9.CALY
Etendue sur une couverture à mon endroit favori derrière la maison, j'essaie de me détendre en m'imprégnant de la sérénité que m'offre la nature. En vain. Sous mes paupières clauses, le film de ma matinée passe en boucle. Sa venue à l'église a été une vraie surprise pour tout le monde, moi la première. Après avoir évité la maison de Mama Rose toute la semaine, je pensais pouvoir lui échapper en n'allant pas au barbecue. Mais il a fallu qu'avec son crew, ils décident de venir justement aujourd'hui. Son regard insistant m'a troublé durant toute l'office et j'ai même failli proposer à Beth, l'autre soliste de chanter à ma place. Malheureusement pour moi, même lui n'a pas pu m'enlever cette envie incontrôlable d'assouvir cette passion inépuisable que j'ai pour le chant. J'ai cependant réussi à m'éclipser à la fin, prétextant cette fausse migraine. Et là, vêtue d'un maillot deux pièces, je tente de profiter du fait d'être seule pour me dorer la pilule.
J'ai sans doute fini par m'assoupir car mon corps, toujours en alerte, m'avertit d'un frisson me parcourant l'échine d'une présence étrangère. Ouvrant brusquement les yeux, je me retrouve face à deux iris gris-bleus familiers dont l'intensité m'enlève toute capacité de réflexion. Mon cœur manque un battement. A demi-couché sur le côté, sa paume droite lui soutenant la tête, Jayden est penché au-dessus de moi et me fixe silencieusement. Dans son regard perçant, je vois une lueur belliqueuse qui me donne des papillons dans le ventre. M'efforçant de reprendre mes esprits, j'esquisse un mouvement de recul mais d'un ton coupant, il m'arrête aussitôt.
-N'essaie même pas ! Me conseille-t-il en saisissant mes cheveux de son autre main. Tu m'obligerais à t'immobiliser et franchement, je ne pense pas que tu sois de taille face à mon mètre 93 et mes 95 kilos de muscles !
Les effluves de son parfum m'enivrent et sa présence si proche est un vrai aphrodisiaque. Je ne savais pas que de simples cheveux pouvaient avoir de telles terminaisons nerveuses. Sa seule main dans ma crinière me donne des décharges qui investissent tout mon corps. Jamais, je n'ai eu autant conscience des parois veineuses dans lesquelles circule mon sang en ébullition qu'en cet instant. Jamais, je ne me suis sentie aussi VIVANTE qu'en cet instant ! Je suis tentée de profiter de toutes ces sensations mais je sais que c'est impossible. Alors, activant la seule ligne de défense dont je sois capable, je lève le menton en un geste de défi avant de vociférer :
-Que fais-tu ici ? On ne t'a jamais appris qu'il était malpoli d'entrer chez les gens sans y avoir été invité ?
-Et toi que ça l'est encore plus d'utiliser un prétexte bidon pour ne pas assister à une foutue fête organisée en ton honneur ? Répond-t-il du tac au tac.
Cette confession directe me fait écarquiller les yeux de surprise. Un sentiment de jubilation m'envahit à l'idée qu'il ait préparé ce barbecue juste pour avoir l'occasion de me revoir.
-Et ne me regarde pas avec ces yeux-là sinon je te jure que tu porteras plainte pour viol dans quelques heures ! Ajoute-t-il.
Au lieu de me choquer, ces paroles font bondir mon cœur d'allégresse. Je ne m'étais donc pas trompée. Lui aussi est attiré par moi. Soudain, je passe du bonheur total au désespoir le plus profond lorsque la pensée que je ne peux profiter de cette attirance me revient.
-Eh, ne pleure pas ! Je blaguais ! S'écrie-t-il en me lâchant, apparemment désarçonné par les larmes qui me sont montées aux yeux.
En le voyant s'asseoir, j'en fais de même, me drapant dans la couverture. Secouant la tête, je lui explique :
-Non...Tu n'y es pour rien, t'inquiète. Débité-je en m'essuyant les yeux de la main. C'est à cause des rayons du soleil.
-Ah tu me rassures! Parce que pour être franc, j'étais sincère en fait.
L'air penaud qu'il prend pour m'expliquer qu'il a vraiment envie de me prendre de force me donne une irrépressible envie de rire. Je me mords la lèvre mais un gloussement m'échappe.
-Et voilà qu'elle rigole ! S'étonne-t-il. Tu te retrouves toute seule avec un grand gaillard à la réputation de voyou qui te menace de viol et tu trouves ça drôle ?
Devant sa mimique perplexe, cette fois, je ne peux retenir un fou rire...qui s'éteint lorsque je prends conscience de son regard brûlant de convoitise. Gênée, je baisse les yeux.
-Tu n'as pas idée à quel point tu es belle quand tu ris !
Je me racle la gorge et mettant nerveusement une mèche derrière l'oreille, je change de sujet.
-Tu ne devrais pas être en train de jouer à l'hôte parfait en ce moment ?
Nonchalamment, il s'étend de tout son long sur l'herbe, croisant les bras derrière la tête, un sourire d'aise sur les lèvres.
-Pourquoi ? Je suis bien mieux ici !
Pourquoi a-t-il fallu que Le Seigneur lui octroie ces magnifiques fossettes ? C'est vraiment injuste d'être aussi beau ! Malgré l'élégance indéniable qu'il a dans cette chemise blanche – qui au passage fait ressortir ses insaisissables prunelles claires – et ce pantalon à la coupe parfaite, il lui est impossible de camoufler le fauve indomptable que l'on devine à chacun de ses gestes. Secouant la tête pour refréner l'envie soudaine de toucher le petit tatouage représentant une note de musique qui est juste à la base de son cou, je le sermonne :
-Après l'affront que tu as fait subir au Révérend Wilson et à toute la communauté, ce n'est franchement pas la meilleure attitude à adopter pour espérer te racheter.
-Alors, viens avec moi !
-Non !
-Pourquoi ?
-Tu le sais déjà ! Je ne me sens pas bien !
-Pour quelqu'un qui a soi-disant la migraine, tu sembles au contraire péter la forme ! Ironise-t-il.
Piquée au vif, je fais mine de me lever...mais une poigne de fer me menotte le poignet. Avec une rapidité étonnante venant d'un homme de son gabarit, il m'attire à lui et bientôt je me retrouve étendue sur un torse aussi dur qu'un mur de béton, emprisonnée par son puissant bras gauche qui m'entoure la taille.
-Lâche-moi ! Ordonné-je en lui frappant la poitrine de mes poings.
-Pas avant que tu ne m'expliques pourquoi tu me fuis depuis notre rencontre !
-Je ne te fuis pas !
-Alors pourquoi as-tu décampé le premier jour de chez Mama Rose ? Et pourquoi ne lui as-tu rendu aucune visite cette semaine ? Elle n'a pas arrêté de s'en plaindre. Aujourd'hui, tu n'as pas cessé de fuir mon regard à l'église et là, tu ne fais même pas acte de présence à la fête ! Alors pourquoi ? Et cesse de gigoter comme ça ! Tu me fais bander !
Je m'immobilise immédiatement, une idée perverse me traversant l'esprit à la suite de sa dernière phrase. Utilisant l'expertise acquise au fil des années dans mon ancienne vie, mon langage corporel change. D'un mouvement calculé, je rejette mes cheveux en arrière. Puis affichant une expression sensuelle sur le visage, je murmure d'une voix lascive à son oreille, ma main amorçant une descente lente vers son entrejambe :
-Vraiment? Vérifions ça alors !
La seconde suivante, nos lèvres se pressent dans un baiser passionné.
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