7.CALY
Je suis complètement essoufflée lorsque je monte précipitamment les marches qui mènent à mon appartement. Mes mains tremblent tellement que j'ai un mal fou à insérer ma clé dans la serrure. Lorsque j'y arrive enfin, mes pas pressés me mènent dans la chambre mais je suis tellement fébrile que je n'arrive pas à tenir en place. Je repars en sens inverse avec l'intention de me distraire grâce à la télé. Mais à peine l'ai-je allumé que je ne peux rester assise sur le canapé. Je me relève encore une fois, le souffle de plus en plus rapide avec l'intention de retourner dans la chambre quand j'entends derrière moi la voix douce de Callum me conseiller :
-Calme-toi Caly. Respire. Tu risques de faire une crise d'hyperventilation.
Au lieu de lui répondre, je me dirige vers ma commode. Je tire le premier tiroir et je me mets à fourrager dans mes vêtements. N'ayant rien trouvé, j'ouvre le deuxième puis le troisième qui subissent le même traitement, en vain. Je m'attaque ensuite à ceux de ma table de chevet mais toujours rien. Alors que je me dirige vers mon placard, Callum me prévient :
-Tu ne trouveras rien. Souviens-toi, tu as jeté tous ceux qui t'en restaient durant ta cure.
Mais je ne l'écoute pas. Au contraire, je fouille tout espace susceptible de conserver ne serait-ce qu'une ou deux pilules d'amphet ou quelques grammes de cocaïne ou même un joint de cannabis,... Bientôt, la chambre et la douche sont de vrais capharnaüms sans que je n'aie obtenu satisfaction. Toujours dans un état presque de transe, je décide de m'attaquer au salon. Mais une fois là, Callum s'interpose en faisant barrage de son corps.
-Laisse-moi passer !
-Non ! Tu n'en as pas besoin ! Tu n'en as plus besoin ! Tu es une jeune femme forte Chérie ! Tu peux tenir sans tous ces trucs qui ont failli te ruiner la santé !
Des larmes de frustration et de désespoir me montent soudain aux yeux.
-Juste un...Callum...Je t'en supplie...Je n'en prendrai qu'un seul...Pleurniché-je.
-Non Caly ! Je te répète qu'il n'en reste plus ! Allez viens t'asseoir sur le canapé. Parle-moi et tu verras que tu iras mieux.
M'ébouriffant les cheveux comme une folle, je m'écrie, furieuse au milieu de mes larmes :
-Rien n'ira mieux Callum ! Je ne peux même pas le laisser m'approcher ! Le docteur Smith et toi n'arrêtez pas de me bassiner sur le fait que je vais mieux, que je peux reprendre le cours de ma vie, que je peux avoir l'existence d'une personne lambda...Alors, pourquoi ne puis-je pas appeler Maman et lui dire à quel point je l'aime et qu'elle me manque ? Pourquoi n'ai-je pas le droit d'entendre Papa déclarer qu'il me pardonne, qu'il est fier de moi malgré mon passé et qu'il me soutiendra toujours ? Pourquoi dois-je m'appeler Caly Wright ? Suis-je si indigne de porter le nom de l'illustre famille Harris ? J'aimerais voyager, aller au devant des autres, ne plus avoir à me cacher comme une fugitive ! Je veux vivre Callum ! Tu m'entends ? VIVRE et non survivre !
Secouée par de violents sanglots, je tombe à genoux. Je termine avec difficulté :
-Je veux...pouvoir expérimenter...pleinement ce coup de foudre...que j'ai eu ce soir...Et ce même si c'est...avec une star aussi connue que lui...
Incapable de continuer, je me cache le visage dans les mains, mes pleurs se faisant de plus en plus bruyants. Comme chaque fois que j'ai ce genre de crise, il s'assoit silencieusement près de moi et me laisse pleurer tout mon soûl, sa seule présence m'étant d'un grand réconfort. Lorsque mes larmes finissent par se tarir, je me demande comment je me suis retrouvée étendue à même le sol, la tête sur ses pieds et lui adossé au canapé. Doucement, il me caresse les cheveux. Puis soudain, sa voix résonne dans le silence :
-Je suis désolé Caly. Tout est ma faute.
La voix enrouée d'avoir trop pleuré, je proteste :
-Mais non...
-Si ! Tout ce que tu as dû traverser depuis cette nuit fatale est la conséquence de décisions prises par moi ! Et voilà qu'aujourd'hui, tu en subis encore les contrecoups. Si seulement j'avais été normal...
Je m'assois immédiatement pour plonger dans ces yeux si semblables aux miens.
-Etre attiré par les hommes n'est pas une tare Callum ! Ne redis plus jamais ça ! Sinon, tout ce que nous avons accompli par la suite n'aura servi à rien !
Faisant fi de mes paroles, il change radicalement de sujet :
-Alors comme ça, tu es tombée amoureuse en 10 secondes ?
La main posée sur mon cœur qui se souvient encore de la bienheureuse douleur à laquelle il a été sujet il y a environs une heure, je confirme :
-Oh Callum, je n'avais jamais ressenti ça avant ! C'était fort et en même temps, tellement doux...Il ne m'a fallu qu'un seul regard pour savoir que c'était LUI !
-Et tu es sûre que ce n'était pas juste l'émoi d'une fan qui rencontre son idole pour la première fois ?
-Non ! Je suis absolument certaine que ça n'a rien à voir ! Je ne sais de lui que ce que j'apprends des médias mais en le rencontrant ce soir pour la première fois, j'ai eu l'impression de le connaître depuis des lustres ! C'était...C'était...magique !
-Humm...Je vois que c'est encore plus grave que ce que je pensais.
-Que dois-je faire maintenant ?
-Je ne peux pas te conseiller sur ce coup-là Chérie. Tu vas devoir prendre cette décision toute seule. Te rapprocher de lui et risquer que ton passé resurgisse et par la même occasion de le perdre ou le fuir jusqu'à ce qu'il quitte la ville...et peut-être passer à côté de ta véritable première histoire d'amour.
Oserais-je le faire ? N'écouter que mon cœur pour une fois et advienne que pourra ? Seigneur ! C'est tellement tentant ! Surtout que pour avoir une bonne expérience de la gente masculine, je sais que je lui plais. J'ai bien reconnu cette lueur de convoitise dans son regard perçant. Qui sait où pourrait me mener une telle relation ? Peut-être que je pourrai enfin avoir une idée de ce qu'est le bonheur...
Un nom prononcé par la journaliste à la télévision interrompt soudain mes pensées. Avec Callum, nous nous levons en même temps pour voir apparaître nos parents à l'écran. Arrêtés sur une estrade, ils se tiennent la main et saluent une foule en délire. Une vive émotion m'étreint le cœur comme chaque fois qu'ils passent à la télévision. C'est le seul moyen pour moi de les voir alors, je ne m'en lasse jamais. Ne voulant rater aucune de ces précieuses secondes qui me sont accordées de pouvoir les contempler, je ne fais même pas attention au sujet. Tout ce que j'ai entendu a été « le Gouverneur du Texas, Robert Harris et sa femme Susan... » A la fin du reportage, je redescends brusquement sur terre, le cœur en lambeaux. Des larmes silencieuses s'écoulent le long de mon visage quand je décide, résignée :
-C'est bon, j'ai compris. Je devrai l'éviter à tout prix jusqu'à ce qu'il quitte la ville.
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