dont je doute sérieusement puisque tout le monde ment, cela signifierait que tu es d'autant moins digne de confiance.

—Précise ta pensée ?

—Si tu dis toujours la vérité, alors tu peux aussi donner une vérité qui t'arrange, jouer avec les mots et autres.

Elle voulut répondre mais alors qu'elle ouvrait la bouche, Lezia sauta de son perchoir, se tournant vers un endroit précis.

Et de cet endroit apparu Gabriel.

Le regard de ce dernier se posa sur moi. Il paraissait...soulagé. Lezia pouffa discrètement, me laissant comprendre qu'elle avait lu quelque chose dans l'esprit de mon Archange.

—Gabriel, je lis en toi comme dans un livre ouvert. Essais au moins de te fermer à moi, sinon ce n'est pas amusant.

—Tu sais parfaitement qu'il est impossible de te fermer notre âme, Prêtresse.

Prêtresse ?

De mon interrogation mentale, Lezia me fit un signe négatif de la tête.

—Les anges sont stupides, ils me disent Prêtresse de leur Père. Mais la vérité est que je suis une puissante déesse ayant perdue beaucoup durant l'une des Guerres de Religion. Notamment mon royaume.

—Tu n'es pas une déesse, Lezia. Tu es une ancienne humaine qui a été conduite au Paradis sur ordre de notre Père.

—J'ai été exilée de mon propre royaume à cause de cette guerre. Il fallait bien que je trouve un autre lieu habitable. Le monde mortel et ses richesses nouvelles furent une aubaine. Même si rien au monde ne vaut mon palais en lapis-lazulis.

Le yeux de Lezia se firent rêveurs tandis que Gabriel se rapprochait.

—Ne l'écoute pas. Elle est une prêtresse en lien direct avec notre Père. Cela lui fait un peu perdre la tête de temps à autres alors qu'elle confond les connaissances de notre Père avec la réalité.

Il n'était plus qu'à quelques mètres de moi mais il se stoppait, me décrivant de haut en bas avant de reculer d'un pas. Oh, mon ange était-il nerveux ?

Amusée, j'arrivais à lui à pas de biche, passant mes bras autour de sien pour le plaquer au creux de ma poitrine.

-Oh mon ange, que nous arrive-t-il ? Tu as tenté de poignarder mon pauvre petit cœur fragile. Heureusement que tu n'es pas doué pour manier une arme ou bien je serai morte et toi tu serais en train de pleurer pour avoir tué la plus magnifique des créatures de ce monde. Non, de cet univers.

Son regard glacial s'empara de moi, pénétrant mes yeux fascinés. C'était ce regard, celui que j'aimais tant pour sa sincérité. Sa froideur était sincère tout comme sa haine, me forçant à m'en mordre les lèvres. Pourtant une pensée parasite venait à moi. Ce mépris n'était pas ce que je désirais vraiment...

Ma main se glissa contre sa joue et il me repoussa fermement.

—Je suis un guerrier, je ne manque jamais ma cible.

—Oh, alors m'aurais-tu consciemment laissé la vie sauve ?

—Parfaitement.

Un sourire apparu sur mon visage alors que l'espoir naissait dans ma poitrine.

« Ce sentiment si précieux...J'aime tellement cette... »

-Je n'allais pas tuer une créature dont la mort semblait pourrir le monde.

C'était donc cela. Je me disais aussi...

—Dis-moi quel genre de maléfice tu as utilisé pour que ton sang souille ainsi le sol.

—Mais voyons Gabriel, ne suis-je pas une créature impure souillée jusque dans l'âme ? Il est normal que les magnifiques créations de ton Père meurent au contact de mon sang.

—Cesse de te moquer de moi et livre-moi ton secret.

Et je mis à rire. Comme si j'allais confier une chose aussi importante à un ange.

—Essais de me faire cracher le morceau mon ange, mais il faudra faire mieux que l'Enfer en question de torture. En seras-tu capable ?

—Ne me tente pas.

—Te tenter sera toujours l'un de mes devoirs, Gabriel.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top